Mohamed Mahdi | ENAM - Academia.edu (original) (raw)
Papers by Mohamed Mahdi
La "modernité de la Jma'a" interroge la relation particulière, faite de rupture et de continuité,... more La "modernité de la Jma'a" interroge la relation particulière, faite de rupture et de continuité, que les communautés entretiennent avec la tradition. C'est là une des acceptions du concept de modernité. L'article postule que la Jma'a existe et existera tant qu'existent des communautés qui partagent des intérêts matériels et spirituels, et revendiquent une identité commune pour s'affirmer et donner sens à leurs vies. En s'appuyant sur des données empiriques anciens et nouveaux, l'article décrypte la Jma'a dans son déploiement actuel, telle qu'elle est vécue dans les communautés rurales contemporaines et non telle qu'elle est fantasmée par des imaginaires qui l'essentialisent. Il montre que la Jma'a est une construction sociale d'acteurs, constamment reconfigurée et refaçonnée par l'histoire sociale particulière de chaque groupe et par le type de relation que ce groupe entretient avec la société globale.
Asinag, 2022
Dossier spécial sur économie et culture en milieux amazighes paru dans le numéro 17 de la revue A... more Dossier spécial sur économie et culture en milieux amazighes paru dans le numéro 17 de la revue Asinag et dont voici le début de la présentation : "Les Amazighes ont marqué l’histoire économique de l’Afrique du Nord. Pour ne prendre que quelques exemples, nous pouvons citer la maison commerciale d’Iligh qui a dominé une partie de l’axe occidental du commerce transsaharien alors que les commerçants de Ghadamès jouaient un rôle important au niveau de la route orientale (Miège 1981). Ce commerce a été largement documenté aussi bien quantitativement que qualitativement grâce aux sources européennes par des auteurs comme Edward William Bovill (1958) ou Jean-Louis Miège (1962). Pour ce qui concerne plus spécifiquement l’axe occidental de ce commerce, les travaux de Lmokhtar Soussi (1966) ou de Paul Pascon (1984) ont mobilisé des sources locales, ce qui a permis de rendre compte des enjeux d’ascension, de chute et de réémergence du pouvoir politico-économique d’une maison commerciale amazighe au Sud du Maroc. Le choc colonial a introduit de profonds changements au niveau des structures socio-économiques de la région. La pénétration coloniale en Afrique du Nord a amorcé un processus qui dessaisit, sur le long terme, les institutions communautaires économiques amazighes de plusieurs de leurs attributions. Elle a d’abord provoqué la remise en cause des règles collectives créant un climat d’insécurité à la fois pour le commerce transsaharien et pour les échanges dans le circuit soukier et des grandes foires. L’administration coloniale a ensuite déployé une ingénierie logistique et territoriale qui lui a permis de réorganiser les échanges en mobilisant des réseaux portuaires, ferroviaires et routiers à même de lui assurer l’écoulement des marchandises européennes et d’inscrire les régions intérieures d’Afrique du Nord dans des rapports de dépendance et de soumission politico-économique à l’égard des colonies urbaines qu’elle développait dans le littoral. Paradoxalement, la croissance de certaines grandes villes a permis l’essor de communautés amazighophones urbaines, tels que les Soussis à Casablanca (Waterbury 1972 ; 2020) ou les djerbiens à Tunis, qui jouent, encore aujourd’hui, un rôle économique de premier plan."
La fête du mouton
La tradition musulmane rapporte que le prophète Ibrahîm, aidé par Ismaïl son fils docile, a édifi... more La tradition musulmane rapporte que le prophète Ibrahîm, aidé par Ismaïl son fils docile, a édifié la Kacba qui deviendra le haut lieu de l’islam. Mais c’est le prophète Muhammad qui institua le sacrifice pour les musulmans, en égorgeant un mouton lors du pèlerinage de l’Adieu pendant lequel, d’ailleurs, il annonça la fin de sa mission prophétique. En sacrifiant à la Mekke, Muhammad a imité le geste d’Ibrahîm. Il répondit à ceux qui s’en étaient étonnés que « chaque rite est un bienfait ». Le..
Sacrifier, mettre à mort rituellement une victime animale, voilà qui s'inscrit au coeur de multip... more Sacrifier, mettre à mort rituellement une victime animale, voilà qui s'inscrit au coeur de multiples pratiques des sociétés musulmanes, qu'elles soient transplantées en Europe, ou qu'on les observe parmi ce milliard d'individus qui, à travers le monde, de l'Afrique à l'Asie, suit la foi révélée par le Prophète Muḥammad. Égorger de ses ongles la victime animale au Maghreb, boire ou se baigner dans le sang de celle-ci dans les cultes zar soudanais, partager et cuisiner les chairs des bêtes égorgées au sein de la communauté, comme dans la Grèce ancienne, ou solliciter une protection. Que reste-t-il de l'islam dans ces formes quotidiennes du sacrifice ? Encore faudrait-il, ou non, distinguer celui-ci de l'abattage rituel des animaux nécessaires à la consommation halâl des chairs, tout comme dans le cas des viandes juives casher. On peut mettre pourtant en évidence un modèle musulman du rituel sacrificiel, que reconstruit l'anthropologue à partir des rites établis dans la sunna, dans les gestes et dires du Prophète. Le sacrifice que se propose de faire Abraham de son fils, Isaac pour les juifs, Ismaël pour les musulmans, répond à des questions fondamentales : comment peut-on naître d'une femme ? Comment assumer le rôle de père et la soumission du musulman à Dieu ? Questions que pose aussi le sacrifice effectué pour la naissance d'un enfant. Voilà la vision orthodoxe qui inspire le sacrifice du Pèlerinage à La Mekke, et celui effectué le même jour dans l'ensemble de la communauté musulmane à l'occasion de la fête de l'ayd alkabîr. L'islam n'inscrit pas, contrairement au christianisme, le sacrifice au coeur de son dogme. Il lui accorde cependant une place essentielle dans ses pratiques rituelles : accompagnant toutes les étapes de la vie individuelle, producteur du lien social, lieu de multiples recompositions et transgressions, produisant de nouvelles références locales à l'universalité que celles qu'induit le modèle ibrâhîmien, les rituels sacrificiels musulmans illustrent l'ensemble des thèmes que la théorie anthropologique du sacrifice s'est attachée à mettre en évidence : « cuisines du sacrifice », « dette » sacrificielle, fonctions thérapeutiques, etc. Une première synthèse donc, illustrée d'exemples tous contemporains, qui nous apporte sur la pratique des sociétés musulmanes un éclairage unique.
Revista de Estudios Internacionales Mediterráneos, 2020
Bearing in mind that elections are an auspicious time to raise local political issues, this artic... more Bearing in mind that elections are an auspicious time to raise local political issues, this article analyses the strategies of young men and women leaders inthe province of El Hajeb in Morocco and how they negotiate their leadership roles at the local level. The article is based on observations and semi-structured interviews conducted with young leaders and resource holdersduring the legislative elections of October 2016. While some young people manage to accessmunicipal councils, the present authorsfind evidence to suggest that they cannot become parliamentarians because of being hampered by a lack of social networksthat would broaden their constituency, as well asa lack of material resources to run their election campaigns. For young women, access to parliament is even more difficult, particularly if they fail to obtain a seat through the women’s quota system. Conscious of their limited resources, some young people consider the electoral period as a resource in itself for assertin...
The Aït Arfa Guigou tribe, part of the Berber confederation of the Beni M’guild, is based in Moro... more The Aït Arfa Guigou tribe, part of the Berber confederation of the Beni M’guild, is based in Morocco's Middle Atlas mountain range, around the town of Timahdite. The tribe is profoundly tied to sheepherding, and is nomadic, having settled in one of the mountain areas in Morocco most conducive to nomadic, livestock-related activity. In this article, the result of intense anthropological fieldwork, we analyse the tribe's situation at the dawn of the 20th century. We also present how major changes induced by French colonisation prompted them to adapt to their new situation, shifting from nomadism to short-distance transhumance as an adaptation necessary to continue practicing sheepherding in their territory down to the present day.
Regional Environmental Change
Mobile pastoralist strategies have evolved over centuries and are well adjusted to the variable c... more Mobile pastoralist strategies have evolved over centuries and are well adjusted to the variable climatic conditions of semi-arid regions. However, economic, social, and climatic changes, as well as technical advancements such as truck transportation, have increasingly affected the livelihood of pastoralist households in recent decades. An increase in inequality has been observed between wealthy pastoralists with large herds and impoverished households that are experiencing decreasing herd sizes on the High Plateau in Eastern Morocco, for example. In addition, whereas wealthy pastoralists possess the financial means to use trucks to transport their herds across large distances, the impoverished households are mainly limited to ranges they can travel by foot. This phenomenon can be described as polarization: the emergence of two distinct socio-economic groups with respect to household livestock and monetary resources. The reasons that have led to this polarization, however, are not well understood at present. In this study, we present a multi-agent simulation model to examine the economic, ecological, climatic, and demographic factors driving this polarization. The model captures the feedbacks between pastoralist households, their herds, and the pastures that they use in a common property grazing system. Using this model, we are able to show that heterogeneities in household assets (livestock and monetary resources) are only one cause of polarization. Changes in ecological conditions and the impact of climate and demographic change can also cause polarization, even if households are completely homogeneous in their characteristics.
New Medit Mediterranean Journal of Economics Agriculture and Environment Revue Mediterraneenne D Economie Agriculture Et Environment, 2014
A partir de l'année 2004, l'Etat marocain a décidé de concéder son patrimoine foncier à des promo... more A partir de l'année 2004, l'Etat marocain a décidé de concéder son patrimoine foncier à des promoteurs privés dans le cadre d'un partenariat public-privé. Une dynamique de privatisation et d'appropriation est lancée à laquelle participent des acteurs privés nationaux et étrangers et offre un bon exemple du phénomène d'accaparement des terres. Cette dynamique sera encadrée par une stratégie libérale de développement agricole, dite Plan Maroc Vert (PMV), adoptée en Avril 2008 et dont la mise en oeuvre nécessite l'acquisition de terres agricole (700 000 ha) et leur mise à la disposition d'acteurs privés pour développer des projets agricoles. Sa philosophie et mise en oeuvre renforcent le dualisme agraire en privilégiant l'agriculture de type capitaliste au détriment de l'agriculture familiale. La présente étude traitera du devenir de la propriété foncière au Maroc dans le cadre de cette politique agricole libérale. Elle tentera de démontrer que la dynamique actuelle de privatisation des terres plonge, en fait, ses racines dans l'histoire foncière marocaine et que la configuration actuelle de la structure foncière marocaine est le résultat d'un processus historique où l'Etat Makhzen précolonial et par la suite, la colonisation française et enfin l'Etat d'après l'indépendance, ont joué un rôle primordial.
Resumen en: Transhumance as a way of life remains widely spread across a number of regions in Mor... more Resumen en: Transhumance as a way of life remains widely spread across a number of regions in Morocco. Work conducted in two transhumance places in the High Atlas (O...
Texte de la communication présentée au séminaire : ''L'actualité de la transhumance d... more Texte de la communication présentée au séminaire : ''L'actualité de la transhumance dans le Haut et Moyen Atlas'' -ENA, Meknès, Maroc -10 mars 2012 Introduction Peu de voyageurs empruntant la route de Fès à Errachidia, en passant par le Moyen Atlas, se douteraient qu'ils marchent sur les traces de la fameuse Tariq sultan, la ''Voie royale'', qui, historiquement, prenait naissance à Fès, traverse le Sais, le Moyen et le Haut-Atlas pour s'achever aux confins du Nord du Sahara, le Tafilalet berceau de la dynastie Alaouite. Cette Voie Royale reliait la capitale dynastique et son tombeau ancestral (C. Geertz, 2003 :65-66). Les caravanes la parcouraient jadis en 12 jours, les véhicules d'aujourd'hui en quelques heures. Tout voyageur qui traverse le Moyen Atlas est ébloui par la beauté de tant de paysages qui défilent et offrent au bon plaisir des yeux de grandes étendues verdoyantes bordant la route où paissent sereinement d'immenses...
Ager Revista De Estudios Sobre Despoblacion Y Desarrollo Rural Journal of Depopulation and Rural Development Studies, 2009
Tr ra as sh hu um ma an nc ci ia a y y m mo od de er rn ni id da ad d e en n M Ma ar rr ru ue ec ... more Tr ra as sh hu um ma an nc ci ia a y y m mo od de er rn ni id da ad d e en n M Ma ar rr ru ue ec co os s: : u un na a m mi ir ra ad da a a an nt tr ro op po ol ló óg gi ic ca a Resumen: La trashumancia es un género de vida pastoral muy difundido y todavía bastante bien mantenido en varias regiones de Marruecos. Los trabajos conducidos en dos altos lugares de la trashumancia del Alto Atlas (Oukaïmeden y Yagour), apoyados por estudios realizados en otras regiones de Marruecos, permiten mostrar el carácter fuertemente heurístico de una mirada antropológica sobre la trashumancia, considerada como un hecho social total. Tres ejes organizan nuestro texto: los dominios de la vida social y económica de la trashumancia; la religiosidad de los Agdals; y la confrontación de estas sociedades a las corrientes de la modernidad.
Ager Revista De Estudios Sobre Despoblacion Y Desarrollo Rural Journal of Depopulation and Rural Development Studies, 2009
Tr ra as sh hu um ma an nc ci ia a y y m mo od de er rn ni id da ad d e en n M Ma ar rr ru ue ec ... more Tr ra as sh hu um ma an nc ci ia a y y m mo od de er rn ni id da ad d e en n M Ma ar rr ru ue ec co os s: : u un na a m mi ir ra ad da a a an nt tr ro op po ol ló óg gi ic ca a Resumen: La trashumancia es un género de vida pastoral muy difundido y todavía bastante bien mantenido en varias regiones de Marruecos. Los trabajos conducidos en dos altos lugares de la trashumancia del Alto Atlas (Oukaïmeden y Yagour), apoyados por estudios realizados en otras regiones de Marruecos, permiten mostrar el carácter fuertemente heurístico de una mirada antropológica sobre la trashumancia, considerada como un hecho social total. Tres ejes organizan nuestro texto: los dominios de la vida social y económica de la trashumancia; la religiosidad de los Agdals; y la confrontación de estas sociedades a las corrientes de la modernidad.
Agadir Amassa
Sur les Igoudar (Agadir, au sing.) du Sud du Maroc tout a été dit, ou presque. Ces greniers colle... more Sur les Igoudar (Agadir, au sing.) du Sud du Maroc tout a été dit, ou presque. Ces greniers collectifs où les paysans emmagasinaient et protégeaient leurs produits agricoles après les saisons des récoltes constituent une composante importante du patrimoine matériel et immatériel du Maroc 1. Dans ce récit je voudrais parler d'Agadir Amassa, un grenier parmi tant d'autres, que j'ai découvert alors que j'accompagnais une équipe de tournage d'un film sur la danse Taskiwin au cours de sa mission de repérage à Ida Ou Mahmoud. Notre hôte Brahim Baghach, président de la fédération des associations de danseurs de Taskiwin, nous a proposé de visiter le Douar d'Amassa et son Agadir. Nous ne sommes pas fait priés et nous en étions gratifiés.
Tout au long de la route Azrou/Er-Rachidia, la R13 ou encore la fameuse Tariq sultan, la ''Voie r... more Tout au long de la route Azrou/Er-Rachidia, la R13 ou encore la fameuse Tariq sultan, la ''Voie royale'' qui, historiquement, reliait Fès et Rissani (C. Geertz, 2003 : 65-66), trois phénomènes pourraient attirer l'attention du voyageur. Tout d'abord, la forêt d'Azrou qui offre le spectacle de ces nombreux singes, des Macaques de barbarie ou « magot », assiégés par des voyageurs qui s'arrêtent pour les photographier ou leur donner à manger. C'est devenu une attraction qui réjouit petits et grands. Le Macaque a appris, avec le temps, à venir manger dans la main des humains malgré l'écriteau « Ne nourrissez pas les singes » placardé un peu partout. Ensuite, autour de Tizi n'Zad (col de Zad, 2178 m), un autre spectacle pourrait également attirer l'attention du voyageur. De nombreux chiens qui campent aux abords de la route et suivent étonnement du regard les véhicules qui passent. C'est parce que des chauffeurs, usagers fréquents de cette route, ont pris l'habitude de leur jeter de la nourriture des fenêtres des véhicules, les conditionnant, avec le temps, à une pitance qui leur tombe des voitures. Enfin, à l'approche de Tizi n'Talghomt (col de Talghomt, 1907 m), des femmes et des enfants, ''organisés'' en petits groupes dispersés, occupent les abords de la route et tendent la main aux véhicules pour demander la charité. Des scènes tristes et troublantes. Qui sont ces gens réduits à l'état de mendicité ? Quelles raisons les poussent à faire la manche auprès de véhicules qui roulent à toute allure ? Il fallait regarder de plus près dans cette misère des bords de la route pour trouver des réponses. Je me suis arrêté et causé avec un petit groupe composé d'une jeune femme de 25 ans, ses deux fils, âgés respectivement de 3 ans et de un an et huit mois et d'une jeune fille de 18 ans. J'étais choqué par l'état de leur pauvreté, de l'extrême misère inscrite dans leurs tenues vestimentaires crasseuses et dans leurs visages abimés. Et pour cause. Ils sont toute la journée exposés au vent, à la poussière et aux rayons du soleil. Les deux femmes se protègent par un voile mais les enfants subissent l'effet direct de ces éléments. L'ainée des deux femmes me dit qu'elle est de la tribu Ayt Merghad ; elle fait partie d'une famille d'éleveurs qui a perdu son cheptel ces dernières années en raison de la sécheresse. Sa famille habite dans une tente installée non loin de la route. Depuis la faillite de leur élevage, son mari parvenait à travailler dans l'une de ces ''unités de distillation du Romarin'' (Aafi A., et al. 2009) qui exploitent les plantes aromatiques et médicinales qui font la richesse de ce pays. Mais à cause de la sécheresse, l'exploitation du Romarin est suspendue ; sans ressource la famille est réduite à la mendicité. Que dire de ces phénomènes du bord de la route ? Des humains, des animaux sauvages et des animaux domestiques sont réduits à un état de misère sans nom. Délogés de leur milieu naturel habituel, ils envahissent les abords de la route et comptent pour leur subsistance sur la générosité des voyageurs. Qui incriminer ? Qui est la cause de cet état de choses ?
La "modernité de la Jma'a" interroge la relation particulière, faite de rupture et de continuité,... more La "modernité de la Jma'a" interroge la relation particulière, faite de rupture et de continuité, que les communautés entretiennent avec la tradition. C'est là une des acceptions du concept de modernité. L'article postule que la Jma'a existe et existera tant qu'existent des communautés qui partagent des intérêts matériels et spirituels, et revendiquent une identité commune pour s'affirmer et donner sens à leurs vies. En s'appuyant sur des données empiriques anciens et nouveaux, l'article décrypte la Jma'a dans son déploiement actuel, telle qu'elle est vécue dans les communautés rurales contemporaines et non telle qu'elle est fantasmée par des imaginaires qui l'essentialisent. Il montre que la Jma'a est une construction sociale d'acteurs, constamment reconfigurée et refaçonnée par l'histoire sociale particulière de chaque groupe et par le type de relation que ce groupe entretient avec la société globale.
Asinag, 2022
Dossier spécial sur économie et culture en milieux amazighes paru dans le numéro 17 de la revue A... more Dossier spécial sur économie et culture en milieux amazighes paru dans le numéro 17 de la revue Asinag et dont voici le début de la présentation : "Les Amazighes ont marqué l’histoire économique de l’Afrique du Nord. Pour ne prendre que quelques exemples, nous pouvons citer la maison commerciale d’Iligh qui a dominé une partie de l’axe occidental du commerce transsaharien alors que les commerçants de Ghadamès jouaient un rôle important au niveau de la route orientale (Miège 1981). Ce commerce a été largement documenté aussi bien quantitativement que qualitativement grâce aux sources européennes par des auteurs comme Edward William Bovill (1958) ou Jean-Louis Miège (1962). Pour ce qui concerne plus spécifiquement l’axe occidental de ce commerce, les travaux de Lmokhtar Soussi (1966) ou de Paul Pascon (1984) ont mobilisé des sources locales, ce qui a permis de rendre compte des enjeux d’ascension, de chute et de réémergence du pouvoir politico-économique d’une maison commerciale amazighe au Sud du Maroc. Le choc colonial a introduit de profonds changements au niveau des structures socio-économiques de la région. La pénétration coloniale en Afrique du Nord a amorcé un processus qui dessaisit, sur le long terme, les institutions communautaires économiques amazighes de plusieurs de leurs attributions. Elle a d’abord provoqué la remise en cause des règles collectives créant un climat d’insécurité à la fois pour le commerce transsaharien et pour les échanges dans le circuit soukier et des grandes foires. L’administration coloniale a ensuite déployé une ingénierie logistique et territoriale qui lui a permis de réorganiser les échanges en mobilisant des réseaux portuaires, ferroviaires et routiers à même de lui assurer l’écoulement des marchandises européennes et d’inscrire les régions intérieures d’Afrique du Nord dans des rapports de dépendance et de soumission politico-économique à l’égard des colonies urbaines qu’elle développait dans le littoral. Paradoxalement, la croissance de certaines grandes villes a permis l’essor de communautés amazighophones urbaines, tels que les Soussis à Casablanca (Waterbury 1972 ; 2020) ou les djerbiens à Tunis, qui jouent, encore aujourd’hui, un rôle économique de premier plan."
La fête du mouton
La tradition musulmane rapporte que le prophète Ibrahîm, aidé par Ismaïl son fils docile, a édifi... more La tradition musulmane rapporte que le prophète Ibrahîm, aidé par Ismaïl son fils docile, a édifié la Kacba qui deviendra le haut lieu de l’islam. Mais c’est le prophète Muhammad qui institua le sacrifice pour les musulmans, en égorgeant un mouton lors du pèlerinage de l’Adieu pendant lequel, d’ailleurs, il annonça la fin de sa mission prophétique. En sacrifiant à la Mekke, Muhammad a imité le geste d’Ibrahîm. Il répondit à ceux qui s’en étaient étonnés que « chaque rite est un bienfait ». Le..
Sacrifier, mettre à mort rituellement une victime animale, voilà qui s'inscrit au coeur de multip... more Sacrifier, mettre à mort rituellement une victime animale, voilà qui s'inscrit au coeur de multiples pratiques des sociétés musulmanes, qu'elles soient transplantées en Europe, ou qu'on les observe parmi ce milliard d'individus qui, à travers le monde, de l'Afrique à l'Asie, suit la foi révélée par le Prophète Muḥammad. Égorger de ses ongles la victime animale au Maghreb, boire ou se baigner dans le sang de celle-ci dans les cultes zar soudanais, partager et cuisiner les chairs des bêtes égorgées au sein de la communauté, comme dans la Grèce ancienne, ou solliciter une protection. Que reste-t-il de l'islam dans ces formes quotidiennes du sacrifice ? Encore faudrait-il, ou non, distinguer celui-ci de l'abattage rituel des animaux nécessaires à la consommation halâl des chairs, tout comme dans le cas des viandes juives casher. On peut mettre pourtant en évidence un modèle musulman du rituel sacrificiel, que reconstruit l'anthropologue à partir des rites établis dans la sunna, dans les gestes et dires du Prophète. Le sacrifice que se propose de faire Abraham de son fils, Isaac pour les juifs, Ismaël pour les musulmans, répond à des questions fondamentales : comment peut-on naître d'une femme ? Comment assumer le rôle de père et la soumission du musulman à Dieu ? Questions que pose aussi le sacrifice effectué pour la naissance d'un enfant. Voilà la vision orthodoxe qui inspire le sacrifice du Pèlerinage à La Mekke, et celui effectué le même jour dans l'ensemble de la communauté musulmane à l'occasion de la fête de l'ayd alkabîr. L'islam n'inscrit pas, contrairement au christianisme, le sacrifice au coeur de son dogme. Il lui accorde cependant une place essentielle dans ses pratiques rituelles : accompagnant toutes les étapes de la vie individuelle, producteur du lien social, lieu de multiples recompositions et transgressions, produisant de nouvelles références locales à l'universalité que celles qu'induit le modèle ibrâhîmien, les rituels sacrificiels musulmans illustrent l'ensemble des thèmes que la théorie anthropologique du sacrifice s'est attachée à mettre en évidence : « cuisines du sacrifice », « dette » sacrificielle, fonctions thérapeutiques, etc. Une première synthèse donc, illustrée d'exemples tous contemporains, qui nous apporte sur la pratique des sociétés musulmanes un éclairage unique.
Revista de Estudios Internacionales Mediterráneos, 2020
Bearing in mind that elections are an auspicious time to raise local political issues, this artic... more Bearing in mind that elections are an auspicious time to raise local political issues, this article analyses the strategies of young men and women leaders inthe province of El Hajeb in Morocco and how they negotiate their leadership roles at the local level. The article is based on observations and semi-structured interviews conducted with young leaders and resource holdersduring the legislative elections of October 2016. While some young people manage to accessmunicipal councils, the present authorsfind evidence to suggest that they cannot become parliamentarians because of being hampered by a lack of social networksthat would broaden their constituency, as well asa lack of material resources to run their election campaigns. For young women, access to parliament is even more difficult, particularly if they fail to obtain a seat through the women’s quota system. Conscious of their limited resources, some young people consider the electoral period as a resource in itself for assertin...
The Aït Arfa Guigou tribe, part of the Berber confederation of the Beni M’guild, is based in Moro... more The Aït Arfa Guigou tribe, part of the Berber confederation of the Beni M’guild, is based in Morocco's Middle Atlas mountain range, around the town of Timahdite. The tribe is profoundly tied to sheepherding, and is nomadic, having settled in one of the mountain areas in Morocco most conducive to nomadic, livestock-related activity. In this article, the result of intense anthropological fieldwork, we analyse the tribe's situation at the dawn of the 20th century. We also present how major changes induced by French colonisation prompted them to adapt to their new situation, shifting from nomadism to short-distance transhumance as an adaptation necessary to continue practicing sheepherding in their territory down to the present day.
Regional Environmental Change
Mobile pastoralist strategies have evolved over centuries and are well adjusted to the variable c... more Mobile pastoralist strategies have evolved over centuries and are well adjusted to the variable climatic conditions of semi-arid regions. However, economic, social, and climatic changes, as well as technical advancements such as truck transportation, have increasingly affected the livelihood of pastoralist households in recent decades. An increase in inequality has been observed between wealthy pastoralists with large herds and impoverished households that are experiencing decreasing herd sizes on the High Plateau in Eastern Morocco, for example. In addition, whereas wealthy pastoralists possess the financial means to use trucks to transport their herds across large distances, the impoverished households are mainly limited to ranges they can travel by foot. This phenomenon can be described as polarization: the emergence of two distinct socio-economic groups with respect to household livestock and monetary resources. The reasons that have led to this polarization, however, are not well understood at present. In this study, we present a multi-agent simulation model to examine the economic, ecological, climatic, and demographic factors driving this polarization. The model captures the feedbacks between pastoralist households, their herds, and the pastures that they use in a common property grazing system. Using this model, we are able to show that heterogeneities in household assets (livestock and monetary resources) are only one cause of polarization. Changes in ecological conditions and the impact of climate and demographic change can also cause polarization, even if households are completely homogeneous in their characteristics.
New Medit Mediterranean Journal of Economics Agriculture and Environment Revue Mediterraneenne D Economie Agriculture Et Environment, 2014
A partir de l'année 2004, l'Etat marocain a décidé de concéder son patrimoine foncier à des promo... more A partir de l'année 2004, l'Etat marocain a décidé de concéder son patrimoine foncier à des promoteurs privés dans le cadre d'un partenariat public-privé. Une dynamique de privatisation et d'appropriation est lancée à laquelle participent des acteurs privés nationaux et étrangers et offre un bon exemple du phénomène d'accaparement des terres. Cette dynamique sera encadrée par une stratégie libérale de développement agricole, dite Plan Maroc Vert (PMV), adoptée en Avril 2008 et dont la mise en oeuvre nécessite l'acquisition de terres agricole (700 000 ha) et leur mise à la disposition d'acteurs privés pour développer des projets agricoles. Sa philosophie et mise en oeuvre renforcent le dualisme agraire en privilégiant l'agriculture de type capitaliste au détriment de l'agriculture familiale. La présente étude traitera du devenir de la propriété foncière au Maroc dans le cadre de cette politique agricole libérale. Elle tentera de démontrer que la dynamique actuelle de privatisation des terres plonge, en fait, ses racines dans l'histoire foncière marocaine et que la configuration actuelle de la structure foncière marocaine est le résultat d'un processus historique où l'Etat Makhzen précolonial et par la suite, la colonisation française et enfin l'Etat d'après l'indépendance, ont joué un rôle primordial.
Resumen en: Transhumance as a way of life remains widely spread across a number of regions in Mor... more Resumen en: Transhumance as a way of life remains widely spread across a number of regions in Morocco. Work conducted in two transhumance places in the High Atlas (O...
Texte de la communication présentée au séminaire : ''L'actualité de la transhumance d... more Texte de la communication présentée au séminaire : ''L'actualité de la transhumance dans le Haut et Moyen Atlas'' -ENA, Meknès, Maroc -10 mars 2012 Introduction Peu de voyageurs empruntant la route de Fès à Errachidia, en passant par le Moyen Atlas, se douteraient qu'ils marchent sur les traces de la fameuse Tariq sultan, la ''Voie royale'', qui, historiquement, prenait naissance à Fès, traverse le Sais, le Moyen et le Haut-Atlas pour s'achever aux confins du Nord du Sahara, le Tafilalet berceau de la dynastie Alaouite. Cette Voie Royale reliait la capitale dynastique et son tombeau ancestral (C. Geertz, 2003 :65-66). Les caravanes la parcouraient jadis en 12 jours, les véhicules d'aujourd'hui en quelques heures. Tout voyageur qui traverse le Moyen Atlas est ébloui par la beauté de tant de paysages qui défilent et offrent au bon plaisir des yeux de grandes étendues verdoyantes bordant la route où paissent sereinement d'immenses...
Ager Revista De Estudios Sobre Despoblacion Y Desarrollo Rural Journal of Depopulation and Rural Development Studies, 2009
Tr ra as sh hu um ma an nc ci ia a y y m mo od de er rn ni id da ad d e en n M Ma ar rr ru ue ec ... more Tr ra as sh hu um ma an nc ci ia a y y m mo od de er rn ni id da ad d e en n M Ma ar rr ru ue ec co os s: : u un na a m mi ir ra ad da a a an nt tr ro op po ol ló óg gi ic ca a Resumen: La trashumancia es un género de vida pastoral muy difundido y todavía bastante bien mantenido en varias regiones de Marruecos. Los trabajos conducidos en dos altos lugares de la trashumancia del Alto Atlas (Oukaïmeden y Yagour), apoyados por estudios realizados en otras regiones de Marruecos, permiten mostrar el carácter fuertemente heurístico de una mirada antropológica sobre la trashumancia, considerada como un hecho social total. Tres ejes organizan nuestro texto: los dominios de la vida social y económica de la trashumancia; la religiosidad de los Agdals; y la confrontación de estas sociedades a las corrientes de la modernidad.
Ager Revista De Estudios Sobre Despoblacion Y Desarrollo Rural Journal of Depopulation and Rural Development Studies, 2009
Tr ra as sh hu um ma an nc ci ia a y y m mo od de er rn ni id da ad d e en n M Ma ar rr ru ue ec ... more Tr ra as sh hu um ma an nc ci ia a y y m mo od de er rn ni id da ad d e en n M Ma ar rr ru ue ec co os s: : u un na a m mi ir ra ad da a a an nt tr ro op po ol ló óg gi ic ca a Resumen: La trashumancia es un género de vida pastoral muy difundido y todavía bastante bien mantenido en varias regiones de Marruecos. Los trabajos conducidos en dos altos lugares de la trashumancia del Alto Atlas (Oukaïmeden y Yagour), apoyados por estudios realizados en otras regiones de Marruecos, permiten mostrar el carácter fuertemente heurístico de una mirada antropológica sobre la trashumancia, considerada como un hecho social total. Tres ejes organizan nuestro texto: los dominios de la vida social y económica de la trashumancia; la religiosidad de los Agdals; y la confrontación de estas sociedades a las corrientes de la modernidad.
Agadir Amassa
Sur les Igoudar (Agadir, au sing.) du Sud du Maroc tout a été dit, ou presque. Ces greniers colle... more Sur les Igoudar (Agadir, au sing.) du Sud du Maroc tout a été dit, ou presque. Ces greniers collectifs où les paysans emmagasinaient et protégeaient leurs produits agricoles après les saisons des récoltes constituent une composante importante du patrimoine matériel et immatériel du Maroc 1. Dans ce récit je voudrais parler d'Agadir Amassa, un grenier parmi tant d'autres, que j'ai découvert alors que j'accompagnais une équipe de tournage d'un film sur la danse Taskiwin au cours de sa mission de repérage à Ida Ou Mahmoud. Notre hôte Brahim Baghach, président de la fédération des associations de danseurs de Taskiwin, nous a proposé de visiter le Douar d'Amassa et son Agadir. Nous ne sommes pas fait priés et nous en étions gratifiés.
Tout au long de la route Azrou/Er-Rachidia, la R13 ou encore la fameuse Tariq sultan, la ''Voie r... more Tout au long de la route Azrou/Er-Rachidia, la R13 ou encore la fameuse Tariq sultan, la ''Voie royale'' qui, historiquement, reliait Fès et Rissani (C. Geertz, 2003 : 65-66), trois phénomènes pourraient attirer l'attention du voyageur. Tout d'abord, la forêt d'Azrou qui offre le spectacle de ces nombreux singes, des Macaques de barbarie ou « magot », assiégés par des voyageurs qui s'arrêtent pour les photographier ou leur donner à manger. C'est devenu une attraction qui réjouit petits et grands. Le Macaque a appris, avec le temps, à venir manger dans la main des humains malgré l'écriteau « Ne nourrissez pas les singes » placardé un peu partout. Ensuite, autour de Tizi n'Zad (col de Zad, 2178 m), un autre spectacle pourrait également attirer l'attention du voyageur. De nombreux chiens qui campent aux abords de la route et suivent étonnement du regard les véhicules qui passent. C'est parce que des chauffeurs, usagers fréquents de cette route, ont pris l'habitude de leur jeter de la nourriture des fenêtres des véhicules, les conditionnant, avec le temps, à une pitance qui leur tombe des voitures. Enfin, à l'approche de Tizi n'Talghomt (col de Talghomt, 1907 m), des femmes et des enfants, ''organisés'' en petits groupes dispersés, occupent les abords de la route et tendent la main aux véhicules pour demander la charité. Des scènes tristes et troublantes. Qui sont ces gens réduits à l'état de mendicité ? Quelles raisons les poussent à faire la manche auprès de véhicules qui roulent à toute allure ? Il fallait regarder de plus près dans cette misère des bords de la route pour trouver des réponses. Je me suis arrêté et causé avec un petit groupe composé d'une jeune femme de 25 ans, ses deux fils, âgés respectivement de 3 ans et de un an et huit mois et d'une jeune fille de 18 ans. J'étais choqué par l'état de leur pauvreté, de l'extrême misère inscrite dans leurs tenues vestimentaires crasseuses et dans leurs visages abimés. Et pour cause. Ils sont toute la journée exposés au vent, à la poussière et aux rayons du soleil. Les deux femmes se protègent par un voile mais les enfants subissent l'effet direct de ces éléments. L'ainée des deux femmes me dit qu'elle est de la tribu Ayt Merghad ; elle fait partie d'une famille d'éleveurs qui a perdu son cheptel ces dernières années en raison de la sécheresse. Sa famille habite dans une tente installée non loin de la route. Depuis la faillite de leur élevage, son mari parvenait à travailler dans l'une de ces ''unités de distillation du Romarin'' (Aafi A., et al. 2009) qui exploitent les plantes aromatiques et médicinales qui font la richesse de ce pays. Mais à cause de la sécheresse, l'exploitation du Romarin est suspendue ; sans ressource la famille est réduite à la mendicité. Que dire de ces phénomènes du bord de la route ? Des humains, des animaux sauvages et des animaux domestiques sont réduits à un état de misère sans nom. Délogés de leur milieu naturel habituel, ils envahissent les abords de la route et comptent pour leur subsistance sur la générosité des voyageurs. Qui incriminer ? Qui est la cause de cet état de choses ?
Les chemins de la mémoire., 2020
La mémoire de Hay Mohammadi " est si riche, si dense, si profonde qu'il est difficile de la saisi... more La mémoire de Hay Mohammadi " est si riche, si dense, si profonde qu'il est difficile de la saisir et la relater dans toute sa diversité et sa complexité ", m'ont prévenu nombreux de mes interlocuteurs tout au long de l'enquête à la base de cet ouvrage. La suite du travail m'a convaincu de la justesse de cette mise en garde. Toutefois, si l'enquête a permis de plonger dans le passé du Hay, scruter et reconstituer sa " mémoire collective ", dans les limites qu'autorisaient les faits encore conservés dans la mémoire des personnes qui y vivent encore ou qui y ont vécu, l'ouvrage qui en résulte n'en demeure pas moins une modeste contribution à la restitution de cette mémoire qui, somme toute, ne concernera que quelques lieux, et pas tous les lieux, que certains événements et pas tous les événements, que quelques acteurs, et pas tous les acteurs. L'ouvrage est plutôt une invite à un voyage dans le temps pour explorer la mémoire du Hay et en découvrir les faits les plus saillants, ceux qui ont marqué les esprits et s'y sont conservés comme dans une boite à souvenir.
Karthala, 2020
Le parcours de Pierre Bonte a laissé un héritage scientifique considérable, offrant sur... more Le parcours de Pierre Bonte a laissé un héritage scientifique considérable, offrant sur près d’un demi-siècle (1965-2013) des avancées significatives dans la compréhension des sociétés musulmanes, en particulier ouest-sahariennes. Cette anthropologie foisonnante, toujours soucieuse de faire le lien entre la parenté, le politique, le religieux et l’économique, n’a eu de cesse d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion à partir d’une ethnographie de terrain rigoureuse et d’une connaissance approfondie de la littérature anthropologique française et anglo-saxonne. Les articles publiés dans cet ouvrage ont été exposés lors du colloque international organisé en son hommage au Collège de France en janvier 2015. Ils reflètent la diversité des thématiques de recherche qu’il a abordées, de ses premiers travaux sur le pastoralisme aux Récits d’origine (Karthala, 2016), dont le manuscrit était pratiquement achevé lors de son décès. L’ouvrage met ainsi en dialogue des anthropologues reconnus, de différentes générations, autour d’une œuvre centrale, en France et au-delà, s’agissant de l’anthropologie comparative des sociétés et cultures musulmanes, et plus largement de l’anthropologie sociale.
Avant propos Mon défunt ami Pierre Bonte fut sollicité par l’Agence du Sud et par le Conseil é... more Avant propos
Mon défunt ami Pierre Bonte fut sollicité par l’Agence du Sud et par le Conseil économique et social et de l’environnement pour réaliser des études et consultations sur le Sahara. Il m’invita à me joindre à lui, me confiant la partie de l’étude concernant l’élevage et le nomadisme. Bonte m’initia ainsi au Sahara et m’offrit la possibilité d’enquêter sur son nomadisme. La plupart des données empiriques de ce texte ont été collectées durant le séjour que j’ai effectué en sa compagnie au Sahara du 23 février au 10 mars 2013. En ce qui me concerne, je devais parcourir les provinces du Sud pour : 1. Analyser la situation contemporaine de l’élevage. 2. Evaluer le développement et apprécier les résultats des filières viande et lait qui font l’objet d’une intervention étatique. 3. Apprécier la persistance d’une « culture de la badiyya » traduisant les valeurs attachées à l’élevage et au nomadisme. Ces axes et questions guidèrent mes enquêtes et entretiens avec des hommes et des femmes, chefs de famille, membres d’associations et de coopératives, personnes influentes de différentes tribus, ainsi que mes nombreuses visites de la brousse (comme disait un des mes accompagnateurs Sahraoui) et des lieux de séjour des éleveurs.
Ces axes et questions découlent d’un constat initial dressé par Bonte sur le Sahara et que je reproduis intégralement étant donné sa perspicacité : ‘’Le mode de production pastoral, s’accompagnant d’un mode de vie nomade, était l’activité principale des populations d’une partie des provinces du Sud. L’urbanisation massive de ces populations, à la suite de périodes de sécheresse et d’insécurité, a entraîné un déclin drastique de ces activités. Celles-ci n’ont depuis repris que de manière limitée, mais s’intègrent dans de nouvelles filières de production du lait et de la viande d’un intérêt économique certain. Le pastoralisme nomade reste par ailleurs une valeur culturelle identitaire partagée par ces populations.’’
Une autre mission me permit de retourner au Sahara. Elle fut réalisée du 19 au 25 et du 28 au 31 du mois de Mai 2013 dans le cadre d’une convention de partenariat entre l’Agence du Sud et l’association Targa-Aide dont l’objet est l’élaboration d’une stratégie et d’un plan d’action pour le développement de l’économie sociale et solidaire dans les Provinces du Sud.
Des rapports furent rédigés à l’issue de l’ensemble de ces séjours. Ce texte revisite ces rapports de commande, en reprend l’essentiel qu’il organise autour d’une interrogation sur le processus de changement des sociétés de pasteurs, en l’inscrivant dans la continuité des travaux conduits depuis plusieurs années sur les pasteurs nomades de l’Oriental et les transhumants du Haut et Moyen Atlas.
Le sous titre de ce texte résume son idée force et confirme par des évidences de terrain le constat initial. Le pastoralisme dans le Sahara se maintient sous de nouvelles formes et il est promu par deux catégories d’éleveurs : d’un côté, de gros éleveurs qui s’inscrivent dans une stratégie mercantile et fortement appuyée par l’État et, de l’autre, de petits éleveurs cherchant à assurer la survie de leur famille grâce à l’assistance solidaire de l’État. Par delà ce clivage, le pastoralisme nomade et sa culture conservent une valeur hédoniste et identitaire à laquelle toutes ces catégories de population tiennent fortement encore.
L'ensemble de ces changements interpelle de nouvelles enquêtes pour questionner et enrichir cette... more L'ensemble de ces changements interpelle de nouvelles enquêtes pour questionner et enrichir cette mémoire en devenir. En fait, « un retour sur Irguiten » pour perpétuer une tradition initiée par Feu P. Pascon depuis son retour sur les « Seksawa » de J. Berque. Mohamed MAHDI Août 2006 1 Citée in M. Halbawchs. Morphologiqe sociale PXI -XII. Armand colin collection U2 1970 de l'année sociologique 2 ème année (1897-1898) Paris Alcan 1899, citée également in sociologique PUF 1969. 7 Marcel Mauss, op cit. p.396
Etude géographique Aziz Iraki et Mohamed Tamim Ed Kalimate, 2013
Persée http://www.persee.fr Aïda Kanafani-Zahar, Le mouton et le mûrier. Rituel du sacrifice dans... more Persée http://www.persee.fr Aïda Kanafani-Zahar, Le mouton et le mûrier. Rituel du sacrifice dans la montagne libanaise.
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que d... more La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Interview La traduction arabe de cette interview est publiée dans la rubrique ''Invité'' dans le ... more Interview La traduction arabe de cette interview est publiée dans la rubrique ''Invité'' dans le numéro 310 du journal Annahj Démocrati, « la voie démocratique », du 07 mai 29019. Le comité de rédaction a le plaisir d'accueillir MR Mohamed MAHDI, enseignant-chercheur en sciences sociales à l'École Nationale d'Agriculture de Meknès, qui a bien voulu répondre à nos questions sur les problèmes actuels du développement rural au Maroc. Au début nous souhaitons connaitre, en brève, votre appréciation de la contribution de la sociologie à l'analyse de la société marocaine et au développement de la maitrise scientifique de ses principales problématiques. C'est le genre de questions auxquelles il est difficile de répondre brièvement. La contribution de la sociologie à la connaissance des problèmes et problématiques de la société marocaine a l'âge de la sociologie au Maroc, c'est-à-dire depuis l'apparition et le développement d'une sociologie qui sera par la suite, qualifiée de coloniale, et qui cherchait à « connaitre la société marocaine pour mieux la dominer ». L'ambition de connaitre sociologiquement la société marocaine devrait, par la suite, être portée par l'institut de sociologie, créé en1959, soit deux ans après la création de l'université Mohamed V, dans l'esprit de « répondre aux exigences d'un pays en plein croissance et donner beaucoup plus d'ampleur à la discipline. » Cet institut sera malheureusement fermé en 1979. Mais la sociologie survivra à ce coup qui lui a été porté et sera développée dans l'université où elle sera enseignée avec la philosophie et la psychologie. Et curieusement également au département des sciences humaines de l'Institut Agronomique et vétérinaire Hassan II, qui sera créé en 1968. Avec la diversification et l'extension de l'offre universitaire, entamées dans les années 80, et la réforme de l'an 2000, de nombreuses universités essaimeront dans le pays portant le nombre de celles-ci à 12. Au sein de chaque université s'est développé un département de sociologie. Les plus dynamiques d'entre eux ont mis en place des Masters, voire des écoles doctorales. C'est dire que les universités se sont dotées de structures pour développer la recherche et la formation par et pour la recherche. Et il est tout à fait indéniable que ces universités aient produit un nombre considérable de travaux de recherche sur la société marocaine. L'échantillon qu'il m'a été donné de consulter en tant que rapporteur ou membre jury de thèse, ou en tant qu'examinateur des dossiers de recrutement d'enseignant universitaire m'a permis de constater la fois la qualité de certains de ces travaux et l'importance de la connaissance qu'ils apportent sur la société marocaine. Mais nous manquons de visibilité sur l'ensemble des travaux que les départements de sociologie ont pu jusqu'ici produire, sur les thématiques ou les domaines abordés, sur leur rigueur méthodologique qui, en dernier ressort, conditionne la validité scientifique de leurs résultats. Comme nous manquons d'une méthode d'évaluation critique pour capitaliser toute la connaissance produite et pourquoi pas, faire en sorte de la rendre utile. Si cela est si important, pourquoi les résultats de la recherche en sciences sociales sont-ils ignorés, voir suspectés par les décideurs politiques ? La connaissance produite est rarement portée à la connaissance du grand public et partant aux décideurs. Des enseignant-chercheurs mettent un point d'honneur à publier leurs thèses ou leurs travaux de recherche. Relativement, les travaux publiés sont rares et le reste demeure méconnu. Quant à l'attitude des décideurs vis-à-vis de cette connaissance produite, je pourrai retourner la question en posant la question de savoir si initialement cette connaissance est produite à l'intention des décideurs, pour répondre aux questions et interrogations de ces décideurs ? Et est-ce que nous sommes forcés de produire cette connaissance à leur intention ? Ceci dit, il arrive souvent, et de plus en plus ces deux dernières décennies, que les chercheurs répondent à la « demande sociale », c'est-à-dire à conduire des
Le récit de l'Oasis de Djerba et invitation à réfléchir sur le sort des Oasis maghrébines
Journal d'un séjour dans la vallée du Draa , 2022
Dattes et petit lait offerts en entrée Le caractère prétentieux de cette entreprise est indéniabl... more Dattes et petit lait offerts en entrée Le caractère prétentieux de cette entreprise est indéniable. Comme traiter de la dynamique d'une vallée à partir de quelques cas ? Durant ce séjour, je me suis rendu dans les Douars d'Ait Ali et de Timidert, une oasis à M'hamid Ghizlane. J'ai rencontré et me suis entretenu avec de nombreuses personnes individuellement ou en groupe 1. J'ai fait une incursion dans la steppe pour rencontrer une famille nomade, visité la plaine de Feija, domaine de la culture de la pastèque. D'autres rencontres, fruits du hasard, complètent ce panorama d'investigation. Ces cas sontils suffisamment documentés pour révéler les tendances d'évolution généralisables à l'ensemble de la vallée ? J'ai visité Zagora en touriste, au début des années 90, en compagnie de ma femme et ma fille âgée à peine de 3 ans 2. C'était en pleine été, sous une température de 45° à l'ombre. Ce qui nous a attiré l'admiration des gens qui nous félicitaient d'avoir effectué le trajet de Meknès pour venir visite leur contré que seuls des étrangers risquaient de s'y aventurer. J'ai pu rendre visite à la Zaouia de Tamgrout, que je connaissais par la littérature et par les récits que j'ai entendu sur eux chez moi à Érguita. Mais je n'ai fait que passer auprès des Oasis. L'Oued Draa coulait en cette journée caniculaire ; l'office de mise en valeur agricole a procédé à un lâcher d'eau du barrage 3. J'ai failli piquer une tête dans ses eaux boueuses. Voilà ce que j'ai gardé comme souvenir de cette furtive visite. Si bien que je ne connais que très peu la vallée du Draa. Les dieux ou les démons de la recherche m'ont été plus favorables du côté de la vallée de Tafilalet où j'ai réalisé quelques travaux.
Tigouliane au croisement du Covid 19 et de la sécheresse, 2000
Ce récit retrace l'évolution des conditions sociales, économiques et environnementales qui caract... more Ce récit retrace l'évolution des conditions sociales, économiques et environnementales qui caractérisent une communauté de montagne, Tigouliane, située dans la commune Tafraouten, du versant Sud du Haut- Atlas Occidental. La vie dans cette communauté suit son cours au milieu d'une multitude de contraintes. (...) L'agriculture de montagne n'y nourrit plus ses hommes et soulève la question de leur souveraineté alimentaire, à un moment où presque tous les aliments leur viennent du marché. Il y a déprise certaine de l'agriculture. Le Douar se transforme progressivement en un lieu de vie où certains s'accrochent et forcent la survie comptant plus sur les revenus non agricoles générés par leur pluriactivité ... et sur les solidarités communautaires de sa diaspora.
Plaider pour Taskiwin comme levier de développement territorial, 2020
Taskiwin comme levier de développement territorial