« Le Bastion des larmes », par Abdellah Taïa : « Salé que j’aime malgré tout. Malgré moi » (original) (raw)

Par Amandine Schmitt

Publié le 18 septembre 2024 à 19h00, mis à jour le 19 septembre 2024 à 9h31

Dans la médina de Salé au Maroc. RENE MATTES / GAMMA-RAPHO VIA GETTY IMAGES

Temps de lecture : 1 min.

Abonné

Critique Un roman sensible sur la terrible condition des minorités au Maroc, doublé d’un portrait paradoxal et douloureux de la ville de Salé, en lice pour le Goncourt. ★★★☆☆

Youssef, professeur exilé en France depuis un quart de siècle, entend des voix. Plus précisément celle de Najib, son premier amour. Celui-ci, homosexuel, a enduré toutes les misères à Salé, au Maroc, avant de trouver refuge auprès d’un puissant colonel de l’armée du roi Hassan II et de revenir se venger à Hay Salam, son quartier d’origine. Youssef est lui aussi de retour, pour liquider l’héritage familial, et peut-être le passé. Dans ses songes, Najib lui conte sa légende, celle d’un trafiquant de drogue qui se mue en « saint pédé de Salé », bienfaiteur débonnaire avide de conquérir le respect de ses anciens bourreaux.

Troublé, Youssef y adjoint ses propres douleurs et traumatismes, auxquels se mêlent ceux des autres : les abus subis et que continuent de subir parfois les petits garçons, le mariage qui enferme ses six flamboyantes sœurs dans une forme d’esclavage domestique.

L’auteur du « Jour du roi » (prix de Flore 2010) et de « Celui qui est digne d’être aimé » continue à flouter les frontières de l’autobiographie et à tisser une œuvre cohérente, importante,…

Vous cherchez à suivre l’actualité littéraire ?

S’abonner permet de consulter tous les articles du Nouvel Obs et de BibliObs. Et pas que : vous pouvez les commenter et les offrir à vos proches.