La chapelle Saint Gohard (original) (raw)
L
a chapelle de St Gohard rappelle un �pisode particuli�rement cruel et frappant de l'histoire nantaise au IX� si�cle, � une �poque o� les incursions normandes �taient r�guli�res et tr�s redout�es (voir l'Historique). Gunhard ou Guntard, aujourd'hui plus connu sous le nom de Gohard, �tait depuis 838 l'�v�que de la ville. En 843, le 24 juin, la population voyant � nouveau arriver sur la Loire les terribles drakkars tenta certainement de s'enfuir, mais pour beaucoup l'�glise constitua le seul refuge possible, un sanctuaire th�oriquement inviolable o� l'on c�l�brait ce jour-l� la f�te de Saint Jean Baptiste.
Le massacre
Les Normands ne s'embarrass�rent pas de principes, et forc�rent l'entr�e de la Cath�drale pour y d�rober le Tr�sor. On imagine le massacre qui s'y d�roula alors, et qui culmina dans l'�gorgement de l'�v�que et de ses compagnons devant l'assembl�e des fid�les, au pied de son autel. Une l�gende pr�tend que St Gohard ramassa alors sa t�te � la fa�on d'un St Denis c�phalophore, puis rejoignit la Loire qu'il remonta, � bord d'un bateau sans voiles ni rames, pour revenir en sa ville natale d'Angers et s'y faire enterrer...
En tous cas le meurtre de Gohard, lui, est bel et bien attest�, et un grand tableau comm�more cet �v�nement dans la chapelle �ponyme.
Il s'agit d'une toile peinte par �douard Jolin en 1852, et qui montre Gohard � l'instant o� va lui �tre port� le coup fatal. Vous pouvez cliquer sur l'image ci-dessus pour l'agrandir. Gohard est au milieu de ses compagnons, et dans la terrible m�l�e il semble ignorer le guerrier qui le tient au col et va le frapper : son regard porte au-del�, et son geste de la main semble b�nir l'assembl�e. La fureur de l'instant est saisie avec vigueur, tant dans les mouvements que dans le tragique un peu appuy� des ciboires et livres saints jonchant le sol au premier plan.
Le tableau n'est pas inint�ressant, malheureusement son �tat n'est pas des meilleurs, la toile est perc�e dans sa partie haute et une restauration rendrait certainement de la profondeur aux ombres. Reste que la sc�ne perp�tue le souvenir de ce terrible �pisode.
Les Enfants Nantais
Le tableau qui fait face � celui de St Gohard repr�sente une sc�ne plus connue, celle du supplice des Saints Donatien et Rogatien, jeunes martyrs nantais sous Maximin au III� si�cle, qui moururent d�capit�s, malgr� leur jeune �ge, pour avoir refus� d'abjurer leur foi. Le tableau repr�sente sans doute la tortue du chevalet, qui leur fut pr�alablement appliqu�e. On peut supposer que le personnage nimb� de lumi�re au premier plan est Donatien, l'a�n� et le seul baptis� puisque Rogatien n'�tait que cat�chum�ne, c'est-�-dire non encore baptis� mais en instance de le devenir.
La structure comme la facture du tableau d� � Th�ophile Vauchelet en 1839 ne sont pas inoubliables � mon go�t, mais on peut tout de m�me s'y arr�ter un instant (ou cliquer l'image pour l'agrandir) pour le petit rappel historique...
Dalle fun�raire
Contre le fond de la chapelle, une lourde pierre f�l�e, entaill�e, ab�m�e mais encore grav�e de myst�rieuses inscriptions nous incite au d�chiffrage. C'est difficile, mais on apprend qu'il s'agit d'une partie de la dalle fun�raire de messire Guillaume Rouxel, chanoine de Nantes mort en 1521.
L'autel
Revenons au tableau de St Gohard pour prendre cette fois un peu de recul : nous voyons que ce tableau est au cœur d'un ensemble constitu� d'un autel et surtout d'un retable assez imposant, œuvre de Thomas Louis � qui l'on doit d'autres pi�ces importantes, et un travail consid�rable de restauration des miniatures de l'entr�e. L'autel lui-m�me est dress� sur une estrade de belle marqueterie, et se compose d'un plateau de bois soutenu sur tous ses c�t�s visibles par des statues en pied, chacune dans une niche en ogive : 7 sur la partie frontale, et 3 en retour d'angle. Au centre, autour de la figure christique peuvent se voir des anges, puis des hommes qui figurent sans doute des P�res de l'�glise, au vu des rouleaux de parchemin qu'ils tiennent en leurs mains. Ces statues creuses sont tr�s ab�m�es, plusieurs sont m�me totalement d�capit�es.
Sur l'autel, un tabernacle en bois peint en faux marbre et or arbore le triangle trinitaire au milieu d'une nu�e, triangle au centre duquel est repr�sent� le t�tragramme h�breu du nom de Dieu : Yahve, que je suis all� rechercher sous une forme graphiquement plus fiable pour comparaison !
Mais l'essentiel r�side dans l'imposant retable, que l'on doit donc au ciseau de Thomas Louis, avec son Christ en croix sous un g�ble richement ornement�. Je ne parviens pas pour l'instant � identifier le personnage qui surmonte ce g�ble, je laisse ici une image agrandie, donc n'h�sitez pas � me faire part de vos suggestions...