Pléiades de Xenakis et Alban Richard, avec les Percussions de Strasbourg : un concert de musique et de danse (original) (raw)
Caen, 4 mars 2017, par Alain Lambert ——
Pléiades de Xenakis et Alban Richard. Photographie © D.R.
Cette partition, a été écrite en 1979 par Xenakis pour les Ballets du Rhin et les Percussions de Strasbourg. Mais à partir de 2011, Alban Richard, directeur du Centre chorégraphique national de Caen depuis un an, donne sa propre version dansée. Et l'a donc proposée au théâtre, avec les musiciens en live.
Le titre proposé « Un concert de musique et de danse » convient parfaitement. La musique y participe pleinement par le jeu spatial des six percussionnistes et de leurs instruments, entre lesquels ils doivent se déplacer dans le premier moment où les dix-huit ensembles percussifs sont présents sur scène, et les danseurs seulement spectateurs.
Une fois les instruments rangés, autre grand mouvement chorégraphique, les six danseurs, en silence, rejouent la partition précédente sur la portée céleste. Les Pléiades, une nébuleuse d'étoiles dont six émergent de la brume stellaire, créée dit-on par les pleurs de celles ayant perdu leur soeur Electre, la septième, disparue sous forme de comète.
Après ce double moment initial, « Mélanges », suivi de « Silences », une série de percus mélodiques s'installe en déplacement spiralé pour laisser le maximum d'espace aux danseurs. Ils vont l'arpenter, s'y déployer, s'y éviter en suivant les rythmes dupliqués ou décalés des musiciens, façon gamelans.
« Métaux » en deux rangées centrales, pour décentrer les danseurs et leur permettre d'autres déplacements, met en scène d'étranges grands « claviers » au son métallique irisé ou vrillé. Un peu comme celui des gouttières, frappées soit avec des mailloches ou des baguettes de métal, qui sonnent comme le tonnerre, les cloches ou la pluie sur le toit. Xenakis a créé ces « sixxens » pour cette pièce, et donner à entendre une nouvelle gamme non occidentale.
Enfin « Peaux » déploie aux six coins les ensembles de tambours dans un feu d'artifice stéréophonique. Les danseurs peuvent y parcourir les six diagonales entre les instruments et revenir à l'espace central, en arpentant, courant, ralentissant, se déhanchant, ployant, se déployant, vacillant, comptant sur leurs marques et leurs pas pour ne pas se perdre dans l'espace noir au-delà de la scène, ou entrer en collision. Souvent à six, parfois à quatre ou deux ou un. Les rangées de projecteurs du plafond varient d'intensité, s'éteignent et se rallument dans leur propre ballet lumineux, créé par Valérie Sigward.
De ces trois dimensions chorégraphiques, la plus passionnante reste celle de la musique et des musiciens aux mailloches pulsantes et rebondissantes à l'origine de tout ce big bang. Où les étoiles errantes arrivent parfois à trouver des déplacements et des rotations plus apaisées.
La musique des sphères est ici plus dans l'énergie rythmique et chaotique que dans l'harmonie ordonnée.
À revoir à la Maison de la musique à Nanterre en mars, en avril à Lorient et en septembre à Bonn.
À venir au théâtre de Caen, dans le cadre de Spring, le printemps régional circassien, Daral Shaga, à la fois cirque, opéra et musique, les 29 et 30 mars.
Alain Lambert
4 mars 2017
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Mercredi 18 Septembre, 2024