L’insoumis David Guiraud, défenseur de Roubaix, veut passer des plateaux télé à l’Assemblée (original) (raw)
Un «reportage de caniveau, insultant et malhonnête». Quand il parle de l’émission Zone interdite diffusée le 23 janvier, David Guiraud ne retient pas ses coups. Le militant insoumis de 29 ans juge que l’image de Roubaix (Nord) a été «saccagée par ce reportage à charge». Il demande : «Où sont les caméras quand il faut parler d’autre chose que d’islam ou de sécurité ?» Le documentaire de M6, consacré à la présence de l’islam radical dans certaines villes, a fait beaucoup parler. La présentatrice Ophélie Meunier et le juriste Amine Elbahi, qui témoigne dans l’émission, ont reçu des menaces de mort après la diffusion. Ils ont tous les deux été placés sous protection policière.
David Guiraud, lui, monte au front des plateaux télé pour défendre la réputation d’une ville et de ses habitants. Il faut dire que le porte-parole jeunesse de Jean-Luc Mélenchon y a déjà ses habitudes. CNews et BFM lui tendent régulièrement le micro. Face à des éditorialistes souvent marqués à droite, le jeune insoumis aime lâcher des punchlines qu’il relaye ensuite abondamment sur les réseaux sociaux. C’est sa marque de fabrique.
🤐 Un RN piégé en direct
C'est toujours le même refrain : il veut "arrêter l'immigration" car on a déjà "trop de pauvres". Je lui demande alors ce qu'il compte faire pour les pauvres : il bafouille. Le FN va augmenter les salaires ? Non, m'avoue-t-il avant de sortir les rames... pic.twitter.com/JY6UDA9pSj
— David Guiraud (@GuiraudInd) February 4, 2022
Ses prises de position sur le reportage de Zone interdite ne sont pas anodines. Collaborateur parlementaire du député LFI de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel, le jeune homme ambitionne de rejoindre lui aussi l’Assemblée nationale. David Guiraud lorgne la huitième circonscription du Nord, où se trouve Roubaix. Un parachutage qui peut étonner. Pourquoi s’en aller à 200 kilomètres de la région parisienne où il milite et où il a grandi ? «C’est une circonscription populaire qui connaît les mêmes problématiques qu’en Seine-Saint-Denis. Il n’y a pas de grandes différences», explique-t-il à Libération.
A rebours des effluves sécuritaires qui empestent les débats depuis le début de la campagne présidentielle, et donc dernièrement à Roubaix, Guiraud veut «parler de social». «Il faut parler à ces gens qui galèrent toute leur vie et qui travaillent jusqu’à 64 ans pour gagner un smic», dit-il.
«Pas d’animosité» à gauche
Ce vendredi, le militant organisera une réunion publique à Roubaix où des commerçants de la rue de Lannoy seront invités à s’exprimer sur leur quotidien. Au cours de la soirée, les différents intervenants s’interrogeront sur la meilleure manière de «lutter contre l’extrême-droitisation des médias». Un thème qui ne plaît pas à tout le monde. L’ancien Premier ministre Manuel Valls accuse sur Twitter le porte-parole de Mélenchon de représenter la «gauche complice», «lâche», «vraiment odieuse et profondément antirépublicaine». David Guiraud, lui, s’en défend : «J’ai eu Amine Elbahi au téléphone. L’avantage que j’ai par rapport aux autres, c’est que je suis allé parler aux gens sur le terrain.»
Dans la circonscription où il se présente, la députée sortante, Catherine Osson, siège avec la majorité LREM. En 2017, elle était sortie en tête au premier tour avec 28 % des suffrages. La France insoumise était arrivée en troisième position (19,6 %), dans la roue du Rassemblement national (21,9 %).
Cette année, Guiraud pense la circo «gagnable». Sa stratégie est à rebours de la campagne actuelle : «La porte est ouverte aux autres forces de gauche. Il n’y a pas d’animosité entre nous, je réserve les coups pour Macron et l’extrême droite.» Il va sur les marchés, fait du porte-à-porte, rencontre les habitants en bas des immeubles. Avec une idée forte : faire prendre conscience aux gens «qu’ils gagneraient à être ensemble plutôt qu’à se regarder en chiens de faïence».