Sepideh PARSAPAJOUH | CéSor (Centre d’Etude de Sciences Sociales du Religieux) UMR 8216, CNRS – EHESS (original) (raw)
Papers by Sepideh PARSAPAJOUH
Ces villes-là
Dans la conclusion de son célèbre ouvrage On est tous dans le brouillard (1979), Colette Pétonnet... more Dans la conclusion de son célèbre ouvrage On est tous dans le brouillard (1979), Colette Pétonnet analyse longuement le mécanisme « générateur de stigmate » et « salvateur de la crise » qu’est celui de la « victime émissaire ». Quarante ans plus tard, dans un de ces derniers textes résumant ses analyses sur le stigmate et la « victime émissaire », elle écrit : « j’en étais là de mes réflexions quand j’eu connaissance de [trois travaux récents sur l’Iran, la Camargue, et Rio de Janeiro] sur trois continents montrant la même stigmatisation du quartier énoncé de l’extérieur et une organisation sociale intérieure basée sur la solidarité. Dommage qu’il soit trop tard pour que je m’associe à des problématiques comparatives, mais je sais désormais que ce que je n’ai pas pu accomplir de mon temps, de plus jeunes l’entreprendront. Je suis donc en mesure de répondre à l’interrogation d’Imre Kertesz “aux êtres sans destin que reste-t-il de l’humanité ?” – chaque fois que des prolos peuvent se bricoler un bout de destin il leur reste beaucoup de l’humanité. » Dans cet article, à travers une expérience ethnologique engagée dans un bidonville iranien, nous essayons de repenser les deux concepts de « stigmatisation » et de « cohésion » que Colette Pétonnet a développés dans ses travaux sur les quartiers précaires, et d’analyser leurs particularités iraniennes au miroir de l’histoire socio-politique du pays. Between Cohesion and Stigmatization.The “Emissary Victim” in an Iranian Shanty Town In concluding her famous book entitled On est tous dans le brouillard (1979), Colette Pétonnet at length analyzes the function of the “emissary victim” as being both “a generator of stigma” and “a redeemer of the crisis”. Forty years later, summing up her analysis on stigma, she writes: “That was the point I had reached when I came across three recent works exploring Rio de Janeiro, Iran, and Camargue, located on three different continents, evidencing the same process of stigmatization of the community, imposed from the outside, as well as an internal social organization based on solidarity. It is a pity that it is definitely too late for me to engage in comparative studies, but I know that what I haven’t been able to achieve in my career will be undertaken by younger colleagues.Thus, I can answer Imre Kertesz’s question: “what remains of human ity in the fate–less people? Whenever the plebby can tinker with a piece of fate, they still have a lot of humanity in stock”. In this paper, through an ethnological experience conducted in an Iranian shanty town, I shall try to rethink both concepts of “stigmatization” and “cohesion” that Colette Pétonnet developed in her own work, and apply them to the specific urban conditions in the context of the socio-political history of Iran.
Journal of Material Cultures in the Muslim World, 2021
Because of the plurality of the venerated figures, the holy places of Twelver Shiʿism are numerou... more Because of the plurality of the venerated figures, the holy places of Twelver Shiʿism are numerous. This paper focuses on places of devotion that are supposed to contain bodily relics and presents them in a schematic framework to discuss the importance of some of these places, and some aspects of their transformations over time. I first identify the sacred figures of Shiʿism and the place or the places (multi-locality of tombs) attributed to each of them. I then move on to a discussion of two things that can seem paradoxical, i.e. the immateriality of the sacred figure, and his/her omnipresence beyond places. My findings are based on field observations and interviews, and on documentary and published sources.
Diactritiques éditions , 2022
Article paru dans l'ouvrage collectif : Un Moyen-Orient ordinaire entre consommations et mobili... more Article paru dans l'ouvrage collectif :
Un Moyen-Orient ordinaire entre consommations et mobilités
dirigé par Thierry Boissière et Yoann Morvan
Oriens. Brill. 49 (20 21) 370–397, 2021
Dans le shiʿisme duodécimain iranien, deux catégories de traditions populaires (comprenant rituel... more Dans le shiʿisme duodécimain iranien, deux catégories de traditions populaires (comprenant rituels, pratiques et croyances) ont pris forme au cours du temps autour de la question du mal, précisément des souffrances et de la mort subies par les personnes de la famille du Prophète (ahl al-bayt). La première catégorie comprend les expressions
poétiques élégiaques (marṯīya) accompagnées de pratiques reflétant la passion et la compassion pour les victimes de la mort injuste, à commencer par le troisième imam Ḥusayn. La seconde catégorie comprend de violentes expressions satiriques de malédiction adressées aux auteurs de ce mal. Cette tradition mobilise aussi la récitation de prières et de formules dévotionnelles tirées du corpus scripturaire sacré, ainsi qu’un
ensemble de pratiques particulières appelées ʿUmar-košī ( le meurtre de ʿUmar ). Cet article propose d’analyser la formation et la fonction de ces deux traditions, ainsi que l’évolution de leur forme et de leur signification dans le contexte social du shiʿisme iranien contemporain. Il montrera que ces deux traditions, tout en étant cohérentes avec le double principe shiʿite de tawallāʾ (loyauté et amour pour les imams) et tabarrāʾ (dissociation
et haine à l’égard de leurs adversaires), reflètent clairement l’autonomie des
croyants vis-à-vis du pouvoir politique comme de l’autorité religieuse institutionnelle.
Studia Islamica. Brill, vol.116 issue 2 (Novembre 2021), 2021
La visite pieuse (ziyāra) rendue aux figures saintes du chiisme imamite ou duodécimain, à savoir ... more La visite pieuse (ziyāra) rendue aux figures saintes du chiisme imamite ou duodécimain, à savoir les imams et certains de leurs descendants et compagnons, occupe une place centrale dans la vie de cette branche minoritaire de l’islam. Après une introduction sur la conception de la sainteté et les fondements doctrinaux des pratiques de visite pieuse dans le chiisme imamite, cet article analyse les croyances et les pratiques vouées particulièrement à l’un des lieux les plus visités du chiisme et de tout l’islam, à savoir la tombe du troisième imam al-Ḥusayn à Karbalā, considérée comme le lieu sacré par excellence. Nous étudions ensuite un texte couramment récité par les croyants et pèlerins, attribué au sixième imam Jaʿfar al-Ṣādiq et intitulé Ziyārat al-wārith (la visite de l’héritier [du Prophète] ). Il apparaît que ce texte ancien, objet d’un processus de canonisation au cours de l’histoire, a déterminé nombre de pratiques pieuses à Karbalā. Basé sur une approche anthropologique, cet article ne traite pas de l’histoire et de l’authenticité de ce texte mais de sa présence dans les formes vivantes de ziyāra contemporaines. Il vise à montrer la correspondance entre un texte traditionnel, normatif et canonique d’une part, et des pratiques vivantes, corporelles et langagières, de pèlerins de cultures différentes d’autre part, dans le monde chiite actuel.
Archives Des Sciences Sociales Des Religions : La force des objets - Matières à expériences, 2016
Dans le chiisme populaire, le recours aux objets pour activer le lien de l’humain au divin appara... more Dans le chiisme populaire, le recours aux objets pour activer le lien de l’humain au divin apparait nettement. Il en est ainsi de la fabrication d’une nouvelle châsse (zarih), grille en metaux precieux placee autour de la tombe, destinee au mausolee de l’Imam Husayn a Karbala en Irak. Son processus de construction s’est etendu de 2007 a 2013 dans la ville Iranienne de Qom. Cet objet volumineux de douze tonnes a ete transporte de ville en ville jusqu’a Karbala, dans une procession attirant des millions de pelerins, suscitant des pratiques de ferveur populaire, mais aussi des debats passionnes entre les savants religieux sur la legitimite de telles pratiques. La châsse se voit ainsi conferer une valeur sacree, non par une decision institutionnelle, mais par une ferveur populaire spontanee.
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In the popular Shi’ism, the use of objects to activate the link of the human to the divinity appears clearly, so the production of a new shrine (zarih), grid fabricated with precious metals to be placed around the tomb of Imam Husayn in his mausoleum at Karbala in Iraq. The construction process of this shrine, extremely meticulous and expensive, extended from 2007 to 2013 and was held in the Iranian city of Qom. When its production was completed, this large object weighting twelve tons was transported from city to city to Karbala, in a procession attracting millions of pilgrims, sparking popular fervor practices. This event has also engaged passionate debate among religious scholars on legitimacy of such practices. The shrine is granted a sacred value, not by an institutional decision, but by a spontaneous popular fervor.
Http Www Theses Fr, Sep 19, 2011
L'Homme Volume 229, Issue 1, 2019, pages 7 to 48 Translated and edited by Cadenza Academic Translations Translator: Sam Ferguson, Editor: Isabelle Chaize, Senior editor: Mark Mellor, 2020
The city of Tehran contains countless murals of imposing dimensions, in various colors and styles... more The city of Tehran contains countless murals of imposing dimensions, in various colors and styles, predominantly featuring portraits of the martyrs of the Iran-Iraq War (1980–1988). These paintings, which refer to various sociopolitical events, affect multiple different groups within the city: combatants and their family members, amateur or professional artists, public authorities, and more or less involved local residents. This article offers an anthropological reflection on the interactions between these different categories of actors and on the spatial dynamics and meaning of these images, both for those who produce them and those who see them. Based on observations and interviews carried out in Tehran, but also historical sources, published testimonies, and visual documents (photographs, drawings, and sketches), we analyze the progressive appearance and politicization of Tehran’s murals, and how they intersect with local affiliations, through distinct periods in the contemporary history of Iran.
Journal of Material Cultures in the Muslim World 1 (2020) 191-198 , 2021
This is the introduction to a special issue of the "Journal of Material Cultures in the Muslim Wo... more This is the introduction to a special issue of the "Journal of Material Cultures in the Muslim World", entitled : "Relics and Other Devotional Supports in Shiʿa Societies in the Indic and Iranian Worlds" which we (Annabelle Collinet, Michel Boivin and Sepideh Parsapajouh) edited, containing seven articles by : Karen G. Ruffle, Delphine Ortis, Olly Akkerman, Hiba Abid, Annabelle Collinet, Michel Boivin, Sepideh Parsapajouh.
Here are some lines from the beginning of the text:
The term relic, literally “what remains,” from Christian religious culture, and so familiar there, has no literal translation in neither Arabic, Turkish, Persian, nor Urdu. The equivalent term used for relic in Islam is āthār (plural of athar: “effect, trace”), covering a much more general meaning than relic, or, in the Persianate world, including the Indian Subcontinent, yadgār, which refers more to the idea of memory and remembering than to the idea of remains, especially physical remains.
According to most scholars,1 even though Prophetic “relics” are preserved and displayed in the Topkapı Palace Museum in Istanbul,2 these relics do not occupy a place of genuine importance among Muslims or in Islam. Indeed, on the one hand, Islam generally views everything as sacred: the whole earth and every man: “from a certain point of view, everything being governed by divine law, revealed or cosmic, nothing escapes the category of the sacred. According to the Sunna, the surface of the earth, given as a purification and place of prostration to the Prophet and his community, is entirely sacred, with the exception of certain places polluted by human or animal use and forbidden for prayer. In the same way, every man is sacred to his neighbour, as the Prophet solemnly reminds us during the Farewell Pilgrimage, summarising the main commandments of the Law as follows” (Gril, 2006). On the other hand, Islam places less emphasis on the importance of the body as an object of devotion than Christianity does, where it is venerated first of all because of the essential sacredness of the Body of Jesus Christ, the Body of God, and second because it is exclusively the bodily remains, the relics, which are visible and touchable that ensure the connection of the faithful to the dead saints. In Islam, bones are always buried, and, therefore, invisible and untouchable. However, it is worth mentioning that bodily relics of the Prophet, such as the hairs of his beard, are well venerated in different parts of the Muslim world. In Rohri, for example, a shrine in the Sindh region of Pakistan houses a hair from the beard of Muhammad, which a devotee is said to have brought from Istanbul in the sixteenth century.3 Ignaz Goldziher (1850–1921) devoted several pages of his Muslim Studies to the issue of relics in Islam.4 He begins by quoting a theologian from Medina, Shaykh Amin, who gave a speech at the 6th Congress of Orientalists in Leiden, denouncing the trafficking of the Prophet’s hair in the Turkish and Indian worlds, calling these products forgeries and adding that if real relics were found, the Sunna clearly orders that they be buried and forbids their being worshipped under any circumstances (Goldziher 1971: 331).....
Journal of Material Cultures in the Muslim World 1 (2020) 199–225, 2021
Because of the plurality of the venerated figures, the holy places of Twelver Shiʿism are numerou... more Because of the plurality of the venerated figures, the holy places of Twelver Shiʿism are numerous. This paper focuses on places of devotion that are supposed to contain bodily relics and presents them in a schematic framework to discuss the importance of some of these places, and some aspects of their transformations over time. I first identify the sacred figures of Shiʿism and the place or the places (multi-locality of tombs) attributed to each of them. I then move on to a discussion of two things that can seem paradoxical, i.e. the immateriality of the sacred figure, and his/her omnipresence beyond places. My findings are based on field observations and interviews, and on documentary and published sources.
Anthropology of the Middle East (Food and cooking). N° 15-2, 2020
Abstract: In Iran, the giving of food for a religious purpose is a widespread act among Shiite b... more Abstract:
In Iran, the giving of food for a religious purpose is a widespread act among Shiite believers, which can be observed daily in the city and in the villages, in both affluent and popular milieus. In order to understand the social, material and spiritual virtues of such food in the everyday life and worldview of Shiite devotees, this article proposes to analyse the process of preparation and sacredness of such food, and to study some important occasions of votive food giving in the lives of believers. The information in this article comes from previous research carried out in Iranian popular milieus, in some Shiite shrines and at the Behesht Zahra cemetery in Tehran, as well as from interviews conducted for this specific purpose.
Résumé:
En Iran, le don de nourriture pour une intention religieuse est un acte très répandu chez les croyants chiites, que l'on peut observer quotidiennement en ville comme à la campagne, dans les milieux aisés comme dans les milieux populaires. Pour comprendre les vertus sociales, matérielles et spirituelles d'une telle nourriture dans la vie pratique et la vision du monde des pieux chiites, cet article propose d'analyser le processus de préparation et de sacralisation de cette nourriture, et d'étudier quelques occasions importantes de don de nourriture votive dans la vie des croyants. Les données de cet article proviennent de recherches précédemment effectuées dans les milieux populaires iraniens, dans quelques sanctuaires chiites et au cimetière de Behesht Zahra de Téhéran, ainsi que d'entretiens réalisés à cette fin précise.
Revue des mondes musulmans et de la Méditerrané, n° 146 e , 2020
Résumé : Situé au sud de Téhéran, le cimetière de Behesht Zahra (Paradis de Zahra), étendu sur 70... more Résumé : Situé au sud de Téhéran, le cimetière de Behesht Zahra (Paradis de Zahra), étendu sur 700 hectares, est le plus grand cimetière d’Iran. Avec deux cents enterrements par jour en moyenne, sa gestion implique une véritable administration funéraire. Depuis la Révolution islamique de 1979 et la guerre contre l’Irak (1980-1988), ce cimetière est devenu emblématique de l’histoire contemporaine du pays où se joue la construction d’une identité religieuse et politique à la fois traditionnelle et rationnelle. Basé sur des données ethnographiques recueillies sur le terrain au cours des dernières années, cet article propose une réflexion sur l’articulation complexe entre la rationalité d’un État moderne, fût-il d’inspiration religieuse, les normes rituelles définies par les savants religieux et scrupuleusement respectées par une administration funéraire centralisée, et les pratiques, souvent empreintes de plus de passion que de raison, des simples croyants attachés au culte des morts.
Abstract : Located south of Tehran, the Behesht Zahra Cemetery (Zahra Paradise), covers 700 hectares. It is the largest cemetery in Iran. With an average of 200 funerals per day the Cemetery requires efficient funeral management services. Since the 1979 Islamic Revolution and the deadly war against Iraq (1980-1988), this cemetery has become emblematic of the country’s contemporary history, where the construction of traditional and rational religious and political identities is at stake. Drawing on ethnographic data collected in the field over recent years, this article proposes a reflection on the complex articulations between the rationality of a modern state, albeit one that is religiously inspired, the ritual norms defined by religious scholars and scrupulously respected by a centralized funerary administration, and the daily practices of simple believers who, attached to the cult of the dead often observe with more passion than reason.
Revue des Mondes musulmans et de la Méditerranée, n° 146 , 2020
Début de l'article : " Si l’attitude de l’homme devant la mort a profondément évolué dans toutes ... more Début de l'article : " Si l’attitude de l’homme devant la mort a profondément évolué dans toutes les sociétés humaines (Ariès, 1977 ; Godelier, 2015), l’inhumation, partout où elle se pratique, apparaît comme un fait social total. En effet, elle met en branle toute la société et ses institutions, mobilise toutes ses dimensions culturelles (économiques, technologiques, politiques, artistiques, religieuses), rassemble les individus de la société, conditionne et reflète les formes changeantes de leur vie quotidienne, de leur mémoire collective et de leur conscience de groupe (Mauss, 1923-1924). Aussi les cimetières et les tombes constituent-ils depuis longtemps des objets privilégiés pour les sciences humaines, sociales et historiques. L’anthropologue y reconnaît les témoins des invariants humains ou y observe les particularismes culturels sous forme de pratiques rituelles et religieuses. L’archéologue et l’historien y trouvent des sources matérielles d’information sur l’évolution politique, économique et morale des sociétés. Le sociologue et le politologue peuvent y voir des échanges économiques et des rapports de pouvoir entremêlés, le géographe y analyser les transformations et adaptations de l’espace humain, notamment de la ville moderne. Du point de vue de l’histoire culturelle, le cimetière est l’un des lieux où, par excellence, se construisent la mémoire collective des individus et la mémoire culturelle d’une société (Halbwachs, 1925 et 1950 ; Assmann, 2010) ; un lieu dit « de mémoire »1 où celle-ci, paradoxalement, se construit aussi bien par la commémoration que par l’oubli. Enfin, pour les sciences religieuses, le fait funéraire s’inscrit dans tout le système de pensée et d’action que constitue la religion. Cimetières et tombes témoignent en effet de la religion comme foi et de la religion comme loi : ils concentrent des croyances relatives au destin de l’âme dans l’au-delà comme des pratiques rituelles définissant la communauté dans le monde ; ils forment un lieu où se construisent et s’appliquent les notions d’orthodoxie et d’orthopraxie avec leurs antagonistes inséparables, l’hétérodoxie et l’hétéropraxie. En somme, dans l’enceinte du cimetière et autour de la tombe, les enjeux matériels et symboliques, politiques et spirituels s’avèrent indissociables. S’il est donc naturel que les différentes sciences humaines s’intéressent à ces objets, il est aussi souhaitable qu’elles dépassent leurs frontières et croisent leurs approches afin d’éclairer toutes les dimensions du fait funéraire.
Archives des sciences sociales des religions (Paris - Editions de l'EHESS) , 2020
Début de l'article : «Fin 1978, guidé, depuis un pavillon de banlieue parisienne, par un énigmati... more Début de l'article : «Fin 1978, guidé, depuis un pavillon de banlieue parisienne, par un énigmatique vieillard, dignitaire religieux à peu près inconnu jusqu’alors, un pays entier se soulevait contre une monarchie plus de deux fois millénaire. » C’est ainsi que Jean-Pierre Digard résumait les prémices de la révolution iranienne, dans les premières lignes d’un article qu’il publia en 1988 pour un numéro de revue consacré à l’anthropologie politique (Digard, 1988 : 783). Il reprenait l’idée, déjà fort répandue et commentée, de la surprise qu’avait causée la révolution
pour le monde entier et, plus particulièrement, pour les chercheurs qui étudiaient l’Iran. Cette thématique de la surprise constitua longtemps l’entrée en matière de bien des travaux en sciences sociales sur le sujet. Comme le souligna également Yann Richard, la grande historienne Nikki Keddie elle-même n’avait pas pressenti l’événement puisque, quelques années avant la révolution, elle relevait l’originalité et la puissance du clergé iranien mais prévoyait que son pouvoir politique continuerait de décliner comme il le faisait depuis un demi-siècle (Digard, ibid., note 1; Richard, 1989 : 62)" ....
Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 2019
Résumé : Les divisions des martyrs du cimetière de Behesht Zahrâ représentent un haut lieu politi... more Résumé : Les divisions des martyrs du cimetière de Behesht Zahrâ représentent un haut lieu
politique de l’Iran. Elles reflètent les palpitations des événements politiques violents que la
société iranienne a traversés, et elles sont à la fois des lieux publics sacro-saints attirant des
visites de simples citoyens, des propriétés privées des familles de martyrs, et un patrimoine
national. Différentes politiques ont été mises en oeuvre par diverses organisations pour en
faire évoluer le paysage. Ces décisions, de plus en plus étatisées et rationalisées, tendent
aujourd’hui à uniformiser les tombes, mais se heurtent aux volontés des familles de martyrs.
À travers une méthode ethnographique, nous essayons ici de montrer le lien individuel et
familial avec la tombe et le martyr. Puis, nous analysons les différentes phases de l’usage
politique de ces divisions, dans les projets monumentaux de l’aménagement paysagiste et la
construction de mémoriaux, ainsi que le processus d’apparition des collectifs mobilisés qui
cherchent à défendre une juste mémoire des martyrs et le droit individuel de leurs familles à
cette mémoire, contre ses divers usages politiques.
Abstract: Cemetery in Tehran. The martyrs’ divisions in Tehran’s Behesht Zahra cemetery are a major
political landmark in Iran, reflecting the violent political events undergone by Iranian society.
These are sacrosanct public places attracting visits from ordinary citizens. They are also
the private property of the martyrs’ families and a national heritage. Different policies have been implemented by various organizations concerned with updating the landscape. These decisions, which are increasingly a matter of rationalized state oversight, have tended toward greater standardization of the graves, a standardization which is opposed by the martyrs’ families. Employing ethnographic methods, we attempt to shed light on the individual and family links between the tomb and the martyr. We then review the different political uses made of these divisions, and the emergence of militant associations seeking to defend the martyrs’ true memory and the family’s right to this memory despite its various political uses.
Appartenances in-désirables. Le religieux au prisme de l'ethnicisation et de la racisation. Eds. Simona Tersigni et al. Paris, PETRA (Collections intersectionS) , Sep 4, 2019
La notion de religiosité renvoie à des sens multiples, depuis une vague « religion » personnelle ... more La notion de religiosité renvoie à des sens multiples, depuis
une vague « religion » personnelle jusqu’au scrupule religieux
extrême. Son domaine recouvre aussi bien les croyances, les
pratiques minimales collectives ou individuelles, que les activités politiques liées à une absolutisation des valeurs. Mais il faut distinguer entre idéologie séculaire sacralisée (comme le marxisme en URSS) et religion idéologisée. La première, malgré sa prétention à apporter le salut, son exigence d’une soumission totale et son recours au tabou, ne peut être appelée « religieuse » qu’au sens figuré. Le deuxième cas, où la religion comme appareil idéologique d’État se superpose aux croyances et pratiques ordinaires, caractérise la condition iranienne d’aujourd’hui.
L’Iran est une société majoritairement musulmane chiite où, en dépit d’un lent processus de sécularisation, cette religion fait partie intégrante de la vie quotidienne depuis des siècles à tel point que tout le social paraît pratiquement fondé sur le religieux. Le chiisme, peut-être la plus ancienne des branches de l’islam, fut longtemps une religion ésotérique, « discrète » et apolitique, avant de subir un processus de rationalisation et de politisation.
La République islamique d’Iran, depuis 1979, est une construction récente et toujours en devenir, fondant sa légitimité sur l’autorité religieuse d’un « Guide suprême » (appelé Wali-ye faqih), théoriquement contrôlé par des ayatollahs, les plus hautes autorités du clergé. Si la routinisation et la politisation du chiisme commencent au XVIe siècle, il est certain que cette religion a connu, au cours de ces trois dernières décennies et d’abord en Iran, une politisation et une idéologisation sans précédent. ...
L'Homme. Revue Française d'anthropologie, n° 229, Mar 2019
Résumé : La ville de Téhéran abrite aujourd’hui d’innombrables peintures murales aux dimensions... more Résumé :
La ville de Téhéran abrite aujourd’hui d’innombrables peintures murales aux dimensions impressionnantes, de couleurs et de styles variés, parmi lesquelles les portraits des martyrs de la guerre Iran-Irak (1980-1988) sont le sujet de prédilection. Ces peintures renvoyant à divers événements sociopolitiques touchent différentes catégories de la population urbaine : combattants et membres de leurs familles, artistes amateurs ou professionnels, autorités publiques et citadins plus ou moins engagés. Cet article propose une réflexion anthropologique sur la dynamique spatiale, les interactions entre ces différentes catégories d’acteurs et le sens de ces images, à la fois pour ceux qui les produisent et pour ceux qui les regardent. En nous appuyant sur des observations et des entretiens effectués sur le terrain, mais aussi sur des sources historiques, des témoignages publiés, des documents visuels (photographies, dessins et croquis), nous analysons, à travers des périodes distinctes de l’histoire récente de l’Iran, l’apparition progressive et la politisation des peintures murales de Téhéran en lien avec les appartenances locales.
Mots clés : art urbain, peinture murale, guerre Irak-Iran (1980-1988), révolution iranienne (1979), propagande, mémoire collective, martyr, chiisme, Téhéran, Iran
Abstract :
Under the Eye of Tehran’s Martyrs: An Anthropological Approach to Urban Iconography.
The city of Tehran now has countless mural paintings of imposing dimensions, in various colours and styles, among which the portraits of the martyrs of the Iran-Iraq war (1980-1988) are the subject of choice. These paintings, which refer to various socio-political events, affect different categories of the urban population : combatants and their family members, amateur or professional artists, public authorities, and more or less involved city inhabitants. This article proposes an anthropological reflection on the spatial dynamics, on the interactions between these different categories of actors and on the meaning of these images, both for those who produce them and for those who see them. Based on observations and interviews carried out in Tehran, but also historical sources, published testimonies and visual documents (photographs, drawings and sketches), we analyse the progressive appearance, through distinct periods in the contemporary history of Iran, and the politicization of Tehran’s murals in connection with local belonging.
Keywords :urban art, mural painting, Iran-Iraq War (1980-1988), Iranian Revolution (1979), propaganda, collective memory, martyr, Shiism, Teheran, Iran
Etat-nation et fabrique du genre, des corps et des sexualités. Iran, Turquie, Afghanistan (dirs. Azadeh Kian et Lucia Direnberger), 2019
Cet article essaye de montrer, à travers l'étude des changements récents quant à la place et au r... more Cet article essaye de montrer, à travers l'étude des changements récents quant à la place et au rôle des femmes et des corps féminins dans les cérémonies de Ashura, les différentes dynamiques de la société iranienne qui se manifeste autour de celles-ci. L'article commence par une présentation des bases de l'islam chiite et la place centrale des cérémonies de Muharram comme moyen d'expression collective et identitaire de la jeunesse dans l'Iran actuel ainsi que la dynamique complexe et les formes de réappropriation de ces cérémonies au sein de cette société entre un Etat qui se base sur la religion et les ferveurs populaires.
Abstract :
This article attempts to show, through the study of recent changes in the place and role of women and women's bodies in Ashura's ceremonies, the different dynamics of Iranian society that are manifested around them. The article begins with a presentation of the foundations of Shia Islam and the centrality of Muharram's ceremonies as a means of collective expression and identity of youth in present-day Iran as well as the complex dynamics and forms of re-appropriation of these ceremonies within this society between the religion-based state and popular fervour.
in : "Dictionnaire de l'humain" : A. Piette, J.-M. Salanskis, A. Raulin, I. Rival (eds.) Presses universitaires de Paris Nanterre, 2018 , 2018
Two-day international workshop cofunded by the Faculty of social anthropology/ethnology of the un... more Two-day international workshop cofunded by the Faculty of social anthropology/ethnology of the university of Bordeaux (France) and the Research Center for Islamic and Iranian Culture at the Shahid Bahonar University of Kerman (Iran); with the participation of the Cultural and Cooperation Departement of the French embassy in Iran; the Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain (IIAC-LAHIC, UMR 8177, CNRS-EHESS, Paris); the Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (LESC) of the university of Paris Nanterre; the Centre d’études en sciences sociales du religieux (CéSor; EHESS-CNRS, Paris) ; the School for Oriental and African studies of the university of London (SOAS).
Free participation according to the number of places available.
You must use the links below for on-line registration for each day:
Reservations 10/12/2018: https://inscriptions-lundi-10-decembre.eventbrite.fr
Reservations 11/12/2018: https://inscriptions-mardi-11-decembre.eventbrite.fr
Ces villes-là
Dans la conclusion de son célèbre ouvrage On est tous dans le brouillard (1979), Colette Pétonnet... more Dans la conclusion de son célèbre ouvrage On est tous dans le brouillard (1979), Colette Pétonnet analyse longuement le mécanisme « générateur de stigmate » et « salvateur de la crise » qu’est celui de la « victime émissaire ». Quarante ans plus tard, dans un de ces derniers textes résumant ses analyses sur le stigmate et la « victime émissaire », elle écrit : « j’en étais là de mes réflexions quand j’eu connaissance de [trois travaux récents sur l’Iran, la Camargue, et Rio de Janeiro] sur trois continents montrant la même stigmatisation du quartier énoncé de l’extérieur et une organisation sociale intérieure basée sur la solidarité. Dommage qu’il soit trop tard pour que je m’associe à des problématiques comparatives, mais je sais désormais que ce que je n’ai pas pu accomplir de mon temps, de plus jeunes l’entreprendront. Je suis donc en mesure de répondre à l’interrogation d’Imre Kertesz “aux êtres sans destin que reste-t-il de l’humanité ?” – chaque fois que des prolos peuvent se bricoler un bout de destin il leur reste beaucoup de l’humanité. » Dans cet article, à travers une expérience ethnologique engagée dans un bidonville iranien, nous essayons de repenser les deux concepts de « stigmatisation » et de « cohésion » que Colette Pétonnet a développés dans ses travaux sur les quartiers précaires, et d’analyser leurs particularités iraniennes au miroir de l’histoire socio-politique du pays. Between Cohesion and Stigmatization.The “Emissary Victim” in an Iranian Shanty Town In concluding her famous book entitled On est tous dans le brouillard (1979), Colette Pétonnet at length analyzes the function of the “emissary victim” as being both “a generator of stigma” and “a redeemer of the crisis”. Forty years later, summing up her analysis on stigma, she writes: “That was the point I had reached when I came across three recent works exploring Rio de Janeiro, Iran, and Camargue, located on three different continents, evidencing the same process of stigmatization of the community, imposed from the outside, as well as an internal social organization based on solidarity. It is a pity that it is definitely too late for me to engage in comparative studies, but I know that what I haven’t been able to achieve in my career will be undertaken by younger colleagues.Thus, I can answer Imre Kertesz’s question: “what remains of human ity in the fate–less people? Whenever the plebby can tinker with a piece of fate, they still have a lot of humanity in stock”. In this paper, through an ethnological experience conducted in an Iranian shanty town, I shall try to rethink both concepts of “stigmatization” and “cohesion” that Colette Pétonnet developed in her own work, and apply them to the specific urban conditions in the context of the socio-political history of Iran.
Journal of Material Cultures in the Muslim World, 2021
Because of the plurality of the venerated figures, the holy places of Twelver Shiʿism are numerou... more Because of the plurality of the venerated figures, the holy places of Twelver Shiʿism are numerous. This paper focuses on places of devotion that are supposed to contain bodily relics and presents them in a schematic framework to discuss the importance of some of these places, and some aspects of their transformations over time. I first identify the sacred figures of Shiʿism and the place or the places (multi-locality of tombs) attributed to each of them. I then move on to a discussion of two things that can seem paradoxical, i.e. the immateriality of the sacred figure, and his/her omnipresence beyond places. My findings are based on field observations and interviews, and on documentary and published sources.
Diactritiques éditions , 2022
Article paru dans l'ouvrage collectif : Un Moyen-Orient ordinaire entre consommations et mobili... more Article paru dans l'ouvrage collectif :
Un Moyen-Orient ordinaire entre consommations et mobilités
dirigé par Thierry Boissière et Yoann Morvan
Oriens. Brill. 49 (20 21) 370–397, 2021
Dans le shiʿisme duodécimain iranien, deux catégories de traditions populaires (comprenant rituel... more Dans le shiʿisme duodécimain iranien, deux catégories de traditions populaires (comprenant rituels, pratiques et croyances) ont pris forme au cours du temps autour de la question du mal, précisément des souffrances et de la mort subies par les personnes de la famille du Prophète (ahl al-bayt). La première catégorie comprend les expressions
poétiques élégiaques (marṯīya) accompagnées de pratiques reflétant la passion et la compassion pour les victimes de la mort injuste, à commencer par le troisième imam Ḥusayn. La seconde catégorie comprend de violentes expressions satiriques de malédiction adressées aux auteurs de ce mal. Cette tradition mobilise aussi la récitation de prières et de formules dévotionnelles tirées du corpus scripturaire sacré, ainsi qu’un
ensemble de pratiques particulières appelées ʿUmar-košī ( le meurtre de ʿUmar ). Cet article propose d’analyser la formation et la fonction de ces deux traditions, ainsi que l’évolution de leur forme et de leur signification dans le contexte social du shiʿisme iranien contemporain. Il montrera que ces deux traditions, tout en étant cohérentes avec le double principe shiʿite de tawallāʾ (loyauté et amour pour les imams) et tabarrāʾ (dissociation
et haine à l’égard de leurs adversaires), reflètent clairement l’autonomie des
croyants vis-à-vis du pouvoir politique comme de l’autorité religieuse institutionnelle.
Studia Islamica. Brill, vol.116 issue 2 (Novembre 2021), 2021
La visite pieuse (ziyāra) rendue aux figures saintes du chiisme imamite ou duodécimain, à savoir ... more La visite pieuse (ziyāra) rendue aux figures saintes du chiisme imamite ou duodécimain, à savoir les imams et certains de leurs descendants et compagnons, occupe une place centrale dans la vie de cette branche minoritaire de l’islam. Après une introduction sur la conception de la sainteté et les fondements doctrinaux des pratiques de visite pieuse dans le chiisme imamite, cet article analyse les croyances et les pratiques vouées particulièrement à l’un des lieux les plus visités du chiisme et de tout l’islam, à savoir la tombe du troisième imam al-Ḥusayn à Karbalā, considérée comme le lieu sacré par excellence. Nous étudions ensuite un texte couramment récité par les croyants et pèlerins, attribué au sixième imam Jaʿfar al-Ṣādiq et intitulé Ziyārat al-wārith (la visite de l’héritier [du Prophète] ). Il apparaît que ce texte ancien, objet d’un processus de canonisation au cours de l’histoire, a déterminé nombre de pratiques pieuses à Karbalā. Basé sur une approche anthropologique, cet article ne traite pas de l’histoire et de l’authenticité de ce texte mais de sa présence dans les formes vivantes de ziyāra contemporaines. Il vise à montrer la correspondance entre un texte traditionnel, normatif et canonique d’une part, et des pratiques vivantes, corporelles et langagières, de pèlerins de cultures différentes d’autre part, dans le monde chiite actuel.
Archives Des Sciences Sociales Des Religions : La force des objets - Matières à expériences, 2016
Dans le chiisme populaire, le recours aux objets pour activer le lien de l’humain au divin appara... more Dans le chiisme populaire, le recours aux objets pour activer le lien de l’humain au divin apparait nettement. Il en est ainsi de la fabrication d’une nouvelle châsse (zarih), grille en metaux precieux placee autour de la tombe, destinee au mausolee de l’Imam Husayn a Karbala en Irak. Son processus de construction s’est etendu de 2007 a 2013 dans la ville Iranienne de Qom. Cet objet volumineux de douze tonnes a ete transporte de ville en ville jusqu’a Karbala, dans une procession attirant des millions de pelerins, suscitant des pratiques de ferveur populaire, mais aussi des debats passionnes entre les savants religieux sur la legitimite de telles pratiques. La châsse se voit ainsi conferer une valeur sacree, non par une decision institutionnelle, mais par une ferveur populaire spontanee.
***
In the popular Shi’ism, the use of objects to activate the link of the human to the divinity appears clearly, so the production of a new shrine (zarih), grid fabricated with precious metals to be placed around the tomb of Imam Husayn in his mausoleum at Karbala in Iraq. The construction process of this shrine, extremely meticulous and expensive, extended from 2007 to 2013 and was held in the Iranian city of Qom. When its production was completed, this large object weighting twelve tons was transported from city to city to Karbala, in a procession attracting millions of pilgrims, sparking popular fervor practices. This event has also engaged passionate debate among religious scholars on legitimacy of such practices. The shrine is granted a sacred value, not by an institutional decision, but by a spontaneous popular fervor.
Http Www Theses Fr, Sep 19, 2011
L'Homme Volume 229, Issue 1, 2019, pages 7 to 48 Translated and edited by Cadenza Academic Translations Translator: Sam Ferguson, Editor: Isabelle Chaize, Senior editor: Mark Mellor, 2020
The city of Tehran contains countless murals of imposing dimensions, in various colors and styles... more The city of Tehran contains countless murals of imposing dimensions, in various colors and styles, predominantly featuring portraits of the martyrs of the Iran-Iraq War (1980–1988). These paintings, which refer to various sociopolitical events, affect multiple different groups within the city: combatants and their family members, amateur or professional artists, public authorities, and more or less involved local residents. This article offers an anthropological reflection on the interactions between these different categories of actors and on the spatial dynamics and meaning of these images, both for those who produce them and those who see them. Based on observations and interviews carried out in Tehran, but also historical sources, published testimonies, and visual documents (photographs, drawings, and sketches), we analyze the progressive appearance and politicization of Tehran’s murals, and how they intersect with local affiliations, through distinct periods in the contemporary history of Iran.
Journal of Material Cultures in the Muslim World 1 (2020) 191-198 , 2021
This is the introduction to a special issue of the "Journal of Material Cultures in the Muslim Wo... more This is the introduction to a special issue of the "Journal of Material Cultures in the Muslim World", entitled : "Relics and Other Devotional Supports in Shiʿa Societies in the Indic and Iranian Worlds" which we (Annabelle Collinet, Michel Boivin and Sepideh Parsapajouh) edited, containing seven articles by : Karen G. Ruffle, Delphine Ortis, Olly Akkerman, Hiba Abid, Annabelle Collinet, Michel Boivin, Sepideh Parsapajouh.
Here are some lines from the beginning of the text:
The term relic, literally “what remains,” from Christian religious culture, and so familiar there, has no literal translation in neither Arabic, Turkish, Persian, nor Urdu. The equivalent term used for relic in Islam is āthār (plural of athar: “effect, trace”), covering a much more general meaning than relic, or, in the Persianate world, including the Indian Subcontinent, yadgār, which refers more to the idea of memory and remembering than to the idea of remains, especially physical remains.
According to most scholars,1 even though Prophetic “relics” are preserved and displayed in the Topkapı Palace Museum in Istanbul,2 these relics do not occupy a place of genuine importance among Muslims or in Islam. Indeed, on the one hand, Islam generally views everything as sacred: the whole earth and every man: “from a certain point of view, everything being governed by divine law, revealed or cosmic, nothing escapes the category of the sacred. According to the Sunna, the surface of the earth, given as a purification and place of prostration to the Prophet and his community, is entirely sacred, with the exception of certain places polluted by human or animal use and forbidden for prayer. In the same way, every man is sacred to his neighbour, as the Prophet solemnly reminds us during the Farewell Pilgrimage, summarising the main commandments of the Law as follows” (Gril, 2006). On the other hand, Islam places less emphasis on the importance of the body as an object of devotion than Christianity does, where it is venerated first of all because of the essential sacredness of the Body of Jesus Christ, the Body of God, and second because it is exclusively the bodily remains, the relics, which are visible and touchable that ensure the connection of the faithful to the dead saints. In Islam, bones are always buried, and, therefore, invisible and untouchable. However, it is worth mentioning that bodily relics of the Prophet, such as the hairs of his beard, are well venerated in different parts of the Muslim world. In Rohri, for example, a shrine in the Sindh region of Pakistan houses a hair from the beard of Muhammad, which a devotee is said to have brought from Istanbul in the sixteenth century.3 Ignaz Goldziher (1850–1921) devoted several pages of his Muslim Studies to the issue of relics in Islam.4 He begins by quoting a theologian from Medina, Shaykh Amin, who gave a speech at the 6th Congress of Orientalists in Leiden, denouncing the trafficking of the Prophet’s hair in the Turkish and Indian worlds, calling these products forgeries and adding that if real relics were found, the Sunna clearly orders that they be buried and forbids their being worshipped under any circumstances (Goldziher 1971: 331).....
Journal of Material Cultures in the Muslim World 1 (2020) 199–225, 2021
Because of the plurality of the venerated figures, the holy places of Twelver Shiʿism are numerou... more Because of the plurality of the venerated figures, the holy places of Twelver Shiʿism are numerous. This paper focuses on places of devotion that are supposed to contain bodily relics and presents them in a schematic framework to discuss the importance of some of these places, and some aspects of their transformations over time. I first identify the sacred figures of Shiʿism and the place or the places (multi-locality of tombs) attributed to each of them. I then move on to a discussion of two things that can seem paradoxical, i.e. the immateriality of the sacred figure, and his/her omnipresence beyond places. My findings are based on field observations and interviews, and on documentary and published sources.
Anthropology of the Middle East (Food and cooking). N° 15-2, 2020
Abstract: In Iran, the giving of food for a religious purpose is a widespread act among Shiite b... more Abstract:
In Iran, the giving of food for a religious purpose is a widespread act among Shiite believers, which can be observed daily in the city and in the villages, in both affluent and popular milieus. In order to understand the social, material and spiritual virtues of such food in the everyday life and worldview of Shiite devotees, this article proposes to analyse the process of preparation and sacredness of such food, and to study some important occasions of votive food giving in the lives of believers. The information in this article comes from previous research carried out in Iranian popular milieus, in some Shiite shrines and at the Behesht Zahra cemetery in Tehran, as well as from interviews conducted for this specific purpose.
Résumé:
En Iran, le don de nourriture pour une intention religieuse est un acte très répandu chez les croyants chiites, que l'on peut observer quotidiennement en ville comme à la campagne, dans les milieux aisés comme dans les milieux populaires. Pour comprendre les vertus sociales, matérielles et spirituelles d'une telle nourriture dans la vie pratique et la vision du monde des pieux chiites, cet article propose d'analyser le processus de préparation et de sacralisation de cette nourriture, et d'étudier quelques occasions importantes de don de nourriture votive dans la vie des croyants. Les données de cet article proviennent de recherches précédemment effectuées dans les milieux populaires iraniens, dans quelques sanctuaires chiites et au cimetière de Behesht Zahra de Téhéran, ainsi que d'entretiens réalisés à cette fin précise.
Revue des mondes musulmans et de la Méditerrané, n° 146 e , 2020
Résumé : Situé au sud de Téhéran, le cimetière de Behesht Zahra (Paradis de Zahra), étendu sur 70... more Résumé : Situé au sud de Téhéran, le cimetière de Behesht Zahra (Paradis de Zahra), étendu sur 700 hectares, est le plus grand cimetière d’Iran. Avec deux cents enterrements par jour en moyenne, sa gestion implique une véritable administration funéraire. Depuis la Révolution islamique de 1979 et la guerre contre l’Irak (1980-1988), ce cimetière est devenu emblématique de l’histoire contemporaine du pays où se joue la construction d’une identité religieuse et politique à la fois traditionnelle et rationnelle. Basé sur des données ethnographiques recueillies sur le terrain au cours des dernières années, cet article propose une réflexion sur l’articulation complexe entre la rationalité d’un État moderne, fût-il d’inspiration religieuse, les normes rituelles définies par les savants religieux et scrupuleusement respectées par une administration funéraire centralisée, et les pratiques, souvent empreintes de plus de passion que de raison, des simples croyants attachés au culte des morts.
Abstract : Located south of Tehran, the Behesht Zahra Cemetery (Zahra Paradise), covers 700 hectares. It is the largest cemetery in Iran. With an average of 200 funerals per day the Cemetery requires efficient funeral management services. Since the 1979 Islamic Revolution and the deadly war against Iraq (1980-1988), this cemetery has become emblematic of the country’s contemporary history, where the construction of traditional and rational religious and political identities is at stake. Drawing on ethnographic data collected in the field over recent years, this article proposes a reflection on the complex articulations between the rationality of a modern state, albeit one that is religiously inspired, the ritual norms defined by religious scholars and scrupulously respected by a centralized funerary administration, and the daily practices of simple believers who, attached to the cult of the dead often observe with more passion than reason.
Revue des Mondes musulmans et de la Méditerranée, n° 146 , 2020
Début de l'article : " Si l’attitude de l’homme devant la mort a profondément évolué dans toutes ... more Début de l'article : " Si l’attitude de l’homme devant la mort a profondément évolué dans toutes les sociétés humaines (Ariès, 1977 ; Godelier, 2015), l’inhumation, partout où elle se pratique, apparaît comme un fait social total. En effet, elle met en branle toute la société et ses institutions, mobilise toutes ses dimensions culturelles (économiques, technologiques, politiques, artistiques, religieuses), rassemble les individus de la société, conditionne et reflète les formes changeantes de leur vie quotidienne, de leur mémoire collective et de leur conscience de groupe (Mauss, 1923-1924). Aussi les cimetières et les tombes constituent-ils depuis longtemps des objets privilégiés pour les sciences humaines, sociales et historiques. L’anthropologue y reconnaît les témoins des invariants humains ou y observe les particularismes culturels sous forme de pratiques rituelles et religieuses. L’archéologue et l’historien y trouvent des sources matérielles d’information sur l’évolution politique, économique et morale des sociétés. Le sociologue et le politologue peuvent y voir des échanges économiques et des rapports de pouvoir entremêlés, le géographe y analyser les transformations et adaptations de l’espace humain, notamment de la ville moderne. Du point de vue de l’histoire culturelle, le cimetière est l’un des lieux où, par excellence, se construisent la mémoire collective des individus et la mémoire culturelle d’une société (Halbwachs, 1925 et 1950 ; Assmann, 2010) ; un lieu dit « de mémoire »1 où celle-ci, paradoxalement, se construit aussi bien par la commémoration que par l’oubli. Enfin, pour les sciences religieuses, le fait funéraire s’inscrit dans tout le système de pensée et d’action que constitue la religion. Cimetières et tombes témoignent en effet de la religion comme foi et de la religion comme loi : ils concentrent des croyances relatives au destin de l’âme dans l’au-delà comme des pratiques rituelles définissant la communauté dans le monde ; ils forment un lieu où se construisent et s’appliquent les notions d’orthodoxie et d’orthopraxie avec leurs antagonistes inséparables, l’hétérodoxie et l’hétéropraxie. En somme, dans l’enceinte du cimetière et autour de la tombe, les enjeux matériels et symboliques, politiques et spirituels s’avèrent indissociables. S’il est donc naturel que les différentes sciences humaines s’intéressent à ces objets, il est aussi souhaitable qu’elles dépassent leurs frontières et croisent leurs approches afin d’éclairer toutes les dimensions du fait funéraire.
Archives des sciences sociales des religions (Paris - Editions de l'EHESS) , 2020
Début de l'article : «Fin 1978, guidé, depuis un pavillon de banlieue parisienne, par un énigmati... more Début de l'article : «Fin 1978, guidé, depuis un pavillon de banlieue parisienne, par un énigmatique vieillard, dignitaire religieux à peu près inconnu jusqu’alors, un pays entier se soulevait contre une monarchie plus de deux fois millénaire. » C’est ainsi que Jean-Pierre Digard résumait les prémices de la révolution iranienne, dans les premières lignes d’un article qu’il publia en 1988 pour un numéro de revue consacré à l’anthropologie politique (Digard, 1988 : 783). Il reprenait l’idée, déjà fort répandue et commentée, de la surprise qu’avait causée la révolution
pour le monde entier et, plus particulièrement, pour les chercheurs qui étudiaient l’Iran. Cette thématique de la surprise constitua longtemps l’entrée en matière de bien des travaux en sciences sociales sur le sujet. Comme le souligna également Yann Richard, la grande historienne Nikki Keddie elle-même n’avait pas pressenti l’événement puisque, quelques années avant la révolution, elle relevait l’originalité et la puissance du clergé iranien mais prévoyait que son pouvoir politique continuerait de décliner comme il le faisait depuis un demi-siècle (Digard, ibid., note 1; Richard, 1989 : 62)" ....
Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 2019
Résumé : Les divisions des martyrs du cimetière de Behesht Zahrâ représentent un haut lieu politi... more Résumé : Les divisions des martyrs du cimetière de Behesht Zahrâ représentent un haut lieu
politique de l’Iran. Elles reflètent les palpitations des événements politiques violents que la
société iranienne a traversés, et elles sont à la fois des lieux publics sacro-saints attirant des
visites de simples citoyens, des propriétés privées des familles de martyrs, et un patrimoine
national. Différentes politiques ont été mises en oeuvre par diverses organisations pour en
faire évoluer le paysage. Ces décisions, de plus en plus étatisées et rationalisées, tendent
aujourd’hui à uniformiser les tombes, mais se heurtent aux volontés des familles de martyrs.
À travers une méthode ethnographique, nous essayons ici de montrer le lien individuel et
familial avec la tombe et le martyr. Puis, nous analysons les différentes phases de l’usage
politique de ces divisions, dans les projets monumentaux de l’aménagement paysagiste et la
construction de mémoriaux, ainsi que le processus d’apparition des collectifs mobilisés qui
cherchent à défendre une juste mémoire des martyrs et le droit individuel de leurs familles à
cette mémoire, contre ses divers usages politiques.
Abstract: Cemetery in Tehran. The martyrs’ divisions in Tehran’s Behesht Zahra cemetery are a major
political landmark in Iran, reflecting the violent political events undergone by Iranian society.
These are sacrosanct public places attracting visits from ordinary citizens. They are also
the private property of the martyrs’ families and a national heritage. Different policies have been implemented by various organizations concerned with updating the landscape. These decisions, which are increasingly a matter of rationalized state oversight, have tended toward greater standardization of the graves, a standardization which is opposed by the martyrs’ families. Employing ethnographic methods, we attempt to shed light on the individual and family links between the tomb and the martyr. We then review the different political uses made of these divisions, and the emergence of militant associations seeking to defend the martyrs’ true memory and the family’s right to this memory despite its various political uses.
Appartenances in-désirables. Le religieux au prisme de l'ethnicisation et de la racisation. Eds. Simona Tersigni et al. Paris, PETRA (Collections intersectionS) , Sep 4, 2019
La notion de religiosité renvoie à des sens multiples, depuis une vague « religion » personnelle ... more La notion de religiosité renvoie à des sens multiples, depuis
une vague « religion » personnelle jusqu’au scrupule religieux
extrême. Son domaine recouvre aussi bien les croyances, les
pratiques minimales collectives ou individuelles, que les activités politiques liées à une absolutisation des valeurs. Mais il faut distinguer entre idéologie séculaire sacralisée (comme le marxisme en URSS) et religion idéologisée. La première, malgré sa prétention à apporter le salut, son exigence d’une soumission totale et son recours au tabou, ne peut être appelée « religieuse » qu’au sens figuré. Le deuxième cas, où la religion comme appareil idéologique d’État se superpose aux croyances et pratiques ordinaires, caractérise la condition iranienne d’aujourd’hui.
L’Iran est une société majoritairement musulmane chiite où, en dépit d’un lent processus de sécularisation, cette religion fait partie intégrante de la vie quotidienne depuis des siècles à tel point que tout le social paraît pratiquement fondé sur le religieux. Le chiisme, peut-être la plus ancienne des branches de l’islam, fut longtemps une religion ésotérique, « discrète » et apolitique, avant de subir un processus de rationalisation et de politisation.
La République islamique d’Iran, depuis 1979, est une construction récente et toujours en devenir, fondant sa légitimité sur l’autorité religieuse d’un « Guide suprême » (appelé Wali-ye faqih), théoriquement contrôlé par des ayatollahs, les plus hautes autorités du clergé. Si la routinisation et la politisation du chiisme commencent au XVIe siècle, il est certain que cette religion a connu, au cours de ces trois dernières décennies et d’abord en Iran, une politisation et une idéologisation sans précédent. ...
L'Homme. Revue Française d'anthropologie, n° 229, Mar 2019
Résumé : La ville de Téhéran abrite aujourd’hui d’innombrables peintures murales aux dimensions... more Résumé :
La ville de Téhéran abrite aujourd’hui d’innombrables peintures murales aux dimensions impressionnantes, de couleurs et de styles variés, parmi lesquelles les portraits des martyrs de la guerre Iran-Irak (1980-1988) sont le sujet de prédilection. Ces peintures renvoyant à divers événements sociopolitiques touchent différentes catégories de la population urbaine : combattants et membres de leurs familles, artistes amateurs ou professionnels, autorités publiques et citadins plus ou moins engagés. Cet article propose une réflexion anthropologique sur la dynamique spatiale, les interactions entre ces différentes catégories d’acteurs et le sens de ces images, à la fois pour ceux qui les produisent et pour ceux qui les regardent. En nous appuyant sur des observations et des entretiens effectués sur le terrain, mais aussi sur des sources historiques, des témoignages publiés, des documents visuels (photographies, dessins et croquis), nous analysons, à travers des périodes distinctes de l’histoire récente de l’Iran, l’apparition progressive et la politisation des peintures murales de Téhéran en lien avec les appartenances locales.
Mots clés : art urbain, peinture murale, guerre Irak-Iran (1980-1988), révolution iranienne (1979), propagande, mémoire collective, martyr, chiisme, Téhéran, Iran
Abstract :
Under the Eye of Tehran’s Martyrs: An Anthropological Approach to Urban Iconography.
The city of Tehran now has countless mural paintings of imposing dimensions, in various colours and styles, among which the portraits of the martyrs of the Iran-Iraq war (1980-1988) are the subject of choice. These paintings, which refer to various socio-political events, affect different categories of the urban population : combatants and their family members, amateur or professional artists, public authorities, and more or less involved city inhabitants. This article proposes an anthropological reflection on the spatial dynamics, on the interactions between these different categories of actors and on the meaning of these images, both for those who produce them and for those who see them. Based on observations and interviews carried out in Tehran, but also historical sources, published testimonies and visual documents (photographs, drawings and sketches), we analyse the progressive appearance, through distinct periods in the contemporary history of Iran, and the politicization of Tehran’s murals in connection with local belonging.
Keywords :urban art, mural painting, Iran-Iraq War (1980-1988), Iranian Revolution (1979), propaganda, collective memory, martyr, Shiism, Teheran, Iran
Etat-nation et fabrique du genre, des corps et des sexualités. Iran, Turquie, Afghanistan (dirs. Azadeh Kian et Lucia Direnberger), 2019
Cet article essaye de montrer, à travers l'étude des changements récents quant à la place et au r... more Cet article essaye de montrer, à travers l'étude des changements récents quant à la place et au rôle des femmes et des corps féminins dans les cérémonies de Ashura, les différentes dynamiques de la société iranienne qui se manifeste autour de celles-ci. L'article commence par une présentation des bases de l'islam chiite et la place centrale des cérémonies de Muharram comme moyen d'expression collective et identitaire de la jeunesse dans l'Iran actuel ainsi que la dynamique complexe et les formes de réappropriation de ces cérémonies au sein de cette société entre un Etat qui se base sur la religion et les ferveurs populaires.
Abstract :
This article attempts to show, through the study of recent changes in the place and role of women and women's bodies in Ashura's ceremonies, the different dynamics of Iranian society that are manifested around them. The article begins with a presentation of the foundations of Shia Islam and the centrality of Muharram's ceremonies as a means of collective expression and identity of youth in present-day Iran as well as the complex dynamics and forms of re-appropriation of these ceremonies within this society between the religion-based state and popular fervour.
in : "Dictionnaire de l'humain" : A. Piette, J.-M. Salanskis, A. Raulin, I. Rival (eds.) Presses universitaires de Paris Nanterre, 2018 , 2018
Two-day international workshop cofunded by the Faculty of social anthropology/ethnology of the un... more Two-day international workshop cofunded by the Faculty of social anthropology/ethnology of the university of Bordeaux (France) and the Research Center for Islamic and Iranian Culture at the Shahid Bahonar University of Kerman (Iran); with the participation of the Cultural and Cooperation Departement of the French embassy in Iran; the Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain (IIAC-LAHIC, UMR 8177, CNRS-EHESS, Paris); the Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (LESC) of the university of Paris Nanterre; the Centre d’études en sciences sociales du religieux (CéSor; EHESS-CNRS, Paris) ; the School for Oriental and African studies of the university of London (SOAS).
Free participation according to the number of places available.
You must use the links below for on-line registration for each day:
Reservations 10/12/2018: https://inscriptions-lundi-10-decembre.eventbrite.fr
Reservations 11/12/2018: https://inscriptions-mardi-11-decembre.eventbrite.fr
مطالعات اجتماعی مرگ جستارهایی در باب مرگ در فرهنگ و جامعۀ ایرانی به کوشش هاجر قربانی, 2021
این مقاله، به دور از هیچ گونه ادعایی مبنی بر جامعیت، سعی دارد تا در درجۀ اول با مروری ساده و مردم... more این مقاله، به دور از هیچ گونه ادعایی مبنی بر جامعیت، سعی دارد تا در درجۀ اول با مروری ساده و
مردم نگارانه به توصیف مختصر تاریخی و فضای کنونی کلان گورستان بهشت زهرای تهران بپردازد
و بدین ترتیب تا حدی، گستردگی، اهمیت و نظام مندی آن را نشان بدهد. چیزی که برای کسانی
که آن را می شناسند ممکن است بدیهی بنماید، اما برای کسانی که هنوز با آن آشنایی ندارند،
کلیدی باشد برای شناساندن این مکان منحصربه فرد که به جرئت می توان گفت در جهان نظیری
برای آن وجود ندارد. در درجۀ دوم، سعی خواهد شد که طی توصیفات مردم نگارانۀ این مکان که
گاهی لحنی ادبی به خود می گیرند، برخی از نظرات صاحب نظران و محققانی که در حوزۀ علوم
اجتماعی در مورد گورستان به تفکر و تأمل پرداخته اند، همچنین ویژگی های برخی از گورستان های
دیگر در جهان، طرح شود تا بدین ترتیب ویژگی های منحصربه فرد این مکان بیشتر مشخص شود.
Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, n° 146 , 2020
Lieux de mémoire où se conjuguent gestion de l’ici-bas et représentation de l’au-delà, les cimeti... more Lieux de mémoire où se conjuguent gestion de l’ici-bas et représentation de l’au-delà, les cimetières et les tombes occupent une place concrète et symbolique considérable dans les mondes musulmans. Porteurs de sens juridiques, éthiques et eschatologiques, rapportés à l’islam comme Loi révélée (sharî‘a), ils font aussi l’objet de décisions politiques, d’appropriations sociales et de pressions économiques diverses. Comme fait social total, ils participent à la construction de la mémoire culturelle de la communauté.
Dans cet ouvrage, cimetières et tombes des musulmans sont étudiés à travers les enjeux religieux, politiques et mémoriels que présentent leur habitation, leur gestion et leur fréquentation. Huit contributions analysent ces aspects selon les approches croisées de l’islamologie, de l’anthropologie et des sciences sociales. Après un aperçu des traditions textuelles, des études de cas contemporains couvrent un large spectre géographique, de la Chine au Brésil en passant par le Liban.
Le dossier met en lumière la pluralité des statuts et des destins des défunts : saints, héros ou morts ordinaires ; morts en pays d’islam, en terre socialiste ou en émigration. Il montre comment les évolutions sociétales transforment des lieux et des rites apparemment immuables, mais aussi comment des pratiques et croyances perdurent en dépit des aléas politiques. Il établit par-là que les cimetières demeurent des lieux vivants où se reflètent et se construisent les sociétés musulmanes.
La revue Archives de sciences sociales des religions , 2020
La religion officielle et l'idéologie politique prô-nées par la République islamique d'Iran depui... more La religion officielle et l'idéologie politique prô-nées par la République islamique d'Iran depuis la révolution de 1979 ont produit un large répertoire d'idées et de pratiques religieuses. Cependant, au-delà de l'uniformité apparente des représenta-tions qui en sont données se dessine une pluralité de faits religieux. Ce dossier, « Religions en Iran », propose de les explorer dans des enquêtes qui se distribuent en deux parties : la première concerne la religion majoritaire et officielle, le chiisme duodécimain, et la seconde élargit le propos aux marges du chiisme et à d'autres confessions, le sunnisme et le mandéisme. « Religions en Iran » est l'aboutissement d'échanges et de rencontres menés depuis plusieurs années avec des chercheurs iraniens afin de croiser les regards et de mettre en dialogue des pratiques scientifiques différentes. Ces pratiques de recherche sont liées aux conditions de production du savoir des uns et des autres. Elles sont aussi le résultat de traditions intellectuelles inscrites dans le champ des sciences humaines et sociales, et de la conversation qui se noue entre elles. L'ensemble constitue un tableau composite des pratiques au sein d'une société tiraillée entre hyper-traditionalisme et hyper-modernité, entre religion officielle et arts de faire pour réinventer la religion.
Presse Universitaire de Nanterre, 2018, 235 p. , 2018
Traduction en persan de : Un ethnologue dans le métro. Marc Augé, 1986, Paris, Seuil. این ک... more Traduction en persan de : Un ethnologue dans le métro. Marc Augé, 1986, Paris, Seuil.
این کتاب ترجمه قارسی اثر مارک اوژه تحت همین عنوان است که اولین بار در سال ۱۹۸۶ توسط انتشارات سوی پاریس منتشر شده است.
ترجمه فارسی این اثر در سال ۱۳۹۷ توسط انتشارات علمی و فرهنگی زیر نظر اداره کل مطالعات اجتماعی شهرداری تهران منتشر گردیده است. .
Pendant plus de 40 ans, le quartier auto-construit de Zurâbâd s'est formé et transformé sur une c... more Pendant plus de 40 ans, le quartier auto-construit de Zurâbâd s'est formé et transformé sur une colline accidentée au milieu de la ville de Karaj à 45 km de Téhéran, la capitale iranienne. À la marge géogra-phique et sociale de la ville, le quartier se démarque autant par l'irré-gularité de son relief que par la densité de son tissu urbain. Son déve-loppement circulaire du bas vers le haut s'étend jusqu'au sommet de la colline avec des constructions de plus en plus fragiles. Les descriptions et l'analyse ethnographiques de l'auteur dépassent l'évidence de la pauvreté et de la précarité matérielle de ce quartier, le réduisant à une société défavorisée et sans identité, en marge de la société urbaine dominante, et stigmatisée comme un lieu de chaos et de misère. L'auteur rend compte, au contraire, d'un équilibre humain et d'une authentique qualité de vie. Elle met en lumière ce que les sta-tistiques, les discours officiels et les représentations courantes ignorent ou occultent : l'ordre invisible qui sous-tend, harmonise et pérennise une société laissée pour compte par l'État et livrée à elle-même. Cet ordre créé par les habitants eux-mêmes en vertu de mille savoir-faire concrets et de tout un système de valeurs spirituelles ou symboliques. Elle analyse les pratiques quotidiennes des habitants sous différents angles structurant leur vie sociale : l'aménagement et la gestion d'un espace réduit et accidenté ; l'« art de faire » mobilisé pour engendrer un quartier à partir du néant ; les « formes de vie » cultivées pour faire société en marge de la ville ; enfin, les expressions identitaires mani-festées à l'occasion de certains temps rituels majeurs, à l'intérieur du quartier comme en direction de la ville. Au miroir singulier de ce quartier, le livre propose aussi un regard nuancé sur de la culture iranienne contemporaine dans laquelle s'ins-crivent les manières de vivre des Islamâbâdis. Sepideh Parsapajouh est anthropologue et chargée de recherche au CNRS (Laboratoire d'anthropologie urbanités mondialisations / Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain).
Abstract: یکی از کتاب ها و منابع موجود در زمینه ی انسان شناسی شهری، که از منابع اولیه ی کار شد... more Abstract:
یکی از کتاب ها و منابع موجود در زمینه ی انسان شناسی شهری، که از منابع اولیه ی کار شده در این حوزه پس از طرح و تدرس مباحث جدید انسان شناسی شهری در ایران محسوب می شود، کتاب «ما، آن ها؛ اتنوگرافی یک تردید»، پژوهشی است که توسط سپیده پارسا پژوه (مدیر گروه شهر و فرهنگ انسان شناسی و فرهنگ)، به عنوان پایان نامه ی مقطع کارشناسی ارشد انجام شده است.
«ما، آن ها» بررسی هویت جمعی در اسلام آباد کرج از منظر انسان شناختی است. این کتاب با مقدمه ای از ناصر فکوهی (استاد راهنمای این پایان نامه) با عنوان "انسان بودن، انسان زیستن، انسان شناختن" آغاز می شود، که بخشی از این مقدمه را می خوانیم:
«این کتاب شاید بهتر و بیش تر از هر استدلالی بتواند نشان دهد که انسان شناسی چیست و چه باید باشد: یک زندگی، یک زندگی پر شور؛ یک شناخت، شناختی انسانی بر انسان ها، یک آگاهی، آگاهی هم دلانه و هم زبانی میان انسان ها؛ یک آینده، آینده ای برای تنوع ها، تفاوت ها، غنای فرهنگی و در آن واحد وحدت انسانی و هم سازی و هم زیستی با طبیعت.»
مولف، کتاب را پژوهشی انسان شناسانه درباره ی موضوع هویت و چالش های مربوط به آن می داند که در محله ای حاشیه ای و مهاجر نشین انجام گرفته است. مولف در مقدمه ی خود بر این پژوهش که با روش کیفی و انسان شناختی انجام گرفته است، می نویسد:
«این پژوهش در واقع در پی درک این موضوع حرکت کرده است که نوجوانان در چنین شرایطی، یعنی تولد و رشد در اجتماعی که دارای هویتی محکوم و انگ خورده است، با توجه به سنین حساسشان در آن تجدید نظر در مورد هویت صورت می گیرد، با تنش های موجود چگونه درگیر می شوند، چه واکنش هایی در مقابل آن نشان می دهند؟ و در این میان آیا فرهنگ خاصی به عنوان یک کل منسجم آن ها را در بر می گیرد و مورد حمایت قرار می دهد؟»
مولف این کتاب را به دختران نوجوان اسلام آباد تقدیم کرده است .
EHESS-CNRS, 2022
International conference. Doing and undoing academic approaches to religion (REFLEX) This intern... more International conference. Doing and undoing academic approaches to religion (REFLEX)
This international conference aims to bring together researchers around the issue of “religion” to reflect on the practice and development of the social sciences: the disciplinary status of academic approaches to religion, the institutions within which they are embedded, the global circulation of these discourses, and their social function.
Perhaps more than ever in recent decades, the issue of religion arises across all areas of social life, from the private sphere to public forums, as well as within academic discourses dedicated to its analysis. This “renewal” in the study of religion challenges the founding paradigms of the social sciences and invites us to rethink the ways in which “religion”, as an object of study, continuously shapes our disciplines. To address these questions, we propose to establish a dialogue between researchers of diverse disciplines and institutional, cultural and socio-political contexts, with a view to provide detailed insights grounded in the longue durée and in comparative perspective.
We propose to approach religion trough three major themes: 1. Spaces and places of knowledge production; 2. Translations and circulations of concepts, categories and objects; 3. Ethics, politics and the city.
Colloque international. Construire, déconstruire, reconstruire les sciences sociales : Réfléchir les défis du religieux (REFLEX)
Ce colloque a l’ambition de réunir des chercheurs et chercheuses à l’échelle nationale et internationale autour de la « question religieuse » comme levier de réflexion sur la pratique et le développement des sciences sociales, à partir d’un questionnement sur la situation disciplinaire des sciences sociales du religieux, sur les institutions qui leur donnent site, sur la cartographie mondiale de ces sciences dans la dynamique de leur circulation, et sur leur fonction sociale.
Aujourd’hui, peut-être plus que jamais au cours des dernières décennies, la question du religieux traverse tous les domaines de la vie sociale, de la sphère intime à la tribune publique, ainsi que les discours scientifiques qui tentent de les appréhender. Ce « renouveau » de la question religieuse bouscule les paradigmes à partir desquels les sciences sociales se sont construites et invite à repenser la manière dont l’objet « religion » ne cesse de travailler nos disciplines. L’exigence d’une telle réflexion nous a imposé le projet d’un dialogue entre des acteurs de toutes disciplines, issus de divers cadres institutionnels et contextes socio-politiques et culturels, pour apporter des éclairages circonstanciés, dans une perspective de longue durée et dans un espace culturel élargi.
Dans cette perspective, « la question religieuse » semble réfléchir les défis de plusieurs ordres que l’on peut regrouper sous trois thèmes majeurs autour desquels ce colloque international s’organisera : 1. Espaces et lieux de production des savoirs ; 2. Traductions et circulations des concepts, des catégories et des objets ; 3. Éthique, politique et la cité.
انجمن جامعه شناسی ایران. گروه جامعه شناسی دین, 2021
نشست اینستااگرامی
15ème Journée Henry Corbin , 30 novembre , 2019
Cette présentation a eu lieu dans le cadre du la 15ème Journée Corbin, le 30 novembre 2019, intit... more Cette présentation a eu lieu dans le cadre du la 15ème Journée Corbin, le 30 novembre 2019, intitulé : "Combat spirituel, combat terrestre".
Argumentaire de la journée:
Cette journée a eu lieu dans le prolongement d’une émission radiophonique de 1959 durant laquelle Henry Corbin et Alphonse Dupront s’entretinrent sur la notion de guerre sainte, de violence sacrée. Cette journée a proposé des interrogations libres sur le rapport entre combat militaire et effort spirituel en terre d’islam et en Occident chrétien à partir d’exemples précis : rapport purement symbolique, ou bien concomitant, ou encore opposition entre violence et spiritualité.
"The Enigma of Muslim Woman" par Minoo Moallem. Discutante : Lucia Direnberger Séance organis... more "The Enigma of Muslim Woman" par Minoo Moallem.
Discutante : Lucia Direnberger
Séance organisée par deux laboratoires : CéSor (Ecole des Hauts Etudes en Sciences Sociales) et Sophiapol (Université Paris Lumière)
CYCLE DE CONFÉRENCES PUBLIQUES, IISMM, 2019
Intervention au colloque "Les interactions entre chiʿites duodécimains et chrétiens : histoire, t... more Intervention au colloque "Les interactions entre chiʿites duodécimains et chrétiens : histoire, théologie, littérature", Institut Catholique de Paris, 11-12-13 avril 2018
2EME CONGRES DU GIS MOYEN-ORIENT ET MONDES MUSULMANS En poursuivant notre réflexion collective et... more 2EME CONGRES DU GIS MOYEN-ORIENT ET MONDES MUSULMANS
En poursuivant notre réflexion collective et comparative sur les expressions sociales, politiques et religieuses de la mort, initiée lors de notre atelier du 1 er congrès du GIS Moyen Orient et mondes musulmans-Le cimetière à la croisée des politiques : espace, Etat, religion-, nous proposons pour ce deuxième congrès de tourner notre regard vers les expressions textuelles, écrites, orales et imagées du funéraire. La place que chaque société accorde au deuil et à ses expressions individuelles, collectives, spirituelles ou politiques varie sensiblement. Dans les espaces moyen-orientaux et maghrébins, confrontés depuis plusieurs décennies aux conflits et aux guerres, la mort et le deuil font partie du quotidien ; leurs manifestations sont cultivées et travaillées de façon particulière par les individus et les groupes, religieux et/ou politiques. Le funéraire peut même faire l'objet d'un véritable travail d'esthétisation et de patrimonialisation dans le champ urbain. La douleur de la perte est souvent sublimée dans des expressions dramatiques individuelles et collectives qui méritent d'être interrogées. Cet atelier réunira anthropologues et historiens autour d'une réflexion comparative sur les formes et les significations des oeuvres produites à l'occasion de la mort et du deuil. Poésies élégiaques, peintures murales, cinéma de guerre, théâtre dramatique, chants funèbres, épitaphes et monuments mémoriaux sont autant de productions sociales, religieuses, politiques et urbaines à partir desquelles seront envisagées les questions de l'esthétisation et de la politisation de la mort.
L’espace public urbain, à la fois espace de représentation politique, sociale et culturelle et sc... more L’espace public urbain, à la fois espace de représentation politique, sociale et culturelle et scène d’expression est le lieu même de dramaturgies qui s’illustrent par une variété de manifestations à travers le monde. Expressivité de la politique, de la religion, du sport, de la culture ou de l’art, elles s’exposent à travers les rues et les places et font de la ville le véritable théâtre d’un récit épique ou imaginaire.
Ce colloque s’attache à étudier certaines d’entre elles qui prennent un relief particulier en fonction des métropoles, des contextes culturels et nationaux qui les portent pour mieux rendre compte de la vitalité de ces formes d’expression, de leur inventivité stylistique, culturelle et même technologique.
Loin d’être une religion monolithique, l’islam se caractérise par sa pluralité. Cette pluralité e... more Loin d’être une religion monolithique, l’islam se caractérise par sa pluralité. Cette pluralité est dominée par deux grandes branches qui se sont construites en opposition réciproque tout au long de l’histoire — la majorité sunnite, issue de l’allégeance aux premiers califes ayant succédé au Prophète et la minorité chiite, placée sous l’autorité spirituelle du cousin et gendre de Muhammad — dont la rivalité alimente l’actualité la plus conflictuelle.
La cérémonie d’Âshurâ’ commémore chez les chiites le martyre de leur troisième imâm, Husayn, fils cadet de ‘Alî, à la bataille de Karbalâ’ (681). Cet événement tragique fut à bien des égards fondateur du chiisme et sa commémoration, qui prend des formes assez diverses selon les périodes et les régions, est jusqu’à aujourd’hui un véritable marqueur identitaire de l’islam chiite.
En Iran, pays majoritairement chiite depuis des siècles, les cérémonies d’Âshurâ’ sont l’expression la plus flagrante de la dévotion populaire et représentent un « fait social total ». Au cours de l’histoire récente, deux faits sans précédent en ont profondément modifié les formes et les enjeux : l’exode rural et la Révolution islamique. Depuis le début des années 60, de nombreuses communautés ethniques issues de toutes les régions d’Iran et de pays frontaliers (Azeri, Lors, Fars, mais aussi Afghans) se sont concentrées dans la capitale. À observer les cérémonies d’Âshurâ’ dans l’espace urbain de Téhéran, il apparaît que ces communautés en saisissent l’occasion pour montrer leur différence et rivaliser de ferveur, à travers des performances spectaculaires conjuguant la musique, l’auto-flagellation et l’exhibition d’objets emblématiques. Par ailleurs, l’État de la République islamique s’emploie depuis 1979 à encadrer ces cérémonies pour affirmer son autorité religieuse et consolider l’unité nationale. Dans ce but, certains traits cérémoniels se sont vus renforcés et d’autres marginalisés, comme les célèbres mortifications sanglantes et certains particularismes ethniques.
Dans cette communication, je montre comment la cérémonie d’Âshurâ’, dans le contexte particulier de son étatisation en Iran actuel, suscite des formes de réinvention et de réappropriation inédites par les groupes ethniques et sociaux minoritaires dans la capitale. Ce processus d’ethnicisation du rituel peut être illustré par le jeu agonistique accru, les stratégies variées d’occupation de l’espace public, les formes diverses de création artistique, musicales notamment, mobilisées par la cérémonie, ainsi que par certains aspects de concurrence économique.
Mots clés : Islam chiite, Téhéran, République Islamique, cérémonie d’Âshurâ, étatisation du religieux, rapport agonistique, réinvention religieuse, groupe ethnique,
Les poésies funèbres nommées marsiyeh, et plus tard nowheh, font partie intégrante des rituels de... more Les poésies funèbres nommées marsiyeh, et plus tard nowheh, font partie intégrante des rituels de Moharram depuis le drame même de Karbalâ’. En Iran, ce genre poétique a connu des changements assez importants depuis le début de la période moderne (l’ère safavide aux XVIe et XVIIe siècles) et au cours des différentes phases de l’époque contemporaine. Une analyse du style, du contenu et de l’usage du marsiyeh durant les dernières décennies, montre ainsi le lien étroit des croyants avec ce genre littéraire pratiqué comme un langage propre, un moyen de communication avec l’autre (l’adversaire du passé ou du présent) et un instrument de (ré)appropriation du religieux. Dans cette présentation, après une courte introduction sur la spécificité de ce genre littéraire, nous montrerons sa place dans les cérémonies de Muharram en analysant le rôle de ses acteurs à savoir les poètes, les chantres et le public. Les évolutions notables de ce genre littéraire seront aussi appréhendées comme des reflets des changements de la société. Les rituels populaires chiites et leurs expressions poétiques apparaîtront ainsi, non comme des faits religieux seulement, mais aussi comme des vecteurs d’action sociale.
Au sein du chiisme iranien, deux catégories de traditions populaires, ensembles de rituels, de pr... more Au sein du chiisme iranien, deux catégories de traditions populaires, ensembles de rituels, de pratiques et de croyances, ont pris forme au cours du temps autour du mal, représenté par la mort subie par les figures saintes, des « gens de la famille du Prophète » (ahl al-bayt). La première catégorie comprend les expressions littéraires du genre élégiaque nommé marsiyeh (proche de la tragédie de la Grèce antique), exprimant la passion et la compassion pour les victimes de la mort injuste (à commencer par Husayn, le troisième imam, et ses compagnons) ; la deuxième catégorie rassemble des expressions violentes et satiriques de malédictions adressées aux auteurs de la mort injuste ; il s’agit en particulier du rituel nommé ‘Umar-Koshi (sur le meurtre de ‘Umar). On peut trouver pour ces deux traditions des antécédents en Iran préislamique. Mais toutes deux s’inscrivent clairement dans le double principe chiite de tawwalâ (le devoir d’aimer les imams et leurs amis) et tabbarâ (le devoir de haïr les ennemis des imams). Au cours de l’histoire, ces pratiques ont connu des phases cycliques de discrétion et d’excès. Elles sont toutes deux aujourd’hui très vivaces parmi les simples croyants en Iran, et ce, malgré les contraintes du pouvoir politiques et de la religion institutionnelle.
Dans cette présentation, après une brève présentation historique du processus de formation de ces deux traditions, j’analyse le développement de la forme et du sens de ces pratiques en interaction avec les pouvoirs religieux et politiques, dans le contexte social du chiisme. Les données de cette présentation, outre des documents historiques, sont issues des recherches de terrain, d’observations et d’entretiens réalisés dans la société iranienne au cours des dernières années...
Cette journée d'étude (17 Octobre 2015) s'inscrit dans un réseau de recherche intitulé Mise en sc... more Cette journée d'étude (17 Octobre 2015) s'inscrit dans un réseau de recherche intitulé Mise en scène, mise en visibilité des martyrs en mondes musulmans et qui se décline, dans différents pays et différents types d'institutions, en colloques internationaux, journées d'étude, ateliers et séminaires. Partant du constat d'une exposition aussi nombreuse que diverse des figures de martyrs dans les espaces publics de pays musulmans, ces rencontres interrogent la dynamique de ces représentations, leur circulation par-delà les frontières (gestes d'emprunts, de rejets), leurs éventuelles mutations au gré des changements (sociaux, politiques, techniques) et leur évolution en fonction des modes et du temps qui passe. La question de la mutation du statut de ces représentations (de force de mobilisation à enjeux de mémoires) détachées ou non d'une dimension religieuse, participe pleinement aussi de ces réflexions. La première rencontre, centrée sur les martyrs de la guerre Iran-Irak a eu lieu le 24 avril 2015 à Téhéran. Il s'agit aujourd'hui d'aborder plus spécifiquement ces questions en se focalisant sur les processus de fabrication (peintures, photographies, pochoirs, images numériques…), sur les supports d'affichage (murs, musées, internet) ainsi que de mettre en rapport ces productions par-delà les singularités des pays, des conflits et des mythologies, pour en interroger le sens et les évolutions. Cette journée réunit des chercheurs de différentes disciplines (histoire de l'art, anthropologie, sciences politiques, sciences de l'information et de la communication, études du fait religieux…), travaillant sur différents pays, mais aussi des acteurs de la vie urbaine qui organisent cet espace de visibilité et des artistes qui interrogent les représentations de ces martyrs dont les yeux regardent les vivants...
Cet hommage à Colette Pétonnet a eu lieu le 29 et 30 septembre 2014 à l’Université Paris-Ouest Na... more Cet hommage à Colette Pétonnet a eu lieu le 29 et 30 septembre 2014 à l’Université Paris-Ouest Nanterre La Défense où elle a enseigné dans le cadre du Département d’Ethnologie. Elle fut la fondatrice avec Jacques Gutwirth (1926-2012), du Laboratoire d’anthropologie urbaine (LAU) au CNRS en 1982. Ses travaux, qui furent pionniers sur les terrains de la ville, de la banlieue et des bidonvilles, n’ont cessé d’envisager des approches originales de ces réalités.
Cet événement a été organisé par : Marie-Claude Blanc-Chaléard; Catherine Choron-Baix ; Franck Mermier ; Virginie Milliot ; Sepideh Parsapajouh, Anne Raulin et Martine Segalen
Ce colloque organisé le 20 et le 21 mars 2015 à Paris (IISMM, EHESS, CéSor) a réunit des chercheu... more Ce colloque organisé le 20 et le 21 mars 2015 à Paris (IISMM, EHESS, CéSor) a réunit des chercheurs en sciences sociales (histoire contemporaine, anthropologie et sociologie) sur le fait religieux en Iran afin de confronter les travaux en cours et d’engager un réel dialogue entre différentes équipes de recherche.
L’objectif de ces journées était de faire connaître les travaux respectifs des chercheurs iraniens et français, de nouer des relations suivies qui permettront d’engager des échanges entre chercheurs et étudiants des deux pays, de relancer ainsi les études sur réciproques et de soutenir les étudiants qui se sont déjà engagés dans des travaux sur ces deux terrains.
Différentes thématiques ont été traitées et discutées à travers les présentations des participants sur des sujets divers comme : l’articulation des pratiques religieuses populaires et de la religion institutionnelle ; la modernisation du clergé ; les nouveaux mouvements religieux ; la réinvention et la réappropriation des pèlerinages, des rituels de Ashura et d’autres célébrations annuelles, des lieux de culte, etc. Le résultat de ce colloque va apparaitre dans un dossier thématique de la revue ASSR.
Social Sciences and Missions, 2017
Ce livre est à la fois une historiographie et une anthropologie historique d' une rencontre parti... more Ce livre est à la fois une historiographie et une anthropologie historique d' une rencontre particulière entre deux mondes chrétiens opposés: celui des mis-sionnaires américains évangéliques arrivés à Urumieh, au nord-ouest de l'Iran, au début des années 1830, et celui des Chrétiens d'Orient appelés «Nestoriens» par ces missionnaires comme par les orientalistes mais se désignant eux-mêmes du nom de «Syriens» avant d' adopter plus tard celui d' «Assyriens». Il s'agit d'une communauté ethno-religieuse dérivée de la tradition chrétienne syriaque, laquelle comprenait les syriens orthodoxes, les maronites et quelques autres Églises, établie au début du xixe siècle dans le sud-est de la Turquie, le nord de l'Irak, le nord-ouest de l' Iran et l'est de la Syrie. Mais ce livre est surtout l'étude du phénomène inattendu né de cette rencontre : une reven-dication nationaliste à la fois moderne et ancrée dans l' histoire la plus an-cienne. Adam H. Becker montre comment la présence des missionnaires évangé-liques américains durant le xixe siècle au nord-ouest de l'Iran a contribué au développement d'une identité nationale sécularisée mais non désacrali-sée parmi les chrétiens locaux (p. 4–5). A partir de l'analyse des idées, des valeurs et des mentalités de ces missionnaires, l'auteur essaye d' articuler les rapports entre deux phénomènes du siècle dernier, à savoir le « réveil chré-tien» (revival) et le «réveil national » (awakening), ces deux termes ne faisant qu'un en langue néo-araméenne (p. 4). Il montre comment les efforts de ces missionnaires, qui avaient l'intention d' apporter une réforme et un « réveil» à l'ancienne Église d'Orient, ont plutôt préparé le terrain à l' apparition d'une identité nouvelle, d'une compréhension commune, voire même d'un engagement créatif collectif, entre les chrétiens dispersés dans les divers villages et tribus. Les identités ethnico-religieuses plus ou moins concurrentes allaient se rassembler désormais sous un nom commun: «Assyrien», puisé dans l' histoire antique de la Mésopotamie, au lieu de « Nestoriens», nom globalisant qui leur avait été donné auparavant par les missionnaires. Ce livre nous apporte des informations documentées, accompagnées de fines analyses autour de l'émergence de la conscience nationale assyrienne ancrée dans leurs traditions syriennes ecclésiales, concomitante du développe-ment d'une nouvelle culture séculière stimulée par les interactions avec la piété protestante des missionnaires (p. 10). La manière d' être chrétien (christianity) des missionnaires américains n'était pas, dans cette confrontation, une tradi
EHESS-CEIAS-CéSor-IISMM, 2019
The material culture of Shia societies remains an under-studied area. This workshop proposes to ... more The material culture of Shia societies remains an under-studied area. This workshop proposes to focus on the material and artistic culture of Shia piety through the relic and devotional media, such as objects used in the rituals of Hussein and Moharram worship, as well as votive objects of everyday life, in the public and private sphere. These are both objects and material elements made for devotional purposes and objects that become sacred and hold supernatural powers over time through a form of connection (dedication, prayer, touch) with a divine source.
La culture matérielle des sociétés chiites reste un domaine sous-étudié. Cette Journée d'Etude propose de se concentrer sur la culture matérielle et artistique de la piété chiite à travers la relique et les supports dévotionnels, comme les objets utilisés dans les rituels du culte de Hussein et de Moharram, ainsi que les objets votifs du quotidien, dans la sphère publique et privée. Il s’agit aussi bien des objets et d’éléments matériels fabriqués à des fins dévotionnelles que des objets qui deviennent sacrés et porteurs de pouvoirs surnaturels au cours du temps à travers une forme de connexion (dédicace, prière, touché) avec une source divine.
Cette journée d’études est organisée dans le cadre du séminaire : « Islam savant et islam popula... more Cette journée d’études est organisée dans le cadre du séminaire :
« Islam savant et islam populaire : contradictions et interactions. Une approche transdisciplinaire » (IISMM-EHESS)
Organisée par : Sepideh Parsapajouh - Mathieu Terrier
Avec le soutien de l’IISMM, LEM, CéSor
RITUALITÉ EN TRANSITION DANS LES MONDES CHIITES De l’Asie du sud au Moyen-Orient, les mondes c... more RITUALITÉ EN TRANSITION DANS LES MONDES CHIITES
De l’Asie du sud au Moyen-Orient, les mondes chiites sont aujourd’hui plus que jamais le théâtre de manifestations religieuses aux aspects les plus variés et les plus mouvants. Les sociétés chiites sont connues par leurs ritualités cérémonielles importantes, animées depuis 16ème, autour de la figure de l’ Imam Husayn, et de nombreux travaux historiques, anthropologiques et sociologiques sur les terrains différents leur ont été déjà consacrés. Ces travaux classiques montrent à la fois la diversité de ces rituels et leur tronc commun. Toutefois, il semble que depuis les dernières décennies, en parallèle avec les conditions politiques et géopolitiques affectant ces sociétés (pakistanaise, indienne, iranienne, irakienne, libanaise et syrienne, pour n’en citer que quelques-unes) où la question religieuse est au premier plan, on assiste à un nouvel investissement populaire dans cette ritualité traditionnelle, plus ou moins encadré par la religion institutionnelle et les autorités politiques.
Dans quelle mesure peut-on parler d’une transition rituelle dans ces mondes chiites d’aujourd’hui ? Comment peut-on analyser ces manifestations phénoménales ? Quelles sont les formes rituelles dominantes dans chacune de ces sociétés ? Peut-on parler d’un véritable changement de conduite rituelle ? S’agit-il aussi d’un changement de sens derrière l’évolution de leurs formes ? Entre une religion savante et institutionnellement définie, les régimes politiques plus ou moins religieux et les simples croyants plus ou moins engagés, qui sont les véritables acteurs de ces changements ? Par quels processus ? Quelles figures (mythiques, historiques, théologiques, politiques), mémoires et motifs, sont à l’origine de cette transition ? Et enfin, existe-t-il une circulation de modèles rituels entre ces différentes aires culturelles dans ces changements ?
La problématique de cette rencontre ressort d’une hypothèse qui a émergé à partir des observations et des recherches récentes sur des aires culturelles diverses, et qui nous a motivé à envisager une journée d’étude pour rassembler les spécialistes de différentes disciplines (anthropologie, géographie, histoire et sociologie) et aires culturelles, afin de croiser les résultats des travaux et à réfléchir ensemble autour de la question d’une éventuelle transition rituelle au sein des chiismes.
Du cultuel au culturel… et retour : regards ethnologiques sur le patrimoine religieux. 28 mars 2... more Du cultuel au culturel… et retour : regards ethnologiques sur le patrimoine religieux.
28 mars 2018, Ministère de la Culture, Paris.
Dans le cadre du séminaire EHESS Religion et politique : stratégies patrimoniales et horizons apocalyptiques, se tiendra, le 28 mars 2018, de 9h30 à 17h, au ministère de la culture (182 rue Saint-Honoré, Salle Foyer, Paris), une journée d’études sur le thème : Du cultuel au culturel… et retour : regards ethnologiques sur le patrimoine religieux.
Vous êtes chaleureusement invité.e.s à y participer et à y inviter toute personne intéressée.
Songez à vous munir d’une carte d’identité, elle vous sera demandée à l’accueil.
Ecole des Hautes études en Sciences Sociales (EHESS); Seminar , 2022
Le chiisme, principale minorité de l’islam, se distingue du sunnisme majoritaire tout à la fois p... more Le chiisme, principale minorité de l’islam, se distingue du sunnisme majoritaire tout à la fois par un corps de doctrines contenu dans des textes et par un ensemble de pratiques déployées au sein des sociétés. D’une part, un corpus scripturaire considérable dans les domaines du hadith, de l’historiographie, de la théologie ou de la philosophie. D’autre part, un éventail de pratiques dévotionnelles et rituelles, certaines quotidiennes et privées, d’autres collectives et inscrites dans un calendrier rituel, mais aussi de modes de vie mystiques et de formes d’engagement politiques. Loin d’être monolithique, le chiisme s’est tôt divisé en de nombreux courants dont ne subsistent aujourd’hui que le chiisme imâmite ou duodécimain, l’ismaélisme, le zaydisme, le nuṣayrisme-‘alawisme, ainsi que des courants mystiques plus ou moins ouvertement affiliés au chiisme (shaykhisme, bektashisme et autres). On peut aussi étendre ce spectre à des courants issus et séparés du chiisme, voire de l’islam dans son ensemble (druzisme, bahâ’isme).
Après avoir longtemps été le parent pauvre des études sur l’islam, le chiisme fait l’objet d’un intérêt croissant du monde de la recherche depuis une cinquantaine d’année. Toutefois, il faut bien constater que l’intérêt des orientalistes s’est longtemps focalisé sur les textes et les doctrines, tandis que les travaux récents dans les domaines de l’histoire et des sciences sociales sont largement centrés sur l’action politique. De même, on relève souvent une séparation des travaux sur le chiisme ancien, axés sur les doctrines fondamentales, et sur le chiisme moderne et contemporain, centrés sur le pouvoir et la société.
Notre séminaire aura donc vocation à aborder de concert et de manière croisée les dimensions textuelle et pratique du chiisme en conjuguant une approche islamologique et une approche anthropologique, avec la collaboration de collègues issus des sciences religieuses comme des sciences sociales. Plus encore, il se propose d’examiner directement l’interaction entre ces deux dimensions du chiisme en s’intéressant particulièrement aux textes sur les pratiques (dans les domaines du droit, de l’éthique, de la mystique) et à la pratique des textes (dans les temps rituels et la vie quotidienne des diverses sociétés). Les différentes périodes, aires culturelles et branches doctrinales du monde chiite seront envisagées. Le séminaire pourra également accueillir des spécialistes d’autres courants de l’islam ou d’autres religions pour offrir des perspectives comparatistes.
Nous approfondirons par là, sur le terrain du chiisme, une approche bidimensionnelle et transdisciplinaire poursuivie pendant quatre ans (2017-2021) sur l’islam dans sa globalité dans notre séminaire « Islam savant et islam populaire : interactions et contradictions. Une approche transdisciplinaire ». Suivant le même modèle, chaque séance sera conçue comme un dialogue entre deux communications, l’une plus axée sur les textes et les doctrines, relevant de l’islamologie, l’autre plus axée sur l’observation et les pratiques, relevant des sciences sociales.