Technologie au Canada (original) (raw)

Le terme « technologie » désigne la manipulation du monde physique aux fins d’atteindre des objectifs définis par les humains.

Canadarm

Déploiement du satellite SPAS-ORFEUS pendant la mission STS-51/Discovery. 16 septembre 1993.

Le terme « technologie » désigne la manipulation du monde physique aux fins d’atteindre des objectifs définis par les humains. Le savoir technologique est souvent concrétisé dans des objets physiques tels que des outils. La technologie et les sociétés qui en font usage s’influencent mutuellement. Au Canada, par exemple, les Autochtones ont mis au point différents types de canots suivant les eaux sur lesquelles ils voulaient voyager. Plus tard, la technologie a facilité la colonisation du pays grâce au développement d’outils agricoles, des voies de chemin de fer et de nouvelles formes d’habitation. Aujourd’hui, le Canada demeure à l’avant-garde du développement technologique dans plusieurs domaines, notamment celui des transports, des communications et de l’énergie.

Technologies autochtones

Les technologies utilisées par les Autochtones pour s’adapter aux différentes régions du Canada, des Grands Lacs à l’Arctique, reflètent fortement les conditions géographiques et les ressources locales. Parmi les outils remarquables mis au point par les Autochtones, on peut citer, dans le domaine des transports, le canot d’écorce de bouleau, la pirogue et les raquettes, dans le domaine des habitations le tipi, la maison longue et l’igloo, et toute une variété d’outils destinés à la chasse et à la pêche. Ces technologies ne sont pas restées figées dans le temps. Elles ont été petit à petit améliorées pour permettre une exploitation de plus en plus efficace de toute une variété d’environnements grâce à la collecte de la nourriture, la confection d’abris et de vêtements et la participation aux échanges commerciaux, mais aussi aux conflits.

Colonisation : 1500-1867

Au moyen âge, les Vikings se rendent en Amérique du Nord à bord de navires sophistiqués, les « knarrs ». Les Européens de France, des îles britanniques et d’ailleurs commencent quant à eux à explorer et à s’installer sur le continent américain à la toute fin du XVe siècle. Ils apportent avec eux toute une collection d’outils et les techniques permettant de les utiliser. Le nouvel environnement de l’Amérique du Nord force néanmoins les colons à adapter ces technologies pour l’établissement des postes de pêche et de commerce et des exploitations agricoles, l’aménagement des routes et la construction des villes. Les Européens doivent également s’habituer à utiliser ces outils dans un nouvel environnement culturel. Alors qu’en Europe l’usage veut qu’une personne de haut rang dicte les tâches à effectuer, en Amérique du Nord les travaux sont effectués de manière plus coopérative, sous la direction de la personne la plus compétente.

Morues séchant

Morues séchant sur des vigneaux à Grand Étang, Gaspé (Québec).

Les rivalités internationales pour la pêche de la morue des Grands Bancs motivent l’établissement des premiers colons à Terre-Neuve. Ces colons dépendent des technologies de pêche de l’époque. Les Français salent leurs prises immédiatement après leur capture et repartent vers la France sans passer beaucoup de temps à terre, tandis que les Anglais, ne disposant pas de sel à bon marché, sont forcés de mettre en place des plateformes de séchage appelées « vigneaux ».

Agriculture

Système seigneurial

Les villages de colons sur le continent sont principalement axés sur l’agriculture. Les habitants utilisent et adaptent les outils européens aux divers environnements nord-américains souvent difficiles. La technologie agricole, plus que toute autre, est profondément affectée par les conditions locales – la météorologie, le sol, l’eau et les nuisibles – ainsi que par le régime foncier en vigueur localement. Dans les marais de la baie de Fundy, les agriculteurs acadiens construisent ainsi des digues pour protéger leurs champs des inondations. En Nouvelle-France, le régime seigneurial contribue à la création d’un réseau de lots allongés et étroits qui s’étendent à partir du fleuve Saint-Laurent – une artère vitale pour les voyages et le commerce. Dans le territoire qui deviendra l’Ontario, les loyalistes coupent les boisés denses et défrichent les broussailles à l’aide d’outils manuels simples et robustes tels que la faucille, et avec l’aide des bœufs comme animaux de trait. Les Acadiens et les « Habitants » sont les premiers à utiliser les charrues lourdes dites « françaises », ressemblant à la charrue médiévale sur deux roues tirée par un bœuf. Une charrue plus petite et plus robuste, dépourvue de roues, est mise au point pour manœuvrer autour des souches et des rochers. Une herse est également utilisée pour travailler légèrement les sols vierges. Les souches finalement dégradées par la pourriture pouvaient être extraites plus tard par treuillage ou à la dynamite. Petit à petit, le fer remplace le bois et une charrue entièrement en fer, la charrue « Scotch », est fréquemment importée au Canada.

Habitations

Tous les colons sont confrontés au problème difficile de l’aménagement de leur lieu d’habitation. Les Habitants et les Acadiens sont les premiers à utiliser et à adapter les techniques de construction à charpente en bois utilisées en Europe de l’Ouest et connues de la plupart des colons. Les loyalistes qui s’installent dans les Maritimes et dans le Haut-Canada construisent de leur côté des maisons en rondins attachés les uns aux autres aux coins, profitant ainsi de l’abondance des ressources en bois. À l’époque, le bois est le matériau à tout faire pour les abris et les outils, mais il permet aussi aux pionniers de préparer et vendre la potasse, un produit chimique dérivé des cendres, et d’acquérir ainsi leurs premiers revenus.

Industrie

Tous les travaux ne sont pas faits à la main. Le premier moulin hydraulique d’Amérique du Nord conçu pour broyer le grain est construit par Jean de Biencourt de Poutrincourt, lieutenant-gouverneur de l’Acadie, à Port-Royal en 1606. Les moulins à broyer le grain, les minoteries et les scieries se retrouvent finalement partout dans les colonies et nombre de ces installations deviennent le centre des petits villages où elles sont installées. Une scierie à la fine pointe de la technologie, à Saint John, au Nouveau-Brunswick, a depuis été décrite comme étant l’une des plus avancées sur le plan technologique en Amérique du Nord. La plupart des moulins sont mus par l’eau, mais à partir des années 1830, des scieries à vapeur commencent à faire leur apparition. Plus grandes et plus efficaces, ces scieries n’ont pas besoin d’être situées près de l’eau. Des usines sont finalement construites pour produire des textiles et travailler le fer. Le charbon est extrait sporadiquement de mines situées près de Cape Breton à partir du début du XXIIIe siècle. Dès 1733, du minerai de fer des marais est extrait, fondu et transformé aux forges du Saint-Maurice, près de Trois-Rivières, au Québec, puis à Normandale, dans le Haut-Canada. Dans les années 1840, le Néo-Écossais Abraham Gesner invente le kérosène, un carburant qui va remplacer l’huile de baleine pour alimenter les lampes. Dans le sud-ouest de l’Ontario, l’extraction du pétrole débute en 1858, peu après le début d’activités similaires aux États-Unis. La région du sud-ouest de l’Ontario, et en particulier le village Oil Springs, ouvre la voie du raffinage du pétrole brut en Amérique du Nord.

Transports

Barge d'York

Une barge d'York sur la rivière Nelson, au Manitoba, en 1913. Les barges d'York étaient utilisées par la Compagnie de la Baie d'Hudson pour transporter les fourrures et les marchandises par voie fluviale. Elles pouvaient être propulsées à la rame ou à la voile.

Le transport sur des distances énormes et à travers des terrains difficiles pose des défis gigantesques. Le canot d’écorce de bouleau, utilisé depuis des temps immémoriaux par les Autochtones et adopté par les marchands de fourrures français, permet de relier l’intérieur de l’Amérique du Nord au reste du monde. La Compagnie de la Baie d’Hudson met au point la barge d’York pour assurer le transport de la baie d’Hudson vers l’intérieur. La construction navale débute au XVIIe siècle en Nouvelle-France, les charpentiers locaux apprenant les techniques de construction des bateaux. À partir du milieu du XVIIIe siècle, le gouvernement encourage la construction navale dans les colonies des Maritimes. En 1809, John Molson finance la construction de l’Accommodation – un navire à vapeur doté d’une machine à vapeur de fabrication locale – pour assurer la route très fréquentée entre Montréal et Québec.

Canal de Lachine

Canal Rideau

Le canal Rideau au niveau de la rue Sparks à Ottawa, en Ontario, le 16 juin 1920.

Canal Welland

Du minerai est déchargé d'un navire le long du canal Welland, le 23 juillet 1917.

L’importance du transport par eau pour l’économie coloniale s’accroît avec l’aménagement des canaux. Les tentatives visant à dompter les rapides du Saint-Laurent commencent sous le régime français et se poursuivent avec les autorités coloniales britanniques et canadiennes. Le canal Lachine, à Montréal, est également une source de puissance hydraulique. La raffinerie de sucre Redpath fait partie des industries installées le long du canal. Le canal Rideau, qui relie la rivière Ottawa au Saint-Laurent et au lac Ontario, est construit dans le cadre d’un projet militaire, après la guerre de 1812, sous la supervision du lieutenant-colonel John By, membre des Royal Engineers. Le premier canal Welland, conçu pour contourner le formidable obstacle que présentent les chutes Niagara, est construit dans les années 1820 grâce à des techniques pour la plupart américaines mises au point dix ans plus tôt durant la construction du canal Érié.

Pont Victoria

Le pont Victoria sur le Saint-Laurent, à Montréal (Québec), aux environs de 1878.

La construction des routes qui relient les villages de colons sur de longues distances est coûteuse, difficile et lente. Plusieurs artères sont néanmoins déjà terminées à la fin de l’époque des pionniers. Des troncs de cèdre sont utilisés pour recouvrir les sections marécageuses et un revêtement en graviers est ajouté aux endroits où le trafic est le plus intense. Dans les années 1840, les Canadiens essaient les pistes en planches, avec du bois bon marché, mais le gel et le dégel saisonniers finissent par les détruire. Seules les routes urbaines bénéficient d’un revêtement, la plupart du temps en pavés bruts. L’arrivée du chemin de fer est d’une tout autre importance. La première société, la Champlain and St. Lawrence Railroad, est également financée par John Molson. En 1860, la plupart des grandes communautés des différentes régions du Canada sont reliées par le Grand Trunk Railway (le « Grand Tronc du Canada »), tandis que le « chemin à lisses du Saint-Laurent et de l’Atlantique » relie Montréal à Portland, dans le Maine. La technologie des voies ferrées influence aussi les techniques de construction des ponts. La construction tubulaire du pont Victoria, à Montréal, terminé en décembre 1859, est une prouesse d’ingénierie pour l’époque. Les ateliers ferroviaires dans lesquels les wagons, les locomotives et d’autres pièces d’équipement sont fabriqués sont les plus grandes entreprises manufacturières du pays à l’époque de la Confédération. L’ingénieur T.C. Keefer, dans son essai intitulé « Philosophy of Railroads », encourage ses concitoyens canadiens à apprécier non seulement les bénéfices économiques de cette technologie, mais aussi son importance sociale et culturelle. Le chemin de fer va en effet ouvrir le monde extérieur aux Canadiens et non pas seulement transporter leurs marchandises plus rapidement.

Développement national : 1867–1913

Durant cette période, des forces politiques et économiques encouragent le développement du chemin de fer, l’industrialisation et la colonisation des Prairies.

Agriculture

L’agriculture, la pêche et la foresterie ont été transformées par l’arrivée de nouvelles technologies de production et de transformation. Les conduits de drainage en argile, dans l’Est pluvieux, et les canaux d’irrigation en bois, dans l’Ouest aride, ont permis d’augmenter la productivité des terres. De nouvelles variétés de blé hâtif résistant et les trains de la moisson qui permettent d’acheminer la main-d’œuvre saisonnière nécessaire ont été les premiers vecteurs de la transformation des prairies en grenier pour le monde entier. L’introduction des broyeurs à cylindres, capables de moudre plus rapidement les graines dures du blé de l’Ouest, a révolutionné les minoteries. Le moulin E.W.B. Snider qui fonctionne à St. Jacobs, en Ontario, dans les années 1870, est un des premiers moulins à cylindres. La société Ogilvie Flour Milling Co, fondée en 1801, construit en 1886 une énorme usine à Montréal et y installe les plus récents cylindres convertisseurs. Les fabriques de fromages en Ontario et au Québec produisent des produits qui alimentent les marchés locaux et internationaux, comme le font les usines de transformation du porc de Toronto. Avec la mécanisation croissante de l’agriculture, des sociétés telles que Massey, Harris et la Cockshutt Plow Company mettent au point une ligne complète de machines pour la plupart des opérations agricoles et cherchent à pénétrer d’autres marchés. Les fabricants canadiens et américains créent ensemble une collection commune d’équipements agricoles qui permet de libérer les agriculteurs de la dépendance à l’égard des technologies européenne héritée de l’ère coloniale.

Pêche

Au début des années 1860, les techniques de pêche dans l’Atlantique ont déjà été modifiées par l’introduction de la ligne de fond, ou « palangre ». La réfrigération et le transport ferroviaire font progresser le marché du poisson frais. Sur la côte Pacifique, les filets maillants permettent de capturer d’énormes quantités de saumons qui sont ensuite préparés et mis en conserve dans des installations mécanisées d’où sortent des produits directement exportables. Des études menées par les gouvernements et les universités ont permis d’apporter des solutions aux nombreux problèmes techniques associés à la récolte et à la transformation des poissons et d’autres fruits de mer.

Foresterie

L’exploitation des forêts se poursuit dans l’est du Canada, bientôt rejoint par la Colombie-Britannique. Les gouvernements provinciaux encouragent par ailleurs de plus en plus le sciage local des grumes en bois de charpente plutôt que leur exportation vers les États-Unis. La fabrication du papier au Canada à partir de déchets textiles (chiffons) remonte à 1804, mais de nouvelles techniques mécaniques et chimiques pour la préparation de la pâte à partir du bois viennent transformer l’industrie à partir des années 1860 (voir Industrie des pâtes et papiers).

Exploitation minière

Les ruées vers l’or du Fraser, du Cariboo et du Yukon ont toutes été spectaculaires, mais la découverte de gisements de minerais de métaux communs aura des retombées technologiques plus durables. La mise au point de nouvelles techniques métallurgiques a souvent été la dernière étape permettant d’exploiter la richesse de ces mines. Le procédé Orford est ainsi utilisé pour séparer les minerais de cuivre et de nickel dans le bassin de Sudbury, tandis que la flottation différentielle est utilisée dans la fonderie de Trail, en Colombie-Britannique, pour le traitement des minerais complexes contenant principalement du plomb et du zinc.

Transports

l'Écluse-ascenseur de Peterborough

Ouverture de l'écluse-ascenseur de Peterborough sur le canal Trent, en 1904.

Les canaux sont vite réputés comme étant d’efficaces voies de transport pour les marchandises en vrac. Le transport fluvial prenant de l’ampleur sur les Grands Lacs, des travaux de mise à niveau sont nécessaires. En Nouvelle-Écosse, le canal Shubenacadie tant attendu, qui relie la baie de Fundy à Dartmouth, ouvre en 1861. À partir des années 1870 et tout au long des années 1880, le canal Welland est modifié et sa profondeur accrue, d’abord jusqu’à 3,65 m, puis jusqu’à 4,26 m. Un canal est ouvert à Sault Ste. Marie en 1895 et le canal Soulanges de Québec ouvre à son tour en 1899. De nouveaux travaux sur le canal Trent vont faciliter le développement du Centre de l’Ontario. L’écluse-ascenseur de Peterborough, conçue par R.B. Rogers, est la plus grande écluse de ce type au monde et une réussite exceptionnelle en matière d’ingénierie.

L’ouverture en 1876 du chemin de fer Intercolonial vient satisfaire une condition de la Confédération en reliant le Centre du Canada à la Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. La construction du chemin de fer du Canadien Pacifique puis de deux autres lignes transcontinentales à travers le terrain rocheux difficile et le muskeg du Bouclier canadien, les Prairies et les Rocheuses, sera l’un des plus grands succès du génie civil canadien. Quelques-uns des premiers ponts cantilever du monde ont été construits sur la rivière Niagara et le fleuve Fraser en 1883 et sur le fleuve Saint-Jean en 1884.

Communications

Central téléphonique

E.L.B. Joseph aux commandes du central téléphonique installé dans la pharmacie du Dr Riddell, à Lauder (Manitoba), aux environs de 1914-1918.

Les technologies liées aux communications avancent rapidement avec l’arrivée du télégraphe électrique qui vient accompagner les lignes de chemin de fer à partir des années 1850. Le téléphone d’Alexander Graham Bell fait son apparition dans les années 1870 et dans les années 1880 et 1890, les centraux téléphoniques sont déjà communs dans la plupart des grandes villes. Le premier central téléphonique du Canada est installé en 1878 à Hamilton et il est déjà équipé de 40 téléphones à la fin de cette année-là. Le premier central automatique, permettant aux utilisateurs d’appeler directement sans passer par une téléphoniste, est installé en 1901, à Whitehorse, par la Yukon Electric Co. Les premiers signaux télégraphiques sans fil (radio) transatlantiques sont émis en 1901 par l’ingénieur italien Guglielmo Marconi, tandis que le Canadien Reginald Fessenden pourrait être le premier à avoir émis avec succès un signal radio audio (voix) en 1906.

Développement urbain

Dans les années 1880, les villes canadiennes en pleine croissance commencent à dépasser la taille où tout le monde peut encore se rendre à son travail en marchant. Les transports en commun deviennent nécessaires. Les omnibus à cheval sont remplacés par des tramways hippomobiles. Des tramways électriques sont exposés en 1884 au parc des expositions de Toronto, mais c’est seulement en 1886 que la première ville canadienne, Windsor, s’équipe de ce moyen de transport en commun, suivie par St. Catharines, en 1887. Ces deux villes figurent parmi les premières municipalités nord-américaines à adopter cette nouvelle forme de transport.

Les zones urbaines nécessitent également un important approvisionnement en eau pour les particuliers, l’industrie et la lutte contre les incendies ainsi qu’un système de traitement des eaux usées. À la fin des années 1870, le réseau d’alimentation en eau de la plupart des grandes villes fonctionne déjà sous l’action de pompes activées par des machines à vapeur. À partir de 1900, certaines villes utilisent des filtres de sable ou de l’hypochlorite de calcium pour le traitement de leurs eaux. Les services d’assainissement s’améliorent avec l’introduction de filtres à sable plus efficaces pour le traitement de l’eau potable en ville, mais le traitement des eaux usées ne progresse que lentement. En 1915, Brantford, en Ontario, devient la première municipalité d’Amérique du Nord à construire une station à boues activées pour le traitement des eaux usées. Des micro-organismes y sont utilisés pour dégrader les matières organiques. Le bois reste un matériau commun, mais les nouvelles techniques de construction utilisant de l’acier de construction et du béton armé et incorporant des ascenseurs permettent aux villes de se développer verticalement aussi bien qu’horizontalement.

Industrie

Les machines à vapeur ne font pas que révolutionner les transports. Dans les secteurs de l’industrie et de l’agriculture, elles offrent une source d’énergie beaucoup plus flexible. Plus tard, l’électricité, l’éclairage et les moteurs électriques adoptés pour la machinerie vont fournir encore plus de flexibilité pour la production industrielle. Au Canada, la deuxième révolution industrielle succède ainsi directement à la première avec le développement de nouvelles industries basées sur la chimie et l’électricité. L’expansion rapide de l’électrochimie au XXe siècle permet la production à bas coût de nombreux produits chimiques. C’est un Canadien, Thomas Willson, qui met au point la première synthèse commerciale du carbure de calcium. La première usine est construite à Merritton, en Ontario, en 1896. Shawinigan, au Québec, devient un important centre d’électrochimie. L’usine produit d’abord des carbures puis également de l’aluminium. La première usine d’acide sulfurique utilisant le procédé de contact est établie à Sulphide, en Ontario, en 1908. Les dépôts salins du sud-ouest de l’Ontario ont été exploités par la Canada Salt Company, basée à Sandwich (qui fait aujourd’hui partie de la municipalité de Windsor), pour produire de la soude caustique et de la poudre de blanchiment, puis de la soude, du chlore liquide et de l’acide chlorhydrique.

L’industrie du matériel et de l’équipement agricoles se développe aussi de manière spectaculaire, tirant parti des nouvelles sources d’énergie ainsi que des nouvelles méthodes de fabrication et d’assemblage. Les chemins de fer permettent en outre de distribuer les machines à plus grande échelle. Des sociétés de production de moteurs et d’outils sont créées pour fournir la machinerie nécessaire à l’industrie ferroviaire et à la foresterie. Le passage des rails en fer aux rails en acier s’effectue au début des années 1870. Au début, la plus grande partie de l’acier utilisé pour les rails est importée, mais au début du XXe siècle, la production de rails dans les aciéries canadiennes fait l’objet d’une croissance spectaculaire.

L’enseignement de l’ingénierie se met doucement en place avec l’introduction de cours spécifiques à King’s College, à Fredericton, en 1854, à McGill en 1871, à la School of Practical Science à Toronto en 1873, à l’École Polytechnique de Montréal en 1873, au Collège militaire royal deKingston, en Ontario, en 1876 et à la School of Mining and Agriculture de l’Université Queen’s en 1893. La plupart de ces universités offrent alors des cours en génie civil, en génie minier et en génie mécanique, mais elles ajoutent rapidement des programmes d’enseignement en génie électrique et en génie chimique à leur curriculum. Des programmes universitaires d’enseignement de la foresterie sont également mis en œuvre dans plusieurs universités.

Première et Deuxième guerres mondiales : 1914-1950

En dépit de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale et de la Crise des années 1930, la première moitié du siècle voit l’arrivée d’une prospérité et de développements agricoles et industriels sans précédent. Avec l’avènement du moteur à combustion interne, les Canadiens ne se font battre que par les Américains au classement des utilisateurs de l’automobile, tandis que les avions « de brousse » contribuent à l’ouverture du Nord canadien. La radio est un nouveau médium, pas seulement pour les communications, mais aussi pour les divertissements. L’Association canadienne de normalisation, née durant la Première Guerre mondiale, joue un rôle majeur, non seulement en contribuant à l’uniformisation des pratiques techniques utilisées dans l’industrie d’un bout à l’autre du Canada, mais aussi en assurant que les produits canadiens et américains restent compatibles.

Agriculture

L’agriculture devient de plus en plus un mélange de traditions et de nouvelles techniques mécaniques. Le tracteur à essence, la moissonneuse-batteuse et de nouvelles machines spécialisées, comme le cultivateur pour semis dans les champs de tabac et de maïs, apparaissent dans la campagne canadienne. Les nouvelles technologies telles que la pasteurisation, la réfrigération et la mise en conserve commerciale des viandes, des légumes et des fruits ainsi que le lait condensé et le fromage fondu contribuent à l’approvisionnement en nourriture des zones urbaines en pleine expansion.

Transports

Le réseau ferroviaire canadien continue à s’étendre avec la ligne de la Temiskaming and Northern Ontario Railway (Ontario Northland), construite entre 1903 et 1931 et reliant North Bay à la baie James, en Ontario. La ligne de l’Hudson Bay Railway, qui ouvre en 1929, est construite pour ouvrir un autre port maritime, à Churchill, au Manitoba, pour l’expédition des céréales des Prairies. La taille et le nombre croissant des navires passant par les Grands Lacs rendent le nouveau canal Welland obsolète et la construction d’un canal plus large et plus direct, le Welland Ship Canal, est démarrée en 1913. Après une interruption due à la guerre, la construction reprend et le canal ouvre officiellement en 1932.

L’auto-neige B7, la première autoneige commercial

La première motoneige, développée par Joseph-Armand Bombardier.

Les voitures et les camions, d’abord des curiosités, deviennent rapidement des nécessités. La construction des routes est facilitée par une nouvelle génération de camions et de tracteurs à chenilles, modifiés pour les travaux de construction routière. L’autoroute Queen Elizabeth, qui relie Toronto à Buffalo (État de New York) autour de l’extrémité ouest du lac Ontario, par l’intermédiaire du pont Peace, à Fort Erie, est la première autoroute à quatre voies intercité à accès limité d’Amérique du Nord. Les transports en commun sont vitaux pour les cités en pleine croissance, les tramways électriques arrivant les premiers, lentement remplacés par les bus diesel. La motoneige, inventée par Joseph-Armand Bombardier, permet aux habitants des zones rurales enneigées de se déplacer plus facilement et, plus tard, de se divertir.

« Silver Dart »

J.A.D. McCurdy pilote le « Silver Dart » à Baddeck, en Nouvelle-Écosse, le 23 février 1909. C'est le premier vol contrôlé d'un aéronef au Canada.

« Silver Dart »

J.A.D. McCurdy pilote le « Silver Dart », au-dessus de la baie de Baddeck, lors du premier vol motorisé au Canada, le 23 février 1909.

« Noorduyn Norseman », avion de brousse

Timbre illustrant le premier avion de brousse conçu au Canada, le « Noorduyn Norseman ».

Le premier vol d’un engin motorisé plus lourd que l’air au Canada est effectué en 1909 à bord du Silver Dart à Baddeck, en Nouvelle-Écosse. Après la Première Guerre mondiale, de nombreux aéronefs militaires excédentaires sont adaptés pour des activités en temps de paix, souvent liées à la foresterie et aux activités minières dans les régions septentrionales. En 1920, une agence du gouvernement fédéral, l’Associate Air Research Committee, est créée pour encourager la recherche aéronautique au Canada. Dans les années 1920, W.R. Turnbull perfectionne l’hélice à pas variable à commande électrique qui sera adoptée dans le monde entier. Le plus fameux des avions de brousse de nouvelle génération est le Noorduyn Norseman. Pendant la Crise des années 1930, l’un des programmes les plus fructueux, innovateurs et créateurs d’emplois du gouvernement consiste à construire toute une série d’aéroports d’un bout à l’autre du pays.

Hydroélectricité

Le développement innovateur des installations hydroélectriques à Niagara Falls au cours du XIXe siècle va inspirer d’autres projets ambitieux dans la région et ailleurs. Le projet d’installation hydroélectrique Queenston–Chippawa mené à bien par Ontario Hydro entre 1917 et 1921 est le plus grand projet de génie civil depuis celui du canal de Panama. Les nouvelles installations hydroélectriques permettent d’éclairer et d’alimenter en électricité les zones urbaines et les industries, mais nombre d’entre elles alimentent également des installations minières, des usines de pâtes et papiers ou des usines de traitement de l’aluminium.

Industrie

La fabrication de fibres synthétiques est un autre secteur technologique important. La production de rayonne viscose est lancée au Canada en 1925 par la société britannique Courtaulds à Cornwall, en Ontario. Le procédé utilise la cellulose contenue dans la pâte de bois. En 1928, la Canadian Celanese Ltd commence à fabriquer de la rayonne à base d’acétate de cellulose à Drummondville, au Québec. La Canadian Industries Ltd entame la production de cellophane à Shawinigan Falls en 1931. La découverte, à l’Université McGill, d’une méthode permettant d’extraire la vanilline des déchets des usines de pâte à papier va permettre au Canada de fournir 60 % de la production mondiale de ce qui était jusqu’alors un produit naturel rare.

Communications

Les premiers amplificateurs à tubes utilisés dans les répéteurs améliorent les communications interurbaines et permettent le fonctionnement du Réseau téléphonique transcanadien, qui entre officiellement en service en 1932. Durant les années 1920 et 1930, la plupart des zones urbaines de l’Ontario et du Québec sont équipées du service téléphonique automatique. En 1927, les Canadiens peuvent déjà téléphoner en Europe en passant par les États-Unis et en 1931, les connexions directes sont possibles. L’inventeurEdward Rogers Sr a contribué de façon importante à l’avancement de la technologie radio, tandis que Reginald Fessenden s’est imposé comme un pionnier de la technologie télévisuelle.

Technologies domestiques

De nouvelles technologies trouvent également une application dans le foyer des Canadiens. On peut par exemple citer les machines à laver, les aspirateurs, les réfrigérateurs, les cuisinières à gaz ou électriques et de nombreux autres appareils électroménagers. Bien qu’ils aient été promus comme facilitant les travaux domestiques, il est peu probable que ces appareils aient diminué le temps que passent à l’époque les femmes aux travaux domestiques, et il se peut même qu’ils aient contribué à l’augmenter.

Canada contemporain : de 1950 à aujourd’hui

Le Canada sort de la Deuxième Guerre mondiale avec le statut de puissance moyenne et continue de se placer parmi les économies les plus robustes du monde. Le pays est resté à l’avant-garde des avancées technologiques, à la fois comme utilisateurs des technologies développées à l’étranger et comme développeur et fabricant de produits de haute technologie.

Énergie

La pechblende, un minerai autrefois peu connu à partir duquel on peut extraire du radium radioactif, devient une source stratégique d’uranium durant la Deuxième Guerre mondiale. Extrait des mines situées près du Grand lac de l’Ours et raffiné à Port Hope, l’uranium fait aujourd’hui partie, avec la potasse de la Saskatchewan et le pétrole de l’Alberta, du trio des nouveaux produits industriels de base.

Pour satisfaire à la demande en énergie émanant de l’industrie et des cités en pleine croissance, d’énormes nouveaux projets hydroélectriques ont littéralement modifié le paysage du nord du Québec et de l’Intérieur de la Colombie-Britannique. Des stations thermoélectriques ont été construites dans les Maritimes et les provinces des Prairies. L’Ontario ouvre sa première centrale nucléaire à Rolphton en 1962. L’exploration des ressources gazières continue en Alberta et en Saskatchewan après la découverte du champ pétrolier Leduc, en 1947. L’industrie pétrolière se complexifie, avec la production d’essence, de diesel, de combustibles de chauffage et d’huiles lourdes pour la lubrification, ainsi qu’à travers le développement de l’immense industrie pétrochimique et sa myriade de produits dérivés. Sarnia et Montréal deviennent les centres de l’industrie pétrochimique, bien que petit à petit, certaines industries choisissent de se rapprocher des champs pétroliers. Le succès des sables bitumineux de l’Alberta transforme Fort McMurray en ville-champignon (elle sera néanmoins sérieusement endommagée par l’incendie de 2016). Des projets visant à transporter du gaz naturel liquéfié par pipelines jusqu’aux côtes de la Colombie-Britannique aux fins d’exportation sont contestés sur le plan environnemental, tout comme la construction d’une nouvelle capacité pipelinière au sud, vers les États-Unis.

Transports

Station de métro Bloor

Station de métro Bloor, ca. 1960s

Deux mégaprojets de l’après-guerre dans le domaine des transports ont eu un profond impact sur le Canada. Le premier est la voie maritime du Saint-Laurent, un projet de transport et d’énergie conjoint Canada-État-Unis terminé en 1959. Il permet de transporter par voie fluviale des marchandises en vrac de l’intérieur du continent vers la côte de l’océan Atlantique. Le second, l’ouverture de la route transcanadienne en 1962, symbolise la préférence des Canadiens pour leur automobile aux dépens du transport ferroviaire. Ajoutons l’ouverture de la première ligne du métro de Toronto en 1954, suivi par celle du métro de Montréal en 1966. Les bus et les trains légers viendront compléter les systèmes de transport en commun dans ces deux villes et d’autres villes du pays.

Les fabricants asiatiques d’automobiles se joignent à leurs homologues américains pour implanter des usines au Canada. La tentative de mise au point d’une voiture de sport canadienne de hautes performances, la Bricklin SV-1, se soldera néanmoins par un échec commercial. Les chantiers navals d’après-guerre, qui conservent une capacité considérable pour les réparations et le carénage des navires, voient néanmoins leurs activités diminuer jusqu’au point de ne produire plus qu’un petit nombre de laquiers et de bateaux de pêche en mer. Les chantiers navals canadiens ont sorti quelques-uns des brise-glace les plus modernes et avec l’exploration pétrolière, gazière et minière en plein développement dans l’Arctique, ce savoir-faire présente un énorme potentiel.

Aéronautique

Les discussions concernant l’industrie aéronautique canadienne se concentrent trop souvent sur l’annulation en 1959 du programme de développement de l’avion de chasse Avro Arrow, négligeant du même coup de nombreux atouts du secteur canadien de l’aérospatial. L’industrie aéronautique canadienne a continué à mettre au point des ADAC (avions à décollage et atterrissage courts) tels que l’Otter, le Dash 7 et le Dash 8. La division Aéronautique de Bombardier est l’un des plus grands fabricants aéronautiques du monde, avec un chiffre d’affaires total de l’ordre de plusieurs milliards de dollars par an dans le monde. Bombardier et le fabricant de moteurs d’avion américain Pratt & Whitney Canada figurent parmi les sociétés les plus investies dans la recherche au Canada. Du satellite Alouette 1 (1962) au Canadarm2, qui équipe la station spatiale internationale, la technologie canadienne est très présente dans l’espace.

La technologie nucléaire canadienne a permis l’ouverture de plusieurs centrales nucléaires sur le territoire national et la mise au point du réacteur CANDU. Les laboratoires de Chalk River produisent quant à eux une bonne proportion des radio-isotopes médicaux utilisés aujourd’hui dans le monde. Parmi les autres secteurs de recherche utilisant des technologies canadiennes, on peut citer l’Observatoire des neutrinos de Sudbury et le Centre canadien de rayonnement synchrotron à Saskatoon.

Communications

Dans le domaine des technologies informatiques, le Canada s’est illustré avec le développement des compilateurs de type WATFOR. Mis au point à l’Université de Waterloo, ces outils ont été largement utilisés pour l’enseignement de l’informatique dans les années 1970 et 1980. Le Canadien James Gosling a par ailleurs inventé le langage de programmation baptisé JAVA. Research in Motion, basée à Waterloo, en Ontario, a développé le téléphone intelligent « BlackBerry » et fait partie, avec IBM Canada, des dix entreprises qui dépensent le plus en recherche et développement au Canada.

Dans le domaine des divertissements, la technologie cinématographique IMAX, développée à partir de travaux effectués pour l’Office national du film du Canada, a connu un véritable succès commercial. Les programmes télévisés sont accessibles même dans les endroits les plus reculés du Canada grâce aux satellites de communication Anik. Les universitaires canadiens s’illustrent quant à eux en tant qu’analystes et critiques de la technologie dans l’après-guerre, en particulier les professeurs de l’Université de Toronto Harold Innis et Marshall McLuhan, qui se sont acquis une réputation internationale pour leurs idées sur les médias et les communications.