Stéphane Bemondo, Alexandre Hérichon, Wallace Roney : la trompette dans tous ses éclats ! (original) (raw)
Caen, 31 mars 2017, par Alain Lambert ——
Stéphane Belmondo. Photographie © Bertrand Fèvre.
Pour cette 23e nuit du jazz, la trompette est à l'honneur aux trois étages du théâtre de Caen, sur la scène, dans les foyers puis pour la jam finale dans le coin cabaret du rez-de-chaussée, bien trop petit pour caser tout le public.
En ouverture, le trio « Love for Chet » de Stéphane Belmondo avec Thomas Bramerie à la contrebasse et Jérôme Barde à la guitare-bardophone, en hommage aux trios mythiques de Chet Baker avec Doug Raney ou Philip Catherine.
La trompette ne va servir qu'une fois en fait, et restera posée sur la scène comme en attente... remplacée par un beau son de bugle, moins introverti, moins retenu que celui de Chet, prenant toute son ampleur sur Love for Sale_,_ avec sa formidable rythmique, ou la Chanson d'Hélène de Philippe Sarde. On retrouve pourtant le sens des phrases chantournées à la limite de la fêlure. Le guitariste n'est pas celui annoncé, son jeu en accords est plaisant, mais ses impros parfois un peu cahoteuses. Question de style. Le contrebassiste est lui un solide pivot rythmique et mélodique.
Daïda. Photographie © Gérard Boisnel.
Pendant le changement de plateau, le jeune groupe Daïda, mené par le batteur Vincent Tortiller, avec le Caennais Alexandre Hérichon à la trompette, Samuel F'Hima à la contrebasse, Joran Cariou aux claviers et Gabriel Gosse à la guitare, s'impose avec un son épatant et une énergie contagieuse. La batterie pulse et pilonne, la contrebasse palpite, le Fender scintille, la guitare s'envole et la trompette s'échappe jusqu'au bout du souffle. Ils reviendront au jazz café pour clore la nuit.
Wallace Roney. Photographie © D. R.
Mais les vedettes américaines sont installées. Wallace Roney à la trompette bleue, Eric Allen à la batterie et à la dégaine improbable, Curtis Lundy qui joue plus vite que sa contrebasse, Oscar L.Williams au piano chantant et Ben Salomon au sax ténor, au son parfois étouffé.
Dans la lignée du quintet de Miles Davis avec ses thèmes ultrarapides et deux ballades. Dont une intro de trompettes en solo d'une ampleur vertigineuse quand le piano a fini par s'éteindre, suite aux gestes agacés de la main du soliste. Au milieu d'un rituel quasi immuable, un peu trop peut-être. Les cinq jouent le thème, puis le sax s'éloigne et la trompette y va, avec sa sonorité incroyable et virtuose, puis laisse la place au sax, qui la laisse au piano, avec toujours de très jolis moments en trio. Pendant tous ces temps, le batteur se désarticule et risque de crever un tom, mais maintient le rythme sans défaillir, et nous offre aussi un étonnant solo d'une grande densité implosive. Un grand cru donc, parfois sans tambours, et toujours avec trompettes.
Alexandre Hérichon. Photographie © Gérard Boisnel.
On raconte ce samedi matin, premier jour du nouveau mois, que juste après minuit, quand l'ouvreuse est allée vérifier que tous les programmes avaient bien été ramassés et que rien ne traînait, une voix enrouée a entonné My Funny Valentine quelques secondes, une autre, caverneuse, l'a interpellée, puis un rideau a bougé et des pas se sont éloignés en riant sourdement au milieu des ombres. Alors qu'il n'y avait personne ni sur scène, ni dans la salle, la jeune femme est vite ressortie pour rejoindre ses collègues dans la cohue rassurante du hall.
À venir en jazz au théâtre, en avril, au jazz café le 27 le « S'il te plaît madame » 4tet des frères Millet et le trio de Paul Lay le 29, dans les foyers.
Alain Lambert
31 mars 2017
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Mercredi 18 Septembre, 2024