Quarteto Gardel, Florent Gac 6tet, Kurt Elling : une Nuit du jazz printanière (original) (raw)
Caen, 13 avril 2018 —— Alain Lambert.
Quarteto Gardel. Photographie © Gérard Boisnel.
Une nuit du jazz sans thématique particulière mais qui traverse les deux Amériques, celle des tangos et celle des crooners sur une seule scène, avec dans les foyers pour l'entracte, et le bœuf final, le sextet normand de l'organiste Florent Gac, très funky, avec Julien Ecrépont à la trompette, Rémi Biet aux saxs, Thierry Lhiver au trombone, Franck Enouf à la batterie et Jean-Baptiste Gaudray à la guitare.
Le Quarteto Gardel d'abord, de l'accordéoniste Lionel Suarez, toulousain comme Charles Romuald Gardès qui émigra à l'âge de deux ans et devint l'un des Argentins les plus célébrés. Un hommage jazz à ses compositions par un quatuor plutôt inhabituel : les percussions et « rapsodies » scandées de Minino Garay, natif de Cordoba mais parisien depuis longtemps, la trompette chatoyante d'Airelle Besson, et le violoncelle swinguant de Vincent Ségal, s'amusant parfois à jouer des boules percussives. Un alliage de timbres très coloré pour des arrangements limpides dans lesquels chaque soliste se retrouve au centre d'un écrin qu'il contribue à embellir encore. L'accordéon se fait bandonéon et s'associe aux éclats de trompette ou aux basses du violoncelle, dans un pétillement argentin de cymbales, de grelots, et de tambours caressés. Une belle aventure musicale qui vient de sortir en cédé.
Kurt Elling. Photographie © Gérard Boisnel.
Quant à Kurt Elling, après l'entracte, il attaque avec une reprise incroyable de A Hard Rain, de Bob Dylan, cette chanson prophétique qui, en 55 ans, n'a pas pris une ride, quand les avions coalisés s'en vont bombarder la nuit même les sites chimiques de Syrie, et que la guerre froide devient de plus en plus tiédasse et larvée. Il chante aussi Peter Gabriel et Paul Simon, ou des standards plus comme un crooner, dont il réinvente le style, en le mêlant à celui de Jon Hendricks qui travailla à la mise en mots des solos instrumentaux, ou à celui de Mark Murphy de façon très sensible quand il reprend Three Views of Secret de Jaco Pastorius. Sans oublier Jean Sablon en français. Très bien accompagné de Stu Mindeman au piano et à l'orgue, de John McLean à la guitare, de Clark Sommers à la contrebasse et de Jeff Tain Watts à la batterie, il les laisse aussi longuement improviser. Et quand le batteur se lâche, on a l'impression de se retrouver brinquebalé dans un tambour... de machine à laver. Une belle découverte aussi pour cette nuit pleine de clameurs et de milongas
Le Kurt Elling 5tet sera à Nice le 16 et à la Seine Musicale de Boulogne Billancourt le 17 avril.
La saison des musiques populaires se termine au théâtre de Caen avec la Nuit des musiques et des cultures le 26 mai.
Alain Lambert 13 avril 2018
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