Un voyage d’hiver à deux voix (avec explication de texte) (original) (raw)
Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 22 décembre 2023 — Frédéric Norac.
Jean-Christophe Lanièce, Romain Louveau, Victoire Bunel. Photographie © Théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet.
La mode est au Voyage d’hiver. Après tout, c’est de saison, même si cela jure un peu avec l’euphorie des fêtes de fin d’année. La salle Christian Bérard était pourtant pleine pour cette version « revisitée » du chef-d’œuvre de Schubert. Au menu, une interprétation qui réunit les deux voix de Victoire Bunel et Jean-Christophe Lanièce. Jusque là, rien à dire même si a priori — mais ne soyons pas sexiste — le cycle fait plutôt parler un homme qu’une femme. Dans la riche histoire interprétative du cycle, nombreuses sont les mezzos qui s’y sont risquées.
La chanteuse a bien travaillé son Schubert, toutes les nuances y sont et l’articulation est parfaite, mais le discours reste un peu lisse et extérieur. C’est un peu le contraire avec le baryton dont la voix puissante et bien timbrée va bien aux airs légèrement tonitruants comme « Der Post » ou « Mut », mais dont l’expression parait un peu trop sentimentale dans les Lieder plus introspectifs.
N’importe, globalement, avec un accompagnateur remarquable, en la personne de Romain Louveau qui transcende les limites de son piano droit, leur interprétation — moitié-moitié, elle pour la première partie, lui pour la seconde — est parfaitement à la hauteur.
On reste un peu plus mitigé en revanche sur l’habillage dramaturgique. Certes, pourquoi pas un peu de scénographie, ici à travers un jeu de lumières, projecteurs posés au sol qui modèlent l’espace, et des mouvements de scène. Mais pourquoi ce « commentaire » mi-figue mi-raisin qui accompagne en surtitre une traduction très approximative du texte de Müller, et joue aux plus fins avec le spectateur, lui en expliquant la poétique et le livrant soudain à lui-même pour continuer le chemin seul puis le reprenant en route pour arriver au but ? Certes, on ne doute pas qu’Antoine Thiollier ait pénétré en profondeur le sens de cette œuvre fascinante, mais sa version quelque peu tendancieuse sinon sommaire et le second degré légèrement humoristique ajoutent-ils vraiment quelque chose susceptible de nous en révéler le sens ?
Représentations jusqu’au 29 décembre.
Frédéric Norac
22 décembre 2023
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Vendredi 1 Mars, 2024 4:10