Etiolles sous la mauvaise étoile des affaires (original) (raw)

Michel Barnier, ministre de l'Environnement, est aujourd'hui en

Essonne pour le classement de la forêt de Sénart. Il se rendra à Etiolles, dont le maire est cerné par la chambre régionale des comptes et le tribunal administratif. Claude Pareyre, professeur en pharmacie, dirige depuis 1983 la mairie d'Etiolles, 2.500 habitants. Une enquête préliminaire pour déterminer s'il n'aurait pas confondu les intérêts de sa commune avec ceux de son fils est en cours. Une histoire qui passionne le village.

L'affaire remonte à 1989. Un promoteur, Férinel-Habitat, obtient des conditions très favorables pour construire à Etiolles une vingtaine de maisons. Premier cadeau, la Ville lui cède, pour 1 franc symbolique, des terrains estimés à plus de 100.000 F. Deuxième faveur, au lieu de participer à la construction d'équipements publics comme c'est l'usage, il paie la taxe locale d'équipement. L'opération est légale, mais la Ville ne touche que 66 F du m2 construit. Elle pouvait en attendre le triple. Etiolles offre plus de 2 millions à Férinel et la chambre régionale des comptes épingle en 1993 cette gestion généreuse.

L'affaire se trouble lorsque l'on découvre (Libération du 18 novembre 1994) que Férinel a sponsorisé en 1989 les courses du fils Pareyre, à ses débuts en Formule 3000. En privé, Claude Pareyre reconnaît qu'il n'aurait pas dû «tout mélanger». Il déplore en public «l'amalgame fait entre la commune et la vie privée du fils du maire». Il n'est pas seul à déplorer. La chambre régionale des comptes saisit le parquet.

A quatre mois des municipales, Claude Pareyre doit répondre d'une autre mésaventure immobilière, aux conséquences financières plus lourdes: Etiolles doit plus de 10 millions - sur un budget de 8 millions - à un autre promoteur, qui a fait condamner la commune par le tribunal administratif de Versailles. En 1984, European-Homes obtient la construction de 61 pavillons à Etiolles. La Ville lui demande de participer aux dépenses d'équipements publics. Légalement, les travaux doivent alors profiter essentiellement aux nouveaux habitants. Ce n'est pas le cas et European-Homes attaque en 1988 devant le tribunal administratif.

Le promoteur ne rencontre aucune résistance devant le tribunal: la Ville ne s'est jamais défendue. Le maire explique aujourd'hui que les Mutuelles du Mans, avec qui Etiolles avait un contrat d'assistance juridique, ont «omis de mandater un avocat». Et affirme qu'une procédure a été engagée contre l'assureur. Qui dément.

La commune pouvait faire appel. Elle n'en a rien fait. Claude Pareyre déclare, le 30 octobre, que le jugement n'est jamais arrivé. Erreur: le document a bien été notifié, le 4 juillet 1994. Il «déclare sur l'honneur» qu'il n'a découvert la condamnation qu'en lisant un tract de l'opposition, le 25 octobre. Pourtant, l'avocat de European-Homes a écrit à Pareyre le 12 septembre pour lui demander de «prendre les dispositions nécessaires au paiement». En outre, la préfecture a mis la commune en demeure de payer sa dette dès le 9 septembre.

Aujourd'hui, celle-ci n'est toujours pas inscrite au budget. La mairie a déposé un recours contre l'Etat, qui a signé le permis de construire.Pour le préfet, François Leblond. Aujourd'hui, il faut chercher àliquider la dette.» En attendant, la facture augmente de 53.636 F chaque mois. Et la Ville doit déjà 10.151.298 F à European-Homes.

Olivier Bertrand