Jeanne d'Arc - H.Wallon - Appendice : Retraite du Roi de Saint-Denis � Gien (original) (raw)

Jeanne d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879 Appendice 42 : Retraite du Roi de Saint-Denis à Gien

Avec les lettres de Charles VII relatives à la trêve du 28 août, M. J. Quicherat vient de publier, d'après un autre vidimus des archives de Douai, d'autres lettres par lesquelles le roi accorde que les villes de Paris et de Saint-Denis, le château de Vincennes et les ponts de Charenton et de Saint-Cloud soient compris dans cette trêve. J'avais moi-même recueilli cette pièce d'après l'original qui est à Lille (1), et qui m'avait été communiqué par M. Leglay, mort depuis quelques années. Je puis donc, après la publication de M. Quicherat, me borner à quelques observations relatives au point dont il s'agit dans cette note. Monstrelet dit que Charles VII, en quittant Saint-Denis, vint à Senlis, que ce fut de Senlis qu'il repartit pour la Loire (II, 70-72), et au premier abord cette pièce semblerait lui donner raison, puisqu'elle porte : « Donné à Senlis, le XVIIIe jour de septembre l'an de grâce mil CCCC et vingt neuf, et le septieme de nostre regne. » Mais est-il allé vraiment à Senlis pour y rester au moins jusqu'au 18 ? Cela est peu probable. Les chroniqueurs français disent qu'il partit le 13 de Saint-Denis pour retourner sur la Loire, et que le 21 il était à Gien ; le héraut Berri semble donner les étapes de son voyage, par Lagny, Provins, Bray, Sens, Courtenay et Château-Regnart. Or, le roi n'a guère pu arriver plus tard que le 21 à Gien, car le 23 il envoyait de Gien un message aux habitants de Troyes, et le registre des assemblées de la ville qui le constate dit que dans la même séance où on en fit lecture aux notables de la ville, on leur communiqua une lettre de la Pucelle, datée de Gien, le 22 (Procès, t. V, p. 145). On ne peut admettre, avec ce que l'on sait du voyage du roi par le héraut Berri, qu'il ait fait la route de Senlis à Gien en trois jours ; et l'on ne peut supposer davantage que voulant, après l'assaut de Paris, retourner sur la Loire, il soit allé de Saint-Denis à Senlis pour y passer cinq jours. Il est donc probable que la lettre de Senlis a été expédiée au nom du roi par le comte de Clermont, son lieutenant dans les provinces du Nord, et par le chancelier qu'il avait laissé avec le comte de Clermont pour suivre les négociations commencées. C'est ce qui résulte de la souscription même de la lettre. On lit en effet sur le repli : « Par le roy en son conseil tenu par monsr le comte de Clermont, son lieutenant général ès païs de par deça Seine, le conte de Vendosme, vous [le chancelier Regnault de Chartres], Christophe de Harcourt, le doyen de Paris, et plusieurs autres présents. » Le chancelier était encore avec le comte de Clermont à Senlis, quand le duc de Bourgogne, ayant reçu peut-être avec ces lettres le sauf-conduit du roi, partit d'Hesdin le 20 septembre pour se rendre à Paris, où il entra le 30. Le chancelier et le comte allèrent de Senlis le saluer au passage (Monstrelet, II, 73).


Source : Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879.

Notes :
1 Outre l'original sur parchemin, les archives de Lille en ont un vidimus de la même provenance, à la date du 16 octobre, trois jours après celui de Douai.