The Magic Flute du Isango Ensemble : une recréation envoûtante ! (original) (raw)

Caen, 6 avril 2019 —— Alain Lambert.

Pamina et Spirits. Photographie © Angela Kase.Pamina et Spirits. Photographie © Angela Kase.

Un conte tsonga en Afrique raconte l'histoire d'un oiseleur et d'une flûte magique. D'où l'idée du metteur en scène britannique Mark Dornford May, avec Mandisi Dyantyis et Paulina Malefane pour la musique et le livret, en anglais et xhosa, d'adapter l'opéra de Mozart au contexte des townships d'Afrique du Sud, dont est issu l'ensemble Isongo. Une troupe de chanteurs danseurs musiciens qui ont déjà à leur actif Carmen et la Bohème...

De chaque côté de la scène au plancher incliné et aux multiples sorties, des marimbas chromatiques placés du plus aigu au plus grave, car Mandisi Dyantyis, qui dirige et en joue lui-même, a tout réécrit pour cet ensemble impressionnant et original, plus un djembé et une trompette. L'ouverture pour toutes ces percussions boisées et mélodiques sonne magnifiquement. Le reste de la partition est joué de façon plus modeste, parfois réduite aux voix et aux choeurs, et le spectateur est très vite captivé par cette adaptation souvent colorée des musiques populaires des townships.

L'histoire a été à peine modifiée en fait, et la scénographie réduite au minimum pour les artifices. Un drap rouge représente le feu et un bleu l'eau du rituel initiatique. Mais quand Pamino demande au nom de l'amour à retrouver Pamina, ou quand il refuse de lui parler à cause du vœu de silence, on entend bien la référence au mythe fondateur d’Orphée. La lumière contre l'obscurité, avec en plus une dimension fortement féministe dans les différents personnages féminins, chacun à leur façon. Sans oublier les couples à prénoms proches (Tamino-Pamina, Papageno-Papagena) comme dans le second opéra de Mozart (Bastien-Bastienne) repris du Devin du Village de Rousseau (Colin-Colette) à l'exemple de l'opéra populaire voulu par le philosophe.

Les chanteuses et chanteurs, tous bons dans les deux traditions vocales, sont aussi musiciens ou musiciennes, et alternent aux marimbas dans un joyeux va et vient qui sied bien à l'histoire. Paulina Malefane campe une Reine de la nuit dont on attend le grand air, et qui s'en tire parfaitement. Nombongo Fatyi est une Pamina à la voix puissante et Ayanda Tikolo un Sarastro profondément grave. Quant à la flûte c'est Mandisi Dyantyis lui-même qui la fait résonner avec sa trompette remisée dans un coin de la scène. Et les clochettes magiques sont des bouteilles d'eau remplies d'eau frappées l'une après l'autre. Un beau travail de recréation et d'appropriation par cet ensemble qui présentait aussi à Caen A Man of Good Hope.

À voir au théâtre de Caen, les 23 et 24 avril, Miranda, théâtre musical d'après Shakespeare, et le 2 mai, l'oratorio navajo, de Thierry Pécou : Nahasdzaan.

plume 14 Alain Lambert 6 avril 2019


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