Jean Céard - Academia.edu (original) (raw)
Papers by Jean Céard
Pourquoi la Renaissance, si avide de monstruosités, de curiosités de toute sorte, se refuse-t-ell... more Pourquoi la Renaissance, si avide de monstruosités, de curiosités de toute sorte, se refuse-t-elle à les appeler des bizarreries? Une histoire des plus anciens emplois de "bizarre" permet de formuler des réponses.
La mythologie à la Renaissance. De quelle nature est la vérité qui s'attache à la fable? Est-elle... more La mythologie à la Renaissance. De quelle nature est la vérité qui s'attache à la fable? Est-elle porteuse d'un savoir singulier?
La simplicité est une valeur cardinale aux yeux de Giovani Dotoli. Évoquant le fruit de ses premi... more La simplicité est une valeur cardinale aux yeux de Giovani Dotoli. Évoquant le fruit de ses premières années paysannes, il déclarait à Rome Deguergue qui l'interrogeait : « Ainsi ai-je appris la valeur immense de la simplicité, clef de la vie de mes compagnons paysans, la route des hirondelles, la beauté de la nature, la poésie d'un petit jet d'eau qui jaillit d'un rocher. » De cette simplicité vécue, il a fait l'un des ressorts puissants de sa poésie ; comme il est dit dans une biobibliographie qui se lit dans certains de ses recueils, « La poétique de Giovanni Dotoli se résume dans la certitude d'une responsabilité de la poésie aujourd'hui, au troisième millénaire, époque de science et de mondialisation, à travers le dialogue avec la simplicité de l'origine et avec les forces essentielles de l'univers, en une recherche continuelle d'amour. » Sa poésie est un « voyage de simplicité, vers la neige, l'aube, la nuit, l'herbe, l'arbre, la nuée, le vent, la lumière. » De cette simplicité, Giovanni Dotoli propose une définition serrée quand il entreprend de caractériser la poésie de Salah Stétié, qu'il a du reste fortement contribué à faire apprécier : « La parole pauvre de la poésie est d'une simplicité désarmante. Salah Stétié exalte le langage commun, qui est une trace de l'origine. La poésie éclaire le dire banal. elle plonge dans l'inconnu. revitalise la pauvreté des mots, par une sorte de « vue seconde ». La simplicité est porteuse du sens du centre, de légendes et de mythes. » on comprend l'intérêt que Giovanni Dotoli porte à montaigne. Avant son Montaigne philosophe méditerranéen, qui vient de paraître, il a consacré à l'auteur des Essais un livre paru en 2005, La voix de Montaigne, où il aime à y citer la phrase célèbre : « Le parler que j'aime est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu'à la bouche » 1 . Puisque cette déclaration a été souvent analysée par les critiques, je me contente ici de noter que ce goût d'un « parler simple et naïf » implique notamment, pour montaigne, le rejet « des phrases [manières de parler] nouvelles et des mots peu connus », ce qui le conduit, après une déclaration célèbre qu'il n'est pas bon d'isoler, à citer ce jugement d'Aristophane de Byzance sur les écrits d'Épicure : 1. Essais, I, 25/26, éd. D. Bjaï, B. Boudou, J. Céard, I. Pantin, sous la dir. de J. Céard, Paris, Libr. Générale Française, « La Pochothèque », 2001, p. 265. (Je cite toujours les Essais dans cette édition.)
L'Utopie de Thomas More a rencontré, au XVI e siècle, un certain intérêt en France et l'ouvrage y... more L'Utopie de Thomas More a rencontré, au XVI e siècle, un certain intérêt en France et l'ouvrage y a été vraiment lu. On cherchera à retracer l'histoire de ces lectures. La deuxième édition de l'ouvrage est publiée à Paris en 1517, avec une longue lettre de Guillaume Budé, qui propose une lecture profonde du petit livre : il en saisit notamment la fonction à la fois cathartique et paradigmatique. Cette lecture reste celle du premier traducteur français, Jean Le Blond, qui traduit aussi la lettre de Budé. Le second traducteur, Barthélemy Aneau, infléchit cette lecture, comme aussi Antoine du Verdier: si l'Utopie reste un modèle, son caractère irréalisable est désormais fortement souligné. Ces deux lectures définissent les termes du débat du libre arbitre et du consensus, en référence à la République de Platon, qui est centrale dans la réflexion politique du XVI e siècle.
Spécialiste des Passions dramatiques d'expression française jouées tout au long du second Moyen Â... more Spécialiste des Passions dramatiques d'expression française jouées tout au long du second Moyen Âge, Jean-Pierre Bordier s'est plus largement intéressé aux formes théâtrales cultivées en Europe durant les X e-XVI e siècles. Pour donner à lire ces jeux par personnages bien plus divers que ne le laisserait attendre leur commune imprégnation de la doctrine chrétienne, Jean-Pierre Bordier s'est fait tour à tour philologue, linguiste, anthropologue, littéraire, historien. Et à ces approches diverses d'un même champ d'étude, il a joint une constante et fructueuse ouverture à d'autres registres d'expression (récits courtois, littérature hagiographique, poésie satirique, écriture allégorique…). Cette variété éclairante se retrouve dans l'hommage que lui rendent ici une trentaine d'anciens élèves, collègues et amis. Le théâtre des XII e-XVII e siècles a la part belle mais non l'exclusivité. Aux contributions centrées sur le théâtre proprement dit, s'ajoutent en effet celles qui, autour de la notion de théâtralité, s'intéressent à la présence d'une « qualité théâtrale » dans des textes variés. Sans rompre totalement avec un apparentement au théâtre, un troisième volet explore d'autres voies de la révélation, privilégiant la « littérarité » comme signe et manifestation du sens.
Books by Jean Céard
Henri Estienne éditeur et écrivain (1547-1598), édition et présentation des préfaces à ses éditi... more Henri Estienne éditeur et écrivain (1547-1598), édition et présentation des préfaces à ses éditions, en collaboration avec J. Kekskemeti et B. Boudou, sous la direction de J. Céard ; rédaction de l’étude introductive (“ La passion et les épreuves d’Henri Estienne”,p. XI-XLVIII.) : Turnhout, Brepols (série Europa Humanistica, Collection "La France des Humanistes"), 2003, 764 p.
Pourquoi la Renaissance, si avide de monstruosités, de curiosités de toute sorte, se refuse-t-ell... more Pourquoi la Renaissance, si avide de monstruosités, de curiosités de toute sorte, se refuse-t-elle à les appeler des bizarreries? Une histoire des plus anciens emplois de "bizarre" permet de formuler des réponses.
La mythologie à la Renaissance. De quelle nature est la vérité qui s'attache à la fable? Est-elle... more La mythologie à la Renaissance. De quelle nature est la vérité qui s'attache à la fable? Est-elle porteuse d'un savoir singulier?
La simplicité est une valeur cardinale aux yeux de Giovani Dotoli. Évoquant le fruit de ses premi... more La simplicité est une valeur cardinale aux yeux de Giovani Dotoli. Évoquant le fruit de ses premières années paysannes, il déclarait à Rome Deguergue qui l'interrogeait : « Ainsi ai-je appris la valeur immense de la simplicité, clef de la vie de mes compagnons paysans, la route des hirondelles, la beauté de la nature, la poésie d'un petit jet d'eau qui jaillit d'un rocher. » De cette simplicité vécue, il a fait l'un des ressorts puissants de sa poésie ; comme il est dit dans une biobibliographie qui se lit dans certains de ses recueils, « La poétique de Giovanni Dotoli se résume dans la certitude d'une responsabilité de la poésie aujourd'hui, au troisième millénaire, époque de science et de mondialisation, à travers le dialogue avec la simplicité de l'origine et avec les forces essentielles de l'univers, en une recherche continuelle d'amour. » Sa poésie est un « voyage de simplicité, vers la neige, l'aube, la nuit, l'herbe, l'arbre, la nuée, le vent, la lumière. » De cette simplicité, Giovanni Dotoli propose une définition serrée quand il entreprend de caractériser la poésie de Salah Stétié, qu'il a du reste fortement contribué à faire apprécier : « La parole pauvre de la poésie est d'une simplicité désarmante. Salah Stétié exalte le langage commun, qui est une trace de l'origine. La poésie éclaire le dire banal. elle plonge dans l'inconnu. revitalise la pauvreté des mots, par une sorte de « vue seconde ». La simplicité est porteuse du sens du centre, de légendes et de mythes. » on comprend l'intérêt que Giovanni Dotoli porte à montaigne. Avant son Montaigne philosophe méditerranéen, qui vient de paraître, il a consacré à l'auteur des Essais un livre paru en 2005, La voix de Montaigne, où il aime à y citer la phrase célèbre : « Le parler que j'aime est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu'à la bouche » 1 . Puisque cette déclaration a été souvent analysée par les critiques, je me contente ici de noter que ce goût d'un « parler simple et naïf » implique notamment, pour montaigne, le rejet « des phrases [manières de parler] nouvelles et des mots peu connus », ce qui le conduit, après une déclaration célèbre qu'il n'est pas bon d'isoler, à citer ce jugement d'Aristophane de Byzance sur les écrits d'Épicure : 1. Essais, I, 25/26, éd. D. Bjaï, B. Boudou, J. Céard, I. Pantin, sous la dir. de J. Céard, Paris, Libr. Générale Française, « La Pochothèque », 2001, p. 265. (Je cite toujours les Essais dans cette édition.)
L'Utopie de Thomas More a rencontré, au XVI e siècle, un certain intérêt en France et l'ouvrage y... more L'Utopie de Thomas More a rencontré, au XVI e siècle, un certain intérêt en France et l'ouvrage y a été vraiment lu. On cherchera à retracer l'histoire de ces lectures. La deuxième édition de l'ouvrage est publiée à Paris en 1517, avec une longue lettre de Guillaume Budé, qui propose une lecture profonde du petit livre : il en saisit notamment la fonction à la fois cathartique et paradigmatique. Cette lecture reste celle du premier traducteur français, Jean Le Blond, qui traduit aussi la lettre de Budé. Le second traducteur, Barthélemy Aneau, infléchit cette lecture, comme aussi Antoine du Verdier: si l'Utopie reste un modèle, son caractère irréalisable est désormais fortement souligné. Ces deux lectures définissent les termes du débat du libre arbitre et du consensus, en référence à la République de Platon, qui est centrale dans la réflexion politique du XVI e siècle.
Spécialiste des Passions dramatiques d'expression française jouées tout au long du second Moyen Â... more Spécialiste des Passions dramatiques d'expression française jouées tout au long du second Moyen Âge, Jean-Pierre Bordier s'est plus largement intéressé aux formes théâtrales cultivées en Europe durant les X e-XVI e siècles. Pour donner à lire ces jeux par personnages bien plus divers que ne le laisserait attendre leur commune imprégnation de la doctrine chrétienne, Jean-Pierre Bordier s'est fait tour à tour philologue, linguiste, anthropologue, littéraire, historien. Et à ces approches diverses d'un même champ d'étude, il a joint une constante et fructueuse ouverture à d'autres registres d'expression (récits courtois, littérature hagiographique, poésie satirique, écriture allégorique…). Cette variété éclairante se retrouve dans l'hommage que lui rendent ici une trentaine d'anciens élèves, collègues et amis. Le théâtre des XII e-XVII e siècles a la part belle mais non l'exclusivité. Aux contributions centrées sur le théâtre proprement dit, s'ajoutent en effet celles qui, autour de la notion de théâtralité, s'intéressent à la présence d'une « qualité théâtrale » dans des textes variés. Sans rompre totalement avec un apparentement au théâtre, un troisième volet explore d'autres voies de la révélation, privilégiant la « littérarité » comme signe et manifestation du sens.
Henri Estienne éditeur et écrivain (1547-1598), édition et présentation des préfaces à ses éditi... more Henri Estienne éditeur et écrivain (1547-1598), édition et présentation des préfaces à ses éditions, en collaboration avec J. Kekskemeti et B. Boudou, sous la direction de J. Céard ; rédaction de l’étude introductive (“ La passion et les épreuves d’Henri Estienne”,p. XI-XLVIII.) : Turnhout, Brepols (série Europa Humanistica, Collection "La France des Humanistes"), 2003, 764 p.