Henri Texier « Sky Dancers » : six funambules de l'azur (original) (raw)
Théâtre de Caen, 27 janvier 2017 ——
Henri Texier Sky Dancers. Photographie © D. R.
Un ami me disait qu'il n'aimait pas le jazz, parce qu'il y a toujours un contrebassiste qui joue à moitié faux à la fin des morceaux. Mais s'il y en a une exception à la règle (parmi tant d'autres) c'est bien Henri Texier.
Comme il a toujours composé et improvisé en chantant, ses thèmes et ses impros en ont profité grandement. Un souvenir inoubliable, au Café des Images d'Hérouville, il y a au moins huit lustres, lui, tout seul avec sa contrebasse et sa voix. Et d'autres, avec divers groupes, à Coutances, dont celui-ci, en mai dernier.
Six Sky Dancers, avec le fiston Sébastien au sax alto aérien, puis à la clarinette au deuxième rappel pour le magnifique Desaperecidos hérité d'Azur 5tet_,_ Ngûyen Lê à la guitare lyrique, François Corneloup au sax baryton élégant, Armel Dupas tout en fougue au piano et clavier, et Guillaume Dommartin, qui remplace avec enthousiasme et panache, pour la seconde fois, Louis Moutin, à la batterie. Tous excellents.
La musique est mise en scène autour de la contrebasse pour la faire palpiter et vibrer dans des thèmes colorés, avec une alternance très équilibrée de moments collectifs, de solos ou de duos, dont celui en cinémascope entre tambours indiens et guitare survoltée dans Dakota Mab. En quartet aussi, quand le pianiste et le guitariste s'en vont pour He Was Just Shining, un salut enchanté et chaloupé à Paul Motian, ou quand les deux vents s'éclipsent pour Hopi, un hommage aux Indiens des mesas du Colorado.
Tous les thèmes, sauf un donc, évoquent les Amérindiens, y compris ceux des Andes (Paco Atao) et ceux du Canada (Mic-Mac), encore partout bafoués et humiliés, même en Guyane française, comme s'indigne le compositeur, soutenu par sa « grand-mère », qui opine de toutes ses cordes, toujours dansante, en accompagnement ou en solo, et jamais fausse, en rythme ou en contrepoint.
Un beau concert engagé et chaleureux qui permet à chacun de donner le meilleur de sa musique, en dégageant le ciel trop sombre, mais sans en chasser tous les nuages (Clouds Warriors) pour éviter l'uniformité et la monotonie.
À voir au théâtre de Caen en jazz, au jazz café le 7 février Ronében invite Baptiste Herbin, dans la grande salle le 10 le Carnaval jazz des animaux de Fred Nardin, et le 11 mars Hadouk 4tet dans les foyers.
Alain Lambert
2 février 2017
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