Paul Okalik (original) (raw)

Paul Okalik, premier ministre du Nunavut de 1999 à 2008, négociateur inuit en matière de revendications territoriales, politicien, avocat (né en 1964 à Pangnirtung, dans le Nunavut). Parmi ses réalisations, on peut mentionner sa participation à la création de la Fiducie du patrimoine inuit, du Comité du Nunavut chargé de la formation pour la mise en œuvre et du Conseil du développement social du Nunavut.

Paul Okalik, premier ministre du Nunavut de 1999-2008

Jeunesse et formation

Benjamin d’une fratrie de dix enfants, Paul Okalik est le fils d’Annie et d’Auyaluk Okalik. Après des études dans une école de Pangnirtung, dans les Territoires du Nord-Ouest (aujourd’hui au Nunavut), Okalik est envoyé dans le pensionnat indien d’Iqaluit. Paul Okalik passe une adolescence tumultueuse. Il est expulsé de son école secondaire pour consommation d’alcool alors qu’il est en 10e année, perd un de ses frères qui se suicide lorsqu’il a 14 ans et passe trois mois en prison pour une introduction par effraction à l’âge de 17 ans. (Voir aussi : Suicide chez les Autochtones au Canada.)

À sa sortie de prison, Paul Okalik retourne aux études, suit un cours de soudure à Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest, et obtient dans le même temps une équivalence pour la fin des études secondaires. Son diplôme en poche en 1983, Paul Okalik travaille comme apprenti soudeur et mécanicien à la mine de Nanisivik, sur l’île de Baffin. Mais il trouve le métier de soudeur « monotone » et décide de changer de carrière. Il décroche en 1985 un poste de chercheur et négociateur pour la Fédération Tunngavik du Nunavut (aujourd’hui Nunavut Tunngavik Inc.), l’organisme qui représente les Inuits lors des négociations avec le gouvernement du Canada portant sur les revendications territoriales. En tant que sous-négociateur en chef et adjoint spécial du président de la fédération, il joue un rôle important dans la concrétisation de l’entente de 1993 qui aboutit à la création du troisième territoire du Canada, le Nunavut. Il participera par la suite à la complexe mise en œuvre de l’entente.

Paul Okalik a déclaré que son rôle au sein de la fédération a « totalement changé » sa vie, mais au début des années 1990, il est toujours en proie avec l’alcoolisme. La naissance de son premier enfant, sa fille Shasta, le pousse néanmoins à changer son comportement. En 1991, Paul Okalik s’inscrit dans un programme de réhabilitation. Il puise au sein de sa culture ainsi qu’auprès des anciens et des autres membres de sa communauté la force et la sagesse nécessaires pour mener une vie sans alcool.

De retour aux études, il décroche en 1994 un baccalauréat en sciences politiques et études canadiennes de l’Université Carleton. Son fils Jordan naît peu de temps après. Paul Okalik obtient également un diplôme en droit de l’Université d’Ottawa en 1997. Il travaille chez Maliiganik Tukisiiniakvik, un bureau d’aide juridique d’Iqaluit, entre 1997 et 1999, datte à laquelle il est reçu au barreau. C’est le premier avocat inuit du Nunavut.

Carrière législative

En février 1999, Paul Okalik est élu député d’Iqaluit-Ouest à la première Assemblée législative du Nunavut, qui voit le jour en avril 1999. Comme c’est le cas dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut les partis politiques ne sont pas représentés en politique au niveau territorial. En l’absence du mécanisme partisan qui régit le choix d’un premier ministre du Canada, tous les députés du Nunavut votent pour élire le premier ministre du territoire. En mars 1999, ses collègues l’élisent premier ministre du Nunavut. Il occupe également les postes de ministre de l’Exécutif et des Affaires intergouvernementales et de ministre de la Justice.

Étant la première personne à occuper le poste de premier ministre du Nunavut, Paul Okalik doit faire face à des défis peu ordinaires. La charge lui incombe notamment d’organiser le gouvernement du Nunavut et de le doter d’un personnel de manière à répondre aux attentes des Inuits qui souhaitent que leur gouvernement soit le plus décentralisé possible et qu’il incarne les valeurs et le savoir traditionnel de leur peuple. En même temps, il doit faire face au besoin urgent de promouvoir le développement économique dans une région du Canada où le taux de chômage est très élevé et d’affronter les sérieux problèmes sociaux qui affectent le nouveau territoire.

En 2004, Okalik est réélu sans peine pour un deuxième mandat, mais en 2008 ce n’est qu’avec une faible majorité qu’il remporte le siège de député d’Iqaluit-Ouest contre la mairesse d’Iqaluit, Elisapee Sheutiapik. Durant la campagne électorale qui suit pour sa réélection au poste de premier ministre, il met l’accent sur les réalisations de son gouvernement, à savoir l’amélioration de la situation économique du territoire et l’équilibre budgétaire, la réduction du taux de chômage (qui est passé de 13 % en 2004 à moins de 9 % en 2007), la récente Loi sur l’éducation qui garantit que l’enseignement soit dispensé en inuktitut et la Loi sur les langues officielles qui assure aux habitants du Nunavut (les Nunavummiut) l’accès aux services essentiels dans leur langue maternelle. Toutefois, en raison de ses commentaires désobligeants envers Elisapee Sheutiapik lors d’un événement officiel, de nombreux députés demanderont plus tard la démission de Paul Okalik. Le 14 novembre 2008, la députée d’Iqaluit-Est, Eva Aariak, est élue première ministre du Nunavut. Elle est la deuxième personne d’origine inuite à occuper cette fonction dans l’histoire de ce territoire. Paul Okalik continue néanmoins à siéger comme député du Nunavut de 2008 à 2011.

Durant son mandat au poste de premier ministre, Paul Okalik et son gouvernement parviennent à introduire des changements très positifs pour le Nunavut, notamment la promulgation de la Loi sur les langues officielles (qui fait de l’inuktitut une langue officielle au Nunavut, en plus de l’anglais et du français), la Loi sur la protection de l’inuktitut, la Loi sur l’éducation et une version moderne de la Loi sur les droits de la personne. En tant que politicien, Paul Okalik a également contribué à la création de la Fiducie du patrimoine inuit, du Comité du Nunavut chargé de la formation pour la mise en œuvre et du Conseil du développement social du Nunavut. Il participe également à l’établissement du Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut, l’un des éléments délicats de l’accord en raison de son rôle déterminant dans l’équilibre entre les intérêts du gouvernement du Canada et la préoccupation première des Inuits d’assurer la protection des ressources fauniques dont ils dépendent. Paul Okalik a assumé un certain nombre de mandats au sein du gouvernement, notamment dans le domaine de la santé, de la justice et de la prévention du suicide.

En mars 2016, Paul Okalik démissionne de son poste de membre du cabinet en réaction contre le plan prévoyant la mise en vente de boissons alcoolisées au Nunavut. La ville d’Iqaluit a fermé son dernier magasin d’alcools dans les années 1970 et la vente d’alcool y est très contrôlée. Lors de son discours face à l’assemblée, Paul Okalik déclare (trad.) : « Je ne peux me résoudre à appuyer la création d’un établissement qui vend de la bière et du vin dans ma communauté alors que nous n’avons ni les installations ni les outils nécessaires pour venir en aide à ceux et celles qui n’arrivent pas à combattre leur dépendance ». Il continue néanmoins à siéger comme député.

Prix et autres distinctions honorifiques

En 2005, Paul Okalik reçoit un doctorat honorifique en droit de l’Université Carleton.

En 2009, il reçoit un prix Indspire (appelé à l’époque le prix national d’excellence décerné aux Autochtones) pour son travail en tant que leader de sa communauté et du gouvernement.

Vie personnelle

Paul Okalik a trois enfants : Shasta (née en 1991), Jordan (1993) et Béatrice (2005). Il parle couramment l’inuktitut et l’anglais et réside et travaille actuellement au Nunavut.

Membre actif de sa communauté, Paul Okalik a travaillé comme bénévole avec la soupe populaire d’Iqaluit et Habitat pour l’humanité. Il continue également à soutenir la langue inuite et plusieurs initiatives culturelles.