VISITE GUIDÉE. Montrieux, une chartreuse du XIIe siècle au cœur de la Provence verte (original) (raw)
C’est à Méounes, pas très loin des sources du Gapeau, que se sont installés les Chartreux au Moyen Âge. Montrieux –qu’on prononce Monrieux, les monts riants– est chronologiquement la huitième maison de l’ordre, bâtie sur les contreforts est du massif de la Sainte-Baume.
En 1084, Bruno avait fondé près de Grenoble ce qui allait devenir la Grande Chartreuse. Plus tard, plusieurs moines chartreux de Saint-Victor, à Marseille, avaient été envoyés à Méounes pour bâtir Montrieux.
Après moult péripéties au cours des siècles, une quinzaine de religieux continuent à faire vivre ces lieux de culte, dans la contemplation, selon la voie cartusienne. Un subtil dosage d’érémitisme combiné à la vie communautaire liturgique et aux travaux quotidiens, que traduit l’architecture des chartreuses où l’on vit "séparé de tous et unis à tous".
Départ du guet du Gapeau
Photo N. B..
Montrieux est fermée aux visiteurs, mais il est possible d’en admirer tourelles et façades, et les offices sont, en temps normal, ouverts au public chaque jour, dans la chapelle Sainte-Roseline classée Monument historique.
L’eau fraîche et pure de la fontaine qui fait face à l’entrée, est à la disposition des marcheurs, nombreux à faire la superbe balade qui conduit à ce havre de paix.
D’une durée d’une demi-heure, elle remonte la petite rivière qui déboule dans la lumière tamisée des frondaisons de la forêt domaniale. Un parking est aménagé au guet du Gapeau, le long de la D202.
C’est aussi le point de départ de nombreuses randonnées dans ce massif qui a été l’un des hauts lieux de la Résistance dans le Var, comme en témoigne la plaque commémorative qui surplombe la fontaine. Les Chartreux y ont pris part, en cachant des combattants des forces libres.
Le vieux et le jeune
Photo N. B..
Le monastère qui a fait l’objet de nombreux remaniements (la façade actuelle date du XIXe), aurait été fondé entre juillet 1136 et février 1137. Les moines ermites se sont d’abord installés à Montrieux Le Vieux, avec draperie, minoterie, moulin, tannerie… avant de se fixer sur le site actuel à la fin du XIIe, dit Montrieux "Le jeune".
Peste, destructions, Révolution, loi de séparation de l’État et de l’Église… La chartreuse a connu pas mal de soucis au cours du précédent millénaire. Devenue une ferme après 1789, puis redevenue une église en 1821 et rachetée par l’évêché de Fréjus en 1943, elle a été aussi un hôpital durant la Seconde Guerre mondiale.
Statues et grotte sacrée
À l’intérieur se trouve notamment le tombeau des comtes de Valbelle, dont les quatre statues sont dispersées dans le Var. "La force" se trouve au tribunal de Draguignan. "L’espérance" qui figure Marie Madeleine, peut être admirée dans la grotte de la Sainte-Baume.
"La Provence" est exposée au musée de Toulon, et Sainte Monique est à Fréjus. La magnifique église de Méounes, jusqu’où l’on peut aussi pousser la balade, abritait également deux anges pleureurs issus du mausolée, qui ont été volés en 1988.
"Les Valbelle étaient une riche famille qui avait financé et aidé la chartreuse sous l’ancien régime, c’est pourquoi elle a obtenu le droit d’y construire un mausolée", explique Michel Callamand, auteur de La Chartreuse de Montrieux. L’ouvrage, illustré par le photographe David Latour, permet de découvrir l’intérieur du monument et raconte son histoire.
"Le livre a été édité par l’association Les Amis de La Chartreuse de Montrieux qui récolte les fonds pour les travaux de restauration du monastère, pour le faire connaître et pour montrer comment les dons sont utilisés. Notamment la très belle restauration de la lumineuse chapelle des reliques. Depuis quatre ans, la restauration du petit cloître est en cours, avec le concours de deux tailleurs de pierre spécialisés". Un patrimoine millénaire et toujours bien vivant.