Sortants, proches de Mélenchon, figures des mouvements sociaux, personnalités médiatiques... Qui sont les 323 candidats de La France insoumise ? (original) (raw)
Le groupe de la France insoumise à l’Assemblée nationale devrait s’agrandir, mais de quelle ampleur ? 323 noms ont été dévoilés mardi par LFI, sur les 328 circonscriptions allouées au parti de Jean-Luc Mélenchon, qui devrait confirmer jeudi à Marseille qu’il ne se représentera pas dans les Bouches-du-Rhône. Son successeur dans cette circonscription n’a pas encore été désigné.
Parmi les 16 autres députés sortants, 14 se représentent. Il s’agit de Clémentine Autain, Eric Coquerel, Alexis Corbière et Bastien Lachaud en Seine-Saint-Denis, Ugo Bernalicis et Adrien Quatennens dans le Nord, Michel Larive et Bénédicte Taurine en Ariège, Caroline Fiat en Meurthe-et-Moselle, Danièle Obono à Paris, Mathilde Panot dans le Val-de-Marne, Loïc Prud’homme en Gironde, Jean-Hugues Ratenon à la Réunion et François Ruffin dans la Somme. Sabine Rubin ne se représente pas en Seine-Saint-Denis tandis que Muriel Ressiguier, en rupture avec le parti, n’a pas été investie dans l’Hérault mais partira en dissidente.
Les proches de Mélenchon royalement servis
Pour passer efficacement le relais à l’Assemblée nationale, le leader insoumis a réservé plusieurs circonscriptions gagnables à ses très proches, notamment ceux qui l’ont accompagné dans sa sortie du Parti socialiste en 2008. A Paris, Danielle Simonnet, figure de proue de LFI dans la capitale, a gagné la bataille de l’investiture contre la sortante socialiste Lamia El Aaraje, qui l’avait pourtant battue à la législative partielle dans cette même 15e circonscription il y a tout juste un an. Sophia Chikirou, ancienne directrice de la communication du candidat lors de la présidentielle de 2017, portera les couleurs de la Nupes dans la 6e – celle occupée par Cécile Duflot entre 2012 et 2017 – tout comme Sarah Legrain, l’une des porte-parole des insoumis, dans la 16e.
Dans plusieurs circonscriptions de banlieue parisienne, où le candidat estampillé Union populaire a réalisé des scores supérieurs à sa moyenne nationale, d’autres membres du premier cercle de Mélenchon sont aussi investis.
La médiatique Raquel Garrido se présente ainsi dans la circonscription qui regroupe notamment Bobigny et Drancy (Seine-Saint-Denis), et Clémence Guetté, responsable du programme l’Avenir en commun et ancienne secrétaire générale du groupe à l’Assemblée, dans la 2e du Val-de-Marne (Choisy-le-Roi, un bout de Créteil et Orly). Antoine Léaument, chargé de la communication numérique de Mélenchon, est, lui, investi en Essonne (Grigny, Sainte-Geneviève-des-Bois…). Président du groupe LFI à la région Île-de-France, Paul Vannier est candidat à Argenteuil, dans le Val-d’Oise. Gabriel Amard, compagnon de route depuis les années PS de Mélenchon, ancien maire de Viry-Châtillon dans l’Essonne et gendre de l’ancien socialiste se présente lui à Villeurbanne (Rhône). «Porte-parole jeunesse», David Guiraud sera, lui, candidat à Roubaix, dans le Nord.
Des figures médiatiques en renfort
Plusieurs personnalités connues dans les médias franchissent aussi le pas de la candidature aux législatives sous l’étiquette Nupes dans le quota que s’est octroyé LFI. En tête de gondole, Aymeric Caron, ancien chroniqueur dans On n’est pas couché et fondateur du parti Révolution écologique pour le vivant (REV), tentera de conquérir la 18e circonscription de Paris face à Pierre-Yves Bournazel, proche d’Edouard Philippe. Autre habituée des plateaux télé, l’avocate défenseure de l’homoparentalité et ancienne des Verts, Caroline Mécary, obtient l’investiture dans la 7e circonscription de Paris.
En Seine-Saint-Denis, Aurélie Trouvé, ancienne présidente d’Attac France, aujourd’hui à la tête du Parlement de l’Union populaire de Mélenchon, hérite de la 9e circonscription (Les Lilas, Romainville, Noisy-le-Sec), occupée jusqu’ici par Sabine Rubin, qui, elle, ne se représente pas. Claire Lejeune, l’ancienne secrétaire fédérale des Jeunes écologistes et figure des «marches pour le climat» qui avait rallié le camp insoumis en janvier, est candidate dans la 7e de l’Essonne (Juvisy, Viry-Châtillon…). Antoine Peillon, journaliste à la Croix et auteur du livre Ces 600 milliards qui manquent à la France. Enquête au cœur de l’évasion fiscale, concourra, lui, à Dijon.
Des mouvements sociaux à l’Assemblée ?
Elle est l’un des visages mis en avant lors du meeting de lancement de la campagne législative à Aubervilliers. Rachel Kéké, qui avait mené le combat des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Paris-Batignolles pendant 22 mois – de juillet 2019 à mai 2021 – tentera de conquérir la 7e circonscription du Val-de-Marne, où Mélenchon est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle dans toutes les communes. Également dans le 94, Louis Boyard, l’ancien président de l’Union nationale des lycéens et chroniqueur dans Touche Pas à Mon Poste ! est investi dans la 3e, à 21 ans.
Le syndicaliste CGT cheminots et président de l’Observatoire national de l’extrême droite, Thomas Portes, naguère passé par le PCF et ancien porte-parole de Sandrine Rousseau, récupère, lui, la 3e de Seine-Saint-Denis (Neuilly-sur-Marne). Dans les Yvelines, William Martinet, président de l’UNEF de 2013 à 2016, est candidat à Trappes, l’ancienne terre d’élection de Benoît Hamon. Alma Dufour, ex-chargée de campagne des Amis de la Terre et présentée comme «l’ennemie numéro 1 d’Amazon»tentera de se faire élire en Seine-Maritime.
Deux candidates sujettes à controverse
Parmi les figures issues des mouvements sociaux, deux candidates pourraient aussi susciter la controverse. Dans la 1re circonscription du Val-d’Oise (Pontoise) Leïla Ivorra était l’étudiante qui, en 2018, après l’évacuation musclée du campus de Tolbiac, avait affirmé avoir vu «un gars devant les grilles, la tête complètement explosée, une flaque de sang énorme» avant d’avouer à Libérationqu’il s’agissait d’un mensonge. La fausse rumeur avait d’ailleurs été reprise par un certain Taha Bouhafs, lui aussi investi par LFI à Vénissieux (Rhône) avant de jeter l’éponge mardi, en raison des trop nombreuses pressions subies en interne comme en externe, ainsi que d’accusations de violences sexuelles portées à la connaissance des dirigeants de La France insoumise.
En Haute-Loire, Azelma Sigaux, investie dans la 2e circonscription s’est, elle, fait connaître pour ses passages réguliers comme gilet jaune sur RT France, la chaîne financée par le Kremlin prisée des complotistes et fermée après l’invasion de l’Ukraine. Cette figure locale s’est vue récemment accusée de diffamation par le préfet du département après avoir mis en cause la responsabilité des forces de l’ordre lors de l’incendie de la préfecture du 1er décembre 2018 – elle n’était pas présente lors des faits. En outre, son père a été sur scène avec Dieudonné, avec lequel elle se défend de partager «la relation qu’il entretient avec l’argent et les idées qu’il développe désormais dans ses vidéos».