Jazz vaudou et Br(uss)el big band à la 24e Nuit de jazz du Théâtre de Caen (original) (raw)
Caen, 22 avril 2016, par Alain Lambert ——
Moonlight Benjamin. Photographie © Ma case production.
Rendez vous incontournable du théâtre de Caen au printemps depuis un quart de siècle, la nuit du jazz cette année présentait deux groupes chantant, le Jazz Racines Haïti 5tet de Jacques Schwarz-Bart, avec la superbe voix de Moonlight Benjamin, et le Brussel Jazz Orchestra avec David Linx, bien connu du public caennais qui l'a déjà entendu avec la même formation, ou avec Olivier Louvel. Le trio du pianiste Laurent Coulondre assurait l'intermède et le bœuf final.
Le premier groupe est composé de Gregory Privat au piano, Stéphane Kerecki à la contrebasse et Arnaud Dolmen à la batterie, tous excellents. Jacques Schwarz-Bart, au sax ténor, semble parfois plus technique qu'instinctif, pour une musique de transe, inspirée des esprits vaudous, que le pianiste ou le batteur nous font bien ressentir, et le contrebassiste, dans sa pulsation grondante et son unique solo.
La vocaliste, Moonlight Benjamin, entre jazz et tradition, est envoûtante et envoûtée. On regrette quand elle nous abandonne un morceau sur deux.
Vers la fin du set, alors que voix, sax et batterie se répondent d'instinct, dans un trio survolté, on plonge vraiment dans la magie. Et le morceau suivant, en rappel, plus soul, avec les cinq musiciens en osmose, prolonge ce mystère malgré le changement de style.
Le Brussel Jazz Orchestra avec David Linx. Photographie © D. R.
Avec la seconde partie, on est confronté à un paradoxe : un orchestre et un chanteur remarquables, des arrangements impeccables, mais un sentiment mitigé au final. Un peu comme avec le big band Belmondo jouant Coltrane.
Il faut vous dire, monsieur... que Brel, c'est à la fois des drames intimes révélés par un poète dont le double talent est aussi de les incarner quand il les chante. Un univers à lui tout seul. Comment y substituer une autre voix, et comment rendre cette intimité profonde par un big band ?
On a donc deux moments dans ce concert, la partie chantée où l'on arrive difficilement, quand on la connaît bien, à oublier la voix du grand Jacques, et la partie instrumentale, y compris dans les impros scattées de David Linx, où l'on entend une autre musique, énergique, rutilante et inspirée.
Encore une belle Nuit du jazz, une semaine avant Jazz Sous Les Pommiers, à Coutances.
Sans oublier à Caen ce mardi au conservatoire, Canada Day du batteur de Toronto Harris Eisenstadt.
Puis, du vibraphone aussi au théâtre le 21 mai dans les foyers avec le Pascal Schumacher 4tet. Et le 8 juin au Jazz café, Knoonk joue Monk sans piano.
Quant au Collectif jazz régional, il propose le 29 mai au musée des Beaux Arts Kliiimt et Pièces en forme de flocons, deux trios « impressionnistes ».
Alain Lambert
22 avril 2016
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Mercredi 9 Décembre, 2020