Marc-Antoine Jullien de Paris (original) (raw)

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Marc-Antoine Jullien, dit « Jullien fils » ou « Jullien de Paris », pour le distinguer de son père, dit « Jullien de la Drôme », né le 10 mars 1775 à Paris où il est mort le 28 octobre 1848[2], est un révolutionnaire, homme de lettres et pédagogue français.

Fils de Marc-Antoine Jullien, député de la Drôme à la Convention et de Rosalie Ducrolay, fille d'un négociant de Pontoise, il entre au collège de Navarre en 1785, mais ses études sont bouleversées par le début de la Révolution française.

Encouragé par sa mère, patriote ardente, il s'essaye au journalisme, collaborant dès 1790 au Journal du soir. L'année suivante, il s'affilie au club des jacobins, où il s'oppose à la guerre.

Au printemps 1792, il est envoyé en mission à Londres par Condorcet, alors président du comité diplomatique de l'Assemblée législative. En tant qu'élève-diplomate, il devient l'intermédiaire officieux entre les libéraux anglais et les dirigeants du parti gironde girondin, rencontrant Talleyrand et lord Stanhope, chef de l'opposition à Pitt.

De retour en France à l'automne, il est nommé aide-commissaire puis commissaire des guerres à l'armée des Pyrénées en janvier 1793. Par la suite, il est muté à Tarbes, avant d'être réformé « par défaut d'âge ». Réintégré le 16 avril, il rejoint l'armée des Pyrénées, avant d'être rappelé à Paris le 4 août.

Devenu un proche de Robespierre, il est envoyé en mission par le Comité de salut public dans les ports du littoral atlantique le 10 septembre 1793. Chargé d'assurer la surveillance de la situation militaire et la propagande jacobine, il envoie des rapports sur l'esprit public. À Nantes, il dénonce Jean-Baptiste Carrier dans une lettre à Robespierre, le 4 février 1794. Puis, à Bordeaux, il s'oppose à Tallien et à sa maîtresse, Thérésa Cabarrus. Rappelé à Paris, il est nommé adjoint à la Commission exécutive de l'instruction publique. De retour à Bordeaux, le 18 mai, il épure la municipalité et le club, tout en assurant la chasse aux députés girondins cachés.

Marc-Antoine Jullien se voit déjà un grand personnage de la Révolution lorsque Robespierre est guillotiné le 28 juillet 1794. Destitué, il est arrêté le 10 août et envoyé à la maison de santé de Notre-Dame-des-Champs. Il témoigne lors du procès de Carrier[3], renie Robespierre dans des mémoires justificatifs et, avec l'appui de son père, recouvre la liberté le 14 octobre 1795, dix jours après l'échec de l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV.

Membre fondateur du club du Panthéon, il crée l'Orateur plébéien avec Ève Demaillot et Jean-Jacques Leuliette, une feuille démocrate modérée. Le 13 mars 1796, Merlin de Douai le fait entrer au ministère de la Police, où il devient responsable des radiations de la liste des émigrés. Suspect de sympathies babouvistes, il doit se cacher après la découverte de la conjuration des Égaux en mai 1796, attendant octobre pour réapparaître au grand jour. Malgré des relations cordiales avec les conjurés, il se désolidarisa très vite, du fait d'une antinomie idéologique avec ces derniers car il est fidèle au constitutionnalisme néojacobin[4].

Il rejoint alors l'armée d'Italie, où il devient le rédacteur du Courrier de l'armée d'Italie d’août à novembre 1797. Il suit le général Bonaparte dans l'expédition d'Égypte en mai 1798, avant de rentrer en France avec Louis Bonaparte, pour raisons de santé.

Après son rétablissement, il se met au service du général Championnet, dont il devient le conseiller le 28 décembre 1798. Initiateur de la République parthénopéenne, il est nommé secrétaire général du gouvernement provisoire par Championnet le 26 janvier 1799. Toutefois, le Directoire, indisposé par ses tendances jacobines, le rappelle. Il est arrêté le 24 février. Déféré au tribunal militaire le 12 mars, il est libéré par le coup d'État du 30 prairial an VII (18 juin 1799).

Marc-Antoine Jullien de Paris vers 1803.

Accueillant avec satisfaction le coup d'État du 18 Brumaire, il propose à Bonaparte un plan d'unification des états italiens en juillet 1800. Toutefois, comme il s'indigne des proscriptions antijacobines consécutives à l'attentat de la rue Saint-Nicaise, le 24 décembre 1800, il est relégué dans des fonctions d'intendant militaire à Paris. Il obtient cependant la croix de la Légion d'honneur en 1803.

Devenu suspect aux yeux de l'Empereur après une visite à Germaine de Staël à Chaumont-sur-Loire, il est envoyé dans le royaume d'Italie en 1810 ; passant par Yverdon, il fait la connaissance du pédagogue suisse Johann Heinrich Pestalozzi.

En 1813, son opposition à l'Empire lui vaut d'être interné.

Marc-Antoine Jullien de Paris en 1827.

Libéré lors de la Première Restauration, il publie plusieurs journaux d'opposition entre 1815 et 1817 et se fait une réputation de pédagogue.

Correspondant de Pestalozzi, auquel il enverra ses trois premiers fils, Auguste, Adolphe et Alfred, à éduquer[5], à Yverdon, il devient l'un des promoteurs du système de l'enseignement mutuel.

Après sa mort, il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise[6].

En 1801, il épouse Sophie-Juvence Nioche, avec laquelle il a six enfants dont Antoinette-Stéphanie, future épouse de l'acteur et dramaturge Lockroy, et mère du journaliste et homme politique Édouard Lockroy, Pierre-Adolphe, ingénieur en chef du corps des ponts et chaussées, auquel on doit la construction du chemin de fer Paris-Lyon, et .

  1. « Portrait de Marc-Antoine Jullien, dit de Paris (1775-1848), journaliste et écrivain politique. », notice de l'œuvre, sur Paris Musées (consulté le 4 juillet 2023).
  2. Paris, État civil reconstitué, vue 38/51..
  3. Philippe Buchez et Prosper-Charles Roux, Histoire parlementaire de la révolution française : Journal des assemblées nationales depuis 1789 jusqu'en 1815, t. 33, Paris, Paulin, 1837, 195-7 p. (lire en ligne).
  4. Michèle Benaiteau, « Marc‑Antoine Jullien de Paris (1789‑1848). Une biographie politique. », Annales historiques de la Révolution française, no 323,‎ 1er mars 2001, p. 153-155 (ISSN 0003-4436, lire en ligne, consulté le 11 mai 2017).
  5. Auguste Jullien, Adolphe Jullien et Alfred Jullien, Lettres des enfants Jullien, 1812-1816, élèves chez Pestalozzi : onze lettres des enfants Jullien, alors âgés de sept à douze ans, adressées à leurs parents depuis l’Institut Pestalozzi d’Yverdon, Paris, Centre de documentation et de recherches Pestalozzi, 1985, 111 p., 24 cm (OCLC 601459498, lire en ligne).
  6. 11e division Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, 2006, 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 438.

Marc-Antoine Jullien de Paris, fondateur-directeur de la Revue encyclopédique, gravure (1841).

Les papiers personnels des familles Jullien de la Drôme et Jullien de Paris sont conservés aux Archives nationales de France sous la cote 39AP.

Les papiers personnels des familles Jullien de la Drôme et Jullien de Paris sont conservés aux Archives nationales sous la cote 39AP.

v · mMaximilien de Robespierre (1758-1794)
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