On vous explique pourquoi une alimentation riche en oméga 3 pourrait prévenir les risques liés à l'obésité (original) (raw)

Prendre du poids parce que les apports énergétiques sont supérieurs aux dépenses est quasi inéluctable. Plus complexe est l’association entre surcharge pondérale et problèmes de santé. S’il est assez fréquent que les personnes atteintes d’obésité souffrent d’inflammation chronique, de diabète et autres comorbidités, ça n’est pas une fatalité.

Qu’est-ce qui explique dès lors que certaines personnes en situation d’obésité sont en bonne santé quand d’autres font face à une cohorte de troubles? La réponse pourrait se trouver dans le ratio entre les acides gras oméga 3 et les oméga 6 fournis par leur alimentation (lire encadré). À l’origine de cette découverte, une équipe de chercheurs à l’IMPC (Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire), dirigée par Carole Rovere, à Sophia Antipolis, parmi lesquels Clara Sanchez, qui a consacré sa thèse à cette question. La jeune scientifique rappelle le contexte dans lequel ces études se sont inscrites. "Les recommandations préconisent un rapport d’environ 5 pour 1 entre oméga 6 et oméga 3. Dans les faits, elles sont très peu respectées; le ratio est en moyenne de 17 pour 1 en France. Ce ratio défavorable aux oméga 3 contribue-t-il aux risques associés à l’obésité?"

Pour répondre à cette question, l’équipe de scientifiques sophipolitains va utiliser des modèles de souris. "Nous avons constitué trois groupes de rongeurs soumis au même régime alimentaire en termes d’apports en lipides, glucides et protéines, mais avec différents rapports oméga 6 / oméga 3: 2,5/1 (régime idéal enrichi en huile de colza), 7,3/1 (régime moyen à base d’huile de soja et d’huile de maïs), et 17 à 21/1 (régime très défavorable, comprenant essentiellement de l’huile de tournesol)."

Soumis à ces régimes – enrichis en graisses –, tous les animaux vont grossir au cours des 6 mois que vont durer les expériences. "Par contre, la prise de poids a été plus modérée dans le groupe qui bénéficiait du meilleur rapport Oméga 6/oméga 3 (2,5/1), mais surtout, contrairement aux autres animaux, ils étaient exempts d’inflammation au niveau systémique et central (dans le cerveau) et protégés des comorbidités classiquement associées à l’obésité."

En observant les animaux, Clara va faire un autre constat surprenant: "Les souris qui avaient accès à l’alimentation la plus riche en oméga 6 semblaient plus agressives".

Remodelage cérébral

Elle va alors mener des études comportementales sur les rongeurs qui vont confirmer ses observations empiriques: "Un régime enrichi enωoméga 6 augmente l’anxiété, et induit même des troubles de mémoire." En étudiant le cerveau de ces rongeurs, la scientifique va découvrir qu’il est le siège d’un vrai remodelage. "Les cellules « immunitaires" du cerveau (microglie) changent de morphologie, et produisent des quantités importantes de molécules proinflammatoires. Cette inflammation gagne en particulier l’hippocampe, siège de la mémoire et des émotions. »

Faut-il conclure de ces études qu’il faille bannir l’huile de tournesol de l’alimentation? "Non, tempère Clara. Par contre, à titre préventif, il est vivement conseillé de privilégier autant que possible l’huile de colza, pour enrichir son alimentation en oméga ω3."