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Texte Caractéristiques linguistiques

01 ΑΛΛ̣ΕΤΕ̣Ι̣ΝΟΚΑΡΝΟΝ̣ΟΥΑΛΙ̣ΣΟΝ̣Τ̣ΕΑΣ 01 αλλ̣ετε̣ι̣νος καρνoν̣ου αλι̣σον̣τ̣εας
01 ΑΛΛ̣ΕΤΕ̣Ι̣ΝΟΣΚΑΡΝΟΝΟΥΑΛΙ̣ΣΟΝ̣Τ̣ΕΑΣ 01 αλλ̣ετε̣ι̣νος καρνονου αλι̣σον̣τ̣εας
01 ΑΛΛ̣ΕΤΕ̣Ι̣ΝΟΣΚΑΡΝΟΝΟΥΑΛΙ̣ΣΟΝ̣Τ̣ΕΑΣ 01 αλλ̣ετε̣ι̣νος καρνονου αλι̣σον̣τ̣εας
01 ΑΛΛ̣ΕΤΕ̣Ι̣ΝΟΣΚΑΡΝΟΝΟΥΑΛΙ̣ΣΟΝ̣Τ̣ΕΑΣ 01 αλλ̣ετε̣ι̣νος καρνον ουαλι̣σον̣τ̣εας
01 αλλ̣ετε̣ι̣νος καρνoν̣ου αλι̣σον̣τ̣εας idionyme nominatif masc. sg. thème en -o théonyme datif masc. sg. thème en -o toponyme génitif masc. sg. thème en -ā
01 αλλ̣ετε̣ι̣νος καρνονου αλι̣σον̣τ̣εας idionyme nominatif masc. sg. thème en -o patronyme nominatif masc. sg. thème consonantique toponyme génitif fém. sg. thème en -ā
01 αλλ̣ετε̣ι̣νος καρνονου αλι̣σον̣τ̣εας idionyme nominatif masc. sg. thème en -o patronyme ablatif masc. sg. thème en -o toponyme génitif fém. sg. thème en -ā
01 αλλ̣ετε̣ι̣νος καρνον ουαλι̣σον̣τ̣εας idionyme nominatif masc. sg. thème en -o substantif accusatif masc. sg. thème en -o théonyme génitif fém. sg. thème en -ā

Paléographie

Traduction:

de Michel Lejeune : MLE-a Alletinos, au Carnonos d'Alisontea.

de l'équipe du RIIG : EDZ-a EDZ-b Alletinos fils de Carnonō d'Alisontea.

de l'équipe du RIIG : JUN-a Alletinos [a offert] le carnon de Valisontea.

Apparat critique:

Remarques de Michel Lejeune : MLE-a Sur la langue du texte, pendant longtemps personne ne prend position. Il est possible que Noguier 1899 (qui parle d'« inscription grecque ») et encore Dardé et Sourniès 1912 (qui datent le chapiteau de l'« époque gréco-celtibérienne » mais l'assignent à une « colonie grecque ») aient soupçonné du grec. Il est probable que Héron de Villefosse 1899 , Espérandieu 1900b et Holder 1962 ont songé à du gallo-grec ; mais cela n'a pas empêché Héron de Villefosse (et d'autres à sa suite) de reconnaître dans καρνονου du génitif (grec) en -ου. Le document ne reçoit vraiment son baptême celtique que par son inclusion dans le recueil de Dottin en 1918.
Moins problématique est l'analyse du texte. En dépit de la graphie continue, est évidente, et a été dès le début reconnue, la division en trois mots. Mais tous les problèmes ne sont pas là résolus. Le premier mot a été tout de suite identifié comme anthroponyme masculin au nominatif en -ος (nom du prétendu défunt). Du second mot, à finale en -ου traité à la grecque, Noguier 1899 (suivi par Espérandieu 1900b et Holder 1962 ) fait un génitif patronymique (nom du père du prétendu défunt), erreur à laquelle personne, n'a, par la suite, ni explicitement adhéré ni fait objection. Le troisième mot (« nom de la personne ayant fait élever le monument » Noguier 1899 ; « plutôt ethnique dont on a peut-être une forme plus ou moins rapprochée dans... Alzonne [Aude] et Alzon [Gard] » Espérandieu 1900b ) n'a jamais été défini du point de vue morphologique.
Le premier mot, l'idionyme, y voir (peu nettement Evans 1967 pp. 307) un hypocoristique en -īno- de composés tels que (dat.) Alleto-rīgī à Nîmes CIL XII pp. 3396.
Le second mot, le théonyme Carnonos, présente un suffixe fréquent dans les noms divins : Maponos, Epona, etc. Avec un autre vocalisme radical et un autre vocalisme suffixal, est-ce comme Cernunnos, un « dieu cornu » ? Ici, le thème celtique *karno- de gaul. κάρνον « trompette » (glose d'Hésychius), et de gall., bret. carn « corne ».
Le troisième mot, le toponyme, serait le nom du site d'Aumes-Montagnac (« au Carnonos de A. »). Cette détermination par un génitif de toponyme semble possible à Lejeune (en concurrence avec la détermination par un adjectif ethnique) si le déterminé est un théonyme, non s'il est un anthroponyme ; c'est ce qui a orienté notre choix quant à la nature du texte, l'interprétation votive rencontrant ensuite l'encouragement d'une étymologie plausible pour le théonyme.
Le toponyme se présente comme un dérivé en -eā d'un thème Alisont- (-eā pouvant être dans le même rapport avec -iā que le suffixe patronymique -cos avec -ios). Sur le génitif singulier de la 1ère déclinaison en celtique RIG I pp. 227. Du nom (pre-gaulois ? IEW pp. 302) de l'alisier dérivent des toponymes et des hydronymes de diverses régions de Gaules Holder 1962 I pp. 92 (90), Holder 1962 II pp. 565 (561), parmi lesquels, chez Ausone, le nom Alisontia d'un affluent de la Moselle.

Remarques de Emmanuel Dupraz : JUN-a EDZ-a EDZ-b L'interprétation linguistique du texte est hautement problématique, en dehors de la première forme dont l'analyse est certaine.
Si l'on suit la segmentation proposée par M. Lejeune, trois interprétations sont possibles pour la deuxième forme : datif singulier thématique gaulois, en ce cas théonymique ; nominatif singulier gaulois d'un thème en nasale en *-ōn (ou ancien ablatif singulier thématique *-ōd), en ce cas patronymique ; génitif singulier thématique grec, en ce cas vraisemblablement patronymique.
Selon qu'on choisit une interprétation gauloise (la plus probable en raison des modèles volques) ou grecque, la datation en est modifiée : un texte grec pourrait être antérieur à l'apparition de l'épigraphie gallo-grecque.
Si l'on segmente καρνον ουαλ[ι]σο[ντ]εας, comme proposé par J. Untermann ( pp. 20), il est possible de rapprocher καρνον du lexème celtique commun *karno- « heap of stones, tomb » (proposition d'Untermann) ou de l'autre lexème celtique commun *karno- « horn, hoof ». Les deux propositions sont séduisantes (la seconde : renvoi à l'objet dédié, placé sur le pilier), mais posent problème par rapport aux probables modèles volques, où les textes ne mentionnent pas d'objet à l'accusatif.
Les plus graves difficultés sont posées par la troisième forme. La lecture et même la segmentation sont difficiles ; αλ[ι]σο[ντ]εας a pour lui la présence de nombreuses formes en *alisont- en Gaule, quelle qu'en soit l'interprétation étymologique, et l'improbabilité d'un accusatif καρνον.
La désinence est probablement celle du génitif singulier féminin alphathématique. Ici Lejeune fait un coup de force en affirmant que ce cas ne peut compléter qu'un théonyme, et pas un anthroponyme, ce qui lui permet d'imposer l'analyse de καρνονου comme un datif singulier de théonyme. L'analyse comme toponyme de la forme αλ[ι]σο[ντ]εας est probable, mais elle peut renvoyer à la provenance d'un être humain aussi bien que d'une divinité, étant de toute façon problématique dans le corpus gallo-grec.
Il se peut que le toponyme en question ne soit pas le nom du site, s'il complète la formule onomastique d'un personnage extérieur ; cf. par exemple la dédicace nîmoise d'un personnage originaire d'Anduze, Lejeune et Paillet 1992 , datée d'environ 100 avant notre ère. On pourrait proposer une analyse de la finale comme issue phonétiquement d'*-ātis, auquel cas il ne s'agit pas d'un génitif féminin singulier.

Remarques de David Stifter : MLE-a
αλλετε̣ι̣νος:

καρνονου:

αλι̣σο[ντ]εας:

Commentaires:

Commentaire sociolinguistique:

Remarques de Michel Lejeune : MLE-a Pour à la nature du texte, on est parti avec l'idée que c'est une épitaphe (« les premiers mots de l'inscription grecque semblent annoncer qu'elle constitue une mémoire funéraire » Noguier 1899 ), idée acceptée sans discussion par Héron de Villefosse 1899 , Espérandieu 1900b ; apparemment acceptée aussi dans la suite, puisque éditeurs et commentateurs sont tous muets sur le caractère de l'inscription : idée non-évidente pour autant.
Lejeune pense qu'il s'agit d'une dédicace.

Remarques de Alex Mullen : This seems most likely to be a Gallo-Greek inscription. Attempts to assign this to Greek are problematic.

Bibliographie du RIG: Holder 1896–1913 ; Héron de Villefosse 1899 ; Noguier 1899 ; Espérandieu 1900b ; Bonnet 1905 ; Dardé et Sourniès 1912 ; Dottin 1918 ; Jacobsthal 1930a ; Ros 1940 ; Gondard 1949 ; IEW ; Gallet de Santerre 1965 ; Whatmough 1970 ; Clavel-Lévêque 1970 ;

Bibliographie du RIIG: Holder 1896–1913 ; Camichel 1908 ; Espérandieu 1929 (ILGN) ; Vallon 1968 ; Soutou 1985 ; Bats 1988a ; Lejeune et Paillet 1992 ; Untermann 1992 ; RIG II.2 ; Fiches 2002 ; Mullen 2013.

Linked Data:

How to cite: Ruiz Darasse C., Dupraz E., Stifter D., Blanchet H., Mullen A., Chevalier N., Prévôt N., « RIIG HER-03-01 », dans Ruiz Darasse C. (éd.), Recueil informatisé des inscriptions gauloises, https://riig.huma-num.fr/, DOI : 10.21412/petrae_riig_HER-03-01 (consulté le 17 octobre 2025).

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Dernière modification : 2024-12-03; Michel Lejeune (First editor); Coline Ruiz Darasse (Project coordinator and contributor); Emmanuel Dupraz (Contributor); David Stifter (Contributor); Hugo Blanchet (Contributor); Alex Mullen (Contributor); Nolwenn Chevalier (Metadata, TEI encoding); Florent Comte (3D); Nathalie Prévôt (Database Design)

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