Le petit monde merveilleux d'Owlie (original) (raw)
A une époque, j'avais pensé à rejoindre 52_saveurs, parce qu'une de leurs listes de thèmes me plaisait bien. J'ai même écrit plusieurs textes à partir de cette liste (Plus de cocaïne pour apaiser ma douleur, D'une espèce et d'une densité similaire...)
Le but était de faire une intro et une conclusion commune, puis de faire les thèmes par pack de 10 sur un personnage.
Et bien entendu, ce serait avec les quatre capitaines de Poudlard.
La partie "L'amour à l'ère de la science" serait consacrée à Olivier, celle "Seigneur d'un peuple féroce" serait sur Marcus Flint, "Liberté 90" pour Cédric Diggory, "L'amour appartient au Désir, et le Désir est toujours cruel" sur Roger Davies, et "Folies à deux" pour des échanges entre les quatre.
Bien entendu, c'est une idée que faute d'inspiration et de temps, j'ai laissé tombé.
Puis je me suis fait violence aujourd'hui.
J'ai tellement imaginé qu'un jour ça arriverait (de poster, je veux dire... et encore, c'est pas le JTD) que j'ai vérifié 15 fois que je ne l'avais pas déjà fait. C'est pas fou, mais ça a le mérite d'exister!
Par contre, il faut vraiment que je renote quelques parts tous mes identifiants... -_-"
oOoOoOo
Chaton a 10 ans. Je viens de m'en rendre compte. Bam, une décennie dans la tronche. TnT
J'ose même pas loucher du côté du JTD...
(oui, oui, je reviens pour dire ça... mais parfois, le meilleur moment de reprendre, c'est faire comme si de rien n'était!)
J'espère que vous vous portez bien ♥
oOoOoOo
J'espère que vous allez tous bien en ces périodes troublées.
J'essaie de rendre un peu utile ce confinement en réservant du temps pour des choses que j'avais laissé progressivement tomber... A savoir l'écriture et le gainage.
Autant faire la planche me désespère toujours autant, autant pour l'écriture, ça revient doucement. Le blocage est là, mais j'ouvre un peu plus les fichiers.
Les premiers jours, j'avais une motivation folle et j'ai listé les thèmes de toutes les communautés LJ dont je me souvenais (52_saveurs me fait vraiment de l'oeil) mais c'est une idée que j'ai vite abandonné. Toutefois, quelque chose en est resté.
Le thème "Première fois", que j'ai appliqué à Olivier, dans le contexte du JTD. C'est un peu l'écho du tout premier chapitre.
C'est pas terrible, mais je me force un peu pour rester motivée!
Courage à vous puor les jours à venir et soyez prudents ♥
oOoOoOo
Ca fait quelques mois que je n'ai pas posté ici. J'y ai souvent pensé, mais sans le faire.
Pour être tout à fait honnête, le moral n'est pas trop là. Il y a un mois de ça, j'ai eu deux décès dans ma famille et entourage, à même pas trente-six heures d'écart, dans les deux cas de cancers généralisés. Celui dans ma famille m'a cueillie, parce que je pensais qu'on avait encore du temps; et inévitablement je suis tombée dans les "j'aurais dû" et "si j'avais su".
L'autre personne était une copine du sport, à peu près du même âge. Un jour, il faudra que j'en parle. C'était quelqu'un de très fragile, assez isolée et qui mentalement n'allait pas bien à la base. Et elle s'est raccrochée à moi et d'autres personnages de notre cours. C'était toxique comme situation, à la limite de la manipulation et du harcèlement par moment. Je m'en veux de dire ça comme ça parce que je pense que ce n'était même pas conscient chez cette personne, mais au moment où j'ai réalisé que quelque chose n'allait pas, le piège s'était refermé autour de moi. Et je n'ai jamais pu retrouver une distances normale, de copine de sport, malgré tous mes efforts.
Bref, je cogite beaucoup en ce moment et je subis pas mal les évènements.
Donc autant vous dire que je n'écris pas. Je lis déjà peu, alors écrire...
Pas de NaNo pour moi cette année. J'ai un gros projet IRL pour fin novembre et je ne peux pas mener de front la préparation physique, le boulot (je pensais passer une année tranquille à ce niveau mais non) et le reste. Donc même 1776 mots par jour, c'est un gros non. Je sais que l'intérêt, c'est d'écrire, même un mot, mais moralement je ne peux pas encaisser un échec de plus. Donc je ne m'y risque pas. J'espère m'y remettre quand les choses se seront tassées (mais je me rends compte qu'en fait non, les choses ne se tassent jamais).
Que dire d'autres... Je lis pas mal de mangas (et je me suis séparée de mes séries d'ados récemment), j'attends toujours la suite de Yowamushi Pedal et j'ai repris Bleach pour enfin le terminer. J'ai lu plein d'autres trucs dont je ne me souviens pas.
J'ai un peu lâché les séries pour YT et Twitch. J'ai eu une phase Fortnite (vous verriez la tête de mes élèves quand je me mêle aux discussions) et j'écoute pas mal de BTS (je trouve le phénomène et sa construction fascinants)
Bref, j'ai régressé à l'âge de quinze ans.
J'espère que tout va bien de votre côté!
oOoOoOo
J'espère que vous allez bien!
Je n'avais rien posté depuis février, c'est la première fois que je déserte aussi longtemps LJ.
Je n'ai pas grand chose à dire, ce n'est pas une bonne période (depuis presque un an en fait). Rien de dramatique ou vital (pour moi du moins), mais j'ai la tête sous l'eau depuis septembre. Et dans les abysses depuis février, visiblement.
C'est pas très intéressant, j'en parlerai peut-être un jour. Ce ne sera pas plus intéressant mais ça me fera sûrement du bien.
Bon, je ne vais pas vous mentir, je n'ai absolument rien écrit. Pendant un moment, je n'en avais même plus l'envie. J'ai même cru que c'était pour de bon cette fois. Mais à l'approche de l'été et après avoir tranché quelques
têtes
décisions, je me surprends à retrouver toutes ces histoires et ces personnages dans un coin de mon esprit.
Donc on verra.
Faut que tout tienne encore un mois!
oOoOoOo
Donc... En fait, je poste sur LJ depuis un petit moment mais comme un bon boulet que je suis, je poste en privé sans faire attention. Le bilan de 2018 était un peu long donc j'ai gardé le brouillon pour revenir dessus et machinalement, j'ai fait pareil pour les autres posts et je viens à peine de m'en rendre compte.
Ca fait un mois que je suis dans les cartons (je devais déménager durant les vacances mais ça a pris du retard) et j'en arrive au point où je fais officiellement n'importe quoi (cette semaine, je me suis trompée d'étage et j'ai essayé d'ouvrir une porte qui n'était pas la mienne).
Donc ce qui était à la base un léger retard est maintenant devenu un énorme retard, mais malgré tout, même si on est en février: meilleurs voeux pour 2019 !
Je posterai quand même un bilan de l'année dernière (avec un méga-décalage), voir si je peux recommander deux trois choses. Il n'y aura rien de personnel par contre, je nous épargnerai ça.
Quand j'avais fait cette entrée, il y a quelques semaines, j'étais hyper motivée et j'annonçais que cette année, pour ce qui est de l'écriture, je voulais me bouger. Je suis bien moins motivée mais ça me paraît toujours être un bon projet.
Voilà ce que j'avais écrit à ce moment là:
J'aimerais finir Janvier et si possible le poster. Signe encourageant, j'ai repris un peu la rentrée mes notes et j'ai eu des idées. Puis, il y a eu la rentrée et je suis passée en mode survie (pour d'autres raisons).
Je veux aussi finir La fée barbue. Tant qu'à faire, commencer les corrections. Et si possible la poster quelque part. Peut-être Wattpad. En tous cas, me décider de ce que je veux en faire, parce que j'ai besoin de motivation et de chasser la sensation de perdre du temps.
Je ne doute pas qu'il y a de fortes chances que je ne tienne pas mes résolutions, et que je parte sur autre chose, mais le dire joue sur la motivation!
Y a plus qu'à!
oOoOoOo
Le Spiderman: into the spider-verse, c'est juste une tuerie. Bon, j'avoue que j'ai toujours eu un gros faible pour ce superhéros là, mais je me suis régalée devant le film. Vraiment. Pourquoi on en parle pas plus?
Les vacances commencent, et il était plus que temps que je finisse la série de posts sur le NaNo! Donc aujourd'hui, c'est le vrai TGIO et l'extrait des 50k (plus un autre, parce que je ne savais pas lequel choisir).
[**Stats finales**]
Comme je le disais l'autre fois, j'ai vraiment galéré cette année. Ca s'est joué à deux mots près. Je ne regrette pas, parce que j'ai avancé sur cette histoire et que c'est toujours de l'expérience acquise, mais si c'est la même chose l'an prochain, je laisserai tomber en chemin (je dis ça, mais je me connais... ^^").
Quitte à me répéter, je travaillais cette année encore une fois sur les aventures de Rash et Nina. Je pensais que cette session serait la dernière, mais je me trompais. Encore une fois.
Je vous renvoie ici pour le prompt, ici pour la première salve d'extraits, là pour la deuxième, par là-bas pour la troisième.
Après s'être disputés, Rash et Nina ont fini par s'expliquer et se réconcilier. Et quand Mathilde réapparaît soudainement, la jeune femme panique (légèrement, il ne faut pas non plus exagérer) à l'idée que la fée se retrouve à la rue. Elle apprend quelques temps après, lors d'un déjeuner avec Apollon (en désobéissant malgré elle aux consignes de la fée), que sa colocataire et le bel éphèbe ont enfin rompu.
Alors, comme d'habitude, c'est du premier jet, plutôt lointain de qui plus est, donc je m'excuse par avance des fautes, coquilles et autres maladresses qui parsèment les deux extraits!
Contexte:
[**Contexte**]Après son déjeuner avec Apollon, Nina a repris le travail et rentre à l'appartement tard après la fermeture des bureaux. (oui, c'était bien la peine de le mettre sous spoiler! ^^')
Extrait:
[**Extrait**]*
— Vous avez l’air épuisée…
Je n'ai même pas relevé. Epuisée, je l’étais. Comme tout le monde, la fée l’avait vu. Comme tout le monde, la fée avait ressenti le besoin de me le dire. Pleine de surprises, la journée avait surtout été interminable. [...]
J'étais à deux doigts de boucler tout le dossier. Nour m'avait fait promettre de ne pas tarder, quand elle-même était partie, bien après que le service ait été déserté. Sans m'en rendre compte, le temps avait filé. Ce n'était que lorsque je m'étais retrouvée dans la rue et que j'avais sorti mon téléphone de mon sac que j'avais vu l'heure qu'il était. Et les nombreux messages qu'on m'avait envoyés. Nour pour s'assurer que j'étais bien partie, et surtout bien rentrée. Rash pour savoir ce qu'on allait manger.
Et, j’eus du mal à le croire, Apollon pour me féliciter pour le budget, s’excuser de n’avoir rien pu faire et espérant ne pas m’avoir mise mal à l’aise lors de notre déjeuner. Pas impossible qu'un sourire m'ait échappé.
J’étais épuisée, mais dans l'ensemble, ça avait plutôt été une bonne journée.
Et elle n’en fut que meilleure quand, lorsqu'en rejoignant l'apparteement, je vis la nourriture disposée sur la table.
— Vous avez fait à manger ? me suis-je écriée en me tournant vers la fée, le faisant sursauter.
Rash me foudroya du regard, n’appréciant visiblement pas mon étonnement.
— J’ai pris à emporter, rectifia-t-il.
Ma gorge se serra. Ereintée comme je l'étais, j’aurais pu en pleurer. Je savais pourtant que la fée avait dû utiliser mon argent ; en tous cas, c’était plus ou moins ce qu’agacé, il laissait entendre. Rash pouvait dire ce qu’il voulait: il avait faim, il n’avait pas voulu attendre, je n’avais pas répondu à ses messages… Il avait toutes les raisons possibles pour justifier ce qu’il avait fait et démontrer qu’il ne l’avait pas fait pour moi.
Mais les plats étaient intacts. Il était très tard, bien plus tard que nos habitudes en matière de repas. Il se plaignait de mourir de faim.
Pourtant, il m’avait attendu.
Je me tournai vers l’évier, tant pour nous servir de l’eau que pour tenter de me recomposer.
La journée avait été intense, surprenante. Elle le serait jusqu’au bout.
Me tournant, je le découvris à table. Je pris place face à lui et ne pus m’en empêcher:
— Vous m’avez attendue.
C’était plus un constat qu’une question dans mon esprit mais je n’ai pas réussi à le rendre, ma voix ayant fait un tour dans les aigus. Ce n’était pas ma faute, j’essayais vraiment de ne rien laisser paraître, sachant d’avance que cela le ferait réagir, mais je ne pouvais m’empêcher de sourire bêtement.
Ce que je redoutais arriva, Rash le prit affreusement mal. Relevant la tête, il me fusilla du regard.
— Pas du tout, dit-il froidement. J’étais simplement absorbé par ma lecture.
Je haussai un sourcil, incrédule. Après avoir lu « Un amour de marquis », Rash était actuellement plongé dans « La damnation de l’immortel », une romance à fée démoniaque comme il adorait les détester.
Si c’était vrai, si véritablement sa lecture l’avait absorbé au point de ne pas manger (et vu le message qu’il m’avait envoyé, il avait eu faim !), c’était hilarant.
Si c’était faux en revanche…
Si c’était faux, ça me faisait quelque chose, vraiment. Et je ne voulais pas y penser.
— Merci, Rash, ai-je dit doucement.
Il fit rouler ses yeux et entama son plat. Me fendant d’un sourire, je finis par l’imiter.
— Ca ne devrait pas vous faire autant plaisir, vous savez ? signala-t-il un sourcil froncé, voyant mon air enchanté.
— Rash, me suis-je justifiée, croyez-moi, je suis épuisée.
Il n’y avait que la fatigue pour expliquer ça. Car la fée disait vrai. J’en étais plus que consciente, malheureusement. La moindre de ses attentions positives à mon égard me touchait plus qu’elle ne devrait. C’était même effrayant par moment.
Il pinça les lèvres, sur le point de dire quelque chose, mais finalement se ravisa, admettant à nouveau que j’avais l’air effectivement fatiguée ("que j’avais une sale tête", avait selon lui plus d’impact… chose qu’évidemment j’ai apprécié et qui eut le mérite de faire disparaître mon sourire presque attendri).
— Comment s’est passé votre journée ? finit-il par soupirer.
De surprise, j’en laissai tomber ma fourchette. Le bruit attira son attention et il releva la tête vers moi.
— Quoi ? demanda-t-il les sourcils froncés.
— Ne me mentez pas, me suis-je écriée, inquiète. Il s'est passé quelques chose, pas vrai ?
Rash me demandait rarement comment c’était passé ma journée, et jamais de manière aussi ouverte. Il prenait toujours soin de fermer le plus possible ses questions pour éviter que je ne me lance dans un récit exhaustif de ce qui m’était arrivé (et comme il aimait à le dire, il ne m’arrivait jamais rien, et c’était selon lui mon problème !). Qu’il me le demande, ajouté au dîner qu’il avait préparé… quelque chose de grave s’était forcément passé. Il me préparait et détournait mon attention pour me l’annoncer. Ou alors…
Ou alors, il savait.
Mon sang se glaça.
Il savait que quelque chose était arrivé, quelque chose en rapport avec Apollon. Il savait que j'avais enfreint la seule règle qu'il m'avait fixée. Et tout ça n’était qu’une manière de me pousser à l’aveu. Me mettre en confiance pour m’arracher cette confession.
Méfiante, je l’observai alors qu’il me demandait de ne pas être stupide et me rappelait qu’il n’en avait rien à faire, et qu’il le disait pour parler. Ce qui honnêtement était la preuve même qu’il avait quelque chose derrière la tête.
Par chance, j’avais d’autres choses à raconter qu’Apollon. Il suffisait donc que je ne l’évoque pas et m’en tienne éloignée.
— La journée s’est très bien passée, ai-je fini par répondre, avec prudence. Le budget est passé, e_nfin_ ! ai-je ajouté d’un air entendu (auquel la fée répondit d’un haussement de sourcil appréciateur). Oh, et ils ont aussi accepté l’idée de la pré-inauguration !
— C’est bien, fit Rash sans ironie aucune pour une fois. C’était une bonne idée.
— Une idée brillante, n’ai-je pu m’empêcher de rectifier.
Il me décocha un sourire en coin. Et parce que j’étais épuisée, ça m’a peut-être un peu plus troublée que prévu. C’est sûrement pour ça que j’en ai rajouté.
— Mon idée.
Il secoua la tête, faussement attéré. Enfin, peut-être qu’il l’était vraiment. Mais comme il souriait en même temps, le doute était permis.
— Il ne me reste plus qu’à boucler le dossier, ai-je repris avec un peu plus de sérieux. Je pensais pouvoir le finir au bureau mais j’ai mis plus de temps que prévu. C’est pour ça que je suis arrivée si tard. Ils m’ont mis dehors en fait.
Ce qui était la triste vérité. J’imagine que Rash aurait préféré que je lui dise que j’avais fait la tournée des bars, mais non, je bossais. Preuve qu’il s’y attendait, et que j’étais moins surprenante que prévu, il ne parut même pas étonné.
— Du coup, je vais devoir finir ce soir, ai-je soupiré, abattue par cette perspective.
— Vous en faites trop, Nina…
Surprise, je le dévisageai. Il n’y a pas si longtemps, il m’assurait tout le contraire, que je n’en faisais pas assez !
— Comme ça, c’est fait, ai-je répondu en haussant les épaules. S’il est rendu demain, on pourra enfin officialiser une date et lancer les réservations, les invitations et tout le tintouin...
Rash parut prêt à objecter quelque chose mais finalement renonça.
— Et vous, votre journée ? ai-je repris. Tout va bien à Féérie ?
— Parfaitement bien, répondit Rash d’une voix atone qui laissait plutôt penser le contraire. Tout rentre dans l’ordre.
Ca en revanche, je le croyais volontiers. Quand il se retourna vers moi, je lui souris. Il n’alla pas jusqu’à me le rendre mais nous nous étions compris.
— Et comment va la fée Morgane ?
Là en revanche, je l’avais surpris.
— Je ne l’ai pas vue, dieu merci, marmonna-t-il.
— Comment elle est ? ai-je fini par demander, curieuse.
Rash m’observa avec méfiance.
— C'est-à-dire ? dit-il, étirant chaque syllabe.
— Comment elle est ? ai-je répété amusée.
Il prit le temps de la réflexion, paraissant chercher les mots.
— Flippante, finit-il par statuer.
Un léger rire m’échappa. Je le croyais volontiers, même si personnellement au téléphone, elle m’avait plutôt fait bon effet. Mais Rash, en tant qu’employé rebelle, avait sûrement une autre relation avec sa patronne que moi, cliente lésée.
— Elle est jeune ? Elle est belle ?
Rash me dévisagea un sourcil haussé. Il excellait dans l’éloquence de ses expressions. Un « qu’est-ce que ça peut vous foutre ? » mis en muscles faciaux.
— Vous avez eu une histoire avec elle, pas vrai ?
Par un petit miracle, j’ai réussi à le dire sans me mettre à ricaner. Pourtant, c’était une possibilité. Je voyais parfaitement une explication aux rapports tendus entre Rash et sa supérieure comme les conséquences d’une malheureuse liaison. Si Morgane était jeune, belle et talentueuse comme je l’imaginais, elle et Rash était parfaitement assortis.
Pas impossible que la lecture de « Embauche et débauche », une romance épicée en open-space, ait légèrement influencé mon idée !
— Parce que selon vous, l’amour se trouve forcément sur notre lieu de travail ? répliqua Rash froidement.
Je savais qu’il disait ça pour me renvoyer le sujet Apollon à la tête. Parce qu’il trouvait ridicule que je craque pour un collègue de travail dont je ne connaissais que très peu de choses, juste parce qu’il était beau et qu’il sortait avec ma colocataire. Mais je n’étais pas encore prête à aborder le sujet.
— J’ai demandé si vous aviez eu une histoire avec elle, ai-je signalé. Je n’ai pas parlé d’amour…
Je pensais qu'il me reprendrait de volée, arguant qu’il ne parlait pas de lui mais de moi. Mais à la place de ça, il marqua un léger temps d’arrêt (parce que je le regardais, cela ne pouvait pas m’échapper) et finit par se lever pour porter ses affaires dans l’évier.
Et preuve que cette journée était vraiment hors norme, il se mit à faire sa vaisselle.
— Je parlais de vous, Nina, finit-il par signaler aussi sèchement qu’il le put.
Trop tard. Toute fatiguée que j’étais, je l’avais mouché. Toutefois, je n’ai pas insisté et ai savouré silencieusement mon triomphe.
— Je plaisantais, ai-je répondu. Je sais qu’il n’y a ni histoire, ni amour pour vous au travail.
Haussant les sourcils, il m'adressa un bref regard avant de retourner à sa vaisselle. Dommage, un bref instant je crus qu’il allait me contredire.
Le moment était venu de parler d’Apollon. Un simple « A ce propos, vous savez ce qui m’est arrivé aujourd’hui ? » suffirait. Ok, il m'avais demandé dernièrement de m'en tenir à distance. Mais cette rencontre fortuite (et ce qui en avait découlé) était forcément une avancée ! Rash, avec son recul, m’aiderait à comprendre ce qu’il en était. Et avec sa façon bien particulière et particulièrement désabusée de l'interpréter, il m’aiderait un peu à descendre sur Terre.
Encore que, je me trouvais raisonnablement calme à ce sujet.
Pourtant, malgré ça, j’hésitais à lui en parler. Je ne savais pas si j’avais vraiment envie d’entendre ce qu’il en pensait.
Et l’idée me mettait mal à l’aise.
Parce que, j’en prenais conscience maintenant, son avis comptait.
C’est peut-être ce constat qui a fait que je me suis décidée. Je l’ai même fait sans m’en rendre vraiment compte en vérité.
— Parlant de ça… D’amour au travail, ai-je précisé, voyant qu’il se crispait légèrement, comprenant certainement où je voulais en venir désormais. Quelle est la prochaine étape pour Apollon ?
Mon cœur se mit à battre un peu plus fort et je serrai nerveusement mon verre entre mes mains. Rash me tournant le dos, il ne s’en était sûrement pas aperçu. Il avait cependant probablement noté l’hésitation dans ma voix. De la même façon que j’avais perçu la tension dans son dos soudainement de se relâcher.
— Il vous manque tellement ? ricana-t-il froidement.
Baissant la tête, je rougis légèrement. Concrètement, non, et j’aurais sûrement dû m’en inquiéter. Mais si je posais la question, c’était par rapport à ce qui était arrivé aujourd’hui. Parce qu'autrement…
L’idée me donna le vertige.
Autrement, je me serai simplement contentée de profiter de cette soirée et du fait que Rash m’ait attendu pour manger.
L'ignorant, la fée se faisait une fausse idée et me jugeait pour ce qu’il pensait être vrai. Mais je ne pouvais pas dire la vérité. Si j'avouais tout maintenant, cela ne ferait que rendre un peu plus bizarre le fait de ne pas l'avoir fait avant. La Nina des débuts lui aurait sûrement même téléphoné dès qu’Apollon aurait eu le dos tourné.
— Je me pose simplement la question, ai-je marmonné, regrettant de ne pas paraître plus assurée.
La fée secoua la tête et soupira, ouvrant le robinet.
— Normal, finit-il par dire.
Sauf qu’il n’ajouta rien. Ni fit aucun commentaire, ni ne développa son plan.
J’attendis quelques secondes, tentant de mettre en place ce stratagème du silence auquel j’étais incapable de résister. Sauf que la fée en était l’inventeur et le maître. Et contrairement à ce que je pensais, il ne gardait pas le silence pour faire un effet. Il ne comptait vraiment rien ajouter.
Et le problème du silence s’est retourné contre moi. Je fus donc celle qui finit par parler.
— Mathilde a rompu avec Apollon.
J’avais jeté ces quelques mots, comme si le faire aller aider.
La fée interrompit ses gestes un bref instant (lui au courant de tout, l’ignorait ?), avant de reprendre.
— Il était temps, non ? se moqua-t-il. Comment vous…
— La rumeur, l’ai-je interrompu précipitamment.
Je ne voulais pas lui dire qu’Apollon me l’avait annoncé, pas vu la tournure que la conversation prenait. Mais mon empressement à mentir ne faisait que rendre le tout un peu plus suspect. Encore que, j’en faisais certainement tout un plat. Rash devait se foutre totalement de tout ça au fond.
Je ne voulais pas parler du déjeuner. Ce qui était idiot, parce que clairement, j’aurais dû en être fière. J’avais pu partager un bon moment avec Apollon, ce qui n’était pas prévu. Je ne l’avais pas non plus forcé. Et pour quelqu’un qui était incapable de lui faire face sans rougir jusqu’ici, je trouvais que je m’en étais plutôt très bien sortie. Oui, c’était idiot en vérité. Pourquoi le cacher ?
La fatigue, me suis-je répétée. J’étais épuisée. C’était sûrement pour ça que tout me paraissait tellement embrouillé.
— La rumeur… finit par répéter la fée, avant de ricaner. La place est libre désormais, pas vrai ?
Pour une raison que je ne comprends toujours pas, j’ai détesté l’entendre dire ça. Encore plus qu’il le fasse de cette façon. C’était bizarre parce qu’il n’y avait rien de nouveau ou de surprenant dans tout ça. Et c’était même plutôt l’exacte vérité.
Pourtant, j’ai détesté. J’ai détesté ses propos et son ton, tout comme j’ai détesté la tournure que prenait cette soirée. Je voulais retrouver la légèreté un peu cotonneuse du début de notre repas, du moment où j’avais réalisé les efforts que Rash faisait.
C’est sûrement pour ça que je me suis sentie obligée de plaisanter.
— Les connaissant, ils risquent sûrement de coucher ensemble encore quelques fois, ai-je dit dans un souffle.
Rash me décocha un regard furtif par-dessus son épaule et esquissa un sourire. L’expression de son visage finit par enfin s’adoucir. Je me mis à sourire à mon tour et acceptai le silence, plus apaisé, cette fois.
— La prochaine fois, finit-il par dire en rinçant ses couverts, ce sera l’opération Cendrillon. Et je préfère vous prévenir, il va y avoir du boulot. Pas par rapport à… commença-t-il à dire, imaginant sûrement que je l’avais mal pris (et c’était quand même un peu le cas), se risquant à un regard dans ma direction.
Constatant que je n’étais pas affreusement vexée, il reprit, cherchant un peu mieux ses mots.
— Il va y avoir du boulot, parce que vous allez devoir lui mettre une claque. Métaphoriquement, ajouta-t-il un sourcil haussé (mais d’un ton qui me laissa croire qu’au sens propre, l’idée lui plaisait également). Il a besoin d’un électrochoc. Donc il va falloir y aller, à fond.
Une vraie métamorphose, je comprenais ce qu’il voulait dire. Bizarrement.
— Donc Cendrillon.
— Cendrillon, répéta la fée amusée.
*
Et le second extrait a lieu le même soir, juste un peu plus tard.
[**Extrait**]*
La fatigue finit par me rattraper et je dus me résoudre à faire une pause. Je dodelinai devant mon écran. Par réflexe, je sauvegardai mon fichier, le copiai sur ma clé et me l'envoyai par mail. Fermant l’ordinateur, je vins appuyer ma joue contre le haut du dossier, me tournant vers Rash.
Repenser aux derniers jours me donnait presque le tournis. Nous étions passés par tant d’états, d’émotions, pour finalement en arriver à ce résultat : lui et moi, sur le même canapé, après avoir dîné ensemble sans nous disputer. Une bonne soirée. Et il ne m’avait pas donné l’impression de se forcer.
La fée était absorbée par sa lecture. Il ne souriait pas. Et je ne savais pas si c’était une bonne chose ou pas. Quelque part, c’est que l’histoire ne le faisait pas rire (et clairement, quoi qu'il ait pu en dire, il n’y avait aucune vocation comique dans ce manuscrit !). Mais une partie de moi le regrettait. Le sourire lui allait. Une vision rare que j'avais appris à apprécier. Cela le rendait encore plus charmant.
Secouant la tête (même si ce fut faible vu mon état), je me corrigeai mentalement. Cela le rendait juste charmant.
Le manque de sommeil commençait déjà à me faire délirer.
— Rash ?
Peut-être était-ce d’être restée silencieuse toute une partie de la soirée ou peut-être avais-je déjà à moitié sombré, mais ma voix me parut peine audible. Quoi qu'à y réfléchir, j'étais peut-être tout simplement plus enfoncée dans le canapé que ce que je pensais.
Avec lenteur, absorbé par sa lecture et gardant les yeux sur la page qu'il parcourait jusqu'au dernier moment, la fée se tourna vers moi.
Surpris de me voir ainsi, il pencha légèrement la tête et attendit.
— Comment c’est la vie à Féérie ? ai-je demandé.
Levant les yeux au plafond, il laissa échapper un « On y revient… » dans un murmure. Un faible sourire m’échappa. Il ne s’énerva pas, se contenant de ramener son attention vers moi et d’attendre. Il savait que je finirai par continuer.
— Vous avez des ennemis ?
Son éclat de rire me fit sursauter. J’étais très sérieuse pour le coup et je ne pensais pas que c’était le genre de question qui allait l’amuser. Pourtant, c’était vraiment le cas. La fée avait ri de manière spontanée, au point que je n’ai pu m’empêcher de l’imiter.
— Quoi ? ai-je fini par demander.
Il se reprit, gardant un léger sourire en coin.
— Rien, assura-t-il. C’est juste que… vous êtes tellement prévisible et surprenante à la fois.
Ce qui, je pense, était un compliment. Dans sa bouche, en tous cas, je le prenais comme tel.
— Quand vous parlez d’ennemis, reprit-il une fois son attitude habituelle retrouvée, vous voulez dire…
— Ennemis jurés, ai-je précisé, avec sérieux.
A nouveau, le sourire menaça de gagner le visage de la fée, mais il se recomposa rapidement un masque impassible, à mon grand regret.
— Bien entendu ! assura Rash, comme s’il s’agissait d’une question d’honneur.
Ce fut à mon tour de sourire. Le contraire aurait été étonnant. Je voyais mal la fée faire l’unanimité. Enfin, sauf s’il la faisait contre lui. Encore qu’aujourd’hui, même de cette certitude je finissais par douter.
J’avoue, une partie de moi pensait qu’il m’enverrait bouler. Et pourtant, la fée avait accepté de répondre et ne se fit pas prier pour continuer.
— Il y en a un en particulier. Au travail, précisa-t-il, voyant que ma curiosité était piquée. Un connard fini. Il fait ce qu’il peut pour me faire virer.
Ma curiosité était plus que piquée. J’aurais aimé voir ce que Rash pouvait qualifier de connard fini, autant que ce que pouvait donner un homme prêt à s’opposer à l'irascible fée. Surtout dans le travail, où il laissait libre cours à tous ses mauvais côtés.
— Vous l’adoreriez, reprit Rash en me jetant un regard en coin, visiblement satisfait, avant d’ajouter devant ma surprise (vu comme il le décrivez, mon premier réflexe fut de douter…). Il aurait exaucé vos vœux et réglé vos problèmes d’un simple claquement de doigts.
Bien évidemment, la némésis de Rash était forcément son opposé. Consciencieux, travailleur, dévoué…
Barbant, me suis-je surprise à penser.
Pour une raison idiote, mises bout à bout, ces qualités ne me faisaient plus autant rêver.
— Alors que vous… ai-je dit d’une voix traînante.
Lui avait fait tout le contraire, bien évidemment. Rash se tourna vers moi, et me lança un regard pénétrant. Du moins, dans le brouillard ensommeillé dans lequel j'étais en train de glisser, c’est comme ça que je l’ai interprêté.
— Ce que vous voulez au fond Nina, c’est être heureuse, se contenta-t-il de formuler, comme un constat, sans aucune agressivité. Et je sais que vous ne l’admettrez jamais mais vos vœux ne vous l’apporteront pas. Tenez, votre travail, ce n’était pas dans vos vœux, n’est-ce pas ? demanda-t-il en me prenant à témoin et en attendant que j’acquiesce (ça pour le coup, je ne pouvais que le reconnaître). Mais vous êtes heureuse, pas vrai ?
J’étais surtout épuisée mais la fée avait peut-être raison.
J’étais loin d’être si malheureuse que ça en ce moment, je devais l'admettre.
— Donc, j’ai eu de la chance de ne pas tomber sur le Connard, c’est ça ?
Rash haussa un sourcil surpris avant d’affirmer qu’effectivement, oui.
— Et j’imagine qu’il est affreusement proche de la fée Morgane, pas vrai ?
La fée sembla peser le pour et le contre.
— Il aimerait ! ricana-t-il.
C’est idiot, mais c’est ce détail qui me convainquit qu’il n’était pas en train de me balader. Un sourire m’échappa.
Les moments où Rash se confiait étaient tellement rares. Bon, une fois de plus, ça n’avait rien de réellement personnel. Mais quand même… Est-ce qu'il en était conscient ? Peut-être qu’il le faisait exprès. Peut-être que cela faisait partie d’un plan destiner à m'amadouer pour sauver cette mission, sa carrière, et donc aussi son derrière.
Quoi qu’à voir le plaisir qu’il avait à dire du mal du Connard (le surnom avait été plébiscité et adopté), je me suis surprise à penser qu’il le faisait plutôt volontiers.
— C’est lui qui vous a cassé le nez ? ai-je finalement demandé.
Rash eut l’air d’abord surpris, puis consterné pour laisser l’amusement commencer à pointer.
— Vous n’arrêtez jamais, dit-il avec un sourire.
Pour une étrange raison, je ne pus soutenir son regard. Cette fois, la nullité de ma plaisanterie n’était pas à blâmer.
— Et des a… des alliés ? me suis-je corrigée. Vous avez aussi des alliés ? Des collègues de travail ? ai-je ajouté voyant qu’il ne réagissait pas.
A la base, j’allais demander des amis, mais je savais que la fée ne me répondrait pas. La question m’intéressait vraiment. Au début, j’imaginais Rash comme un solitaire misanthrope en marge de la société. Maintenant, il n’était plus qu’un caractériel mal embouché. Il avait forcément des amis. Même s’il ne l’avouerait jamais. Et il y avait obligatoirement, au travail, des gens de son côté.
Pourtant, la fée parut rechigner à l’admettre, se contenant de grimacer.
— Il y a bien des personnes qui vous parlent, Rash ! ai-je dit avec un sourire.
Vu comme ça, il dut admettre que oui.
— Peu, tint-il à préciser.
Comme si le fait qu’il soit populaire puisse changer quelque chose à ma manière de le considérer, puisse ternir l’image qu’il s’était forgé. Un léger rire m’échappa.
Des voisins de bureau plus que des collègues. Trois, affirma-t-il non sans fierté, comme si au-delà, cela ne collait plus avec son personnage. Des cas. A l’écart du monde et de tous. Pour diverses raisons.
Il n'entra pas plus dans les détails. Il n'en eut pas besoin. Je les imaginais parfaitement.
— Ils vous ont parlé de notre situation ?
Rash haussa aussitôt un sourcil et je regrettai immédiatement ma question.
La situation. Elle nous concernait, mais c’était "la" situation. Les vœux ratés et tout ça. Pas forcément notre cohabitation.
Enfin, pas du tout notre cohabitation.
Gênée, je prétextai un soudain besoin de me frotter les yeux, histoire de me soustraire un bref instant du regard de la fée.
— Le Connard ne s’en est pas privé… finit par dire Rash après un instant qui me parut être une éternité.
Il me sembla déceler une pointe d’amertume dans la voix de la fée. Mais cela ne faisant pas sens, j’imputai cette impression à la fatigue et n’en tins pas compte.
Rash se détourna et reprit sa lecture, avant de finalement ajouter.
— Lui pense qu’il aurait pu instantanément vous combler.
Quelque chose me mit mal à l'aise dans les paroles que Rash venait de prononcer. Les termes choisis, la façon dont il les avait prononcés, ce qu'ils pouvaient impliquer... Je ne savais pas vraiment à quoi ça tenait. Ce quelque chose aurait sûrement mérité que je me penche dessus.
Insensible à mon trouble, la fée ne se tourna pas vers moi, se contentant de tourner une page du manuscrit. Sur son profil, je ne décelai aucun indice me permettant d’interpréter tout ça. Autant laisser filer.
— Un Connard, quoi… ai-je fini par soupirer.
Me lançant un rapide regard, Rash se fendit d’un sourire en coin, de mon côté.
Autant dire qu’il estimait que je l’avais parfaitement cerné.
Songeuse, je restai immobile à observer le visage de la fée, notant distraitement le mouvement de ses yeux, les réflexes moteurs dus à sa respiration. Il savait que je le faisais, il sentait forcément que je le regardais. Mais il n’a rien dit. Ce qui était surprenant. Ou alors, il sentait que je commençais à sombrer doucement.
Je ne voulais pas d’une autre fée. D’un Connard ou d’un allié. De plus en plus souvent et pour des raisons de plus en plus diverses, je me disais que j’avais eu de la chance de tomber sur cette fée.
Ma fée.
La fatigue l’emporta et je rendis les armes sur cette pensée.
Quand mon réveil sonna le lendemain, c’était dans mon lit que j’étais couchée.
*
Passez de bonnes fêtes!
oOoOoOo
En ce moment, je lis pas mal de mangas sportifs. Je continue avec de suivre avec bonheur les scans de Yowamushi Pedal et je redécouvre avec plaisir le baseball avec les oeuvres de Mitsuru Adachi. Pour un peu qu'on ait le même âge, vous avez forcément vu Théo ou la batte de la victoire. Ben, Touch, le manga est vachement bien. Ca m'a rappelé plein de souvenirs et du coup, j'enchaîne avec Mix, toujours une histoire de frères, toujours sur le baseball, trente ans après Touch.
© Mitsuru Adachi
Sans transition, l'extrait des 40k!
Pour une fois, Rash n'est pas là. Mais sans y être, il y est quand même... Et il le sera doublement pour les 50k!
Comme à chaque fois, c'est à peine relu, donc il doit y avoir encore pas mal de fautes, de coquilles et de maladresses.
Contexte:
[**Contexte**]Rash a demandé à Nina d'éviter Apollon pendant quelques temps. Selon son plan, c'est censé aider... D'abord sceptique, elle a fini par accepter. Prise par son travail, elle a même fini par oublier. Sans qu'à passer son temps à descendre à la comptabilité pour accomplir la mission qu'on lui a donnée, elle finit forcément par le croiser...
Extrait:
[**Extrait**]*
— Combien de fois ? demanda la comptable avant même que je n'ai eu le temps de toquer.
Aujourd’hui ou en général ? ai-je pensé en franchissant le seuil et lui tendant mon dossier. La précision était inutile, la réponse étant la même dans les deux cas.
Trop.
Je la remerciai et tournai les talons, sans lui souhaiter une bonne journée. Je risquai de faire encore quelques aller-retours, rien que cet après-midi.
Devant l’ascenseur, j’appuyai sur le bouton d'appel. En temps normal, j’aurais pris l’escalier. Mais là, je ne pensais plus qu'à rejoindre le hall et aller manger. Mon estomac gargouillait.
— Nina ?
Un frisson me traversa l'échine. Cette voix me ferait toujours de l’effet. Faisant volte-face, je me trouvai face à Apollon, qui paraissait visiblement surpris de me découvrir ici.
— Oh, bonjour ! ai-je, à mon grand regret, couiné. Ca va ? Je devais apporter des papiers, ai-je ajouté sans lui laisser le temps de répondre et en désignant le bureau que je devais quitter.
Pourquoi ? Pourquoi j’avais ressenti le besoin urgent de me justifier ? Je donnais simplement l’impression d’être là pour de mauvaises raisons. Alors qu’en fait, je travaillais. Et Apollon se foutait complètement de ce que je faisais.
Ses yeux s’écarquillèrent un peu plus et il esquissa un sourire.
— Je m’en doute, répondit-il. C’est plutôt rare de te voir dans le coin…
Je retins de justesse un ricanement moqueur. Ce n’était pas ce que dirait sa collègue, qui devait au contraire avoir l’impression de passer ses journées avec moi depuis quelques temps. Je naviguais entre nos étages dernièrement et pour le coup, c’est lui que je n’avais jamais croisé. A croire qu’il n’y était jamais...
La première fois, je m’étais apprêtée, anticipant, choisissant avec soin mes vêtements, me coiffant et me maquillant un peu plus qu'à l'ordinaire. Ce que certains (enfin certaines, Nour et Cess principalement) avaient noté. Par la suite, les allers-retours s’étaient multipliés et je n’en avais plus vu l’intérêt. Je portai la main à mes cheveux, que j’avais machinalement attaché peu de temps avant. J’aurais sûrement dû insister.
Quoi que, à me voir me pomponner, la fée qui m'avait ordonné de l'éviter aurait fini par deviner que quelque chose clochait...
— Tu es devenue une vraie célébrité, se moqua-t-il gentiment.
— Pour une bonne raison, cette fois…
Son sourire vacilla un court instant mais il s’efforça de le figer. C’est là que j’ai compris ce que j’avais fait.
Je perdais des points de quotient intellectuel face à cet homme, c’était désormais un fait avéré. J'avais parlé sans réfléchir. La dernière fois que les gens avaient parlé de moi, Apollon avait découvert que sa bonne amie lui faisait des infidélités. Il m’avait accompagné quelque part dans la célébrité.
Je marmonnai aussi un « désolée » et baissai la tête, gênée.
L’arrivée de l’ascenseur me sauva.
— Je… je vais me manger, ai-je dit en désignant la porte qui s'était ouverte derrière moi.
Cruche j’avais été, cruche je resterai. J’aurais pu me contenter d’un simple « j’y vais ! » ou « à la prochaine ! ». Mais non. Par chance, je n’avais pas une envie pressante à soulager, j’aurais été capable de dire aussi la vérité.
— Moi aussi, fit Apollon avec un sourire.
Et il pénétra dans l’ascenseur.
Ce qui aurait pu être mon rêve, il y a quelques temps de ça. Apollon et moi dans un ascenseur. Même si je dois avouer que dans mes rêves, nous étions nettement moins vêtus. C’était la faute à ces foutus bouquins ! A force de lire de la romance à tout bout de champs, mon imagination s’emballait. Nous n’allions pas vivre un moment de passion enfiévrée.
Prenant place à l’autre bout de la cabine, je frissonnai légèrement lorsque le froid de la paroi traversa mes vêtements.
Apollon se chargea d’appuyer sur le bouton du rez-de-chaussée. Les portes se fermèrent. Je cessai de respirer pour commencer à transpirer.
— Félicitations pour ton idée.
L’entendre parler me fit sursauter. Risquant un regard dans sa direction, je vis qu’il souriait.
— Merci, ai-je répondu, un peu gênée.
— J’ai vu quelques-unes de ses œuvres. Horribles, dit-il avec une grimace.
Oh, comme je comprenais. YXY faisait l’unanimité à son sujet. Et j’étais certaine que c’était quelque chose qu’il appréciait. Le rôle de l’artiste incompris lui allait comme un gant.
Apollon jeta un regard dans ma direction, à l’affût de ma réaction, se demandant visiblement si j’approuvais son avis ou si son commentaire m’avait choqué. S’il savait…
— M’en parle pas, ai-je confié à mi-voix.
— Tu les as sauvés ! insista-t-il. C’est une bonne idée.
Une idée brillante, eus-je envie d’ajouter. Mais je me retins, ne sachant pas vraiment comment cela serait interprété. Je ne voulais pas risquer qu’Apollon passe à côté de la plaisanterie. Aussi ai-je préféré la vérité, et faire preuve de modestie.
— C’est une idée de Rash, ai-je avoué.
C’était mon idée, inspirée par la fée. Sur le coup, il m’avait paru plus simple de simplifier.
— Rash ? répéta Apollon surpris. Et comment va… Rash ?
Le prénom avait visiblement toujours du mal à passer. Je ne manquerai pas d’en parler au principal concerné. D’abord la Garce givrée, Apollon… Il allait bien finir par devoir m’expliquer d’où ce surnom venait (parce que concrètement, ça ne pouvait pas être un véritable prénom).
— Il va mieux, ai-je soupiré, amusée. Surtout depuis qu’il a eu cette idée !
— Je suis sûr que c’est ton idée…répondit Apollon d’un air entendu.
— Depuis qu’il m’a inspiré mon idée, ai-je alors rectifié.
Ce qui était finalement l’expression même de la vérité. Apollon souffla par le nez, amusé.
L’ascenseur s’arrêta et les portes s’ouvrirent. D’un geste de la tête, Apollon m’invita à passer la première.
[...]
La conversation nous mena, sans que nous nous en rendions compte au milieu du réfectoire. Je m’arrêtai, cherchant du regard autant une place que quelqu’un que je connaissais. Pas tant pour les rejoindre (encore que cela mettrait fait à la nervosité grandissante que je ressentais… et que ce soit clair, seules Nour et Cess entraient dans cette catégorie), mais pour éviter un moment gênant. Apollon, tout en continuant à me parler des dossiers qu’il traitait (la discussion avait légèrement dérivé et il me démontrait par A plus B que certaines économies pouvaient très facilement être réalisées), faisait de même. Lui était bien plus populaire que moi, il allait forcément rencontrer quelqu’un.
— Là-bas, dit-il en désignant un direction du menton.
Me tournant dans la direction qu’il indiquait, je découvris avec surprise qu’il désignait une table avec quelques places vides.
Mes joues s’empourprèrent aussitôt et je rejoignis les places d’un pas tremblant. Il était ok pour déjeuner avec moi. C’était une sorte d’invitation tout compte fait. Parce que nous discutions depuis l’ascenseur et les choses s’étaient faites sans vraiment réfléchir. D’ailleurs, Apollon se glissa face à moi tout en continuant à parler. J’étais vraiment la seule à être troublée.
Mais cela était plutôt logique au final. J’étais la seule pour qui cela avait de l’importance.
Pour une raison stupide, j’eus l’impression que le monde entier s’était arrêté de tourner pour nous regarder. Et que tout le monde murmurait et se demandait ce que quelqu’un comme lui faisait à table avec quelqu’un comme moi.
A force de regarder tout autour d’un œil inquiet, Apollon finit par le remarquer.
— Nina, ça va ? demanda-t-il le front légèrement plissé.
Je tressaillis légèrement. Apollon m’appelait par mon prénom. Il n’y a pas si longtemps, il ne le connaissait malheureusement même pas.
— Oui, oui, me suis-je empressée de répondre. Je me demandais si… Tu ne devais pas rejoindre tes amis ? Je veux dire, tu n’es pas obligé de déjeuner avec moi si…
C’était tellement gênant que je ne suis pas parvenue à finir ma phrase.
Mon embarras ne fut heureusement pas contagieux et il eut plutôt l’air de trouver ça amusant. Du moins, c’est ce que je déduisis de son sourire.
— Si ça ne te dérange pas, ça ne me dérange pas, dit-il avant de reprendre avec un sourcil haussé. Mais c’est plutôt à toi que je devrais poser la question, répondit-il. Tu es sûre que personne ne t’attends ?
Je n’ai pas su sur le coup s’il plaisantait ou non. Sur le terrain de l’humour, Apollon restait encore très mystérieux à mes yeux. Dans le doute, je pris le risque de répondre au premier degré et secouai la tête négativement.
— Rash ne va pas débarquer ? demanda Apollon en entamant son plat.
Stupéfaite, je n’ai rien répondu et suis restée un instant la fourchette en l’air. Bien bête, je le reconnais. Je ne m’attendais pas à ce qu’Apollon mentionne la fée. Surtout pas de cette façon. Il me jeta un rapide regard avant de se remettre à manger.
— Je l’ai déjà vu dans le coin, je crois, reprit Apollon comme pour se justifier.
— C’est vrai, ai-je admis. Mais pas aujourd’hui, il est… occupé.
A Féérie. Autrement, j’imagine qu’Apollon aurait dit vrai. Rash venait de temps à autre déjeuner dernièrement. Principalement parce que je payais.
— Ca fait combien de temps que vous êtes ensemble ? finit par demander Apollon.
En cet instant, je faillis décéder.
Fausse route de carottes râpées. Etouffement par crudité.
J’eus à peine le temps d’attraper une serviette en papier pour tout recracher. Une quinte de toux plus tard, j’étais écarlate. Mais pas seulement parce que je venais de suffoquer à moitié.
— On n’est pas... ai-je dit d’une voix étranglée. On n’est pas ensemble ! Rash est mon meilleur ami, c’est tout.
Je m’étais empressée de rétablir la vérité. Ce qui aurait pu paraître suspect. Je n’y avais même pas pensé, je voulais simplement qu’Apollon ne se fasse pas de mauvaises idées. Parce que dans l’éventualité où le plan de la fée finisse par marcher (et que ce déjeuner aujourd’hui ne le fasse pas totalement échouer), dans l’éventualité où Apollon puisse m’envisager, il ne devait surtout pas s’imaginer que j’étais prise. Il ne devait pas se faire de fausses idées.
— On se connaît depuis tout petit, ai-je repris un peu plus calme (je ne voulais pas que mes justifications paraissent suspectes). A vrai dire, il ne me voit même pas comme une fille. Il ne s’en est jamais caché.
Ce n’était pas exactement ce que Rash avait dit, mais dans l’esprit, je respectai l’idée.
J’aurais aimé qu’Apollon ait l’air surpris. Dans l’absolu, j’aurais voulu qu’il s’indigne et traite Rash d’idiot (et rien que d’imaginer la tête que ferait Rash si je me hasardais à le lui raconter m'emplissait de joie). Mais rien de tout ça. Il se contenta d’afficher un sourire poli. Soit il ne me croyait pas. Soit il s’en foutait royalement.
Et connaissant ma veine, c’était sûrement cette possibilité qui était vraie.
J’aurais pu dire que j’étais celle qui ne voyait pas Rash comme un homme. Mais honnêtement, si je ne le voyais pas comme un homme, je n’avais aucune chance de voir Apollon comme un homme aussi. Ce n’était clairement pas le message que je voulais envoyer.
Et Apollon ne m’aurait jamais cru. Les mâles se reconnaissaient entre eux. Rash était un homme, en plus d’être une fée agaçante à souhait.
— Désolé, fit Apollon. J’ai cru que…
Que Rash et moi… Je secouai la tête pour ne pas y penser. C’était étrange et déplacé. Surtout avec Apollon face à moi.
— Ce n’est rien, ai-je fini par dire. Ca arrive parfois.
J’avoue, j’avais dit ça pour ne pas le mettre dans l’embarras. Personne n’avait jamais cru que Rash et moi… je ne pouvais même pas le prononcer. Je fis un geste de la main pour chasser l’idée.
Personne ne l’avait imaginé. Enfin, à part…
Une idée germa. Fronçant les sourcils, je regardai Apollon.
— Est-ce que c’est Mathilde qui t’a dit ça ?
Ma colocataire était la seule à ne pas croire à notre amitié. A raison, à la base, je sais. La fée et moi nous étions donné du mal pour qu’elle finisse par l’envisager, quitte à y mettre de notre personne. Apollon était sûrement capable de se forger seul ses opinions mais il avait peut-être été influencé.
Surpris, il eut un léger mouvement de recul.
Je me maudis un instant d’avoir posé la question. Comme si eux deux avaient du temps à perdre à parler de la fée et moi.
— Non, finit par dire Apollon, visiblement hésitant. Enfin. Non.
Autant dire qu’elle l’avait sûrement fait.
Je haussai les sourcils et secouai la tête. Si jamais Rash l’apprenait... Je n’osai même pas imaginer la réaction de la fée. Encore que malin comme il l’était, il le savait déjà. Et j’étais sûrement l’imbécile qui n’avait pas envisagé cette possibilité…
— Génial... ai-je marmonné.
Ce qui était encore pire tout ce qui venait d’arriver, je crois. Mais plutôt que d’avoir l’air choqué ou intrigué, Apollon eut surtout l’air désolé. Allez savoir de quoi Mathilde avait dû aussi lui parler…
— Tu as eu de ses nouvelles dernièrement ? demanda-t-il après une hésitation.
Il évitait soigneusement de me regarder. Ce qui était plutôt suspect.
— Euh, non, ai-je avoué, surprise qu’il pose cette question. Je sais qu’elle était là il y a quelques jours. Je l’ai aperçue dans un couloir mais elle est pas venue me voir et on n’a pas eu l’occasion de discuter…
Sacrées amies, pas vrai ? Il y avait quelque chose de navrant dans ce constat.
— Tu l’as vue ? ai-je demandé. Comment elle va ?
Bien sûr qu’il l’avait vue ! Comme Rash n’avait cessé de me le répéter, ils avaient passé la nuit à remettre ça.
Apollon eut l’air soudainement embarrassé. Il se força à sourire cependant.
— Oui, je l’ai vue et… (il hésita un instant) Et on a rompu.
La surprise était de bon aloi en cet instant. Je n’ai même pas eu à la feindre.
Pour une étrange raison, cela m’a étonnée. Mais je crois que ça tenait plus du fait de l’entendre me le dire, que d’apprendre qu’il l’avait fait. Qu’Apollon se confie à moi alors qu’au final, je n’étais pas du tout concernée avait de quoi me surprendre.
Parce que pour le reste, ce n'était pas trop tôt. Honnêtement, il était temps. J’adorais Mathilde mais la façon dont elle avait traité ce pauvre garçon laissait à désirer… Lui avait enduré plus que n’importe qui l’aurait fait. A croire qu’il l’aimait vraiment, sincèrement.
Ou comme Rash le disait, qu’elle avait sûrement certains talents cachés.
Par réflexe, je sortis mon portable de ma poche. Aucun message. Mathilde ne m’avait pas prévenu. Alors que la nouvelle était plutôt énorme ! A sa place, j’aurais sûrement eu besoin de me confier (enfin, encore qu’à sa place, j’aurais tout fait pour garder Apollon). Vérifiant encore notre fil de conversation, je relus son dernier message. Ni tristesse, ni désespoir. Elle était plus forte que je ne le pensais.
Ou alors, ce n’était pas elle qui était blessé. Je relevai les yeux vers Apollon. La tête basse, il triturait les restes de son assiette distraitement.
— Toi, ça va ? ai-je demandé doucement.
Autant parce qu’il me faisait de la peine que parce que je n’osais pas vraiment. Il haussa les épaules et soupira.
— C’est mieux comme ça, dit-il en s’efforçant de sourire.
Je ne pouvais trop rien dire. Bien sûr que c’était mieux comme ça. De mon point de vue, je ne pouvais même pas mieux rêver. Sans Mathilde dans le tableau, je m’éloignais du spectre de l’impossibilité. Tout pouvait être simplifié. Mais de leur point de vue à eux, je ne pouvais pas forcément en dire autant.
Ne trouvant rien à répondre, je me suis contentée de sourire un peu tristement, comme lui.
— Ca s’est fait calmement, reprit Apollon, qui a ma grande surprise, continuait à se confier. On sait l’un comme l’autre qu’on risque de se recroiser au boulot. [...] On va essayer d’être amis, simplement.
Pour une raison idiote, j’étais nettement moins peinée pour lui tout compte fait. Je pris sur moi pour ne pas afficher trop clairement mon scepticisme. En cet instant précis, je pouvais presque entendre la voix de Rash me disant qu’ils allaient remettre ça encore une fois. « Coucher ensemble, Nina ! », le connaissant, c’est même ce qu’il ajouterait !
S’il ne coupait pas les ponts, vu comme les choses s’étaient passées, Apollon ne s’en sortirait jamais. Il resterait dans cette relation étrange avec Mathilde, jusqu’à ce qu’elle en ait assez de lui. Et quelque part, tant pis pour lui ! Mais moi, j’étais là. Et si Mathilde était présente comme ça dans sa vie, il n’y avait pas de place pour moi.
— Si ça te convient, ai-je toutefois dit, haussant les épaules à mon tour, c’est ce qui compte…
Le sourire d’Apollon était bien moins triste quand il me répondit.
— Merci, Nina.
Je haussai les épaules à mon tour. Ca ne me coûtait pas grand-chose de le dire. Je me méprenais visiblement sur la raison de ses remerciements puisqu’Apollon renifla, amusé.
— C’est grâce à toi, reprit-il, ou malgré toi d’après ce que j’ai compris, que j’ai découvert que… enfin, ce qui se passait.
Un bref instant, je me suis demandée s’il faisait preuve d'ironie. Puis j’ai vite compris que non, il ne l’était pas. Il le pensait. Il me remerciait réellement. Sachant tout ce que cela avait provoqué pour lui. Sachant que cela l’avait amené à cet instant. Leur séparation, j'entends.
Ma gêne redoubla. Pour le coup, je ne l’avais pas fait exprès. Loin de là !
— Ce n’était pas volontaire, ai-je rappelé dans un marmonnement (sachant pertinemment que nous ne parlions pas de la même chose dans tous les cas, lui pensait aux mails, moi… à l’action d’une certaine fée).
— Oui, reconnut-il, mais après tu n’as pas cherché à mentir pour t’excuser. Tu as été sincère. Et j’ai apprécié.
Je pense être restée à l’observer stupidement plus que nécessaire. Mais il fallait me comprendre ! Comme quoi, quoi qu’en dise la fée, malgré mes problèmes de dosage, la sincérité payait !
— Je ne suis pas certaine que Mathilde soit d’accord avec toi, ai-je grimacé.
— Pas sûr en effet, admit Apollon en haussant les sourcils, entendu.
Mes yeux s’écarquillèrent. Qu’est-ce qu’il voulait dire ? Elle savait ? Elle avait découvert la vérité ?
Elle allait me tuer.
*
oOoOoOo
Avec beaucoup de retard, je peux le dire:
Je n'avais pas vraiment le choix, je devais le boucler le 28 novembre. Ce que j'ai finalement réussi à faire avec 50 002 mots, dans la douleur et sans panache. Mais c'est fait!
J'ai travaillé sur La fée barbue tout le long et, contrairement à ce que j'espérais, je n'ai toujours pas fini. Mais les choses avancent et un jour, j'y arriverai!
Il va donc y avoir encore deux extraits à venir, pour les 40k et le vrai TGIO des 50.
Contexte:
[**Contexte**]
Après s'être violemment disputés et s'être finalement réconciliés et expliqués, Rash et Nina ont repris avec un certain plaisir leurs petites habitudes. Mais un jour, alors qu'elle discute avec deux collègues de travail, Nour et Cess la Garce givrée, Nina aperçoit au bout du couloir sa colocataire. Si Mathilde est de retour à l'appartement, Rash sera lui obligé de le quitter...
La Garce givrée est le surnom donnée à une fille des RH, ex d'Apollon. Suite aux voeux qu'elle a formulés (et surtout à cause de l'intervention d'une certaine fée), Nina va avoir affaire à elle (enfin, après avoir surtout commencé par la fuir) et découvrir que le surnom n'est absolument pas mérité.
S'il est beaucoup utilisé, c'est surtout parce que Nina a du mal à perdre cette habitude
et aussi parce que ça me permettait d'engranger quelques mots
! ^^"
Comme d'habitude, c'est à peine relu. Je ne trouve pas grand chose à garder dans cette édition du NaNo donc... Je préfère prévenir. Il y a certainement beaucoup de fautes, de coquilles et de maladresses. Désolée!
Extrait:
[**Extrait**]*
Sortant mon portable de ma poche, j’en vérifiai les messages. Rien. Si Mathilde était là, elle n’avait pas cherché à me contacter.
Et si je ne m’étais pas trompée, j’allais devoir agir en revanche.
Rapidement, j’envoyai un message à la fée, un simple et concis « Mathilde est là ».
Relevant la tête vers les filles, je sentis qu’un léger malaise s’était installé.
— J’imagine eu tu as dû entendre des trucs… finit par dire la Garce givrée d’une voix traînante.
Il me fallut quelques secondes pour comprendre exactement de quoi elle parlait. Surprise, je n’ai pas su quoi répondre. Je ne pouvais pas mentir. Mathilde m’avait tout raconté. Enfin, du moins elle m’avait répété tout ce qu’Apollon lui avait dit, et ce que les rumeurs lui avaient appris. Et preuve que ça avait marché, même moi qui ne la conaissais pas, je l’appelais la Garce givrée.
La culpabilité m’empêcha un instant de la regarder.
— Ne t’inquiète pas, ai-je fini par répondre d’un sourire que j’espérais rassurant et assuré. Il s’en est dit tout autant sur moi…
Ce qui n’était pas la chose la plus sensible et maligne à répondre, j’en convenais. Surtout que, dommage pour mon petit ego, la Garce givrée (Cess, bon sang !) ne démentit pas. Elle se chargea même d’expliquer à Nour la situation et comment ma colocataire et elle étaient liées.
Mon ego ébréché, je fus sauvée de la spirale déprimante de pensées par la vibration de mon portable. Sauvée de justesse par la fée.
Et ?
J’étais incapable de savoir s’il le faisait exprès. Aussi ai-je reprimé la pointe de colère qui montait, colère uniquement justifiée par un bref sentiment de panique, je le savais.
Et qu’est-ce qu’on fait ???
Comme si la multiplication de la ponctuation allait aider… La réponse de Rash ne fit pas attendre.
Et qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ?
Même par message interposé, la fée ne perdait pas de son potentiel irritant. Je pouvais presque entendre le sarcasme rien qu’en lisant son message. Non, bien sûr, lui ne voyait pas le problème ! Mathilde était de retour, avec toutes les conséquences que ça aurait et Môssieur la fée s’en moquait totalement.
Il allait se retrouver à la rue le soir-même (parce que clairement, c’était ce qui lui pendait au nez si elle réintégrait l’appartement), mais non, il jouait la carte de la sagesse et de la résignation. Bon, je savais qu’il n’irait pas non plus dormir sous les ponts et serait peut-être ravi de retrouver son cottage champignon pour la soirée mais…
En fait, je devais me l’avouer: je serais sûrement celle qui vivrait le plus mal la situation.
Je ne voulais pas, vraiment pas. Et cette idée ne fit que renforcer ma panique naissante, ajoutant du stress au stress.
Faire partir Rash juste parce qu'elle arrivait était injuste. Et je refusais. Mathilde ne pouvait pas m'imposer ça. Pas après tout ce que la fée et moi avions vécu et traversé. L'autre fois, j'avais cédé. C'était différent désormais. Là, je ne culpabilisais plus seulement de le mettre dehors. Je ne voulais pas qu’il parte.
Fixant l’écran de mon téléphone, les doigts au dessus du clavier tactile, j’eus cette prise de conscience. Assez effrayante au demeurant.
Comment j’aurais pu le dire à la fée ? J’avais déjà du mal à m’avouer que je trouvais injuste qu’il ait à partir et surtout que je n’avais pas envie que nos habitudes soient troublées. Ca n’avait pourtant absolument rien de déplacé, je le savais. Une partie de tout ça était d’ailleurs sûrement motivée par la légère rancœur que j’entretenais envers ma colocataire qui ne donnait plus aucune nouvelle, qui ne m’avait pas prévenu qu'elle revenait et qui sortait toujours avec Apollon. Mais je savais que ce n’était pas comme ça que ça sonnerait.
Ce n’était pas non plus exactement comme ça que dans ma tête, c’était formulé. Ce qui me troublait aussi, je devais l’avouer.
Alors lui en parler à lui ?
Même sa situation encore un peu tendue à Féérie ne pouvait justifier l’inquiétude et la réticence à son départ que je ressentais.
Mon portable vibra, me tirant de mes pensées. Rash.
C’est Apollon, le problème, pas vrai ?
Je restai une seconde stupéfaite avant qu’un grognement ne m’échappe. Est-ce qu’on pouvait plus à côté ? Apollon n’avait rien à voir là-dedans. A vrai dire, je n’y avais même pas pensé. Il me pensait obsédée à ce point ?
— Nina, ça va ?
Surprise de m’entendre être appelée, je relevai les yeux de mon téléphone et découvris les filles qui m’observaient, Nour inquiète et la Garce givrée les sourcils froncés.
— Mauvaise nouvelle ? demanda Nour avec prudence. Tu as l’air contrariée...
J’envisageais un moment de mentir puis réalisai qu’elles se rendraient rapidement compte. Autant expliquer la situation. Si ça se trouvait, elles comprendraient et me donneraient raison.
— Mathilde ne m’a pas prévenue qu’elle revenait, ai-je soupiré. Et j’ai du monde à l’appartement en ce moment, ai-je repris, cherchant la manière la plus neutre de présenter la situation. Elle et Rash ne se supportent pas.
Enfin, c’est que j’en avais déduit. Autant les sentiments de la fée à l’égard de ma meilleure amie restaient mystérieux, autant Mathilde ne s’était jamais donnée la peine de dissimuler sa méfiance (plutôt saine au départ, je l’admets) et son aversion envers l’homme en costume qui avait fait irruption dans nos existences.
— Rash ? répéta la Garce givrée avec un léger mouvement de recul.
Un sourire m’échappa. Le nom était ridicule, n’est-ce pas ? Mon léger amusement s’évanouit lorsque mon téléphone vibra.
Vous avez peur de quoi ?
Il ne voyait vraiment pas le problème ? Me retenant de lever les yeux vers le plafond, je me concentrai sur ma conversation et ne pris pas la peine de répondre.
— C’est mon meilleur ami, ai-je soupiré. D’enfance.
Meilleur ami d’enfance. Bien joué. Si Cess intégra l’information sans moufter, je jetai un regard à Nour. La pauvre avait beau le savoir, l’information avait l’air de la surprendre et d’avoir du mal à passer à chaque fois.
— Rash ne peut pas rester à l’appartement si Mathilde est là et…
Les vibrations, désormais incessantes, de mon téléphone m’interrompirent. Par réflexe, j’y jetai un œil. Sans réponse de ma part, la fée développait sa théorie.
Sérieusement, Nina !
Ils coucheront ensemble ce soir.
Vous vous en doutiez ?
Un ricanement incrédule m’échappa. Je me foutais totalement que Mathilde et Apollon remettent ça ou pas ! Ce n’était pas ce qui était important là tout de suite ! Il imaginait sûrement que c’était ce qui me dérangeait. Grossière erreur. Je m’inquiétais pour lui en vérité ! Il ne comprenait donc pas ? Comment est-ce qu’il pouvait ne pas le voir ?
— Lui s’en fout ! ai-je fini par dire aux filles en désignant mon portable.
Les filles m’observèrent, pensives. Ce n’était pas vraiment le genre de réaction que j’avais escompté. Quelque part, j’avais espéré qu’elles compatiraient et partageraient mon indignation. En vain. J’étais en fait la seule personne que la situation dérangeait. La tristesse du constat me frappa de plein fouet. Je m’empressai alors de reprendre.
— Bref, peu importe ! me suis efforcée de dire avec autant de sourire et de légèreté que je le pouvais.
Ce qui ne fut pas une réussite, autant l’avouer directement.
Nour hésita un instant mais finit par se lancer.
— S’il y a besoin de dépanner ton ami, je…
Comprenant ce qu’elle s’apprêtait à faire et donc la méprise, je m’empressai de l’interrompre.
— Non ! Surtout pas ! me suis-je écriée avant de reprendre calmement puisque ma réaction l’avait effrayée. C’est adorable de ta part, mais je ne disais pas ça pour ça. Tu sais, Rash est… insupportable. Je ne peux pas laisser faire ça, crois-moi !
J’appuyai tout cela d’un regard entendu qui, je l’espérais, ferait effet. Après tout, elle avait assisté à quelques passes d’armes entre Rash et moi, et donc devait se faire une idée du caractère agaçant de la fée. Humainement, je ne pouvais pas laisser ce personnage entrer dans la vie de quelqu’un aussi gentil que Nour. Je ne pouvais pas, me le suis-je répété. Je resserai le poing autour de mon téléphone, qui continuait à vibrer.
C’était ma fée, mes vœux, mon problème à gérer.
Le message parut passer puisque Nour hocha la tête, gênée. J’eus soudainement peur de l’avoir vexée. Elle si réservée avait sûrement pris sur elle pour faire une proposition aussi audacieuse. Est-ce que je devais dire quelque chose ou est-ce que cela ne ferait que rendre la situation encore plus bizarre ? Finalement, ce fut la Garce Givrée qui vint interrompre ce silence gênant.
— Désolée, fit-elle les sourcils froncés, mais… Rash, ce n’est pas un nom ?
Un éclat de rire surpris m’échappa, et trouva écho du côté de Nour.
— C’est ce que je passe mon temps à lui répéter !
Mon téléphone se mit à sonner. A croire que la fée avait senti que la conversation allait virer à ses dépends.
— Quand on parle du loup… ai-je soupiré.
D’un sourire désolé, je m’excusai auprès des filles et après m’être écartée de quelques pas, décrochai.
— Je vous ai vexée.
Comme ça, directement. Pas un préambule, pas un ça va. Ce n’était pas une question, mais une affirmation. Le connaissant, il n’en était pas mécontent. Encore qu’au son de sa voix, cela ne me parut pas si évident.
Sauf qu’il avait tort pour une fois.
Je n’étais pas vexée, tout juste à peine contrariée ou agacée. Et certainement pas pour les raisons qu’il pensait.
— Ca va, Rash, ne vous en faites pas !
Je crois que la note amusée de ma voix le prit légèrement au dépourvu. La sienne sonnait beaucoup plus sceptique lorsqu’il reprit.
— Comme vous ne répondiez pas…
— Vous avez insisté, ai-je répondu, sachant que les messages de sa part que je n’avais pas encore lus ne faisaient sûrement que remuer le couteau de la plaie.
— Si je peux rendre service, lâcha-t-il l’air de rien.
Un ricanement m’échappa. Avant que je ne réalise que c’était bel et bien ce qu’il avait fait. Il avait insisté et n’obtenant pas de réponse, il avait appelé. Il m’avait appelée. Inquiet.
Peu importait sa véritable intention (sûrement s’assurer que le message était bien passé), il l’avait fait.
— Merci, ai-je donc dit, sans une once de sarcasme, ce qui eut l’air de le surprendre légèrement.
— Je sais que je vous ai demandé de vous tenir à distance d’Apollon pour le moment, reprit-il un peu à regret. Mais faites-moi confiance. Ce n’est pas parce qu’ils remettent ça que nous n’y arriverons pas.
Un sourire m’échappa. Je me foutais totalement qu’Apollon couche avec Mathilde ce soir. Ce n’était pas ça qui m’inquiétait dans cette situation. Ce n’était pas pour ça que je l’avais contacté. Cette méprise m’amusa et m’attendrit. Autant que les efforts visibles qu’il venait de faire pour tenter de me réconforter.
— Je vous fais confiance, Rash, ai-je répondu sachant d’avance que ces simples mots le gêneraient. Mais ce n’est pas… ai-je commencé avant de m’interrompre. Ne vous inquiétez pas, ça va.
Je m’attendais à un glacial « Ah, mais je ne m’inquiète pas ! » qui n’arriva pas. Il garda le silence quelques secondes, vraisemblablement en pleine réflexion.
— C’est quoi alors ? finit-il par demander.
Fin comme il était, il allait sentir si je mentais, aussi je m’en suis tenue à une partie de la vérité.
— Rien, ai-je assuré. Apollon n’a rien à voir là dedans.
Il ne remit pas en cause ma parole, preuve qu’il avait dû sentir que je disais vrai. Sa voix restait toutefois perplexe quand il insista.
— Alors qu’est-ce qui vous…
— C’était idiot ! l’ai-je interrompu. Et pour être honnête, je préfèrerai oublier !
J’avais beau tenté d’y avoir mis autant de légèreté que je pouvais, ça n’a pas pris.
— Nina ! dit-il de sa voix grondante.
Comme si les menaces allaient fonctionner... Bon, j’avoue que ça ne me laissait jamais indifférente. Mon instinct de survie y réagissait à chaque fois. Mais là, je n’allais pas y céder. Je ne pouvais pas répondre et lui avouer que je me faisais du souci pour lui. Il allait se moquer, et se serait totalement mérité. C’était une humiliation dont j’espérais pouvoir me passer.
— Nina…
La façon dont mon simple prénom sonna était totalement différente cette fois. Un frisson me traversa l’échine et vint mourir en fourmillant entre mes épaules. Il n’était pas agacé, consterné, il n’y mettait pas toutes ces choses plutôt négatives qu’il y mettait d’habitude. C’était différent. Presque inquiétant.
Peut-être même un peu troublant.
L’idée qu’il ait compris de quoi il retournait me traversa aussitôt l’esprit.
Je secouai la tête, chassant l’éventualité. C’était impossible. Jamais il n’envisagerait que je puisse m’inquiéter et commencer à paniquer à l’idée qu’il puisse partir. Même moi j’avais du mal à le reconnaître et à l’intégrer.
Alors la fée…
Si je ne l’avouais pas, si je réchignais à faire preuve de sincérité cette fois, c’est bien qu’il y avait quelque chose d’incongru et de déplacé dans tout ça.
Le silence entre nous s’éternisa. Rash le faisait sûrement exprès. Il savait parfaitement que cela avait tendance à me faire paniquer, et donc à me faire parler.
Il ne recommença pas, ne prononça pas mon prénom une nouvelle fois (et entre nous, je n’y aurais pas résisté je crois). Quand il reprit la parole (puisqu’il fut le premier à céder), ce fut d’une voix bien plus neutre.
— On verra. Pour Mathilde, je veux dire. Rien ne dit qu’elle va rester, pas vrai ?
Je hochai la tête, même si cela ne servait pas. La fée disait vrai. Je l’avais aperçue mais j’avais pu me tromper. Et rien ne disait qu’elle rentrerait à l’appartement. Et si cela arrivait, peut-être qu’elle se moquerait de la présence d’un invité, depuis le temps.
— Ils coucheront quand même certainement ensemble, ajouta-t-il d’un ton qui était déjà nettement plus le sien.
Un éclat de rire m’échappa. Il ne m’épargnerait rien. Manque de bol pour lui, je m’en moquais pour l’instant.
— Merci Rash, je sais. Et merci d’avoir appelé.
— Je voulais simplement m’assurer que…
Que j’allais bien, c’est ce que j’ai eu envie de dire. Et de penser. Mais je ne m'y serais jamais risquée. Et ce n’était sûrement pas l’exacte vérité.
— … que le message était bien passé, ai-je complété. Ne vous inquiétez pas, c’est le cas.
— Ils coucheront…
— Rash ! me suis-je écriée, amusée.
— … ensemble. Soyez-y préparée.
Levant les yeux au plafond, je secouai la tête.
— Merci pour l’image. Bonne journée, Rash.
— A ce soir, Nina, dit-il, une pointe de satisfaction dans la voix.
Et il raccrocha.
Je suis restée un instant à observer mon téléphone, un sourire aux lèvres. La fée pouvait être drôle quand il le voulait. Ma crainte s’était dissipée. Rash n’avait pourtant rien fait de particulier, si ce n’était me mettre des évidences sous le nez.
Rangeant mon téléphone dans ma poche, je rejoignis les filles qui, en mon absence, continuaient à discuter joyeusement.
— Eh bien, ça va mieux à ce que je vois, signala la Garce givrée, un sourcil haussé.
Surprise, j’eus un léger mouvement de recul. Je reconnais que je souriais sans réelle rasion et que je me sentais étonnamment bien après avoir parlé à la fée. Mais je ne pensais pas que c’était visible à ce point.
— La situation s’est arrangée ? demanda Nour poliment.
La question me décontenança un bref instant et je répondis positivement du tac au tac, pour ne pas laisser le trouble s’installer.
Pour être tout à fait honnête, j’avais la sensation qu'au contraire la situation commençait à se compliquer.
*
oOoOoOo
En vrai, je viens de franchir les 40k, grâce à un petit sprint aujourd'hui pour combler trois jours de retard.
Grosse galère cette année en fait.
Bizarrement, je n'ai pas tellement eu de moment de blocage ou de syndrome de la page blanche, mais c'est plus de trouver du temps pour me poser et l'énergie de rester concentrée qui a été problématique.
Je dois atteindre les 50k mercredi. Jeudi grand max et tout valider. C'est près mais tellement loin en même temps.
Comme tous les ans, je suis en retard sur les extraits. De 10 à 20k, j'étais toujours sur La fée barbue.
Celui-là est un peu long mais c'est le seul que j'avais de potable. Comme d'habitude, c'est à peine relu (et il commence à dater, presque deux semaines), il y a donc sûrement des fautes, des maladresses et des bizarreries!
Contexte:
[**Contexte**]Nina et Rash se sont violemment disputés, et cet appel de Nina n'était qu'un épisode de cette longue altercation. Mais parce que tout a une fin, ils ont fini par se réconcilier.
Aujourd'hui, Rash a même fait preuve de bonne volonté en venant déjeuner avec Nina et une de ses nouvelles collègues, à la cantine de leur travail.
Au moment de partir et de retourner bosser, la jeune femme a été retenue par la fée...
Note en passant: le salut vulcain est un signe mis au point par Nina (et imposé à Rash) qui les oblige à faire preuve de sincérité. Obligation purement morale qui rend dingue la fée, mais bizarrement, elle est toujours respectée.
Extrait:
[**Extrait**]*
— Vous… commença-t-il avant de s’interrompre. Nina, pourquoi vous avez fait ça hier ?
Surprise, je relevais les yeux vers lui. Habituée à l’assurance implacable de Rash, je peinais à le reconnaître dans tant d’hésitation.
— Je veux dire, pour le repas, reprit-il en se grattant machinalement la joue, faisant crisser doucement les poils de sa barbe.
Mon ventre se serra quand je compris à quoi Rash faisait allusion. Je pensais le sujet clos, n'imaginant pas un instant qu'il puisse vouloir à nouveau l'aborder. Je n'étais pas prête pour ça, en vérité.
Gagnée par sa gêne (parce qu’il pouvait faire croire le contraire, c’était bien ce qu’il montrait, à sa façon), je détournai moi aussi les yeux, lâchant inconsciemment un petit « oh… ». Cela parut faire réagir la fée qui se reprit aussitôt.
— Vous l’avez mangé parce que vous mourriez de faim, je l’ai bien compris, continua-t-il les sourcils froncés. Et ce qui a suivi est totalement mérité, étant donné votre gloutonnerie ! Mais vu ce qui s’était passé…
Il laissa sa phrase en suspens. Il n’avait pas besoin de l’achever. C’était une question que le monde entier pourrait se poser. Vu les horreurs qu’il m’avait dites, pourquoi faire ça pour lui ?
— La cuisine thaïe me tentait... J'ai simplement eu envie d'essayer, ai-je plaisanté.
Rash n’avait pas envie de rire pour le coup, préférant m'observer avec gravité. Pour ma défense, c’était bizarrement un peu difficile à avouer. Surtout dans les conditions où nous nous trouvions.
La fée leva la main, je crus instant pour se frotter le visage, déjà agacé par ma manie de détourner la conversation par une plaisanterie. Je me trompai. Suprise, je clignai des yeux plusieurs fois.
Non, je ne rêvais pas : Rash faisait bien le salut vulcain.
Et puisqu’il détourna les yeux quand je croisai son regard, il le faisait au premier degré. Malgré tout ce qu’il m’en avait dit, malgré la façon dont il avait réagi la dernière fois que j'avais tenté de l'utiliser. Il me demandait d’être sincère avec lui.
Ce qui était malin de sa part, sans ça, je ne l’aurais pas fait. Pas ici, pas maintenant.
Je laissai échapper un sourire attendri. Voir Rash fait des efforts, voir la gêne que cela provoquait en lui, était plus émouvant que je ne l'aurais imaginé.
Et j’avoue qu’avec la foule qui nous entourait, voir un bel homme comme lui, aussi bien habillé, se ridiculiser en faisant ce geste était un petit plus que j’appréciais. Même si pour lui répondre, j’étais désormais obligée de l’imiter.
— Je me suis rendue compte que parfois, on en disait plus que ce qu’on pensait. Je sais que vous le pensiez, Rash ! Je ne dis pas le contraire, ai-je ajouté voyant qu’il allait protester. Je dis juste que vous n’avez peut-être pas choisi la manière la plus diplomatique de le faire.
Baissant la main, il croisa les bras. J’ignorais s’il cherchait quelque chose à me dire ou si c’était sa façon de dire qu’il n’était pas convaincu. Je n’avais pas terminé pour autant.
— Je sais aussi, ai-je repris avec un peu moins d’assurance, que malgré tout ce que vous avez dit, il y a des choses que vous ne pensez pas. Tout comme je sais que la situation n’est pas facile pour vous, que vous êtes loin de chez vous, que vous êtes obligé de rester, que ce n’est pas votre choix mais…
Quelque chose dans le visage de Rash s’était détendu. Comme si une partie de sa tension s’était envolée. Sa défiance, je l'espérais. Il ne bougea pas, ne réagit pas, se contentant de m’écouter. Ca, je pouvais le jurer. Pour une fois, il m'écoutait, pour de vrai.
— Je ne peux pas croire, je ne veux pas croire, ai-je rectifié, que c’est si désagréable que vous me l’avez hurlé.
Cette précision lui arracha un faible sourire.
— Vous aviez l'air plus à l’aise dernièrement et on a quand même passé de bons moments. Alors, je me suis dit que si vous avez dit tout ça, c’était pour m’embêter, je ne devrais d’ailleurs pas vous le dire mais ça a marché, et parce que quelque chose d’autre devait vous tracasser.
Et preuve que j’avais mis dans le mille, la fée serra les mâchoires et baissa la tête, une forme d’acquiescement. Quand il releva la tête vers moi, il souriait tristement. J’aurais pu m’arrêter là mais autant aller jusqu’au bout. C’était plus dur pour moi à présent, mais je pouvais le faire. Quitte à prendre un nouveau départ, autant le faire pour de vrai.
Mon bras commençait à fatiguer mais pour autant, je gardai le signe fièrement levé.
— Je reconnais aussi que dernièrement, je n’ai pensé qu’à moi. Même si j’avais mes raisons parfois. Et j'admets également que j’ai considéré que votre aide, vu la situation, m’était dûe. Vous aviez totalement raison, c’est à moi de reprendre les choses en main désormais.
— Nina, m’interrompit Rash. Ce n’est pas…
Ce qu’il voulait dire ? C’était pourtant ce qu’il avait dit. D’un geste de ma main libre, je lui fis signe de patienter. Ca allait devenir encore plus gênant s’il m’interrompait.
— Je vais me débrouiller, ai-je assuré. Mais j’ai encore besoin de vous, Rash. J’ai besoin de votre aide, parce que concrètement, à votre manière et à mes dépends, vous m’avez aidé. Je vous écouterai.
Les yeux écarquillés, Rash me dévisagea longuement. Je savais ce qu’il allait dire, que j’avais vraiment un problème pour doser la sincérité. Et je lui donnais raison pour cette fois. Mais il fallait que ce soit dit, il fallait que Rash entende qu’ici il n’était pas l’ennemi. Nous pouvions trouver une manière de fonctionner ensemble. Et après la discussion d’hier, je pouvais même me dire que je commençais à l’apprécier pour ce qu’il était. Qu’en fait je découvrais qu’il était autre chose que cette personne qui m’avait gâché la vie.
Bizarrement, il n’a rien dit. Ni sarcasme, ni merci. Encore que ça, je n’y aurai jamais droit. Et je ne parlais même pas d’un « je suis désolé ». Il se contenta de m’observer, ayant visiblement du mal à encaisser ma sincérité. Il cogitait, je le voyais, mais rien ne sortit.
Baissant enfin la main (mon épaule endolorie me cria merci), je poussai un soupir. Ce n’était pas parce qu’il disait rien qu’il ne le pensait pas. Il avait d’autres façons de le montrer. Bon, là tout de suite, il ne le montrait pas. Mais ce n’était pas grave. J’avais vidé mon sac parce qu’il voulait savoir. Je ne l’avais pas fait pour obtenir quelque chose en retour.
— Remettez vous, mon p’tit père ! ai-je marmonné voyant que son silence continuait à s’éterniser.
Rash cligna des yeux, paraissant revenir à lui. Il jeta un regard autour de lui et reprit conscience de là où il se trouvait. Il s’éclaircit la gorge, pour reprendre contenance.
— Curiosité satisfaite ? ai-je plaisanté, en lui faisant signe d’avancer.
Nous nous étions suffisamment donné en spectacle et Apollon se trouvait quelque part. La conversation pouvait se poursuivre alors que nous nous déplacions.
Un ricanement échappa à la fée qui m’observa un sourcil haussé. Là, je le retrouvais !
[...]
— Merci d’être venu, Rash.
Il n’était pas obligé de le faire. Même si dans les faits, à cause d’hier, il s’était senti un peu forcé de le faire. En tous cas, j’appréciais son intention, tout comme j’avais apprécié le moment que nous avions passé autour de ce repas.
— Merci pour le repas, répliqua Rash.
Je m’immobilisai net, manquant de peu de rentrer dans la fée. Je n’avais pourtant pas payé sa part, maintenant que j’y pensais. Comment est-ce qu’il…
J’ouvris la bouche pour le lui demander avant de me raviser. Mieux valait ne pas y penser. Le moment était très bien, tel qu’il était, autant ne pas le gâcher. Connaissant la fée, il avait sûrement piqué de l’argent dans mon porte-monnaie.
Arrivée dans le hall, devant l’ascenseur, je me tournai vers lui.
— Vous retournez à Féérie ?
Il répondit d’un hochement de tête. L’expression de son visage (illustration parfaite de son manque d’envie) faillit me faire éclater de dire.
— Je… je rentrerai sûrement tard, finit-il par dire, rajustant sa veste.
Surprise, j’acquiesçai pour lui montrer que j’avais compris l’information. Je ne voyais pas bien pourquoi il me disait ça mais j’avais pris comme résolution de l’écouter. Rash dut s’en rendre compte puisqu’il leva les yeux au plafond et soupira.
— Donc, ne m’attendez pas ou ne prévoyez rien pour moi pour… dîner.
Et le mot lui en a coûté. Un sourire étira mes lèvres, pile ce qu’il fallait pour le contrarier. Mais je n’y pouvais rien ! J’étais trop surprise pour gérer ça comme si de rien n’était. Je lui avais reproché quelques heures à peine auparavant de ne jamais me tenir au courant. Qu’il cède à ma requête était aussi surprenant que touchant. Surtout qu’il avait pris sur lui pour le faire. Il n’y avait qu’à voir la tête qu’il faisait et le soin qu’il mettait à délibérément m’éviter.
C’était la preuve que nous pouvions y arriver. J’aurais pu le lui dire. Mais nous avions sûrement déjà trop abordé le sujet. Aussi ai-je repris nos bonnes vieilles habitudes là où nous les avions laissées.
— Je vous mettrai quand même quelques fleurs de côté, et un peu de rosée... ai-je dit aussi sérieusement que je le pouvais.
Rash me foudroya du regard, consterné. Luttant pourtant pour retenir un sourire. Sa façon à lui de me remercier. Le moment de gêne était passé.
— Vous voyez, fit-il en s’éloignant. Vous trouvez toujours une manière de briller. Même dans le mauvais.
*
oOoOoOo