Un maire sur trois refuse de marier des couples gay (original) (raw)
Sur le papier, la question était « simple » : si la loi est votée, comptez-vous célébrer vous-même les mariages entre personnes du même sexe ? Contactés par la rédaction du « Parisien », les maires de l’Essonne ont apporté des réponses contrastées. Si 56,4 % disent oui, 29,9 % des maires répondent négativement, quand 13,6 % préfèrent ne pas se prononcer.
En attendant, certains élus n’abandonnent pas l’idée de voir le projet tomber à l’eau : parmi les 17000 maires (et adjoints) signataires d’un appel contre le mariage pour tous, on retrouve 111 élus essonniens dont vingt-deux édiles.
OUI
Pour eux, le probable futur texte de loi ne pose de soucis. Enfin… presque! « Le seul problème, c’est que je ne sais pas à qui j’offrirai le bouquet de fleurs, sourit le maire (SE) des
Molières
, Joël Mancion. Chez nous, il est de tradition d’offrir au marié un livre et à la mariée des fleurs. Là, je suis embêté. Je pense qu’on achètera deux bouquets, comme ça, il n’y aura pas de jaloux. » Catholique pratiquant, le maire DVG de
Juvisy-sur-Orge
, Etienne Chaufour, ne voit « absolument aucun problème de conscience » à l’idée de célébrer le mariage pour tous. A
Saintry-sur-Seine
, Michel Carreno (PS), jugerait « inconcevable qu’un maire s’exonère du devoir d’appliquer la loi. C’est comme si on s’exonérait de faire respecter le code de la route ». Sans surprise, la quasi-totalité des maires socialistes ont prévu de marier des couples homosexuels. Certains, comme Alain Girard à Crosne, tiquent toutefois sur le mot « mariage » qui, selon lui, est « porteur d’un autre sens que celui d’une union entre deux personnes du même sexe ».
OUI MAIS...
Ils se mettront en conformité avec la loi. Mais sans enthousiasme, à l’image du maire de
Marolles-en-Beauce
: « La loi, c’est la loi, même si je ne suis pas très chaud », juge Jean-Pierre Pesou. A
Draveil
, par exemple, Georges Tron, maire (UMP), a tout prévu. « Si la loi passe, je la ferai appliquer. Tous les noms des adjoints au maire, des conseillers et le mien seront placés dans un chapeau. Pour chaque célébration de mariage homosexuel, un nom sera tiré au sort. Il sera chargé de la cérémonie. » A
Soisy-sur-Seine
, Jean-Baptiste Rousseau (SE) appliquera la loi en regrettant « que cette question qui engage toute la société pour très longtemps ne fasse pas l’objet d’un référendum ». A
Echarcon
, Guy Clerc (SE) suivra les directives, « mais intimement je ne suis pas d’accord, on aurait dû trouver d’autres voies pour l’égalité, car il ne faut pas nuire à la notion de famille ». À
Milly-la-Forêt
, François Orcel (UMP) mariera des couples du même sexe si la loi l’y oblige « mais je ne l’imposerai pas à mes adjoints ».
Alain Artoré, maire (SE) de
Courson-Monteloup
, se contentera du strict minimum : « J’ai des réticences personnelles. J’ai l’habitude de recevoir les futurs couples pour procéder à une cérémonie plus personnelle, mais je ne le ferai pas pour un couple homosexuel. » Léopold Le Compagnon, maire (SE) de
Fontenay-lès-Briis
: « Si aucun adjoint ne souhaite le faire, je m’y plierai, mais je suis contre. Pour moi qui suis catholique un mariage a pour but la procréation. Pour le reste, je trouve que les couples homosexuels doivent impérativement bénéficier des mêmes droits, en termes de succession et autre. »
NON
Beaucoup d’édiles hostiles au projet de loi ont prévu de s’appuyer sur leurs collègues conseillers municipaux : « Pour moi ce sera non, je donnerai ça à un de mes conseillers », évacue Claude Fauconnier, maire (SE) du
Plessis-Saint-Benoist
. Idem pour Geneviève Colot, ancienne députée (UMP) et maire de
Saint-Cyr-sous-Dourdan
: « Mes adjoints le célébreront s’ils le souhaitent, mais pas moi. » « Une famille, c’est une mère et un père et non un parent A et B ou 1 et 2 », répond quant à lui Serge Caro, maire de
Pecqueuse
. La palme de la réaction la plus véhémente revient à Jean Perthuis (
Valpuiseaux
) qui met sa démission dans la balance : « Si on m’y oblige, je rendrai mon tablier. Je n’ai rien contre ces gens-là, ils vivent comme bon leur semble. Mais si aucun adjoint n’accepte de les marier, je démissionnerai. » Olivier Legois, maire (Alliance centriste) de
Dourdan
laissera cette tâche aux « quelques adjoints volontaires, ils ne sont pas nombreux ». « J’ai déjà célébré des pacs pour des couples homosexuels, avec grand plaisir même, poursuit l’élu, mais le mariage me pose un problème. J’aurais préféré qu’on utilise le mot union, car pour moi le mariage est indissociable de la famille et de la procréation. »
INDÉCIS
Comme certains de ses homologues, Gérard Hautefeuille, maire (SE) de
Sermaise
, avoue être encore très indécis. « Ce serait plutôt non. On va voir. S’il y a obligation, on le fera, mais c’est compliqué de trancher. » « Ce serait plutôt non d’après mes propres convictions, lâche après quelques secondes de réflexion Pierre le Floc’h, maire (SE) de
Saint-Sulpice-de-Favières.
Mais si la loi est votée, je m’y conformerai, et je ne voudrais pas mettre mes adjoints dans une situation difficile. De toute façon, dans les villages, 99% des mariages sont célébrés par le maire. C’est une question délicate, attendons que cela soit voté. » A
Saint-Germain-lès-Corbeil
, Jean-Pierre Marcelin (SE) n’a « pas envie de se prononcer tant que la loi ne sera pas votée ». Il est encore « assez indécis sur la question » et pense que, « même si c’est un sujet important, ça reste de la poudre aux yeux en raison des difficultés actuelles » que connaît le pays.