La SNCF va commander 12 rames TGV de plus à Alstom (original) (raw)

La santé retrouvée du TGV fait les affaires d'Alstom. La SNCF a indiqué mercredi qu'elle passait commande au constructeur ferroviaire de 12 rames Oceane supplémentaires, pour un montant de 335 millions d'euros. Cet achat s'ajoute aux 55 trains du même modèle commandés en 2013 puis 2017, qui sont progressivement mis en circulation depuis début 2017 jusqu'à 2020.

D'ordinaire, les acquisitions de TGV sont des événements chroniqués des mois à l'avance et plus ou moins chaperonnés par l'Etat. Cette annonce-ci a pris les observateurs par surprise. Elle est dictée par le retour en grâce du TGV auprès de ses clients, explique aux « Echos » Rachel Picard, la patronne de l'activité.

Rajouter de la capacité

« Cette commande concrétise le retournement durable du modèle économique du TGV, détaille-elle. Nous allons atteindre en 2019 le niveau de trafic qui était attendu en 2021-2022. Le taux d'occupation a encore grimpé de 2,8 points sur un an et atteint désormais 77 % en moyenne. Sur l'axe Sud-Est, le taux de remplissage est même monté en juin à 89 % ! Ces hausses vont se poursuivre, il nous faut rajouter de la capacité pour faire face. »

Et ces besoins sont relativement urgents. Or si la SNCF a bien commandé l'an dernier 100 exemplaires du « TGV du futur », le dernier modèle conçu par Alstom , les premières circulations ne se feront pas avant 2023, le temps d'achever le développement et de démarrer la production.

La compagnie a donc porté son choix sur le modèle précédent. Les rames TGV Océane, à deux niveaux et 556 sièges, pourront, elles, être livrées dès 2021 et 2022. Un choix qui, au passage, représente une excellente nouvelle pour Alstom à Belfort. Ce site fabrique les motrices TGV, et voyait se profiler sans cela un trou de deux ans dans son plan de charge. « Ces nouvelles rames seront mises en circulation à partir de 2021 sur les lignes Paris-Rennes, Paris-Nantes, paris-Metz-Nancy », a indiqué la compagnie dans un communiqué. Elles remplaceront des TGV de générations précédentes, qui comptent 10 % de places en moins et ont parfois plus de 30 ans.

Un investissement qui sera rentable

Condition sine qua non de l'opération, cet investissement sera rentable. Le taux de marge opérationnelle du TGV, qui avait dégringolé à 5 % en 2016 , a rebondi à 12 % en 2017 et 2018, et devrait atteindre 15 % cette année. Quant aux péages que la compagnie doit acquitter pour faire circuler ses trains sur le réseau, ils ne vont plus grimper comme par le passé : la réforme ferroviaire votée l'an dernier a acté que leur hausse serait désormais calée sur l'inflation. La compagnie table donc pour ces 12 nouvelles rames sur un taux de retour sur investissement de 8,4 %.

Cette commande marque également une inflexion dans l'actualisation du plan de flotte TGV. Ces dernières années, confrontée à une équation économique insoluble, la SNCF revoyait sans cesse ses futurs besoins à la baisse, radiant les plus vieilles rames et tablant sur une utilisation plus intensive des trains. De 2014 à 2019, la taille du parc TGV a ainsi été réduite de 17 %. Cette diminution va se poursuivre, mais elle sera moins forte que prévu il y a encore deux ans, avec désormais un objectif de 361 rames à l'horizon 2025.

Seule inconnue au tableau : l'arrivée des concurrents, à partir de décembre 2020, pourrait peser sur les marges ou le niveau de trafic. « Il faudra du temps avant que ces nouveaux entrants montent en puissance, estime cependant Rachel Picard. S'il devait y avoir un impact sensible, ce ne sera pas avant 2025 ».