« Le Pays de Nulle Part », par Doan Bui : pour Mê-Linh (original) (raw)

Doan Bui J.F. PAGA

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Critique Avec un art de la digression insolite et un humour noir qui est l’autre nom de la pudeur, notre camarade Doan Bui raconte un drame dont on comprend qu’il est le sien. A lacérer le cœur ★★★☆☆

Quand Mê-Linh est née, il neigeait sur Paris. Bébé-flocon « aux yeux noirs étincelants de colère », trop légère pour ce monde, elle est morte quinze jours plus tard, partie pour « Neverland », le pays des enfants perdus de Peter Pan. Vie minuscule, mort intolérable. Et pour la mère, une douleur au-delà des mots. Pourtant, elle s’abîme aussitôt dans l’écriture « comme les mères s’abîment sans compter, tétées toutes les deux ou trois heures, couches, selles, pleurs… ». L’écriture s’avère le seul lieu qui accueille son deuil. Les portes des forums pour les « mamanges » (néologisme pour désigner les femmes qui ont perdu leur « ange ») et les groupes de parole lui restent fermées. « Même pas fichue d’intégrer ce club de losers, des parents-ratés-dont-l’enfant-est-mort… »

Avec un art de la digression insolite et un humour noir qui est ici l’autre nom de la pudeur, notre camarade Doan Bui raconte, à la troisième personne, ce drame dont on comprend qu’il est le sien. Certaines pages, magnifiques, lacèrent le cœur. Venue d’une famille vietnamienne où l’on ne s’épanche pas, elle choisit de briser le silence, de « hurler sans bruit », comme disait Duras. Elle a longtemps hésité à publier ce livre. Le manuscrit s’est m…

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