« Les huit saisons » Piazzola + Vivaldi Orchestre régional de Basse-Normandie (original) (raw)
Caen le 20 octobre 2013, par Alain Lambert ——
Antonio Vivaldi, le promoteur du concerto pour soliste en trois mouvements, a écrit environ huit cents ouvrages musicaux. Ses grands tubes, dès leur publication en 1724, joués partout en Europe, furent Les quatre saisons, au moins jusqu'à la fin du xviiie siècle, même après la mort misérable du compositeur en 1741 à Vienne. Après plus d'un siècle d'oubli, si on les redécouvre début xxe siècle, c'est dans la deuxième moitié du siècle, avec le succès du disque microsillon 33 tours, parfaitement adapté à la durée de l'œuvre, qu'elles deviennent le symbole même de la musique classique « pop » et démocratisée.
Les huit saisons. Orchestre régional de Basse-Normandie.
Des mélodies vives, chantantes et dansantes, un violon solo mis en valeur par l'ensemble, des climats faciles à entendre, d'autant que Vivaldi avait fait ajouter sur leur partition des sonnets très imagés.
Textes donnés à lire samedi soir sur écran, avec des aquarelles de Jean Salou. Une bonne idée, ces mots et ces images de saison, au milieu d'un Orchestre Régional en pleine forme : six violons, deux altos et violoncelles, une contrebasse et un clavecin. Jean Pierre Wallez à la baguette. Et en soliste, le violoniste Amaury Coeytaux, très à l'aise et brillant, quelle que soit la saison évoquée.
Amaury Coeytaux.
L'autre bonne idée, c'était de faire voisiner Les saisons d'Antonio Vivaldi avec celles d'Astor Piazzola, qui ouvraient le programme. L'été d'abord, écrit en 1964 (il lui faudra six ans pour mettre cette seule année en musique), avec deux citations reprises de celui du prêtre roux, pour bien montrer la complicité musicale, même si elles s'inscrivent sur fond de tango savant, le fameux tango nuevo qui constitue l'univers de Piazzola. Que l'on reconnaît dès les premières mesures, même si le quintette du maître, guitare, piano, violon, contrebasse, bandonéon, a été remplacé par un orchestre de chambre, avec Corinne Basseux en soliste, cette fois. Sur un arrangement de Leonid Desyatkinov. Ambiance nocturne, urbaine, avec effets percussifs et glissendi piazzoliens, contraste féminin / masculin dans les couples et les archets en mouvement, progression harmonique dramatique ; le poignard n'est jamais loin entre les rivaux, comme le rappellent les poèmes de Jorge Luis Borges ou d'Horacio Ferrer projetés sur l'écran au milieu des aquarelles mouvantes.
À la fin de L'hiver, le clin d'œil musical évoque autant la basse continue du Canon de Pachelbel que Vivaldi. Puis vient Le printemps_,_ écrit lui aussi en 1970, avec un petit rappel final, vivaldien, au clavecin. Corinne Basseux a le bon feeling, le tango elle connaît bien, puisqu'en dehors de sa participation à l'Orchestre Régional, elle joue avec les meilleurs musiciens actuels, en France et en Argentine.
Corinne Basseux.
Huit saisons, un orchestre très coloré pour cette rencontre musicale contrastée, dans le cadre quasi baroque de l'église de la Gloriette, et deux excellents solistes. Avec en bis l'Adagio d'un concerto pour deux violons, bien sûr, du maître vénitien.
Le reste de la saison joue aussi sur le mélange des genres, ciné concert, chanson, théâtre d'ombres, avec en particulier, le 8 février, un Floyd Chamber Concerto autour de la musique de Pink Floyd, pour guitare et orchestre de chambre.
Pour plus d'infos, le site de l'Orchestre régional de Basse Normandie.
Alain Lambert 20 octobre 2013
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