Florence Buttay | Université de Caen Normandie (original) (raw)
Livres by Florence Buttay
Presses universitaires de Rennes, 2018
Ce livre s'interroge sur les techniques de mobilisation de la jeunesse pendant les guerres de Rel... more Ce livre s'interroge sur les techniques de mobilisation de la jeunesse pendant les guerres de Religion et sur leur efficacité. On sait que les enfants ont été impliqués dans les violences pour contribuer à la justification des actes des adultes. Mais on s' est peu intéressé à l'école durant ces conflits. Comment enseigne-ton pendant les guerres de Religion ? Comment la pédagogie est-elle mise au service de la mobilisation de la jeunesse ? Un ensemble de documents exceptionnels, des recueils de compositions des élèves du collège des jésuites à Paris, datant des années 1590 et 1592, permet de suivre une tentative d'inscrire durablement dans la mémoire des jeunes catholiques les motifs de la détestation de l'ennemi, afin de former de futurs acteurs intransigeants du monde. Ces exercices ont fait l'objet d'expositions ouvertes au public et accompagnées de performances musicales et théâtrales. On y retrouve les efforts des jésuites pour convertir la culture humaniste, dans ses formes les plus séduisantes, en armes de combat pour la foi. Mais on y voit aussi les échos d'une vaste circulation de textes et d'images polémiques, que les partis – protestants, catholiques ou « politiques » – s' échangent et adaptent au gré des besoins. Pour apprendre à reconnaître et à haïr l'ennemi, intérieur et extérieur, les enfants sont invités à composer devinettes, emblèmes et hiéroglyphes. Le patient travail de chiffrement et déchiffrement fonctionne comme un exercice de méditation sur les motifs de la haine. Le pouvoir des énigmes est donc moins de convaincre d' éventuels contradicteurs que de dessiner une communauté et de renforcer l'identité politique et religieuse des enfants qui les composent. Alors qu'après la victoire d'Henri IV, les ennemis des jésuites ont vivement dénoncé leur enseignement pernicieux, que peut-on dire de l'efficacité de cette pédagogie ? En suivant le destin d'un certain nombre d'élèves, et en tentant des rapprochements avec des situations plus contemporaines, on cherche à comprendre ce qui reste d'une éducation militante. Florence Buttay est maîtresse de conférences en histoire moderne à l'université Bordeaux Montaigne. Elle a publié Fortuna. Usages politiques d'une allégorie morale à la Renaissance, Paris, PUPS, 2008 et, avec Axelle Guillausseau, Des saints d'État ? Politique et sainteté au temps du concile de Trente, Paris, PUPS, 2012.
Presses universitaires de Paris Sorbonne, 2012
Lorsque Mary Mac Killop a été canonisée, en octobre 2010, la presse de Sydney s’est félicitée de ... more Lorsque Mary Mac Killop a été canonisée, en octobre 2010, la presse de Sydney s’est félicitée de cette première sainte australienne : il manquait un saint à l’Australie pour être une véritable nation. Ce très récent exemple, dans un pays où le catholicisme n’est pas majoritaire, montre la force et la persistance étonnante des rapports entre politique et sainteté.
L’expression « saints d’État » est provocatrice et, de là, permet de s’interroger de manière originale sur les types et les fonctions des figures de sainteté dans l’État. Se référant à plusieurs ouvrages récents sur certaines catégories paradoxales d’agents de l’État (en particulier les « prélats d’État » de Cédric Michon), elle a été proposée à divers spécialistes d’histoire religieuse de l’époque moderne de façon à ce qu’ils y confrontent leurs grilles d’analyse. Le choix de ce concept tout autant que de l’espace géographique considéré – une Europe transcendant les frontières confessionnelles – visait en réalité à dépasser deux idées couramment admises : l’évolution de l’État à l’époque moderne serait marquée du sceau de la sécularisation, et le culte des saints serait la ligne de démarcation qui donnerait au XVIe siècle la modernité en partage au protestantisme.
Trois axes structurent cette réflexion collective. Dans un premier temps, sont analysées les transformations dogmatiques des notions de sainteté et de communion des saints dans le contexte de l’affrontement confessionnel et leurs implications dans les sphères politiques et diplomatiques. Ensuite, est étudiée la vogue des patronages étatiques dans une Europe catholique où Rome tente d’imposer sa mainmise par la définition d’une sainteté à portée universelle. De là, est souligné le rôle de guide spirituel que l’État et, plus particulièrement, les princes sont de plus en plus amenés à jouer et les nouveaux modèles ainsi produits. Dans un tel contexte, prince ou homme politique peuvent en effet cheminer vers la sainteté.
S’impose l’idée que, à l’époque moderne, les communautés de sujets sont toujours aussi des communautés de fidèles, et que le pape est finalement un modèle de souverain de son temps, revendiquant avant les princes laïcs ou comme eux une autorité universelle qui lui permet notamment de désigner les saints guides de la communauté !
Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2008
Comment légitimer la victoire des armes ? Comment comprendre l'ascension ou la déchéance de certa... more Comment légitimer la victoire des armes ? Comment comprendre l'ascension ou la déchéance de certains hommes ? Comment choisir au milieu de la pluralité des possibles ? Fortuna est partout présente à la Renaissance pour décrire et juger les mouvements de l'histoire individuelle et collective. Ce livre propose l'étude des usages d'une figure de rhétorique, d'une image de mémoire extraordinairement plastique. Il ne considère pas la fortune comme un concept, mais comme une banalité des langages politiques et des représentations sociales. Loin d'être éternelles, les banalités tissent dans le temps la toile des appréciations et des justifications partagées qui impose le cadre dans lequel se meuvent les acteurs. En Italie et en France, des décors des fêtes publiques à la littérature pédagogique ou historiographique, en passant par les diverses formes d'écriture du soi, l'imaginaire politique et social travaille sur une Fortuna qui rend compte à la fois d'une nouvelle appréhension du temps, le temps des occasions, et d'un intérêt pour les ascensions échappant aux logiques humaines, notamment dynastiques. Le succès de l'iconographie renaissante de l'allégorie apparaît ainsi comme inséparable d'une légitimité d'élection, élection divine sanctionnée par un nécessaire consensus. Versant oublié du thème impérial, Fortuna invite à en reconsidérer la signification pour les princes de la Renaissance. Florence Buttay-Jutier est maître de conférences en Histoire moderne à l'Université Bordeaux III-Michel de Montaigne. Spécialiste des Renaissances italienne et française (XVe-XVIe siècles), elle s'intéresse à l'histoire politique, à l'histoire culturelle et à l'iconographie.
Conférences by Florence Buttay
Articles by Florence Buttay
Atlantide, 2023
Extrait du numéro 14 de la revue Atlantide: "De la contingence créatrice : la rencontre comme mat... more Extrait du numéro 14 de la revue Atlantide: "De la contingence créatrice :
la rencontre comme matrice littéraire à la Renaissance", dir. Nicolas Corréard.
La légende des Trois morts et des trois vifs, qui connut un succès européen,
avec des variations dans le temps et l’espace, entre le XIIIe et le XVIe siècle, constitue un riche corpus pour observer comment est figurée la rencontre, entre nécessité et contingence, entre memento et récit. L’article, après avoir repris les recherches menées sur les textes et les images qui s’y réfèrent, se propose de montrer par quels moyens, iconographiques et plastiques, les artistes ont affronté ce thème et en particulier si et comment ils
ont cherché à rendre le caractère contingent de la rencontre entre les trois jeunes gens et les trois cadavres. Si ce dit semble bien démodé au XVIIe siècle, cette rencontre reste très présente dans le décor religieux ; clins d’œil et réemplois montrent qu’elle reste longtemps présente à l’imagination des auteurs et des artistes.
Hasard et providence XIVe-XVIIe siècle. Actes du XLIXe colloque international d'études humanistes, Tours, dir. Marie-Luce Demonet, 2006
The End of Fortuna and the Rise of Modernity, 2017
Traduction de l'article paru dans Arndt Brendecke / Peter Vogt (eds.), The End of Fortuna and the... more Traduction de l'article paru dans Arndt Brendecke / Peter Vogt (eds.), The End of Fortuna and the Rise of Modernity, Berlin, Boston 2017.
Conference Presentations by Florence Buttay
Sixteenth Century Journal Conference, 18 August 2016
Programmation by Florence Buttay
Programme du Moi(s) Montaigne 2020, invitée Dominique Brancher (Université de Bâle)
Mois Montaigne Sanjay Subrahmanyam "Montaigne et l'empire portugais" Bordeaux 2-31 mai 2019
Papers by Florence Buttay
Extrait du numéro 14 de la revue Atlantide: "De la contingence créatrice : la rencontre ... more Extrait du numéro 14 de la revue Atlantide: "De la contingence créatrice : la rencontre comme matrice littéraire à la Renaissance", dir. Nicolas Corréard. La légende des Trois morts et des trois vifs, qui connut un succès européen, avec des variations dans le temps et l’espace, entre le XIIIe et le XVIe siècle, constitue un riche corpus pour observer comment est figurée la rencontre, entre nécessité et contingence, entre memento et récit. L’article, après avoir repris les recherches menées sur les textes et les images qui s’y réfèrent, se propose de montrer par quels moyens, iconographiques et plastiques, les artistes ont affronté ce thème et en particulier si et comment ils ont cherché à rendre le caractère contingent de la rencontre entre les trois jeunes gens et les trois cadavres. Si ce dit semble bien démodé au XVIIe siècle, cette rencontre reste très présente dans le décor religieux ; clins d’œil et réemplois montrent qu’elle reste longtemps présente à l’imagination des auteurs et des artistes.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2018
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2022
The End of Fortuna and the Rise of Modernity
La politique par correspondance, 2009
Érasme comparait le genre épistolaire à Mercure, parce que, comme lui, la lettre se métamorphose ... more Érasme comparait le genre épistolaire à Mercure, parce que, comme lui, la lettre se métamorphose selon les circonstances, endossant tel vêtement qui convient à son sujet. La correspondance gigantesque de Côme Ier témoigne de l’hybridation des genres quand le prince, désormais seul destinataire d’une correspondance à la fois privée et publique, se trouve être l’objet de suppliques, de dépêches, de dénonciations, de lettres de compliments... La lettre s’hybride dans cette multiplicité des rôles..
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2013
La lecture des écrits d'un voyageur du XVI e siècle implique une double distance : la distance te... more La lecture des écrits d'un voyageur du XVI e siècle implique une double distance : la distance temporelle entre le voyageur et nous, qui le lisons aujourd'hui, et la distance, géographique et donc aussi culturelle, dont le voyageur rendait compte pour ses lecteurs contemporains. Dans le cas du voyageur, bien oublié, qui fait l'objet de ces pages, Giorgio del Giglio « Pannilini » (1507 ?-1579 ?), cette distance géographique n'est pas le seul écart qui le séparait de ses lecteurs. D'origine incertaine, probablement issu d'une famille marrane exilée en Italie à la fin du XV e siècle, Giorgio a exercé de multiples activités, la plupart liées au renseignement, et navigué aux marges de la Méditerranée chrétienne, tantôt côté turc, tantôt côté chrétien et, de ce côté-ci, tantôt au service de Florence, tantôt au service du pape, tantôt au service de l'Espagne. Il a embrassé par deux fois la religion musulmane et est revenu par deux fois dans le giron de l'Église, non sans être tenté par le calvinisme. Son nom varie au cours des années 1550-1560 : il signe Giorgio del Giglio, puis Pannilini, puis De Franceschi Pannilini, usurpant des noms de famille siennois respectables. L'écart de Giorgio del Giglio par rapport à ses contemporains de la péninsule italienne est à la fois son problème et le moyen qu'il a choisi pour le résoudre. Le but de l'écriture de ses volumineux manuscrits est en effet, on le verra, de réduire sa propre étrangeté à la société chrétienne dans laquelle il cherche une place et, en même temps, seule cette étrangeté, seule sa connaissance intime du monde turc, sa « perizia nelle cose de' Turchi », grâce à ses séjours prolongés au milieu d'eux et à son identité trouble de renégat, lui assurent l'oreille de protecteurs et donc les moyens de vivre dans cette société italienne de la deuxième moitié du XVI e siècle. D'où une tension constante dans son écriture entre le distant et le familier. Le distant est ramené au familier ou doit permettre de rêver une transformation du familier. L'« estrangement » est ainsi une notion très pertinente pour appréhender la distance de Giorgio à ceux qu'il voudrait ses compatriotes. Mais elle est tout aussi utile à l'historien pour appréhender les textes que Giorgio produit ; des textes qui, au premier Résumé La notion d'« estrangement » trouve un écho particulier dans l'étude des écrits des voyageurs. Surtout quand, comme dans le cas de Giorgio del Giglio (1507 ?-1579 ?), ces écrits devaient à la fois rendre familier à ses lecteurs, Italiens et catholiques, les contrées décrites, mais aussi chercher à réduire la distance qui le séparait d'eux. En effet, d'origine marrane probablement, plusieurs fois converti à l'Islam et tenté par le calvinisme, Giorgio écrit pour trouver sa place dans l'Italie de la deuxième moitié du XVI e siècle où ses convictions iréniques ne sont plus guère de saison. Mots-clés Récits de voyages, XVI e siècle, Italie, Méditerranée, frontières religieuses et culturelles.
Presses universitaires de Rennes, 2018
Ce livre s'interroge sur les techniques de mobilisation de la jeunesse pendant les guerres de Rel... more Ce livre s'interroge sur les techniques de mobilisation de la jeunesse pendant les guerres de Religion et sur leur efficacité. On sait que les enfants ont été impliqués dans les violences pour contribuer à la justification des actes des adultes. Mais on s' est peu intéressé à l'école durant ces conflits. Comment enseigne-ton pendant les guerres de Religion ? Comment la pédagogie est-elle mise au service de la mobilisation de la jeunesse ? Un ensemble de documents exceptionnels, des recueils de compositions des élèves du collège des jésuites à Paris, datant des années 1590 et 1592, permet de suivre une tentative d'inscrire durablement dans la mémoire des jeunes catholiques les motifs de la détestation de l'ennemi, afin de former de futurs acteurs intransigeants du monde. Ces exercices ont fait l'objet d'expositions ouvertes au public et accompagnées de performances musicales et théâtrales. On y retrouve les efforts des jésuites pour convertir la culture humaniste, dans ses formes les plus séduisantes, en armes de combat pour la foi. Mais on y voit aussi les échos d'une vaste circulation de textes et d'images polémiques, que les partis – protestants, catholiques ou « politiques » – s' échangent et adaptent au gré des besoins. Pour apprendre à reconnaître et à haïr l'ennemi, intérieur et extérieur, les enfants sont invités à composer devinettes, emblèmes et hiéroglyphes. Le patient travail de chiffrement et déchiffrement fonctionne comme un exercice de méditation sur les motifs de la haine. Le pouvoir des énigmes est donc moins de convaincre d' éventuels contradicteurs que de dessiner une communauté et de renforcer l'identité politique et religieuse des enfants qui les composent. Alors qu'après la victoire d'Henri IV, les ennemis des jésuites ont vivement dénoncé leur enseignement pernicieux, que peut-on dire de l'efficacité de cette pédagogie ? En suivant le destin d'un certain nombre d'élèves, et en tentant des rapprochements avec des situations plus contemporaines, on cherche à comprendre ce qui reste d'une éducation militante. Florence Buttay est maîtresse de conférences en histoire moderne à l'université Bordeaux Montaigne. Elle a publié Fortuna. Usages politiques d'une allégorie morale à la Renaissance, Paris, PUPS, 2008 et, avec Axelle Guillausseau, Des saints d'État ? Politique et sainteté au temps du concile de Trente, Paris, PUPS, 2012.
Presses universitaires de Paris Sorbonne, 2012
Lorsque Mary Mac Killop a été canonisée, en octobre 2010, la presse de Sydney s’est félicitée de ... more Lorsque Mary Mac Killop a été canonisée, en octobre 2010, la presse de Sydney s’est félicitée de cette première sainte australienne : il manquait un saint à l’Australie pour être une véritable nation. Ce très récent exemple, dans un pays où le catholicisme n’est pas majoritaire, montre la force et la persistance étonnante des rapports entre politique et sainteté.
L’expression « saints d’État » est provocatrice et, de là, permet de s’interroger de manière originale sur les types et les fonctions des figures de sainteté dans l’État. Se référant à plusieurs ouvrages récents sur certaines catégories paradoxales d’agents de l’État (en particulier les « prélats d’État » de Cédric Michon), elle a été proposée à divers spécialistes d’histoire religieuse de l’époque moderne de façon à ce qu’ils y confrontent leurs grilles d’analyse. Le choix de ce concept tout autant que de l’espace géographique considéré – une Europe transcendant les frontières confessionnelles – visait en réalité à dépasser deux idées couramment admises : l’évolution de l’État à l’époque moderne serait marquée du sceau de la sécularisation, et le culte des saints serait la ligne de démarcation qui donnerait au XVIe siècle la modernité en partage au protestantisme.
Trois axes structurent cette réflexion collective. Dans un premier temps, sont analysées les transformations dogmatiques des notions de sainteté et de communion des saints dans le contexte de l’affrontement confessionnel et leurs implications dans les sphères politiques et diplomatiques. Ensuite, est étudiée la vogue des patronages étatiques dans une Europe catholique où Rome tente d’imposer sa mainmise par la définition d’une sainteté à portée universelle. De là, est souligné le rôle de guide spirituel que l’État et, plus particulièrement, les princes sont de plus en plus amenés à jouer et les nouveaux modèles ainsi produits. Dans un tel contexte, prince ou homme politique peuvent en effet cheminer vers la sainteté.
S’impose l’idée que, à l’époque moderne, les communautés de sujets sont toujours aussi des communautés de fidèles, et que le pape est finalement un modèle de souverain de son temps, revendiquant avant les princes laïcs ou comme eux une autorité universelle qui lui permet notamment de désigner les saints guides de la communauté !
Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2008
Comment légitimer la victoire des armes ? Comment comprendre l'ascension ou la déchéance de certa... more Comment légitimer la victoire des armes ? Comment comprendre l'ascension ou la déchéance de certains hommes ? Comment choisir au milieu de la pluralité des possibles ? Fortuna est partout présente à la Renaissance pour décrire et juger les mouvements de l'histoire individuelle et collective. Ce livre propose l'étude des usages d'une figure de rhétorique, d'une image de mémoire extraordinairement plastique. Il ne considère pas la fortune comme un concept, mais comme une banalité des langages politiques et des représentations sociales. Loin d'être éternelles, les banalités tissent dans le temps la toile des appréciations et des justifications partagées qui impose le cadre dans lequel se meuvent les acteurs. En Italie et en France, des décors des fêtes publiques à la littérature pédagogique ou historiographique, en passant par les diverses formes d'écriture du soi, l'imaginaire politique et social travaille sur une Fortuna qui rend compte à la fois d'une nouvelle appréhension du temps, le temps des occasions, et d'un intérêt pour les ascensions échappant aux logiques humaines, notamment dynastiques. Le succès de l'iconographie renaissante de l'allégorie apparaît ainsi comme inséparable d'une légitimité d'élection, élection divine sanctionnée par un nécessaire consensus. Versant oublié du thème impérial, Fortuna invite à en reconsidérer la signification pour les princes de la Renaissance. Florence Buttay-Jutier est maître de conférences en Histoire moderne à l'Université Bordeaux III-Michel de Montaigne. Spécialiste des Renaissances italienne et française (XVe-XVIe siècles), elle s'intéresse à l'histoire politique, à l'histoire culturelle et à l'iconographie.
Atlantide, 2023
Extrait du numéro 14 de la revue Atlantide: "De la contingence créatrice : la rencontre comme mat... more Extrait du numéro 14 de la revue Atlantide: "De la contingence créatrice :
la rencontre comme matrice littéraire à la Renaissance", dir. Nicolas Corréard.
La légende des Trois morts et des trois vifs, qui connut un succès européen,
avec des variations dans le temps et l’espace, entre le XIIIe et le XVIe siècle, constitue un riche corpus pour observer comment est figurée la rencontre, entre nécessité et contingence, entre memento et récit. L’article, après avoir repris les recherches menées sur les textes et les images qui s’y réfèrent, se propose de montrer par quels moyens, iconographiques et plastiques, les artistes ont affronté ce thème et en particulier si et comment ils
ont cherché à rendre le caractère contingent de la rencontre entre les trois jeunes gens et les trois cadavres. Si ce dit semble bien démodé au XVIIe siècle, cette rencontre reste très présente dans le décor religieux ; clins d’œil et réemplois montrent qu’elle reste longtemps présente à l’imagination des auteurs et des artistes.
Hasard et providence XIVe-XVIIe siècle. Actes du XLIXe colloque international d'études humanistes, Tours, dir. Marie-Luce Demonet, 2006
The End of Fortuna and the Rise of Modernity, 2017
Traduction de l'article paru dans Arndt Brendecke / Peter Vogt (eds.), The End of Fortuna and the... more Traduction de l'article paru dans Arndt Brendecke / Peter Vogt (eds.), The End of Fortuna and the Rise of Modernity, Berlin, Boston 2017.
Programme du Moi(s) Montaigne 2020, invitée Dominique Brancher (Université de Bâle)
Mois Montaigne Sanjay Subrahmanyam "Montaigne et l'empire portugais" Bordeaux 2-31 mai 2019
Extrait du numéro 14 de la revue Atlantide: "De la contingence créatrice : la rencontre ... more Extrait du numéro 14 de la revue Atlantide: "De la contingence créatrice : la rencontre comme matrice littéraire à la Renaissance", dir. Nicolas Corréard. La légende des Trois morts et des trois vifs, qui connut un succès européen, avec des variations dans le temps et l’espace, entre le XIIIe et le XVIe siècle, constitue un riche corpus pour observer comment est figurée la rencontre, entre nécessité et contingence, entre memento et récit. L’article, après avoir repris les recherches menées sur les textes et les images qui s’y réfèrent, se propose de montrer par quels moyens, iconographiques et plastiques, les artistes ont affronté ce thème et en particulier si et comment ils ont cherché à rendre le caractère contingent de la rencontre entre les trois jeunes gens et les trois cadavres. Si ce dit semble bien démodé au XVIIe siècle, cette rencontre reste très présente dans le décor religieux ; clins d’œil et réemplois montrent qu’elle reste longtemps présente à l’imagination des auteurs et des artistes.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2018
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2022
The End of Fortuna and the Rise of Modernity
La politique par correspondance, 2009
Érasme comparait le genre épistolaire à Mercure, parce que, comme lui, la lettre se métamorphose ... more Érasme comparait le genre épistolaire à Mercure, parce que, comme lui, la lettre se métamorphose selon les circonstances, endossant tel vêtement qui convient à son sujet. La correspondance gigantesque de Côme Ier témoigne de l’hybridation des genres quand le prince, désormais seul destinataire d’une correspondance à la fois privée et publique, se trouve être l’objet de suppliques, de dépêches, de dénonciations, de lettres de compliments... La lettre s’hybride dans cette multiplicité des rôles..
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2013
La lecture des écrits d'un voyageur du XVI e siècle implique une double distance : la distance te... more La lecture des écrits d'un voyageur du XVI e siècle implique une double distance : la distance temporelle entre le voyageur et nous, qui le lisons aujourd'hui, et la distance, géographique et donc aussi culturelle, dont le voyageur rendait compte pour ses lecteurs contemporains. Dans le cas du voyageur, bien oublié, qui fait l'objet de ces pages, Giorgio del Giglio « Pannilini » (1507 ?-1579 ?), cette distance géographique n'est pas le seul écart qui le séparait de ses lecteurs. D'origine incertaine, probablement issu d'une famille marrane exilée en Italie à la fin du XV e siècle, Giorgio a exercé de multiples activités, la plupart liées au renseignement, et navigué aux marges de la Méditerranée chrétienne, tantôt côté turc, tantôt côté chrétien et, de ce côté-ci, tantôt au service de Florence, tantôt au service du pape, tantôt au service de l'Espagne. Il a embrassé par deux fois la religion musulmane et est revenu par deux fois dans le giron de l'Église, non sans être tenté par le calvinisme. Son nom varie au cours des années 1550-1560 : il signe Giorgio del Giglio, puis Pannilini, puis De Franceschi Pannilini, usurpant des noms de famille siennois respectables. L'écart de Giorgio del Giglio par rapport à ses contemporains de la péninsule italienne est à la fois son problème et le moyen qu'il a choisi pour le résoudre. Le but de l'écriture de ses volumineux manuscrits est en effet, on le verra, de réduire sa propre étrangeté à la société chrétienne dans laquelle il cherche une place et, en même temps, seule cette étrangeté, seule sa connaissance intime du monde turc, sa « perizia nelle cose de' Turchi », grâce à ses séjours prolongés au milieu d'eux et à son identité trouble de renégat, lui assurent l'oreille de protecteurs et donc les moyens de vivre dans cette société italienne de la deuxième moitié du XVI e siècle. D'où une tension constante dans son écriture entre le distant et le familier. Le distant est ramené au familier ou doit permettre de rêver une transformation du familier. L'« estrangement » est ainsi une notion très pertinente pour appréhender la distance de Giorgio à ceux qu'il voudrait ses compatriotes. Mais elle est tout aussi utile à l'historien pour appréhender les textes que Giorgio produit ; des textes qui, au premier Résumé La notion d'« estrangement » trouve un écho particulier dans l'étude des écrits des voyageurs. Surtout quand, comme dans le cas de Giorgio del Giglio (1507 ?-1579 ?), ces écrits devaient à la fois rendre familier à ses lecteurs, Italiens et catholiques, les contrées décrites, mais aussi chercher à réduire la distance qui le séparait d'eux. En effet, d'origine marrane probablement, plusieurs fois converti à l'Islam et tenté par le calvinisme, Giorgio écrit pour trouver sa place dans l'Italie de la deuxième moitié du XVI e siècle où ses convictions iréniques ne sont plus guère de saison. Mots-clés Récits de voyages, XVI e siècle, Italie, Méditerranée, frontières religieuses et culturelles.
Violence de l'interprétation (XVIe-XVIIe s.), 2017
Revue historique, 2003
La mort du pape entre Renaissance et Contre-Réforme : les transformations de l'image du Souverain... more La mort du pape entre Renaissance et Contre-Réforme : les transformations de l'image du Souverain Pontife et ses implications (fin XV e-fin XVI e siècle) Revue historique, CCCVIII/1 lage les études sur les funérailles des princes européens se soient multipliées 7 , le pape n'a pas bénéficié du même effort d'interprétation. Les analystes cherchent rarement à aller au-delà de la description des cérémonies 8. Or, ce qu'on cherchera ici à comprendre, c'est le système de signes mis en place par la papauté pour affirmer sa continuité et la réception de ce discours : l'étude ne sera donc pas limitée aux rites et aux monuments funéraires, mais en appellera à tous les récits et discours sur la mort du pape : apologétiques ou satiriques, biographiques, etc. Le but n'étant pas de reconstituer le déroulement des cérémonies funèbres mais de comprendre le problème particulier que pose cette mort de souverain. Un point de départ à cette réflexion est offert par l'analyse, très éclairante pour le Moyen Âge, que constitue Le corps du pape de A. Paravicini-Bagliani 9. Pendant la période étudiée par l'auteur (XI e-XV e) la rhétorique et le rituel insistent toujours plus fortement sur le fait que même le pape meurt (à la différence du roi), tandis que les cardinaux sont chargés, en corps, d'incarner la persistance de l'Église. À la fin du XV e siècle, une série de changements sont perceptibles dans l'exercice du pouvoir pontifical et donc dans sa représentation. On rassemblera les indices de la tentation qu'a pu exercer sur la papauté le modèle du « roi ne meurt jamais » des États modernes en construction et comment cette tendance a pu entraîner une certaine crise de l'image du successeur de Pierre, décelable notamment dans les pasquils romains, dont les thèmes sont relayés hors de la ville et caricaturés par la controverse protestante. Enfin on essaiera de discerner la réponse proposée par la Contre-Réforme : s'agit-il d'une modification du discours papal faisant retour à la conception ancienne du pontife, ou ne serait-ce pas plutôt une transformation de l'attente placée par les fidèles dans la personne du pape ?
... Page 4. Page 5. Page 6. Page 7. FORTUNA USAGES POLITIQUES D'UNE ALLÉGORIE MORALE À L... more ... Page 4. Page 5. Page 6. Page 7. FORTUNA USAGES POLITIQUES D'UNE ALLÉGORIE MORALE À LA RENAISSANCE Page 8. ... Page 9. Florence Buttay-Jutier Fortuna Usages politiques d'uneallégorie morale à la Renaissance Préface de Denis Crouzet PUPS Page 10. ...
La légende des Trois morts et des trois vifs, qui connut un succès européen, avec des variations ... more La légende des Trois morts et des trois vifs, qui connut un succès européen, avec des variations dans le temps et l'espace, entre le XIII e et le XVI e siècle, constitue un riche corpus pour observer comment est figurée la rencontre, entre nécessité et contingence, entre memento et récit. L'article, après avoir repris les recherches menées sur les textes et les images qui s'y réfèrent, se propose de montrer par quels moyens, iconographiques et plastiques, les artistes ont affronté ce thème et en particulier si et comment ils ont cherché à rendre le caractère contingent de la rencontre entre les trois jeunes gens et les trois cadavres. Si ce dit semble bien démodé au XVII e siècle, cette rencontre reste très présente dans le décor religieux ; clins d'oeil et réemplois montrent qu'elle reste longtemps présente à l'imagination des auteurs et des artistes.
Lorsque Mary Mac Killop a été canonisée, en octobre 2010, la presse de Sydney s’est félicitée de ... more Lorsque Mary Mac Killop a été canonisée, en octobre 2010, la presse de Sydney s’est félicitée de cette première sainte australienne : il manquait un saint à l’Australie pour être une véritable nation. Ce très récent exemple, dans un pays où le catholicisme n’est pas majoritaire, montre la force et la persistance étonnante des rapports entre politique et sainteté. L’expression « saints d’État » est provocatrice et, de là, permet de s’interroger de manière originale sur les types et les fonctions des figures de sainteté dans l’État. Se référant à plusieurs ouvrages récents sur certaines catégories paradoxales d’agents de l’État (en particulier les « prélats d’État » de Cédric Michon), elle a été proposée à divers spécialistes d’histoire religieuse de l’époque moderne de façon à ce qu’ils y confrontent leurs grilles d’analyse. Le choix de ce concept tout autant que de l’espace géographique considéré – une Europe transcendant les frontières confessionnelles – visait en réalité à dépasser deux idées couramment admises : l’évolution de l’État à l’époque moderne serait marquée du sceau de la sécularisation, et le culte des saints serait la ligne de démarcation qui donnerait au XVIe siècle la modernité en partage au protestantisme. Trois axes structurent cette réflexion collective. Dans un premier temps, sont analysées les transformations dogmatiques des notions de sainteté et de communion des saints dans le contexte de l’affrontement confessionnel et leurs implications dans les sphères politiques et diplomatiques. Ensuite, est étudiée la vogue des patronages étatiques dans une Europe catholique où Rome tente d’imposer sa mainmise par la définition d’une sainteté à portée universelle. De là, est souligné le rôle de guide spirituel que l’État et, plus particulièrement, les princes sont de plus en plus amenés à jouer et les nouveaux modèles ainsi produits. Dans un tel contexte, prince ou homme politique peuvent en effet cheminer vers la sainteté. S’impose l’idée que, à l’époque moderne, les communautés de sujets sont toujours aussi des communautés de fidèles, et que le pape est finalement un modèle de souverain de son temps, revendiquant avant les princes laïcs ou comme eux une autorité universelle qui lui permet notamment de désigner les saints guides de la communauté !
Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée
Annales. Histoire, Sciences Sociales
Les sociétés au xviie siècle, 2000
Histoire, économie et société, 2002