Kurt Masur : podcasts et actualités (original) (raw)

Kurt Masur Chef d’orchestre allemand

Héros de la transition démocratique de l’ex-RDA, il a toutefois refusé d’endosser le moindre rôle politique au sein du nouveau pouvoir, préférant se consacrer à une carrière musicale exceptionnelle.

Kurt Masur est issu d’une famille non musicienne originaire de Pologne. Son père était ingénieur. Très jeune, il commence à étudier le piano. Mais la musique lui est vraiment révélée en 1936, lors d’un concert à Breslau qui le marque profondément pendant plusieurs jours. Il décide alors de devenir musicien, et intègre les classes de composition puis de direction à la Musikhochschule, l’Académie de Musique de Leipzig. En 1948, il devient chef répétiteur, puis chef d'orchestre au Théâtre de Halle en Allemagne. En 1955, il est nommé deuxième chef de la Staatskapelle de Dresde. Il parfait sa formation de direction auprès du chef principal Heinz Bongartz. De 1955 à 1958, puis de 1967 à 1972, il dirige l'Orchestre Philharmonique de Dresde. Ces deux mandats encadrent une période lyrique durant laquelle il est premier chef à l'Opéra-Comique de Berlin. En 1970, il est nommé directeur musical du Gewandhaus de Leipzig, poste qu’il assure jusqu’en 1996, et qui va asseoir sa réputation internationale.

Dès lors, Kurt Masur va diriger les plus grandes formations. Ses mandats se succèdent, se chevauchent parfois. En 1988, il est invité par Herbert von Karajan au Festival de Pâques de Salzbourg. De 1991 à 2002, il assure la direction musicale de l’Orchestre Philharmonique de New York, succédant ainsi à Zubin Mehta. En 1992, il devient chef invité honoraire à vie à l’Orchestre Philharmonique d’Israel. En 2000, il est nommé premier chef de l'Orchestre Philharmonique de Londres. Deux ans plus tard, l’ Orchestre National de France le choisit comme directeur musical. Il entre en fonction en 2003. En 2008, il laisse la place à Daniele Gatti, mais revient régulièrement diriger la phalange française. C’est au cours d’un de ces concerts au Théâtre des Champs-Elysées, en avril 2012, qu’il trébuche et tombe, pendant l’exécution de la Symphonie Pathétique de Tchaikovsky. Cet accident restera heureusement sans conséquence grave. Quelques mois plus tard, il annonce, dans un courrier adressé à la direction de l’Orchestre de Leipzig, qu’il est atteint de la maladie de Parkinson.

Très accaparé par une carrière aussi dense, Kurt Masur a toutefois pu consacrer une partie de son temps à l’enseignement. Ainsi, en 1975, il devient professeur à la Musikhochschule de Leipzig, là même où il avait fait ses premiers pas. Mais, en dehors de la carrière musicale, le domaine que Kurt Masur va marquer de son empreinte est l’engagement politique. Profondément marqué par le nazisme – il a été le témoin, à 12 ans, des évènements dramatiques de la Nuit de Cristal, puis mobilisé dans les Volksturm en 1944 – Kurt Masur sympathise avec le mouvement réformiste pacifiste qui se développe dans les années 1980 derrière le Rideau de Fer. Face aux arrestations de musiciens lors de manifestations, il prend position contre le pouvoir et organise des débats politiques au sein du Gewandhaus. Le 9 octobre 1989, il co-rédige un appel au dialogue sans violence à l’occasion d’une manifestation de 70.000 personnes, évitant ainsi une répression sanglante. Le dirigeant est-allemand Erich Honecker démissionne le 18 octobre suivant. Kurt Masur a reçu plusieurs distinctions au cours de sa carrière : Membre de l’Académie des Arts de Berlin en 1970, Chevalier puis Commandeur de la Légion d’Honneur en 1990 et 1997, Grand Commandeur de l’Ordre du Mérite de la RFA en 2007.

Kurt Masur en 6 dates :

Biographie de la Documentation de Radio France, mise à jour en mars 2024

Crédit photo : Kurt Masur © Getty - Anthony Barboza