Jeanne d'Arc - H.Wallon - Appendice : La prison de Jeanne d'Arc � Rouen (original) (raw)
Jeanne d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879 Appendice II-13 : La prison de Jeanne d'Arc à Rouen |
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Quel est le véritable emplacement de la prison de Jeanne d'Arc ? C'est un point qu'il faut établir en rapprochant ce qui en est dit au procès et ce qu'on peut savoir d'ailleurs sur l'état des lieux.
Nous savons que Jeanne fut détenue non dans les prisons ecclésiastiques, ni dans la prison commune, mais au château, dans une prison particulière. L'appariteur de l'officialité de Rouen, Leparmentier, dit qu'il la vit dans la grosse tour lorsqu'il s'agit de la mettre à la torture (1); d'autres déclarent qu'elle était dans « une certaine tour » (J. Tiphaine et Pierre Baron) (2); « dans une tour qui regardait la campagne, » ou « dans une chambre située sous un escalier vers la campagne » (le greffier Taquel et Pierre Cusquel) (3); « dans une prison tournée vers la campagne » (Haimond de Macy) (4); « dans une chambre vers la porte de derrière, » la porte « vers les champs, » comme on l'appelle plus tard (Pierre Cusquel) (5); « dans une chambre de milieu, où l'on montait par huit marches » (l'huissier Massieu) (6).
M. Hellis, dans une brochure sur la Prison de Jeanne d'Arc à Rouen (Rouen, 1865, in-8), s'attache exclusivement au témoignage de l'huissier Massieu. Il écarte la grosse tour dont parlait Leparmentier, et toute autre tour: « Une chambre de milieu ayant deux chambres à ses côtés ne saurait, dit-il, être dans une tour; » et les interrogatoires, qui réunissent dans la prison de Jeanne huit et même un jour jusqu'à quinze personnes, sans compter les gardiens, y supposent un certain espace. La tour du donjon a quinze mètres de diamètre, dont la moitié environ pour l'épaisseur des murailles ; les autres tours étaient de moindre dimension. Il pense donc que la prison de Jeanne était dans l'intérieur de l'enceinte, auprès de la grande salle. Si Jeanne a été vue dans la grosse tour par Leparmentier, c'est qu'elle y a été menée lorsqu'on la voulait mettre à la torture; si elle a été vue dans quelque autre tour vers la campagne, c'est à l'époque de sa maladie, lorsqu'on crut nécessaire à son rétablissement de la loger dans une pièce plus aérée : mais avant et après sa maladie, pendant toute la durée du procès, elle fut, selon cette opinion, dans la chambre désignée par Massieu.
Nous admettons ce que dit l'auteur sur la grosse tour, la seule qui subsiste aujourd'hui. La grosse tour n'est désignée que le jour où on voulut donner à Jeanne la torture : et ce qui prouve que Jeanne n'y était pas emprisonnée, c'est qu'il est dit dans le procès-verbal qu'on l'y amena pour cela (7). Le donjon se trouvait même, on le peut dire, exclu, par la manière dont les témoins qui parlent d'une tour la désignent : « une certaine tour. » Mais pour cette certaine tour il n'est pas aussi facile de réduire à quelques circonstances particulières les témoignages qui la concernent. Le médecin Tiphaine, qui a vu Jeanne aux débuts de sa maladie, qui a été même près d'elle pour juger de son état, dit qu'il l'a vue dans une tour, in quadam turri castri. Elle y était donc avant de tomber malade. Le temps où Daron la vit dans la tour est tout à fait indéterminé, et la visite que lui fit Haimond de Macy dans cette « prison vers les champs, » in quodam carcere versus campos, qui ne peut être autre que « la tour vers les champs, » in quadam turri versus carnpos, doit se rapporter au commencement de son séjour à Rouen. Mais il y a de plus sur la tour le témoignage du greffier Taquel, dont M. Hellis fait un bien étrange usage. Il paraît croire que Taquel, « appelé, dit-il, par les deux notaires pour les accompagner près de Jeanne, » lui fit une simple visite; et il ajoute : « l'époque de sa visite est précieuse : ce fut au milieu du procès (p. 14). » Supputant les deux dates extrêmes, il trouve que le milieu tombe en avril, c'est-a-dire au temps de la maladie de Jeanne ; et, continue-t-il, « on n'en saurait douter, puisqu'il remarque que Jeanne était enchaînée, malgré son état de maladie, non obstante infirmitate sua. » Le calcul est ingénieux, mais l'observation inexacte et la citation incomplète. Et d'abord, Taquel ne fut pas appelé par les deux greffiers pour les accompagner près de Jeanne : il fut institué par le vice-inquisiteur, Jean Lemaître, pour instrumenter, à titre de greffier, en son nom, comme Guillaume Manchon et G. Colles le faisaient au nom de l'évêque de Beauvais : or, nous avons la date de cette institution : c'est le 14 mars. Et dès ce jour même il y eut deux interrogatoires dans la prison, auxquels il assista comme à tous ceux qui suivirent, ni plus ni moins que le vice-inquisiteur Jean Lemaître. M. Hellis ne paraît pas avoir tenu compte de ces pièces, qui sont au procès-verbal du procès de condamnation (t. I, p. 148), ni de la déposition de Taquel lui-même en ce qui regarde son assistance aux interrogatoires : « Il dépose (Taquel) qu'il a eu connaissance de ladite Jeanne durant le procès fait contre elle en matière de foi, parce qu'il fut second greffier dans ce procès, bien qu'il ne l'eût pas été dès le commencement, comme cela résulte de sa signature au bas des actes, ni pendant que le procès se faisait dans la grande salle, mais seulement à l'époque où il se faisait dans la prison; et, comme il le croit, il commença à y assister le 14 mars de l'an du Seigneur 1430 [1431], comme cela résulte de sa commission à laquelle il se réfère. Et depuis ce temps-là jusqu'à la fin du procès, il fut présent comme greffier aux interrogatoires et aux réponses de Jeanne, bien qu'il n'écrivît pas : mais il écoutait et rapportait ce qu'il avait entendu (referebat) aux deux autres notaires, savoir Boisguillaume et Manchon, qui écrivaient, et surtout Manchon (t. III, p. 195). »
Il a donc été présent à tous les interrogatoires depuis le 14 ou du moins depuis le 15 mars, jour où il prêta serment (t. I, p. 148), et on peut être sûr qu'il n'en dit pas sur ce chapitre plus qu'il n'en devait dire, quand on voit comme il cherche à réduire sa part à la rédaction des procès-verbaux : car, selon le troisième greffier Boisguillaume, il tenait la plume tout aussi bien que Manchon, et c'est sur les notes que tous les deux avaient prises le matin qu'ils rédigeaient, après due collation, la minute du procès-verbal (t. III, p. 160). On voit si tout cela peut se réduire à cette visite faite par Taquel à Jeanne pendant sa maladie, hypothèse sans laquelle M. Hellis ne pourrait borner à la maladie de Jeanne son séjour dans la tour. Encore, dans le passage où l'auteur a eu le tort de renfermer toute la déposition de Taquel, y a-t-il bien plus qu'on ne nous en dit, car il déclare qu'il a vu Jeanne quelquefois dans les fers, quelquefois même sans que sa maladie l'en exemptât : « Et vidit eam aliquando in compedibus, et aliquando non obstante infirmitate sua. » De quelque façon qu'il l'ait vue, il n'a pas cessé de la voir depuis le 14 mars, tant que dura le procès : cela résulte de son propre témoignage et du procès-verbal même de la condamnation, qui constate sa présence à tous les interrogatoires, depuis le 14 mars jusqu'à la fin.
Personne donc n'était mieux en mesure que lui de nous dire où était Jeanne ; et les deux fois qu'il en parle, il nous dit qu'il la vit « dans les prisons du château de Rouen, dans une tour vers les champs, in carceribus castri Rothomagensis, in quadam turri versus campos (t. II, p. 317); » — « dans une chambre située sous un escalier, vers les champs, in quadam camera sita subtus quemdam gradum, versus campos » (t. III, p. 180).
Mais une tour convient-elle aux circonstances que l'on a vues ailleurs ? Les interrogatoires étaient-ils possibles devant huit ou dix assesseurs, dans une pièce de quatre à cinq mètres de diamètre ou de côté ? Cela même n'aurait rien d'impossible, et par extraordinaire quinze personnes y auront pu assister, bien qu'alors elles n'aient pas dû y être fort à l'aise (8). Il n'est pas besoin de les supposer rangées comme des juges « siégeant en tribunal (p. 13), » ni de leur adjoindre, pour grossir le nombre, les cinq gardiens. Deux d'ordinaire étaient à la porte. On peut les y laisser et y reléguer aussi les trois autres, si la place manque : Pierre Cauchon dans la chambre, avec dix ou douze de ses acolytes, leur répondait que Jeanne était bien gardée. Mais rien ne force à réduire à de si étroites dimensions la chambre où Jeanne était renfermée. M. Bouquet, qui a repris cette question après M. Hellis dans la Revue de la Normandie (9), cite une descente de lieux du 19 février 1641, où il est dit que « la tour de la Pucelle avait quinze pas de diamètre, » ce qui donne environ douze mètres pour le diamètre de la tour, et, en se contentant de trois mètres pour l'épaisseur des murs, six mètres pour la chambre. L'espace serait encore assez grand pour que dans une chambre de cette dimension on ait pu, comme le remarque le même auteur, établir une cloison en charpente et en plâtre, qui ménageât une pièce plus petite auprès de celle où était renfermée la Pucelle. C'est ce que l'on fit l'année suivante à la grosse tour pour y emprisonner Poton de Xaintrailles (10): et l'on peut croire qu'on avait pris les mêmes dispositions à l'autre tour quand on se rappelle comment y était gardée la Pucelle, « entre les mains de cinq Anglois, dont en demeuroit de nuyt trois en la chambre et deux dehors à l'uys de la dicte chambre (11). » Cette petite pièce aurait servi à les y loger, et c'est là aussi que Pierre Cauchon et Warwick ont pu placer les greffiers, le jour où ils leur donnaient pour mission d'écouter par une ouverture pratiquée secrètement et de consigner par écrit les paroles de Jeanne dans son entrevue particulière avec Loyseleur (12). Quant aux mots camera media, M. Bouquet les prend en ce sens que Jeanne était au milieu de la chambre, ou simplement dans la chambre. Il cite Ovide et Cicéron, dont le latin n'a rien à faire ici. Nos témoins ne songent pas à nous dire que Jeanne était au milieu de la chambre : ils disent où est la chambre, et il faut l'expliquer.
L'expression camera media, littéralement « chambre du milieu, » ne se dit pas nécessairement d'une chambre placée entre deux autres de plain-pied, comme l'entend M. Hellis; elle peut s'entendre d'une chambre placée entre le rez-de-chaussée et les combles. Dans un ancien inventaire de la bibliothèque du roi au Louvre, cité par M. Léopold Delisle, il est parlé de livres placés dans « la chambre du milieu, » et il s'agit de la chambre du premier étage (13). Cette chambre où, selon Massieu,on arrivait par huit marches, formait, au-dessus d'un emplacement qui pouvait être à demi en sous-sol, le premier étage de la tour. Entre Massieu et Manchon, qui laissent la chose douteuse, et Taquel, qui l'affirme, on ne saurait hésiter. La salle auprès de la grande chambre où M. Hellis met la prison de Jeanne est tout simplement une chambre où se passèrent plusieurs des scènes du procès, mais où Jeanne n'était pas à demeure, où elle était amenée pour la circonstance, tout aussi bien qu'à la grosse tour : « in camera prope magnam aulam castri Rothomagensis præsidentibus nobis, in præsentia dictæ Johannæ, in eodem loco CORAM NOBIS ADDUCTÆ. » Qu'on se rappelle l'intérêt extrême que les Anglais mettaient à retenir Jeanne dans leur prison, et l'on comprendra qu'une chambre attenant à d'autres ne leur ait point dû paraître d'une garde assez sûre. Il leur fallait une tour pour qu'ils y trouvassent ce qu'il leur importait d'avoir, « une prison forte, in carcere forti (14). »
Quant au degré sous lequel elle était située, M. Bouquet l'entend d'un escalier appliqué extérieurement à la tour pour mener à la galerie de la courtine, degré sous lequel on passait avant d'arriver aux huit marches qui conduisaient à la prison de Jeanne (15). Je l'entendrais plus volontiers, au sens le plus naturel, d'un escalier menant à l'étage supérieur de la tour, escalier que l'on pourrait supposer pratiqué dans l'épaisseur de la muraille, comme cela se voit, par exemple, au second étage de la tour de Pornic.
Dans quelle tour Jeanne fut-elle enfermée ? Puisque le donjon n'est pas nommé (excepté dans un cas particulier qui l'exclut pour le reste), il faut chercher une tour qui offre cette double particularité d'être vers les champs et de se trouver près de la porte de derrière. Or sur un plan dressé judiciairement en 1635, et reproduit par M. Bouquet à l'appui de son mémoire, on trouve, non loin d'une porte de sortie vers la campagne, une tour dite tour de la Pucelle : l'application de ce nom de Pucelle à cette tour remontait évidemment à une époque plus ancienne et s'appuyait de la tradition. Quand une tradition est si bien d'accord avec les témoignages et l'état des lieux, on n'a aucune raison de la révoquer en doute ; et nous adhérons complétement aux conclusions de M. Bouquet, qui marque en ce lieu la prison de la Pucelle. La tour subsista avec son nom traditionnel jusqu'aux premières années de ce siècle ; démolie partiellement en 1780, visitée encore en 1798 par un curieux à qui on montra les restes de la chambre de Jeanne d'Arc (16), elle fut à peu près rasée vers 1809. On ne peut plus qu'en signaler en partie la place aujourd'hui, dans une maison située rue Morant, n° 10 (17).
En même temps que paraissait notre seconde édition où sa trouvait cet appendice M. Deville, correspondant de l'Institut, publiait aussi sa réfutation du mémoire de M. Hellis sous ce titre : La tour de la Pucelle du château de Rouen (Rouen 1867). Avec le plan du château de Rouen, déjà donné par M. Bouquet, il y reproduisait une vue du château, tiré du livre des Fontaines, manuscrit de 1525, conservé à la bibliothèque de Rouen. La légende y signale la tour de la Pucelle dans une tour située au sud-ouest du donjon, vers la campagne : on voit auprès le pont qui menait dans les champs. Cette tour devait avoir, d'après la disposition des meurtrières servant de fenêtres, trois étages, et ainsi on retrouve à l'étage intermédiaire cette chambre du milieu qui avait égaré M. Hellis et même un peu embarrassé M. Bouquet. M. Deville cite comme M. Bouquet l'expertise de 1641, d'après laquelle la base de la tour de la Pucelle mesurait 15 pas à son diamètre extérieur, soit 12 mètres environ, et celle du donjon 18 pas, soit 15 mètres : mesure qu'il est facile de vérifier encore aujourd'hui pour la grosse tour. En évaluant proportionnellement l'épaisseur des murailles, il l'estime de 3 mètres 1/2, ce qui réduirait l'espace libre à 5 mètres (nous avons admis 3 mètres pour les murs et 6 mètres pour la chambre) — et même dans cet espace plus réduit il a montré par un plan qu'il y avait place pour le lit de Jeanne, pour la place qu'elle occupait et pour 26 personnes assises. Jamais (il l'a aussi montré) les interrogatoires de la prison n'ont réuni tant de monde. — Quant à la pièce contiguë, où Manchon, selon son propre témoignage, et Warwick, écoutaient par une ouverture pratiquée à la muraille ce que Jeanne disait en confidence à Loyseleur, M. Deville la place dans les bâtiments attenant à la tour ; et il retrouve ces bâtiments dans le plan du château dressé en 1635. Le lecteur choisira entre cette conjecture et la nôtre : à savoir que l'on avait pratiqué par une cloison une petite pièce pour loger trois des cinq gardiens de Jeanne comme on le fit au donjon quand on y retint l'année suivante Poton de Xaintrailles. Cette pièce, dont l'établissement semblait commandé par la nécessité de la surveillance, aurait suffi à l'usage clandestin que Manchon en signale, et elle eut encore laissé la chambre de Jeanne assez grande pour la plus nombreuse assistance qui se soit trouvée aux interrogatoires de la prison.
Source : Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879.
Notes :
1 Scit solum quod erat in Castro, in grossa turri, et ibi eam vidit, quando uit mandatus (Procès, t. III, p. 186).2 Quod ipsa Johanna erat in carceribus, in quadam turri castri, et eam ibidem vidit ferratam per tibias (ibid., p. 48). — Quam invenerunt in quadam turri ferratam in compedibus, cum quodam grosso ligno per pedes, et habebat plures custodes Anglicos (ibid., p. 200).
3 Quod vidit eamdem Johannam in carceribus castri Rothomagensis, in quadam turri versus campos (ibid., t. II, p. 317). — Posita in Castro Rothomagensi, in carceribus, in quadam camera sita subtus quemdam gradum versus campos, ubi vidit eam detentam et incarceratam (ibid., p. 345).
4 In castro Rothomagensi, in quodam carcere versus campos (ibid., t. III, p. 121).
5 Vidit eam bis aut ter in quadam camera castri Rothomagensis versus portam posteriorem (ibid., t. II, p. 305).
6 « In castro Rothomagensi, in quadam camera media in qua ascendebatur per octo gradus; et erat ibidem quoddam grossum lignum in quo erat quædam catena ferrea, cum qua ipsa Johanna existens in compedibus ferreis ligabatur, et claudebatur cum sera apposita eidem ligno. Et habebat quinque Anglicos miserrimi status, gallice houcepaillers, qui eam custodiebant, et multum desiderabant ipsius Johannæ mortem, et de eadem sæpissime deridebant » (t. III, p. 154). — « Et posita in castro Rothomagensi in carcere » (le même, ibid., t. II, p. 329).
7 « Coram nobis judicibus prædictis in grossa turri castri Rothomagensis existentibus fuit adducta dicta Johanna » (t. I, p. 399).
8 Le samedi 17 mars on en compte onze, et de plus les greffiers; le 31 mars, onze encore, mais généralement le nombre n'en dépasse pas cinq ou six
9 30 juin 1865, p. 376, et tirage à part, p. 13.
10 Bouquet, Ibid., p. 376, ou p. 14, d'après des comptes de 1432, cités par M. de Beaurepaire, Notes sur la prise du château de Rouen, par Ricarville, en 1432, p. 25-27, et reproduites dans le tirage à part de M. Bouquet, p. 149 et suiv.
11 Procès, t. II, p. 18 (Massieu). Ce n'est pas seulement après l'abjuration, comme on le pourrait inférer du lieu où se trouve cette déposition, mais pendant toute la durée de l'emprisonnement, qu'elle était ainsi gardée : témoin ce que dit une autre fois le même Massieu : « Ad custodiam ejus erant quinque Anglici de die et nocte, quorum tres erant de nocte inclusi cum ea et de die (selon le ms. 5970, de nocte) erant duo extra carcerem » (Ibid., t. II, p. 329).
12 « Et de fait au commencement du procez ledit notaire et ledit Boisguillaume, avec témoins, furent mis secrètement en une chambre propchaine où estoit ung trou par lequel on pouvoit escouter, afin qu'ilz peussent rapporter ce qu'elle disoit ou confessoit audit Loyseleur. » T. II, p. 10 (Manchon). — « Et erat in quadam camera contigua eidem carceri quoddam foramen specialiter factum ad hujusmodi causam, in quo ordinaverunt ipsum loquentem et Suum socium adesse, ad audiendum quæ dicerentur per eamdem Johannam, et ibidem erant ipse loquens et comes, qui non poterant videri ab eadem Johanna. » T. III, p. 141 (Manchon).
13 Histoire des fonds du cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale, p.22, note 13.
14 T. III, p. 161 (G. Colles).
15 Jeanne d'Arc au château de Rouen, p. 10 et 124.
16 Bouquet, l. l., p. 121-126; cf. Archiv. municip. de Rouen : Registre des délibérations, sous la date du 14 avril 1789, cité par M. Chéruel dans son trop rare ouvrage, Histoire de Rouen sous la domination anglaise au quinzième siècle, p. 88.
17 ndlr : aujourd'hui au 102, rue Jeanne d'Arc.
=> Voir le dossier sur la prison de Jeanne.