Maxime St-Hilaire | Université de Sherbrooke (original) (raw)
Books by Maxime St-Hilaire
I. INTRODUCTION Richard Albert's recent first monograph, Constitutional Amendments: Making, Break... more I. INTRODUCTION Richard Albert's recent first monograph, Constitutional Amendments: Making, Breaking, and Changing Constitutions, 1 is a major contribution to the study of the topic. It presents itself as a sort of summa amendmenta, 2 whose erudition has its reader travel through space and time. It stands apart, not only by its historical and comparative scope, but also by its attempt at combining a legal approach to constitutional amendment with the currently prevailing more political study of constitutional change. More precisely, this legal approach is not merely positivistic and descriptive, but also normative, based on the value of legality or the rule of law. As Erin Delaney suggests, "Albert reclaims the place of formal amendment." 3 In other words, Albert reclaims the place of law against pure politics, and even of written legal rules against judicial activism in the realm of constitutionalism in general and constitutional change in particular. At least insofar as the broader law/politics divide is concerned, Albert's book seems to carry the voice of a new generation of Anglo-American and international constitutional scholars, 4 succeeding that which was epitomized by Ran Hirschl, which "sought to collapse the law/politics distinction by demonstrating the
Presses de l'Université Laval, 2020
Qu’est-ce que le positivisme? Le positivisme juridique en est-il une déclinaison? Sinon, quels ra... more Qu’est-ce que le positivisme? Le positivisme juridique en est-il une déclinaison? Sinon, quels rapports celui-ci entretient-il avec celui-là? Du reste, faut-il parler « du » ou « des » positivismes juridiques? Quels sont les enjeux politiques de l’adoption de la position positiviste ou d’une position positiviste donnée par le juriste? En se focalisant sur le xx e siècle où la pensée juridique a pour ainsi dire éclaté, ce livre ambitionne de répondre à ces questions par la thèse selon laquelle il n’a pas existé un, mais plusieurs positivismes juridiques, certains concevant le droit comme un fait, d’autres comme une norme; certains adoptant une position explicative ou descriptive, d’autres une position normative. Leur examen sera l’occasion d’une évaluation des tentatives d’étude du droit comme fait ainsi que d’une interrogation sur le rapport du droit à l’État. Se poseront alors la question du pluralisme juridique et de sa relation avec l’idéal de l’État de droit et celle de l’intérêt d’adopter une nouvelle grille de lecture de l’histoire de la philosophie du droit.
La lutte pour la pleine reconnaissance des droits ancestraux. Problématique juridique et enquête philosophique, 2013
Le respect des droits des peuples autochtones sur leurs territoires ancestraux compte parmi les p... more Le respect des droits des peuples autochtones sur leurs territoires ancestraux compte parmi les plus grands défis qui se posent aux juristes. La façon tout indiquée de le relever consiste en la conclusion de traités avec ces peuples. Au Canada, une telle pratique est actuellement entravée par la politique de l’« échange » de droits vagues contre des droits définis avec précision. Cette politique indigne la partie autochtone pour qui la négociation doit à l’inverse porter sur la pleine reconnaissance de ses droits ancestraux. Le problème est une aporie pour le juriste jusqu’à ce que sa mise en perspective historique, complétée d’une critique de la pensée juridique, fasse ressortir comment il résulte de la rencontre de deux conceptions différentes, non seulement de l’idée de « droits ancestraux », mais aussi de celle même de « droit ». Cette rencontre est celle du monisme et du pluralisme juridiques. Encore là, le juriste peut se sentir démuni devant la question de la signification normative du processus plus large de reconnaissance progressive, par le droit canadien et supranational, des ordres juridiques autochtones. La défunte entente de principe avec les Innus portait reconnaissance de leurs droits ancestraux comme expression de leur identité. La Commission royale sur les peuples autochtones a fait de la « reconnaissance mutuelle » le maître mot de ses recommandations. Le thème de la « lutte pour la reconnaissance » donne donc à penser que la philosophie sera d’un concours prépondérant. Le multiculturalisme libéral et la politique de reconnaissance autorisent la formulation de l’hypothèse d’une double lutte pour la protection juridique et pour la présomption de valeur d’ensemble des cultures juridiques autochtones. Or ce n’est pas du tout en ayant à l’esprit la problématique multiculturaliste que, à peu près au même moment que Charles Taylor, Axel Honneth s’attelait à la réactualisation systématique d’une thématique qui passe pour hégélienne. La recherche qui suit se présente comme une enquête philosophique relative à une problématique juridique. Elle se veut aussi une enquête sur l’intérêt de la philosophie pour l’élucidation de problématiques juridiques.
Le respect des droits des peuples autochtones sur leurs territoires ancestraux compte parmi les p... more Le respect des droits des peuples autochtones sur leurs territoires ancestraux compte parmi les plus grands défis qui se posent aux juristes. La façon tout indiquée de le relever consiste en la conclusion de traités avec ces peuples. Au Canada, une telle pratique est actuellement entravée par la politique de l’« échange » de droits vagues contre des droits définis avec précision. Cette politique indigne la partie autochtone pour qui la négociation doit à l’inverse porter sur la pleine reconnaissance de ses droits ancestraux. Le problème est une aporie pour le juriste jusqu’à ce que sa mise en perspective historique, complétée d’une critique de la pensée juridique, fasse ressortir comment il résulte de la rencontre de deux conceptions différentes, non seulement de l’idée de « droits ancestraux », mais aussi de celle même de « droit ». Cette rencontre est celle du monisme et du pluralisme juridiques. Encore là, le juriste peut se sentir démuni devant la question de la signification normative du processus plus large de reconnaissance progressive, par le droit canadien et supranational, des ordres juridiques autochtones. La défunte entente de principe avec les Innus portait reconnaissance de leurs droits ancestraux comme expression de leur identité. La Commission royale sur les peuples autochtones a fait de la « reconnaissance mutuelle » le maître mot de ses recommandations. Le thème de la « lutte pour la reconnaissance » donne donc à penser que la philosophie sera d’un concours prépondérant. Le multiculturalisme libéral et la politique de reconnaissance autorisent la formulation de l’hypothèse d’une double lutte pour la protection juridique et pour la présomption de valeur d’ensemble des cultures juridiques autochtones. Or ce n’est pas du tout en ayant à l’esprit la problématique multiculturaliste que, à peu près au même moment que Charles Taylor, Axel Honneth s’attelait à la réactualisation systématique d’une thématique qui passe pour hégélienne. La recherche dont ce livre rend compte se présente comme une enquête philosophique relative à une problématique juridique. Elle se veut aussi une enquête sur l’intérêt de la philosophie pour l’élucidation de problématiques juridiques.
Papers by Maxime St-Hilaire
McGill-Queen's University Press eBooks, Dec 31, 2024
Revue internationale de droit comparé, 2020
Social Science Research Network, 2022
McGill-Queen's University Press eBooks, Jan 15, 2023
ness and shortcomings of contemporary theories of justice, especially its dominant egalitarian st... more ness and shortcomings of contemporary theories of justice, especially its dominant egalitarian strand. Egalitarianism sets out to capture the whole realm of justice with one or two basic egalitarian principles, which are designed to distribute a handful of all-purposemenass—or, as in many recent versions of egalitarianism, only money. Thus, contemporary thought of justice fails to capture the richness of our normative practices, which distributes exchanges or gives in compensation a multiplicity of goods according to a variety of standards of justice, including the importance of selfworth. Thus the investigation of self worth and its relation to social justice is in itself a critique of egalitarianism.Yet the investigation of self-worth and its relation to social justice is mainly of interest on its own. The paper sets out with a conceptual investigation of self-worth and the goodness of self-worth. It proceeds with a formal analysis of the basic relation of self-worth and social justice. The importance of self-worth is generally taken for granted. The appeal to self-worth functions as an argument 1. I am heavily indebted to the inspiring paper of SEGLOW Jonathan, “Self-Worth and Egalitarian Justice”, presented at theManchester Political TheoryWorkshop, 2006. Self-Worth and Social Justice for or against a theory of justice. In the subsequent section, the paper concentrates on one aspect of self-worth: self-esteem. It defends three independent sources promoting self-esteem: merit, luck and recognition. Thus the paper turns explicitly against the dominant political strand, centring on recognition as only source of self-esteem. After a section analysing different layers of self-esteem, the paper explores major shortcomings of egalitarian justice with respect to self-esteem. The final section gives a short outlook on some issues of self-esteem and its relation to social justice, which are requiring further investigation.
Revue nationale de droit constitutionnel, 2021
Les travaux de l’actuel directeur de l’Institut de recherches sociales (Institut für Sozialforsch... more Les travaux de l’actuel directeur de l’Institut de recherches sociales (Institut für Sozialforschung (IfS) de Francfort et les commentaires qu’ils se sont attirés posent la question des conditions de possibilité d’une étude scientifique de la vie institutionnelle du principe d’égalité juridique qui comprenne celui-ci comme une composante essentielle de l’infrastructure morale de la société moderne et qui, de cette vie, permette de diagnostiquer les pathologies ainsi que d’indiquer les forces actives de développement. Ce projet de sociologie juridique critique suppose un concept de droit qui dépasse l’opposition traditionnelle, du moins depuis plus de deux siècles, entre positivisme juridique et jusnaturalisme. Par son truchement, un tel concept de droit se présente comme une contribution de la Théorie critique de la société (ci-après « TCS »). Nous verrons cependant que, en raison de l’état d’avancement actuel du projet honnéthien de sociologie critique, la dimension proprement soci...
Social Science Research Network, May 25, 2021
The Canadian response to COVID-19 produced several problems that are at least partially attributa... more The Canadian response to COVID-19 produced several problems that are at least partially attributable to a lack of coordination between the federal and provincial governments. The federal government has not taken on a strong coordinating role. Many provinces have ‘gone their own way’ even where uniform standards are necessary to minimize public health threats. While some believe the federal government should use its existing powers to coordinate a response, the federal government alone cannot address all possible concerns and there are strong political incentives for federal government not to unilaterally take a stronger role in pandemic management. This article accordingly motivates an intergovernmental agreement on pandemic preparedness and early pandemic responsiveness (viz., early pandemic management). An intergovernmental agreement is a more promising tool for securing the coordination necessary for good pandemic management than unilateral federal action or the status quo. A detailed agreement that clearly sets out who will do what when a pandemic is imminent/when a pandemic begins will clarify expectations in early pandemic management and incentivize compliance therewith, helping to secure much-needed coordination. Developing it in non-pandemic conditions should also ensure a more rational approach to pandemic management that improves health outcomes and better fulfills Canada’s moral and international legal obligations.
Social Science Research Network, May 10, 2020
Qu’est-ce que le positivisme? Le positivisme juridique en est-il une déclinaison? Sinon, quels ra... more Qu’est-ce que le positivisme? Le positivisme juridique en est-il une déclinaison? Sinon, quels rapports celui-ci entretient-il avec celui-là? Du reste, faut-il parler « du » ou « des » positivismes juridiques? Quels sont les enjeux politiques de l’adoption de la position positiviste ou d’une position positiviste donnée par le juriste? En se focalisant sur le xxe siècle où la pensée juridique a pour ainsi dire éclaté, ce livre ambitionne de répondre à ces questions par la thèse selon laquelle il n’a pas existé un, mais plusieurs positivismes juridiques, certains concevant le droit comme un fait, d’autres comme une norme; certains adoptant une position explicative ou descriptive, d’autres une position normative. Leur examen sera l’occasion d’une évaluation des tentatives d’étude du droit comme fait ainsi que d’une interrogation sur le rapport du droit à l’État. Se poseront alors la question du pluralisme juridique et de sa relation avec l’idéal de l’État de droit et celle de l’intérêt d’adopter une nouvelle grille de lecture de l’histoire de la philosophie du droit.
ll y a une vingtaine d’années, la recherche juridique au Canada faisait l’objet d’un rapport la c... more ll y a une vingtaine d’années, la recherche juridique au Canada faisait l’objet d’un rapport la considérant somme toute «nettement sous-développée». Et on a récemment présenté un bilan plutôt mitigé des suites du Rapport Arthurs. Ainsi peut-on se sentir poussé à croire que cette recherche a déjà suffisamment de défis à relever, si bien qu’il faudrait se garder de l’accabler d’un fardeau supplémentaire tel que le développement d’un champ portant un nom aussi peu invitant qu’«épistémologie juridique». Dans l’article qui suit, mon propos est de convaincre le lecteur que c’est à tort qu’il adhérerait à une telle croyance. Bien au contraire, il convient d’appeler un développement de l’épistémologie juridique, au Canada comme ailleurs, en tant qu’accompagnement de la recherche juridique fondamentale. Car cette recherche, et notamment les études sociojuridiques ou de type «Droit et Société», font face à des problèmes épistémologiques redoutables à l’heure actuelle, problèmes qu’il faudra bien affronter. Je préciserai d’abord ce que j’entends par «épistémologie juridique». Je me pencherai ensuite sur la question de l’état de l’accompagnement épistémologique de la recherche juridique au Canada, puis sur celle de l’état de cet accompagnement ailleurs dans le monde, plus précisément aux États-Unis et en Europe. Il s’agira enfin d’indiquer quelques pistes de réflexion concernant l’accompagnement épistémologique de la recherche juridique dans l’avenir.
The respect of aboriginal peoples’ rights over their ancestral territory poses serious challenges... more The respect of aboriginal peoples’ rights over their ancestral territory poses serious challenges for jurists. The challenge is best met by the conclusion of treaties. In Canada, this practice is hindered by the policy of “exchanging” vague rights for clearly defined ones. This policy affronts the aboriginal negotiating party, for whom the process should instead focus on the full recognition of aboriginal rights. The problem is a paradox for the jurist until a historical perspective coupled with a critique of legal thought shows how it results from the encounter between two different conceptions; not only of “aboriginal rights”, but of the very idea of “law”. This encounter is one between legal monism and legal pluralism. Even then, the jurist may feel ill-equipped to address the normative significance of the progressive recognition of the aboriginal juridical order by Canadian and supranational law. The defunct Innu Land Claims Agreement-in-Principle recognized ancestral rights as ...
I. INTRODUCTION Richard Albert's recent first monograph, Constitutional Amendments: Making, Break... more I. INTRODUCTION Richard Albert's recent first monograph, Constitutional Amendments: Making, Breaking, and Changing Constitutions, 1 is a major contribution to the study of the topic. It presents itself as a sort of summa amendmenta, 2 whose erudition has its reader travel through space and time. It stands apart, not only by its historical and comparative scope, but also by its attempt at combining a legal approach to constitutional amendment with the currently prevailing more political study of constitutional change. More precisely, this legal approach is not merely positivistic and descriptive, but also normative, based on the value of legality or the rule of law. As Erin Delaney suggests, "Albert reclaims the place of formal amendment." 3 In other words, Albert reclaims the place of law against pure politics, and even of written legal rules against judicial activism in the realm of constitutionalism in general and constitutional change in particular. At least insofar as the broader law/politics divide is concerned, Albert's book seems to carry the voice of a new generation of Anglo-American and international constitutional scholars, 4 succeeding that which was epitomized by Ran Hirschl, which "sought to collapse the law/politics distinction by demonstrating the
Presses de l'Université Laval, 2020
Qu’est-ce que le positivisme? Le positivisme juridique en est-il une déclinaison? Sinon, quels ra... more Qu’est-ce que le positivisme? Le positivisme juridique en est-il une déclinaison? Sinon, quels rapports celui-ci entretient-il avec celui-là? Du reste, faut-il parler « du » ou « des » positivismes juridiques? Quels sont les enjeux politiques de l’adoption de la position positiviste ou d’une position positiviste donnée par le juriste? En se focalisant sur le xx e siècle où la pensée juridique a pour ainsi dire éclaté, ce livre ambitionne de répondre à ces questions par la thèse selon laquelle il n’a pas existé un, mais plusieurs positivismes juridiques, certains concevant le droit comme un fait, d’autres comme une norme; certains adoptant une position explicative ou descriptive, d’autres une position normative. Leur examen sera l’occasion d’une évaluation des tentatives d’étude du droit comme fait ainsi que d’une interrogation sur le rapport du droit à l’État. Se poseront alors la question du pluralisme juridique et de sa relation avec l’idéal de l’État de droit et celle de l’intérêt d’adopter une nouvelle grille de lecture de l’histoire de la philosophie du droit.
La lutte pour la pleine reconnaissance des droits ancestraux. Problématique juridique et enquête philosophique, 2013
Le respect des droits des peuples autochtones sur leurs territoires ancestraux compte parmi les p... more Le respect des droits des peuples autochtones sur leurs territoires ancestraux compte parmi les plus grands défis qui se posent aux juristes. La façon tout indiquée de le relever consiste en la conclusion de traités avec ces peuples. Au Canada, une telle pratique est actuellement entravée par la politique de l’« échange » de droits vagues contre des droits définis avec précision. Cette politique indigne la partie autochtone pour qui la négociation doit à l’inverse porter sur la pleine reconnaissance de ses droits ancestraux. Le problème est une aporie pour le juriste jusqu’à ce que sa mise en perspective historique, complétée d’une critique de la pensée juridique, fasse ressortir comment il résulte de la rencontre de deux conceptions différentes, non seulement de l’idée de « droits ancestraux », mais aussi de celle même de « droit ». Cette rencontre est celle du monisme et du pluralisme juridiques. Encore là, le juriste peut se sentir démuni devant la question de la signification normative du processus plus large de reconnaissance progressive, par le droit canadien et supranational, des ordres juridiques autochtones. La défunte entente de principe avec les Innus portait reconnaissance de leurs droits ancestraux comme expression de leur identité. La Commission royale sur les peuples autochtones a fait de la « reconnaissance mutuelle » le maître mot de ses recommandations. Le thème de la « lutte pour la reconnaissance » donne donc à penser que la philosophie sera d’un concours prépondérant. Le multiculturalisme libéral et la politique de reconnaissance autorisent la formulation de l’hypothèse d’une double lutte pour la protection juridique et pour la présomption de valeur d’ensemble des cultures juridiques autochtones. Or ce n’est pas du tout en ayant à l’esprit la problématique multiculturaliste que, à peu près au même moment que Charles Taylor, Axel Honneth s’attelait à la réactualisation systématique d’une thématique qui passe pour hégélienne. La recherche qui suit se présente comme une enquête philosophique relative à une problématique juridique. Elle se veut aussi une enquête sur l’intérêt de la philosophie pour l’élucidation de problématiques juridiques.
Le respect des droits des peuples autochtones sur leurs territoires ancestraux compte parmi les p... more Le respect des droits des peuples autochtones sur leurs territoires ancestraux compte parmi les plus grands défis qui se posent aux juristes. La façon tout indiquée de le relever consiste en la conclusion de traités avec ces peuples. Au Canada, une telle pratique est actuellement entravée par la politique de l’« échange » de droits vagues contre des droits définis avec précision. Cette politique indigne la partie autochtone pour qui la négociation doit à l’inverse porter sur la pleine reconnaissance de ses droits ancestraux. Le problème est une aporie pour le juriste jusqu’à ce que sa mise en perspective historique, complétée d’une critique de la pensée juridique, fasse ressortir comment il résulte de la rencontre de deux conceptions différentes, non seulement de l’idée de « droits ancestraux », mais aussi de celle même de « droit ». Cette rencontre est celle du monisme et du pluralisme juridiques. Encore là, le juriste peut se sentir démuni devant la question de la signification normative du processus plus large de reconnaissance progressive, par le droit canadien et supranational, des ordres juridiques autochtones. La défunte entente de principe avec les Innus portait reconnaissance de leurs droits ancestraux comme expression de leur identité. La Commission royale sur les peuples autochtones a fait de la « reconnaissance mutuelle » le maître mot de ses recommandations. Le thème de la « lutte pour la reconnaissance » donne donc à penser que la philosophie sera d’un concours prépondérant. Le multiculturalisme libéral et la politique de reconnaissance autorisent la formulation de l’hypothèse d’une double lutte pour la protection juridique et pour la présomption de valeur d’ensemble des cultures juridiques autochtones. Or ce n’est pas du tout en ayant à l’esprit la problématique multiculturaliste que, à peu près au même moment que Charles Taylor, Axel Honneth s’attelait à la réactualisation systématique d’une thématique qui passe pour hégélienne. La recherche dont ce livre rend compte se présente comme une enquête philosophique relative à une problématique juridique. Elle se veut aussi une enquête sur l’intérêt de la philosophie pour l’élucidation de problématiques juridiques.
McGill-Queen's University Press eBooks, Dec 31, 2024
Revue internationale de droit comparé, 2020
Social Science Research Network, 2022
McGill-Queen's University Press eBooks, Jan 15, 2023
ness and shortcomings of contemporary theories of justice, especially its dominant egalitarian st... more ness and shortcomings of contemporary theories of justice, especially its dominant egalitarian strand. Egalitarianism sets out to capture the whole realm of justice with one or two basic egalitarian principles, which are designed to distribute a handful of all-purposemenass—or, as in many recent versions of egalitarianism, only money. Thus, contemporary thought of justice fails to capture the richness of our normative practices, which distributes exchanges or gives in compensation a multiplicity of goods according to a variety of standards of justice, including the importance of selfworth. Thus the investigation of self worth and its relation to social justice is in itself a critique of egalitarianism.Yet the investigation of self-worth and its relation to social justice is mainly of interest on its own. The paper sets out with a conceptual investigation of self-worth and the goodness of self-worth. It proceeds with a formal analysis of the basic relation of self-worth and social justice. The importance of self-worth is generally taken for granted. The appeal to self-worth functions as an argument 1. I am heavily indebted to the inspiring paper of SEGLOW Jonathan, “Self-Worth and Egalitarian Justice”, presented at theManchester Political TheoryWorkshop, 2006. Self-Worth and Social Justice for or against a theory of justice. In the subsequent section, the paper concentrates on one aspect of self-worth: self-esteem. It defends three independent sources promoting self-esteem: merit, luck and recognition. Thus the paper turns explicitly against the dominant political strand, centring on recognition as only source of self-esteem. After a section analysing different layers of self-esteem, the paper explores major shortcomings of egalitarian justice with respect to self-esteem. The final section gives a short outlook on some issues of self-esteem and its relation to social justice, which are requiring further investigation.
Revue nationale de droit constitutionnel, 2021
Les travaux de l’actuel directeur de l’Institut de recherches sociales (Institut für Sozialforsch... more Les travaux de l’actuel directeur de l’Institut de recherches sociales (Institut für Sozialforschung (IfS) de Francfort et les commentaires qu’ils se sont attirés posent la question des conditions de possibilité d’une étude scientifique de la vie institutionnelle du principe d’égalité juridique qui comprenne celui-ci comme une composante essentielle de l’infrastructure morale de la société moderne et qui, de cette vie, permette de diagnostiquer les pathologies ainsi que d’indiquer les forces actives de développement. Ce projet de sociologie juridique critique suppose un concept de droit qui dépasse l’opposition traditionnelle, du moins depuis plus de deux siècles, entre positivisme juridique et jusnaturalisme. Par son truchement, un tel concept de droit se présente comme une contribution de la Théorie critique de la société (ci-après « TCS »). Nous verrons cependant que, en raison de l’état d’avancement actuel du projet honnéthien de sociologie critique, la dimension proprement soci...
Social Science Research Network, May 25, 2021
The Canadian response to COVID-19 produced several problems that are at least partially attributa... more The Canadian response to COVID-19 produced several problems that are at least partially attributable to a lack of coordination between the federal and provincial governments. The federal government has not taken on a strong coordinating role. Many provinces have ‘gone their own way’ even where uniform standards are necessary to minimize public health threats. While some believe the federal government should use its existing powers to coordinate a response, the federal government alone cannot address all possible concerns and there are strong political incentives for federal government not to unilaterally take a stronger role in pandemic management. This article accordingly motivates an intergovernmental agreement on pandemic preparedness and early pandemic responsiveness (viz., early pandemic management). An intergovernmental agreement is a more promising tool for securing the coordination necessary for good pandemic management than unilateral federal action or the status quo. A detailed agreement that clearly sets out who will do what when a pandemic is imminent/when a pandemic begins will clarify expectations in early pandemic management and incentivize compliance therewith, helping to secure much-needed coordination. Developing it in non-pandemic conditions should also ensure a more rational approach to pandemic management that improves health outcomes and better fulfills Canada’s moral and international legal obligations.
Social Science Research Network, May 10, 2020
Qu’est-ce que le positivisme? Le positivisme juridique en est-il une déclinaison? Sinon, quels ra... more Qu’est-ce que le positivisme? Le positivisme juridique en est-il une déclinaison? Sinon, quels rapports celui-ci entretient-il avec celui-là? Du reste, faut-il parler « du » ou « des » positivismes juridiques? Quels sont les enjeux politiques de l’adoption de la position positiviste ou d’une position positiviste donnée par le juriste? En se focalisant sur le xxe siècle où la pensée juridique a pour ainsi dire éclaté, ce livre ambitionne de répondre à ces questions par la thèse selon laquelle il n’a pas existé un, mais plusieurs positivismes juridiques, certains concevant le droit comme un fait, d’autres comme une norme; certains adoptant une position explicative ou descriptive, d’autres une position normative. Leur examen sera l’occasion d’une évaluation des tentatives d’étude du droit comme fait ainsi que d’une interrogation sur le rapport du droit à l’État. Se poseront alors la question du pluralisme juridique et de sa relation avec l’idéal de l’État de droit et celle de l’intérêt d’adopter une nouvelle grille de lecture de l’histoire de la philosophie du droit.
ll y a une vingtaine d’années, la recherche juridique au Canada faisait l’objet d’un rapport la c... more ll y a une vingtaine d’années, la recherche juridique au Canada faisait l’objet d’un rapport la considérant somme toute «nettement sous-développée». Et on a récemment présenté un bilan plutôt mitigé des suites du Rapport Arthurs. Ainsi peut-on se sentir poussé à croire que cette recherche a déjà suffisamment de défis à relever, si bien qu’il faudrait se garder de l’accabler d’un fardeau supplémentaire tel que le développement d’un champ portant un nom aussi peu invitant qu’«épistémologie juridique». Dans l’article qui suit, mon propos est de convaincre le lecteur que c’est à tort qu’il adhérerait à une telle croyance. Bien au contraire, il convient d’appeler un développement de l’épistémologie juridique, au Canada comme ailleurs, en tant qu’accompagnement de la recherche juridique fondamentale. Car cette recherche, et notamment les études sociojuridiques ou de type «Droit et Société», font face à des problèmes épistémologiques redoutables à l’heure actuelle, problèmes qu’il faudra bien affronter. Je préciserai d’abord ce que j’entends par «épistémologie juridique». Je me pencherai ensuite sur la question de l’état de l’accompagnement épistémologique de la recherche juridique au Canada, puis sur celle de l’état de cet accompagnement ailleurs dans le monde, plus précisément aux États-Unis et en Europe. Il s’agira enfin d’indiquer quelques pistes de réflexion concernant l’accompagnement épistémologique de la recherche juridique dans l’avenir.
The respect of aboriginal peoples’ rights over their ancestral territory poses serious challenges... more The respect of aboriginal peoples’ rights over their ancestral territory poses serious challenges for jurists. The challenge is best met by the conclusion of treaties. In Canada, this practice is hindered by the policy of “exchanging” vague rights for clearly defined ones. This policy affronts the aboriginal negotiating party, for whom the process should instead focus on the full recognition of aboriginal rights. The problem is a paradox for the jurist until a historical perspective coupled with a critique of legal thought shows how it results from the encounter between two different conceptions; not only of “aboriginal rights”, but of the very idea of “law”. This encounter is one between legal monism and legal pluralism. Even then, the jurist may feel ill-equipped to address the normative significance of the progressive recognition of the aboriginal juridical order by Canadian and supranational law. The defunct Innu Land Claims Agreement-in-Principle recognized ancestral rights as ...
What is meant by the phrase “rule of law”, and what is at stake in our public discourse about thi... more What is meant by the phrase “rule of law”, and what is at stake in our public discourse about this ideal? The authors conjecture that contemporary attacks to the rule of law resonate within the legal profession because of the influence of instrumentalist thinking on our legal epistemology. Legal instrumentalism, which sees in law a mere means to an end, denies the existence of a specifically legal form of reasoning and rationalizes the law solely by appeal to external, extra-legal perspectives. This introductory chapter reviews several theories of the rule of law, tracing the eclipse of the common law tradition of “law as artificial reason” for the instrumentalist concept of “law as will”. A renewed engagement with law as artificial reason integrates the structural, institutional, and procedural dimensions of legal activity, drawing attention to the role of the legal profession, particularly judges, in sustaining the values of legality and the rule of law.
Karst is a distinctive environment characterized by landforms that are the product of dissolution... more Karst is a distinctive environment characterized by landforms that are the product of dissolution of surface and subsurface rock by natural water to a greater extent than in other landscapes. It occurs both as surface and underground features (White 1988; Ford & Williams 1989). The highly varied interactions among chemical, physical, and biological processes have a broad range of geologic effects, including dissolution, precipitation, sedimentation, and ground subsidence (White 1984; Trudgill 1985; Ford & Williams 1989; Smart & Whitaker 1991). Diagnostic features such as sinkholes (dolines), sinking streams, caves, and large springs are the result of the dissolving action of circulating groundwater (Ford & Williams 1989; Smart & Whitaker 1991). Karst includes features such as large caves, called as duhul in Arabic. It is an important feature of Eocene exposure surfaces in Qatar as well as some large parts of the Arabian Peninsula (Abul-Haggag 1965; Edgell 1990; Mukhopadhyay et al. 1996). Several substantial caves are known in Qatar, but many have probably been filled with blown sand, or have collapsed to produce some of the thousands of depressions or dolines. The most pronounced topographic features of Qatar are created by the large number (9736) of shallow depressions (Embabi & Ali 1990). Many of these depressions are the surface expression of subsurface collapse structures. Most of them are circular with diameters ranging from a few hundred meters up to ~3 km. Some reach depths of 25 m while others are only a few centimeters deep. Embabi and Ali (1990) related most sinkholes to these depressions. Analysis of the morphometric and spatial distribution parameters of karst depressions reveals that the Qatari karst is represented by broad, shallow depressions with an average density of 1 depression per km² (Embabi & Ali 1990). The purpose of this paper is to report the geologic evolution of exposed sinkholes in Qatar through an air photo study, field investigations, and petrology. GEOLOGIC SETTING Qatar forms an exposed part of the Arabian shelf between the Arabian Shield and the mobile belt of Iran. It is centered at about 25°N., 51°E. Topographically, Qatar has a low-relief
SSRN Electronic Journal, 2021
SSRN Electronic Journal, 2020
The sway of audit culture over the field of international human rights law is clear to those fami... more The sway of audit culture over the field of international human rights law is clear to those familiar with human rights reports and indicators. In his 2019 I•CON Best Paper Prize-winning article, David McGrogan argues that the reason for that controlling influence is found in ineluctable characteristics of the international human rights system. As for its main consequence, he argues that Foucault’s idea of “governmentality” enables us to see that it is the “diametrically opposite effect” to the construction of a homo juridicus. In this short response, I will confine myself to a critical appraisal of the Foucauldian argument for the latter claim.
Revue de droit. Université de Sherbrooke, 2012
… étudiante de la Faculté de droit de l' …
Constitutional Law Workshops, 3rd Ed. / Ateliers de droit constitutionnel, 3e éd. – Electoral Law... more Constitutional Law Workshops, 3rd Ed. / Ateliers de droit constitutionnel, 3e éd. – Electoral Law: the Virtuous or Vicious Circle of Theory and Practice / Le droit électoral : le cercle vertueux ou vicieux de la théorie et de la pratique, Faculté de droit de l’Université McGill, 19 novembre 2013.
Vers des standards constitutionnels mondiaux ?, colloque international, organisé par l’Équipe de ... more Vers des standards constitutionnels mondiaux ?, colloque international, organisé par l’Équipe de recherche en droit public de l’Université de Lille 2 – Droit et Santé, le Centre Perelman de philosophie du droit de l’Université libre de Bruxelles et le Centre de recherche en droit constitutionnel de l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, 24-25 octobre 2013.
L’« honneur de la Couronne » est le principe cardinal de la jurisprudence relative aux droits, an... more L’« honneur de la Couronne » est le principe cardinal de la jurisprudence relative aux droits, ancestraux et issus de traités, que la Loi constitutionnelle de 1982 garantit aux peuples autochtones. La consultation de ces peuples autochtones compte parmi les conditions auxquelles une restriction à l’exercice de leurs droits constitutionnels pourra être tenue pour justifiée. Or, malgré certaines améliorations récentes, l’analyse la plus sommaire du droit applicable au Québec relativement à l’exploitation des ressources naturelles suggère son inconstitutionnalité. Voilà un enjeu juridique du Plan Nord qui, pour être de la prime importance, tend toutefois à être peu discuté dans l’espace public.
National Journal of Constitutional Law, 2021
The Canadian response to COVID-19 produced several problems that are at least partially attributa... more The Canadian response to COVID-19 produced several problems that are at least partially attributable to a lack of coordination between the federal and provincial governments. The federal government has not taken on a strong coordinating role. Many provinces have ‘gone their own way’ even where uniform standards are necessary to minimize public health threats. While some believe the federal government should use its existing powers to coordinate a response, the federal government alone cannot address all possible concerns and there are strong political incentives for federal government not to unilaterally take a stronger role in pandemic management. This article accordingly motivates an intergovernmental agreement on pandemic preparedness and early pandemic responsiveness (viz., early pandemic management). An intergovernmental agreement is a more promising tool for securing the coordination necessary for good pandemic management than unilateral federal action or the status quo. A detailed agreement that clearly sets out who will do what when a pandemic is imminent/when a pandemic begins will clarify expectations in early pandemic management and incentivize compliance therewith, helping to secure much-needed coordination. Developing it in non-pandemic conditions should also ensure a more rational approach to pandemic management that improves health outcomes and better fulfills Canada’s moral and international legal obligations.