Simon Vacheron | Université Paris-Sorbonne (Paris IV) (original) (raw)
Papers by Simon Vacheron
During the World War I, the industries of the wool and the cotton find themselves pulled(entailed... more During the World War I, the industries of the wool and the cotton find themselves pulled(entailed) in the industrial mobilization. The intervention of the State in these branches shows itself essential, and a new relation becomes established between the public authorities and the companies. The modification of the colour of the uniform, its wide distribution about eight million conscripts over four years and the loss of the industrial areas of the North and east lead to the putting under control of the State of almost all the wool trade, whereas the cotton industry remains independent until 1917. This relation extends to the imports of raw materials, with a progressive centralization which excludes any private business(trade), but associates traders and industrialists. Besides, the management of the workforce constitutes a daily challenge for companies. The need in workforce remains important, and the difficulties bound in working conditions and to the increased cost living trigger social tensions, in spite of the “Union sacree” respected by labor unions. At the same time, the loss of the main industrial territories represents a chance of a lifetime for the other regions, among which those whose textile industry is on the decline before the war. The high demands of the army and the high prices of private trade yeld important profits, and lead the State to adopt a war tax system and to repress the abuses. The return of the stricken industries at the end the conflict, the question of war damage and reinstatement of Alsace-Lorraine put the textile industries in the face of radical changes.
Presses universitaires du Septentrion eBooks, 2022
Guerres Mondiales Et Conflits Contemporains, 2017
Les industries textiles ont, comme la métallurgie ou l'agriculture, participé pleinement à l'effo... more Les industries textiles ont, comme la métallurgie ou l'agriculture, participé pleinement à l'effort de guerre lors du premier conflit mondial. Les deux principales d'entre elles, la laine et le coton, ont intégré la mobilisation industrielle, afin d'équiper et d'habiller les quelque huit millions d'hommes appelés sous les drapeaux entre août 1914 et novembre 1918. Les draperies fournissent 90 à 100 millions de mètres de drap de troupe, tandis que la quantité de tissus de coton s'élève à plus de 500 millions de mètres 1. Pour arriver à ce résultat, les chefs d'entreprises ont dû, comme leurs confrères des autres secteurs industriels, adapter leur stratégie pour répondre à la fois aux demandes des services de l'armée et aux contraintes du temps de guerre. L'impact de ces années dévastatrices sur l'industrie a été étudié dès les premières années qui suivent le conflit. La fondation américaine Carnegie s'y investit pleinement, même si les résultats des recherches restent généraux 2. Il faut cependant attendre les années 1980 pour voir apparaître les premières études monographiques d'entreprises, dont certaines sont réalisées par des non-historiens 3. Leur prolongement vers les territoires à la fin des années 1990 et 2000 offrent des pistes de recherches quant à l'impact de
Au cours de la Première Guerre mondiale, les industries de la laine et du coton se retrouvent ent... more Au cours de la Première Guerre mondiale, les industries de la laine et du coton se retrouvent entraînées dans la mobilisation industrielle. L’intervention de l’État dans ces branches se révèle indispensable, et une nouvelle relation s’établit entre la puissance publique et les entreprises. La modification de la teinte de l’uniforme, sa large diffusion à près de huit millions d’appelés sur quatre ans et la perte des bassins industriels du Nord et de l’Est conduisent à la mise sous contrôle de l’État de presque toute l’industrie lainière, tandis que l’industrie cotonnière reste indépendante jusqu’en 1917. Cette relation s’étend jusque dans les importations de matières premières, avec une centralisation progressive qui exclut le commerce privé, mais associe négociants et industriels. En outre, la gestion de la main-d’œuvre constitue un défi quotidien pour les entreprises. Le besoin de travailleurs reste important, et les difficultés liées aux conditions de travail et au renchérissement...
Au cours de la Premiere Guerre mondiale, les industries de la laine et du coton se retrouvent ent... more Au cours de la Premiere Guerre mondiale, les industries de la laine et du coton se retrouvent entrainees dans la mobilisation industrielle. L’intervention de l’Etat dans ces branches se revele indispensable, et une nouvelle relation s’etablit entre la puissance publique et les entreprises. La modification de la teinte de l’uniforme, sa large diffusion a pres de huit millions d’appeles sur quatre ans et la perte des bassins industriels du Nord et de l’Est conduisent a la mise sous controle de l’Etat de presque toute l’industrie lainiere, tandis que l’industrie cotonniere reste independante jusqu’en 1917. Cette relation s’etend jusque dans les importations de matieres premieres, avec une centralisation progressive qui exclut le commerce prive, mais associe negociants et industriels. En outre, la gestion de la main-d’œuvre constitue un defi quotidien pour les entreprises. Le besoin de travailleurs reste important, et les difficultes liees aux conditions de travail et au rencherissement...
During the World War I, the industries of the wool and the cotton find themselves pulled(entailed... more During the World War I, the industries of the wool and the cotton find themselves pulled(entailed) in the industrial mobilization. The intervention of the State in these branches shows itself essential, and a new relation becomes established between the public authorities and the companies. The modification of the colour of the uniform, its wide distribution about eight million conscripts over four years and the loss of the industrial areas of the North and east lead to the putting under control of the State of almost all the wool trade, whereas the cotton industry remains independent until 1917. This relation extends to the imports of raw materials, with a progressive centralization which excludes any private business(trade), but associates traders and industrialists. Besides, the management of the workforce constitutes a daily challenge for companies. The need in workforce remains important, and the difficulties bound in working conditions and to the increased cost living trigger ...
Guerres mondiales et conflits contemporains
Avec un tiers des broches de filature de coton de France, plus de la moitié de celles de laine ca... more Avec un tiers des broches de filature de coton de France, plus de la moitié de celles de laine cardée et la presque totalité du matériel de laine peignée et de l'industrie linière, le département du Nord incarne la première région industrielle de France. Son occupation par les troupes allemandes pendant plus de quatre ans constitue une catastrophe industrielle importante. C'est sur ce point que les contemporains de l'après-guerre et l'historiographie ont mis l'accent : destruction de matériel, saisie de stocks importants de matières premières et de produits finis ; appauvrissement des populations, pénuries, chômage et travail forcé. Toutefois, cette vision ne prend en compte ni la moindre activité industrielle, même réduite à sa plus faible expression, ni les arrangements qui ont pu survenir au cours du conflit entre occupants et occupés. Lors du colloque tenu à Maubeuge en novembre 2014, nous avions évoqué l'affaire des sacs de terre qui éclate au printemps-été 1915 1. Or, si un véritable mouvement de refus de participer à la production a lieu, le non-consentement n'a pas semblé aller de soi. D'où cette interrogation poussée aux filatures et tissages de laine et de coton : y at -il eu totale inactivité et dans quelle mesure ont-ils « composé » avec les conditions de l'occupation ?
Les bassins industriels des territoires occupés. 1914-1918. Des opérations militaires à la reconstruction., Nov 20, 2014
Pendant la Première Guerre mondial, le Nord, premier département industriel textile de France, a ... more Pendant la Première Guerre mondial, le Nord, premier département industriel textile de France, a été occupé à plus de 70% de son territoire, soit la totalité de son espace productif. Le présent article propose de retracer l'occupation allemande à travers le sort de ses filatures et tissages, d'après des sources officielles et des témoignages personnels. Il s'agit aussi de mettre en lumière le fait que le sort des usines ne fut pas le même selon les régions, voire selon les industriels.
Conference Presentations by Simon Vacheron
Pendant la Première Guerre mondiale, les entreprises des industries lainières et cotonnière franç... more Pendant la Première Guerre mondiale, les entreprises des industries lainières et cotonnière françaises voient l’État prendre une place inédite dans l’organisation économique du pays. Si elles jouent un rôle central dans l’approvisionnement en habillement et équipement de près de 8 millions d’hommes durant quatre ans et demi, elles doivent faire face à des contraintes importantes.
« Depuis que nous sommes délivrés, tout le monde en profite pour voyager. On va en Belgique et da... more « Depuis que nous sommes délivrés, tout le monde en profite pour voyager. On va en Belgique et dans les villages voisins ; on espère que les chemins de fer et la poste seront bientôt rétablis, alors on pourra avoir des nouvelles des absents. Déjàquelques soldats dans les villages d’àcôtésont revenus en permission dans leur familles. Ils ont apportédes nouvelles qui, malheureusement, sont parfois bien tristes. Combien de pauvres soldats seront tombés sans avoir eu la consolation de revoir une dernière fois leurs mères ou leurs femmes et leurs enfants. C’est seulement lorsque la paix sera signée, que tout sera complètement fini que l’on saura les survivants. »
Ainsi, Jeanne Thomassin résume-t-elle dans son journal à la date du 18 novembre 1918 les espoirs et les craintes de tous les Ardennais libérés. La jeune femme de 20 ans écrit depuis le village de Matton près de la frontière belge. Dans le reste du département, chacun reste encore marqué par le fracas de la bataille qui a dévasté les Ardennes, dans une sortie de guerre qui va devenir une transition plus durable et complexe. C’est cette période transitoire que des historiens spécialistes de la Première Guerre mondiale vont interroger en croisant leurs travaux sur d’autres espaces géographiques avec la situation spécifique des Ardennes, seul département occupé pendant toute la durée du conflit et ravagé par les combats de la libération. Quel sont les acteurs de la reconstruction qui commence ? Quelles initiatives, locales ou nationales sont-elles prises pour retrouver un état aussi proche de l’avant-guerre ? Quels nouveaux équilibres économiques, sociaux, politiques et culturels se mettent-ils en place au sortir de la période d’occupation ? Selon quels rythmes et quelles temporalités s’effectue la mise en œuvre d’un « retour à la normale », grevé par l’absence des défunts et des réfugiés restés au loin ? Ces deux journées de réflexion permettront de mesurer les fonctions résilientes d’une société bouleversée par l’expérience de la guerre.
28-30 mai 2018 - Maison de la Recherche de Sorbonne Université 28 rue Serpente, 75006 Paris.
Politiques économiques et vie des entreprises pendant la Première Guerre mondiale / Wirtschaftsg... more Politiques économiques et vie des entreprises pendant la Première Guerre mondiale /
Wirtschaftsgeschichte des Ersten Weltkriegs. Ökonomische Ordnung und Handeln der Unternehmen.
During the World War I, the industries of the wool and the cotton find themselves pulled(entailed... more During the World War I, the industries of the wool and the cotton find themselves pulled(entailed) in the industrial mobilization. The intervention of the State in these branches shows itself essential, and a new relation becomes established between the public authorities and the companies. The modification of the colour of the uniform, its wide distribution about eight million conscripts over four years and the loss of the industrial areas of the North and east lead to the putting under control of the State of almost all the wool trade, whereas the cotton industry remains independent until 1917. This relation extends to the imports of raw materials, with a progressive centralization which excludes any private business(trade), but associates traders and industrialists. Besides, the management of the workforce constitutes a daily challenge for companies. The need in workforce remains important, and the difficulties bound in working conditions and to the increased cost living trigger social tensions, in spite of the “Union sacree” respected by labor unions. At the same time, the loss of the main industrial territories represents a chance of a lifetime for the other regions, among which those whose textile industry is on the decline before the war. The high demands of the army and the high prices of private trade yeld important profits, and lead the State to adopt a war tax system and to repress the abuses. The return of the stricken industries at the end the conflict, the question of war damage and reinstatement of Alsace-Lorraine put the textile industries in the face of radical changes.
Presses universitaires du Septentrion eBooks, 2022
Guerres Mondiales Et Conflits Contemporains, 2017
Les industries textiles ont, comme la métallurgie ou l'agriculture, participé pleinement à l'effo... more Les industries textiles ont, comme la métallurgie ou l'agriculture, participé pleinement à l'effort de guerre lors du premier conflit mondial. Les deux principales d'entre elles, la laine et le coton, ont intégré la mobilisation industrielle, afin d'équiper et d'habiller les quelque huit millions d'hommes appelés sous les drapeaux entre août 1914 et novembre 1918. Les draperies fournissent 90 à 100 millions de mètres de drap de troupe, tandis que la quantité de tissus de coton s'élève à plus de 500 millions de mètres 1. Pour arriver à ce résultat, les chefs d'entreprises ont dû, comme leurs confrères des autres secteurs industriels, adapter leur stratégie pour répondre à la fois aux demandes des services de l'armée et aux contraintes du temps de guerre. L'impact de ces années dévastatrices sur l'industrie a été étudié dès les premières années qui suivent le conflit. La fondation américaine Carnegie s'y investit pleinement, même si les résultats des recherches restent généraux 2. Il faut cependant attendre les années 1980 pour voir apparaître les premières études monographiques d'entreprises, dont certaines sont réalisées par des non-historiens 3. Leur prolongement vers les territoires à la fin des années 1990 et 2000 offrent des pistes de recherches quant à l'impact de
Au cours de la Première Guerre mondiale, les industries de la laine et du coton se retrouvent ent... more Au cours de la Première Guerre mondiale, les industries de la laine et du coton se retrouvent entraînées dans la mobilisation industrielle. L’intervention de l’État dans ces branches se révèle indispensable, et une nouvelle relation s’établit entre la puissance publique et les entreprises. La modification de la teinte de l’uniforme, sa large diffusion à près de huit millions d’appelés sur quatre ans et la perte des bassins industriels du Nord et de l’Est conduisent à la mise sous contrôle de l’État de presque toute l’industrie lainière, tandis que l’industrie cotonnière reste indépendante jusqu’en 1917. Cette relation s’étend jusque dans les importations de matières premières, avec une centralisation progressive qui exclut le commerce privé, mais associe négociants et industriels. En outre, la gestion de la main-d’œuvre constitue un défi quotidien pour les entreprises. Le besoin de travailleurs reste important, et les difficultés liées aux conditions de travail et au renchérissement...
Au cours de la Premiere Guerre mondiale, les industries de la laine et du coton se retrouvent ent... more Au cours de la Premiere Guerre mondiale, les industries de la laine et du coton se retrouvent entrainees dans la mobilisation industrielle. L’intervention de l’Etat dans ces branches se revele indispensable, et une nouvelle relation s’etablit entre la puissance publique et les entreprises. La modification de la teinte de l’uniforme, sa large diffusion a pres de huit millions d’appeles sur quatre ans et la perte des bassins industriels du Nord et de l’Est conduisent a la mise sous controle de l’Etat de presque toute l’industrie lainiere, tandis que l’industrie cotonniere reste independante jusqu’en 1917. Cette relation s’etend jusque dans les importations de matieres premieres, avec une centralisation progressive qui exclut le commerce prive, mais associe negociants et industriels. En outre, la gestion de la main-d’œuvre constitue un defi quotidien pour les entreprises. Le besoin de travailleurs reste important, et les difficultes liees aux conditions de travail et au rencherissement...
During the World War I, the industries of the wool and the cotton find themselves pulled(entailed... more During the World War I, the industries of the wool and the cotton find themselves pulled(entailed) in the industrial mobilization. The intervention of the State in these branches shows itself essential, and a new relation becomes established between the public authorities and the companies. The modification of the colour of the uniform, its wide distribution about eight million conscripts over four years and the loss of the industrial areas of the North and east lead to the putting under control of the State of almost all the wool trade, whereas the cotton industry remains independent until 1917. This relation extends to the imports of raw materials, with a progressive centralization which excludes any private business(trade), but associates traders and industrialists. Besides, the management of the workforce constitutes a daily challenge for companies. The need in workforce remains important, and the difficulties bound in working conditions and to the increased cost living trigger ...
Guerres mondiales et conflits contemporains
Avec un tiers des broches de filature de coton de France, plus de la moitié de celles de laine ca... more Avec un tiers des broches de filature de coton de France, plus de la moitié de celles de laine cardée et la presque totalité du matériel de laine peignée et de l'industrie linière, le département du Nord incarne la première région industrielle de France. Son occupation par les troupes allemandes pendant plus de quatre ans constitue une catastrophe industrielle importante. C'est sur ce point que les contemporains de l'après-guerre et l'historiographie ont mis l'accent : destruction de matériel, saisie de stocks importants de matières premières et de produits finis ; appauvrissement des populations, pénuries, chômage et travail forcé. Toutefois, cette vision ne prend en compte ni la moindre activité industrielle, même réduite à sa plus faible expression, ni les arrangements qui ont pu survenir au cours du conflit entre occupants et occupés. Lors du colloque tenu à Maubeuge en novembre 2014, nous avions évoqué l'affaire des sacs de terre qui éclate au printemps-été 1915 1. Or, si un véritable mouvement de refus de participer à la production a lieu, le non-consentement n'a pas semblé aller de soi. D'où cette interrogation poussée aux filatures et tissages de laine et de coton : y at -il eu totale inactivité et dans quelle mesure ont-ils « composé » avec les conditions de l'occupation ?
Les bassins industriels des territoires occupés. 1914-1918. Des opérations militaires à la reconstruction., Nov 20, 2014
Pendant la Première Guerre mondial, le Nord, premier département industriel textile de France, a ... more Pendant la Première Guerre mondial, le Nord, premier département industriel textile de France, a été occupé à plus de 70% de son territoire, soit la totalité de son espace productif. Le présent article propose de retracer l'occupation allemande à travers le sort de ses filatures et tissages, d'après des sources officielles et des témoignages personnels. Il s'agit aussi de mettre en lumière le fait que le sort des usines ne fut pas le même selon les régions, voire selon les industriels.
Pendant la Première Guerre mondiale, les entreprises des industries lainières et cotonnière franç... more Pendant la Première Guerre mondiale, les entreprises des industries lainières et cotonnière françaises voient l’État prendre une place inédite dans l’organisation économique du pays. Si elles jouent un rôle central dans l’approvisionnement en habillement et équipement de près de 8 millions d’hommes durant quatre ans et demi, elles doivent faire face à des contraintes importantes.
« Depuis que nous sommes délivrés, tout le monde en profite pour voyager. On va en Belgique et da... more « Depuis que nous sommes délivrés, tout le monde en profite pour voyager. On va en Belgique et dans les villages voisins ; on espère que les chemins de fer et la poste seront bientôt rétablis, alors on pourra avoir des nouvelles des absents. Déjàquelques soldats dans les villages d’àcôtésont revenus en permission dans leur familles. Ils ont apportédes nouvelles qui, malheureusement, sont parfois bien tristes. Combien de pauvres soldats seront tombés sans avoir eu la consolation de revoir une dernière fois leurs mères ou leurs femmes et leurs enfants. C’est seulement lorsque la paix sera signée, que tout sera complètement fini que l’on saura les survivants. »
Ainsi, Jeanne Thomassin résume-t-elle dans son journal à la date du 18 novembre 1918 les espoirs et les craintes de tous les Ardennais libérés. La jeune femme de 20 ans écrit depuis le village de Matton près de la frontière belge. Dans le reste du département, chacun reste encore marqué par le fracas de la bataille qui a dévasté les Ardennes, dans une sortie de guerre qui va devenir une transition plus durable et complexe. C’est cette période transitoire que des historiens spécialistes de la Première Guerre mondiale vont interroger en croisant leurs travaux sur d’autres espaces géographiques avec la situation spécifique des Ardennes, seul département occupé pendant toute la durée du conflit et ravagé par les combats de la libération. Quel sont les acteurs de la reconstruction qui commence ? Quelles initiatives, locales ou nationales sont-elles prises pour retrouver un état aussi proche de l’avant-guerre ? Quels nouveaux équilibres économiques, sociaux, politiques et culturels se mettent-ils en place au sortir de la période d’occupation ? Selon quels rythmes et quelles temporalités s’effectue la mise en œuvre d’un « retour à la normale », grevé par l’absence des défunts et des réfugiés restés au loin ? Ces deux journées de réflexion permettront de mesurer les fonctions résilientes d’une société bouleversée par l’expérience de la guerre.
28-30 mai 2018 - Maison de la Recherche de Sorbonne Université 28 rue Serpente, 75006 Paris.
Politiques économiques et vie des entreprises pendant la Première Guerre mondiale / Wirtschaftsg... more Politiques économiques et vie des entreprises pendant la Première Guerre mondiale /
Wirtschaftsgeschichte des Ersten Weltkriegs. Ökonomische Ordnung und Handeln der Unternehmen.
26-27 OCTOBRE 2017 CEME - CHARLEROI ESPACE MEETING EUROPÉEN (SITE DES ANCIENNES VERRERIES FOURCA... more 26-27 OCTOBRE 2017
CEME - CHARLEROI ESPACE MEETING EUROPÉEN
(SITE DES ANCIENNES VERRERIES FOURCAULT - DAMPREMY)
Pascal Deloge et Pierre Tilly (2012) mettent en avant le développement « d’une stratégie du moindre mal » pour expliquer la poursuite de l’activité industrielle en Belgique pendant la Grande Guerre. Certains secteurs ont, en effet, poursuivi leur fabrication au gré des humeurs de l’occupant. Tout comme dans le Nord de la France occupée (Colloque « Guerre mondiale et bassins industriels en territoire occupé », Maubeuge, 2014), la Belgique, moteur industriel d’avant-guerre, n’a pas nécessairement vécu la destruction systématique de son appareil de production.
Les célébrations du Centenaire sont l’occasion de confronter le discours orienté des vainqueurs d’après- guerre (Charles de Kerchoven de Denterghem, 1927)
à la réalité des faits à l’aune des sources d’archives toujours disponibles. Dans le secteur verrier par exemple, l’historiographie belge a pour habitude de faire de l’industriel Émile Fourcault le seul « traître à sa patrie ». Or, les documents d’époque montrent qu’un nombre important de verreries a maintenu sa fabrication pendant le conflit. Son retentissant procès n’est-il pas finalement l’arbre qui cache la forêt ? Il paraît désormais évident que l’industrie du verre — qui n’a encore jamais été étudiée
à ce jour — ne constitue pas le seul exemple de la poursuite des activités industrielles en zones de guerre.
L’occasion est donc ici donnée d’étudier le fonctionnement quotidien de l’industrie pendant le conflit et, au-delà, d’estimer à qui finalement cela a profité, entre redistribution des parts de marché et remise
à niveau de l’outil de production.
Ces rencontres sont l’occasion de confronter les réalités vécues par le secteur industriel en Belgique comme dans le Nord et l'Est de la France afin de poursuivre et d'élargir le champ de réflexions entamé par Pascal Deloge et Pierre Tilly.
Journée d'étude organisée par l'Association des Jeunes Chercheurs en Histoire (AJCH), à Lille, le... more Journée d'étude organisée par l'Association des Jeunes Chercheurs en Histoire (AJCH), à Lille, le 19 mai 2017, à partir de 9h.
« La production des draps et des tissus de laine et de coton pour l'Intendance pendant la Grande ... more « La production des draps et des tissus de laine et de coton pour l'Intendance pendant la Grande Guerre : de la quantité à la recherche de la qualité au meilleur prix ».
« C’est une tâche formidable comme jamais, dans l’histoire du monde, il ne s’en est présenté deva... more « C’est une tâche formidable comme jamais, dans l’histoire du monde, il ne s’en est présenté devant quiconque. » C’est en ces termes que Louis Loucheur, ministre de la Reconstruction Industrielle, définit le 4 février 1919 devant les sénateurs les opérations de reconstructions des départements sinistrés au lendemain du premier grand conflit mondial du XXe siècle. Le constat est juste. Du fait de l’occupation, les Ardennes ont vu leur industrie quasi-disparaître. En ce qui concerne le textile, il s’agit du taux de destruction le plus élevé, devant Fourmies (Nord) déjà bien mise à mal. Aucune usine n’échappe aux saisies allemandes de matières premières et produits finis, aux bris de machines pour récupérer certains métaux nécessaires à l’armement, ou à la réutilisation des locaux en magasins, hôpitaux (Lazarett), garage ou cantonnement. L’enjeu pour les industriels fut donc double fin 1918 : reconstituer leur capital productif au plus vite, et retrouver leur place dans l’industrie nationale.
La première guerre mondiale représente une épreuve pour l’économie française, ici les industries ... more La première guerre mondiale représente une épreuve pour l’économie française, ici les industries de la laine et du coton. Alors que ces dernières se concentrent dans les départements du Nord et de l’Est, l’occupation d’une partie de ces derniers par les Allemands force les autorités à faire appel de manière plus large aux territoires épargnés par les opérations militaires. Parmi eux, les départements normands – au premier rang desquels l’actuelle Seine-Maritime – peuvent faire valoir plusieurs atouts : distants du front, ils disposent du premier port de France, Le Havre, lui-même doté à partir de 1911 du premier hangar à coton d’Europe ; la Seine offre un bon accès aux territoires intérieurs, et de nombreux affluents procurent une source énergétique économique de premier ordre. Toutefois, l’industrie textile à la veille de la guerre est plongée dans une crise de surproduction. De nombreux établissements cotonniers ferment, des usines se retrouvent en friche. Le sentiment d’un endormissement économique se diffuse. De son côté, la draperie elbeuvienne perd du terrain sur ses concurrents nordistes. Avec la guerre, les besoins conséquents d’une armée plus importante et la réforme du drap de troupe apparaissent comme une aubaine pour rétablir des situations difficiles.
Discrétion. C’est le mot qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque au premier abord le rôle de l’indu... more Discrétion. C’est le mot qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque au premier abord le rôle de l’industrie lainière de l’Ariège. Pourtant, ce territoire pyrénéen, compris dans la 17e région militaire, est parvenu pendant quatre ans et demi à fournir près de 6,3 millions de mètres de drap de troupe, soit 7 % des 89 millions de mètres recensés par les rapports d’enquête parlementaires. C’est certes loin des 25 millions de mètres fournis par les centres de la 16e région voisine (comprenant notamment les centres du Tarn et de l’Hérault), mais c’est sans compter les milliers de mètres de bandes molletières et de couvertures également fournis par les fabricants ariégeois. De plus, Jean-Michel Minovez a souligné dans ses travaux sur le pays d’Olmes que « si la première guerre mondiale n’est pas à l’origine [de son] décollage [économique], elle dynamise incontestablement l’industrie locale »1. La perte des territoires industriels et lainiers du Nord, de la Marne et des Ardennes conduit les autorités militaires à se tourner vers les centres en capacité de répondre à leurs besoins.
Dans ce contexte, comment alors les fabricants sont-ils parvenus à répondre aux besoins de l’armée, et quelles furent les conséquences économiques, industrielles et sociales à la fin de la guerre ?
Pour y répondre, il s’agira dans un premier temps d’étudier le passage d’une période d’improvisation à une réorganisation efficace des centres de production. Dans un deuxième temps, on analysera les résultats économiques et industriels qui ont permis à la région de connaître un développement inédit. Enfin, nous terminerons par la manière dont a été gérée la main-d’œuvre, et comment celle-ci a traversé la guerre malgré les restrictions et les conditions de travail plus difficiles.
Avec un tiers des broches de filature de coton de France, plus de la moitié de celles de laine ca... more Avec un tiers des broches de filature de coton de France, plus de la moitié de celles de laine cardée, et la presque totalité du matériel de laine peignée et de l'industrie linière, le département du Nord incarne la première région industrielle de France. Son occupation par les troupes allemandes pendant quatre ans et demi constitue une catastrophe industrielle importante. C'est sur ce point que les contemporains de l'après-guerre et l'historiographie ont mis l'accent : destruction de matériel, saisie de stocks importants de matières premières et de produits finis ; appauvrissement des populations, pénuries, chômage et travail forcé. Toutefois, cette vision ne prend en compte ni la moindre activité industrielle, même réduite à sa plus faible expression, ni les arrangements qui ont pu survenir au cours du conflit entre occupants et occupés. Lors du colloque tenu à Maubeuge en novembre 2014, nous avions évoqué l'affaire des sacs de terre, qui éclate au printemps-été 1915 1. Or, si un véritable mouvement de refus de participer...
Unless being very few used to illustrate Industrial mobilization during World War One, wool and c... more Unless being very few used to illustrate Industrial mobilization during World War One, wool and cotton industries have been close as important as the ammunitions factories. Producing sheet and cloth for troops, manufactures had to face humans and materials challenges. This study is wondering about choices of thus both industries: national and local organization, capacity of mobilization of financial and productive capital, and also their reaction to war troubles and the demands of state’s agents.
Délaissées par les études sur la mobilisation industrielle durant la Première Guerre mondiale, les industries de la laine et du coton jouèrent un rôle presque aussi important que les usines d’armement. Que ce soit pour l’habillement des troupes ou la fabrication des explosifs, les manufactures durent faire face à divers défis humains et matériels. Le présent article s’interroge sur l’attitude de ces deux industries, leur capacité d’organisation, de mobilisation de leur capital, ainsi que sur leur réaction face aux difficultés de la guerre et aux représentants de l’Etat.
Simon Vacheron fait toutes ses études supérieures à Paris Sorbonne, puis Sorbonne Université où i... more Simon Vacheron fait toutes ses études supérieures à Paris Sorbonne, puis Sorbonne Université où il a fait montre de ses qualités humaines, en s’engageant avec générosité dans le combat syndical. Il s’y est imposé aussi par sa capacité de travail et sa curiosité intellectuelle. Celles-ci l’ont conduit à devenir fonctionnaire à la Ville de Paris, mais aussi à s’engager dans une thèse de doctorat, dont il nous livre aujourd’hui les résultats. Encouragé dans cette voie par la rédaction d’un remarquable mémoire de Master (Les ouvriers français et l’Exposition Universelle de 1867), il s’est attelé à un sujet original, qui, jusqu’ici, constituait un trou noir de l’historiographie française. Sa thèse s’intitule en effet Mobiliser l’industrie textile (laine et coton). L’État, les entrepreneurs et les ouvriers dans l’effort de guerre, 625 p. de textes + 264 p. d’annexes.
Au cours de la Première Guerre mondiale, les industries de la laine et du coton se retrouvent en... more Au cours de la Première Guerre mondiale, les industries de la laine et du coton se retrouvent entraînées dans la mobilisation industrielle. L’intervention de l’État dans ces branches se révèle indispensable, et une nouvelle relation s’établit entre la puissance publique et les entreprises. La modification de la teinte de l’uniforme, sa large diffusion à près de huit millions d’appelés sur quatre ans et la perte des bassins industriels du Nord et de l’Est conduisent à la mise sous contrôle de l’État de presque toute l’industrie lainière, tandis que l’industrie cotonnière reste indépendante jusqu’en 1917. Cette relation s’étend jusque dans les importations de matières premières, avec une centralisation progressive qui exclut le commerce privé, mais associe négociants et industriels. En outre, la gestion de la main-d’œuvre constitue un défi quotidien pour les entreprises. Le besoin de travailleurs reste important, et les difficultés liées aux conditions de travail et au renchérissement de la vie entraînent des tensions sociales, malgré l’Union sacrée observée par les organisations syndicales. Dans le même temps, la perte des principaux territoires industriels représente une aubaine pour les autres régions, dont celles dont l’industrie textile est sur le déclin avant la guerre. Les fortes demandes de l’armée et les hauts prix du commerce privé entraînent des bénéfices importants, et conduisent l’État à adopter une fiscalité de guerre et réprimer les abus. Le retour des industries sinistrées à la fin du conflit, la question des dommages de guerre et la réintégration de l’Alsace-Lorraine mettent les industries textiles face à des changements radicaux.
For the International Exhibition in Paris in 1867, the Second Empire wanted to develop the social... more For the International Exhibition in Paris in 1867, the Second Empire wanted to develop the social aspect of industrial progress, under the responsibility of Frédéric Le Play, the real socal thinker of the Imperial Regime. The diverse labor problems were aborded, like education, vocationnal training, with the reflect of the others nations. If one of the goals was to defend the labor politic of Napoleon the 3rd, and make the Great Exhibition as the height of the "Fête Impériale", the limits appear, and also the beginning of the regime's end.
During the World War I, the industries of the wool and the cotton find themselves pulled(entailed... more During the World War I, the industries of the wool and the cotton find themselves pulled(entailed) in the industrial mobilization. The intervention of the State in these branches shows itself essential, and a new relation becomes established between the public authorities and the companies. The modification of the colour of the uniform, its wide distribution about eight million conscripts over four years and the loss of the industrial areas of the North and east lead to the putting under control of the State of almost all the wool trade, whereas the cotton industry remains independent until 1917. This relation extends to the imports of raw materials, with a progressive centralization which excludes any private business(trade), but associates traders and industrialists. Besides, the management of the workforce constitutes a daily challenge for companies. The need in workforce remains important, and the difficulties bound in working conditions and to the increased cost living trigger social tensions, in spite of the “Union sacrée” respected by labor unions. At the same time, the loss of the main industrial territories represents a chance of a lifetime for the other regions, among which those whose textile industry is on the decline before the war. The high demands of the army and the high prices of private trade yeld important profits, and lead the State to adopt a war tax system and to repress the abuses. The return of the stricken industries at the end the conflict, the question of war damage and reinstatement of Alsace-Lorraine put the textile industries in the face of radical changes.
Petite histoire sociale du football, ou comment une activité populaire a été codifiée par les éli... more Petite histoire sociale du football, ou comment une activité populaire a été codifiée par les élites puis réappropriée par les classes populaires.
(vidéo de vulgarisation)
métiers d’autrefois - tome 1, 2021
Le travail de la laine, venue en particulier d’Angleterre à l’époque médiévale, s’enracine dans l... more Le travail de la laine, venue en particulier d’Angleterre à l’époque médiévale, s’enracine dans l’histoire. En témoignent les tisserands flamands de l’époque médiévale, l’introduction à la fin du XVIIIe siècle des moutons espagnols de type mérinos dont la laine permet la production de draps bleus, mais aussi la manufacture de draps fins à Eupen à la veille de la révolution industrielle, l’industrie lainière à Verviers au XIXe siècle ou encore l’activité textile dans les Ardennes ou la draperie du Midi au cours de la Grande Guerre.
Plus spécifique, héritière de Venise, la dentelle relève d’un véritable travail artistique. Lorsque Colbert, alors contrôleur général des finances de Louis XIV, accorde en 1665 le privilège de créer une manufacture royale de dentelle à Alençon, il pose les fondements d’une activité méticuleuse que Valenciennes ou encore Calais développent par la suite mais avec la tentation d’introduire la mécanisation pour cette dernière.
Enfin, le métier de dessinateur de mode, la ganterie à Grenoble ou encore la production de chapeaux en Italie qui se mue en activité de camouflage militaire, lors de la Grande Guerre, illustrent d’autres facettes qui concernent l’habillement.
Toutefois, dans ces différentes situations, les acteurs de ces métiers ancestraux se trouvent tiraillés entre le maintien du savoir-faire d’antan qu’ils maîtrisent et l’introduction de nouveautés a priori plus performantes.