Léopold Lucas | Université du littoral Côte d'Opale (original) (raw)

Papers by Léopold Lucas

Research paper thumbnail of Un régime d'habitabilité touristique

L'Information géographique, 2023

This article proposes a theoretical discussion of the notion of habitability, used here to expres... more This article proposes a theoretical discussion of the notion of habitability, used here to express the conditions of possibility of inhabiting: coping (touristically) with space is not self-evident and it is a challenge to understand to what extent a place is habitable for tourists. The text develops the hypothesis that tourism has contributed to the establishment of a specific regime of habitability on a global scale through the material and symbolic construction of geographical places. The argument then puts forward the idea that this question of habitability also refers to the fact that individuals must be able to exploit these developments. The conclusion outlines the new issues related to this tourist habitability.

Research paper thumbnail of Tourists and the City: Knowledge as a Challenge for Inhabiting

This chapter emphasizes the fact that inhabiting a city must not be taken for granted for tourist... more This chapter emphasizes the fact that inhabiting a city must not be taken for granted for tourists: to cope with an unusual urban space is a problem, and knowledges are on the heart of this challenge. The argumentation will be drawing on Alfred Schutz' theory of the stock of knowledge and will be empirically based on interviews conducted during a survey about tourists practices in Los Angeles.

Research paper thumbnail of The Skills Behind the Spatial Practices

This paper offers a theoretical investigation about the notion of "skills" within a geographical ... more This paper offers a theoretical investigation about the notion of "skills" within a geographical approach. For spatial practices, the challenge is probably less about understanding what individuals do than their ways of doing. Building on an empirical survey about the tourists practices in Los Angeles, the paper first supports the idea that each spatial configuration is an issue for every individual, a gathering of spatial stakes that everyone must address. Then, it argues that the ways in which individuals deal with these stakes depend on their skills. Defining skills as "the mastery of techniques", the article engages a critical discussion with French pragmatic sociology (Boltanski and Thévenot) and geography (Lussault) as well as upon works in anthropology (Ingold).

Research paper thumbnail of Les techniques du corps, des compétences pour faire avec de l'espace

EspacesTemps.net, 2019

Merci de faire référence au texte publié dans la revue EspacesTemps.net, mis en ligne le 16 mai 2... more Merci de faire référence au texte publié dans la revue EspacesTemps.net, mis en ligne le 16 mai 2019, URL : https://www.espacestemps.net/articles/les-techniques-du-corps-des-competences-pour-faire-avec-de-lespace/ Résumé Cet article propose une discussion quant à la prise en compte des « techniques du corps » dans une théorie géographique de l'action. La proposition soutenue ici est de concevoir les compétences corporelles comme la maîtrise de techniques qui autorisent une capacité d'adaptation des individus dans leurs rapports à l'espace. Nous discuterons plus précisément de la pertinence de la proposition de Marcel Mauss, à l'aune de la lecture critique qui en a été établie par Tim Ingold notamment, et de l'apport supplémentaire que l'on peut effectuer grâce aux travaux de Paul Ricoeur. Si le texte se focalise essentiellement sur une discussion théorique, l'argumentation sera illustrée empiriquement par des observations réalisées pendant une enquête sur les pratiques touristiques à Los Angeles.

Research paper thumbnail of ‘I was not able to go there’: Introducing a skills perspective about how tourists navigate in Los Angeles

Tourist Studies, 2019

This paper argues that considering individuals' skills is fundamental in explaining tourists' pra... more This paper argues that considering individuals' skills is fundamental in explaining tourists' practices. Navigation here is conceptualized as one of the spatial stakes that individuals must address when they inhabit a city. From this question, this article emphasizes the fact that coping with space should not be taken for granted but requires skills that relate to individuals' own levels of experience in terms of the practices of places. To this end, this paper first engages in a theoretical discussion of Goffman, Ingold and Wittgenstein's ideas. Then, at the empirical level, importance is given to tourists' experiences, as they describe their ways of coping with space. Through an original mapping of their itineraries in Los Angeles, we examine tourists' justification process concerning their 'régimes d'action'.

Research paper thumbnail of The Ordinary – Extraordinary Dialectics in Tourist Metropolises

International Journal of Tourism Cities, 2018

Starting from the hypothesis of an ordinary/extraordinary tension that drives the link between to... more Starting from the hypothesis of an ordinary/extraordinary tension that drives the link between tourist places and non-tourist places, this paper discusses the issue of tourist spatial delimitations. Rather than take such an issue for granted, the article argues that we need to understand how the different actors within the tourism system create specific delimitations and how tourists deal with these delimitations. To pinpoint these tourist spatial delimitations, this paper considers three types of discourses: the discourse of local promoters, the discourse of guidebooks, and the discourse of tourists. The purpose of this study is to explain not only the tourist delimitations established by these actors but also the concordance between the guidebooks' prescriptions, the public actors' strategies and the tourists' practices. In this empirical investigation, we use the case of Los Angeles and focus more specifically on the two main tourist places within the agglomeration: Hollywood and Santa Monica. The argument supports the idea that political actors tend to develop what we could consider a tourist secession, as they tend to precisely delimit the designated area for the sake of efficiency. Guidebooks, which we must consider because they are true and strong prescribers of tourist practices, draw their own tourist neighbourhoods. Finally, most tourists in Los Angeles conform to these delimitations and do not venture off the beaten track.

Research paper thumbnail of Les bus touristiques, une technologie spatiale pour habiter les métropoles. Le cas de Los Angeles.

Research paper thumbnail of Les parcours des touristes à Los Angeles. Entre optimisation des déplacements et compétences spatiales

Ce texte développe une analyse des parcours des touristes au coeur d'une métropole. Il avance la ... more Ce texte développe une analyse des parcours des touristes au coeur d'une métropole. Il avance la proposition théorique de considérer le cheminement comme l'une des épreuves spatiales auxquelles sont confrontés les individus lorsqu'ils habitent un lieu. L'article propose pour cela une cartographie permettant de retracer l'itinéraire de certains touristes à Los Angeles : l'objectif est moins de représenter les lieux pratiqués par ces derniers (qui sont les mêmes) que de comprendre, à partir du discours des touristes eux-mêmes, les tactiques et les stratégies qui président à la réalisation de ces itinéraires, en questionnant notamment l'importance d'une logique d'optimisation spatiale. Après avoir relevé la grande différence d'amplitude des parcours effectués, l'argumentation défend l'idée que cette disparité n'est pas seulement une question de goût, mais aussi un problème de compétences : l'amplitude des parcours exprime fondamentalement une aisance plus ou moins grande des individus à « faire avec » l'espace.

Research paper thumbnail of Les lieux touristiques des villes ne sont pas des enclaves

Penser les humains ensemble.

Research paper thumbnail of Les enjeux touristiques  du développement durable des villes

Tourisme, IUKB, Sion Après le tourisme de montagne et le tourisme balnéaire, c'est aujourd'hui au... more Tourisme, IUKB, Sion Après le tourisme de montagne et le tourisme balnéaire, c'est aujourd'hui au tourisme urbain d'être l'objet d'interrogations quant à sa compatibilité avec les principes du développement durable. La formulation « tourisme urbain » est cependant problématique, puisqu'elle sousentend qu'il pourrait y avoir un tourisme qui ne soit pas urbain. Or, le tourisme esthistoriquement -un phénomène fondamentalement urbain, à la fois parce que reposant sur les pratiques d'individus dont le mode de vie est urbain mais aussi parce qu'impliquant des lieux qui possèdent une urbanité plus ou moins importante: tous les lieux -même la campagnesont urbains, mais à des degrés divers (Lévy, 1994). Notre propos se limitera ainsi au tourisme en ville, la « ville » pouvant être définie comme « géotype de substance sociétale fondé sur la coprésence » (Lévy, 2003a). Cette formulation, qui peut paraître abstraite au premier abord, synthétise efficacement l'idée qu'une ville peut correspondre à une organisation spatiale ayant une masse -démographique et matérielle -suffisamment importante pour faire société tout en étant agencée de manière à garantir la proximité. Notre perspective étant déjà en partie précisée, quels liens pouvons-nous tisser entre le tourisme, l'organisation spatiale qu'est la ville et la perspective du développement durable ? Une première voie serait de s'interroger sur les conditions pour une éventuelle durabilité du tourisme, comme le font si souvent les rapports d'experts, ce notamment dès 1995 et l'adoption de la « Charte du Tourisme durable » par les participants à la Conférence mondiale du tourisme durable organisée notamment par l'UNESCO et l'Organisation mondiale du tourisme (OMT). Encore récemment, l'Union européenne proposait des objectifs, un cadre d'action et différents principes en vue d'assurer la compétitivité et la durabilité du tourisme (Commission des Communautés Européennes, 2007). Mais la durabilité du tourisme (en ville) est-elle réellement l'enjeu fondamental ?

Research paper thumbnail of Los Angeles ou l’hypothèse de la métapole touristique.

version provisoire : faire référence à l'article publié dans Mondes du tourisme, septembre 2011)

Research paper thumbnail of La double révolution urbaine du tourisme

Cet article travaille l'hypothèse que le système touristique a provoqué une double « révolution u... more Cet article travaille l'hypothèse que le système touristique a provoqué une double « révolution urbaine » : la première débute au XVIIIe siècle et correspond au développement partout dans le monde de lieux urbains créés spécifiquement par et pour le tourisme : la station touristique. La seconde, plus récente (2 ème moitié du XXe siècle) est relative à l'imprégnation de plus en plus importante des villes par la sphère de la recréation. Pour cela, nous dégageons dans un premier temps un cadre théorique qui, à partir de travaux existant, propose une définition enrichie et complexifiée de l'« urbanité » et de l'« urbanisation ». Ce socle permet alors de réunifier dans une même réflexion les différentes modalités de participation du tourisme quant à la dimension urbaine des sociétés, ici plus spécifiquement envisagée à travers la qualité de ses lieux.

Thesis by Léopold Lucas

Research paper thumbnail of Tourist dwelling and urban spacing: the case of Los Angeles. Research on the skills of individuals to cope with the spatial stakes of a tourist Metapolis. (English Abstract)

Living is moving from one space to another while trying not to collide claimed George Pérec. This... more Living is moving from one space to another while trying not to collide claimed George Pérec. This poetically geographic statement could in a way sum up the challenge seized by this research. The challenge is indeed to consider the fact of dwelling, in the sense of “make do with space” on the part of individuals, as not an evidence but highlighting the problematic characteristics of the practice of a place by people. Accordingly, one of the proposals of this work is to consider each place as a gathering of spatial stakes against which individuals are faced. The question then arises how are individuals facing these spatial stakes. The hypothesis debated in this work is that of the mobilization of skills such as “the ability of” as expressed by Wittgenstein in the linguistic field, i.e. a “technical mastery” - and a spatial capital - that can synthetically correspond to the experience accumulated by one single individual in terms of practice of places. Argument supports the hypothesis that the ways of touristically dwelling a metropolis depend on these two interdependent elements which everyone deal with in a variable and scalable manner; their importance, without determining any specific practices, participates in an increased proficiency of space, easing to make do with the space stakes, moderating the potentially binding character of the latter. It is therefore a survey leading a reflection both on the actorial dimension of individuals, but also on the place as a living space: working on this issue is exploring the question of the urban layout of a place, i.e. to understand how an urban configuration (the space stakes coinciding with the main features of the latter) is inhabited, and in particular in the present case, is touristically dwelled. To empirically address this issue, the inquiry therefore focuses on tourists: on the one hand for their low degree of familiarity with the place (make do with this space is therefore not a routine) and secondly because their now massive presence within the metropolis has effects on the layout of these places that is necessary to consider. The laboratory used is that of Los Angeles, this urban area of 18 million residents: its considerable spread, the absence of an historically important downtown, and high salience of “automobile metric” are features that make this place a “normal exceptional” with particularly prominent space stakes. Hence, research advances the arguments underlining the layout, by the ways of tourists dwelling different from the classical model of the metropolis: to express this uniqueness, the survey supports hypothesis to describe this place as a tourist metapolis.

Research paper thumbnail of Habiter touristique et agencement de l'espace urbain: le cas de Los Angeles. Recherche sur le concours des compétences des individus quant à leurs manières de faire avec les épreuves spatiales d'une métapole touristique

Vivre, c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner décla... more Vivre, c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner déclamait George Pérec. Cet énoncé poétiquement géographique pourrait résumer d’une certaine façon le défi de connaissance saisi par cette recherche. L’enjeu consiste effectivement à envisager le fait d’habiter, entendu dans son acception du « faire avec de l’espace » de la part des individus, comme n’allant pas de soi, de mettre en exergue le caractère problématique que constitue la pratique d’un lieu pour un individu. A ce titre, l’une des propositions de ce travail est de considérer tout lieu comme un assemblage d’épreuves spatiales face auxquelles les individus sont confrontés. La question se pose alors de savoir comment les individus font avec ces épreuves spatiales. L’hypothèse défendue dans ce travail est celle de la mobilisation, par ces derniers, de compétences – ressortissant d’une « capacité à » telle qu’exprimée par Wittgenstein dans le domaine linguistique, c’est-à-dire d’une « maîtrise technique » – et d’un capital spatial – que l’on peut faire synthétiquement correspondre à l’expérience accumulée par un individu en terme de pratique de lieux. L’argumentation étaye l’hypothèse que les manières d’habiter touristiquement une métropole dépendent notamment de ces deux éléments interdépendants dont dispose tout individu de façon variable et évolutive ; leur importance, sans déterminer aucunement des pratiques spécifiques, participe d’une maîtrise accrue de l’espace, d’une facilité pour faire avec les épreuves spatiales, atténuant le caractère potentiellement contraignant de ces dernières. Il s’agit donc d’une enquête menant une réflexion tout à la fois sur la dimension actorielle des individus, mais également sur le lieu en tant qu’espace habité : travailler sur cette question revient à investir la question de l’agencement urbain d’un lieu, c’est-à-dire d’appréhender la façon dont une configuration urbaine (les épreuves spatiales coïncidant avec les principales caractéristiques de cette dernière) est habitée, et plus particulièrement en l’occurrence ici, est habitée touristiquement. Pour aborder empiriquement cette problématique, l’enquête se focalise donc sur les touristes : d’une part pour leur faible degré de familiarité avec le lieu pratiqué (faire avec cet espace ne relève donc pas d’une routine) et d’autre part parce que leur présence dorénavant massive au sein des métropoles a des effets sur l’agencement de ces lieux qu’il est nécessaire d’envisager. Le laboratoire utilisé est celui de Los Angeles, cette aire urbaine de 18 millions de résidents : son étalement considérable, l’absence d’un centre-ville historiquement important, et la forte prégnance de sa métrique automobile étant des caractéristiques qui font de ce lieu un « exceptionnel normal » aux épreuves spatiales particulièrement proéminentes. La recherche avance à ce titre des arguments permettant d’en souligner un agencement, par les manières d’habiter des touristes, différencié du modèle classique de la métropole touristique : pour exprimer cette singularité, l’enquête étaye l’hypothèse consistant à qualifier ce lieu de métapole touristique.

Conferences and Seminars by Léopold Lucas

Research paper thumbnail of Le corps dans sa maîtrise de techniques. Ou comment être capable de faire avec de l'espace

Cette proposition de communication a pour objectif de développer une discussion sur ce que ça sig... more Cette proposition de communication a pour objectif de développer une discussion sur ce que ça signifie, pour un individu, "d'être capable" de faire avec de l'espace, c'est-à-dire de s'engager corporellement à l'espace. L'hypothèse soutenue est celle de l'importance des compétences, en se focalisant ici sur celles correspondant à la maitrise des 'techniques du corps' (Mauss, 1936), dans la réalisation des pratiques. Différentes notions peuvent être utilisées pour traduire la capacité à agir des individus. Si la notion de compétences se retrouve dans certains classiques des sciences sociales (Garfinkel, 1964; Sen, 1999; Boltanski, 2012), elle n'a pas été un concept central en géographie, excepté un apport aussi récent que majeur (Lussault, 2007). Même la notion plus large de capacité n'a pas vraiment été au coeur des recherches. Inversement, de nombreux travaux en géographie ont porté sur le concept de disability: ces recherches examinent les conséquences spatiales des handicaps, se focalisant sur les personnes qui ne peuvent pas physiquement faire, l'idée implicite étant que, sans handicap, tout le monde est capable de faire avec l'espace. L'approche proposée ici détourne cette perspective en insistant au contraire sur l'idée que cela ne va pas de soi, pour n'importe qui, même sans handicap, de faire avec l'espace. Le terme que je propose d'épreuves spatiales insiste sur le caractère problématique du rapport à l'espace: habiter, c'est faire avec des épreuves spatiales. Dans cette perspective, je soutiens la distinction suivante pour appréhender le pouvoir d'agir des individus: on peut considérer que le terme de " capacités " (abilities) décrit ce qu'un individu est physiquement (corporellement et mentalement) capable de faire. Une seconde étape doit être envisagée ensuite concernant le fait d'être capable d'agir: la compétence à utiliser ces capacités physiques. La compétence sera définie ici comme la 'maitrise d'une technique', pour reprendre l'expression avancée par Wittgenstein (1953) dans une perspective linguistique. L'intérêt de cette expression est de renvoyer l'individu tout à la fois à lui-même, son corps, mais également aux normes dans lesquelles s'inscrivent ces pratiques. Il s'agit aussi d'une maitrise de la règle. Il est alors possible de distinguer des techniques réthoriques (Garfinkel, 1964; Boltanski, 2012), à travers la notion de competences (en anglais) et des 'techniques du corps' (Mauss, 1936), dont peut se rapprocher " l'hexis corporelle " (Bourdieu, 2000), que traduit plus précisément la notion de skills (Ingold, 2000; Sennett, 2009). En repartant de cette différenciation, et pour l'enrichir, le but de cette intervention sera d'esquisser une perspective théorique à travers la discussion de certains travaux de la philosophie de l'action, et notamment ceux de Pierre Livet (2005) et Paul Ricoeur (1988). Il s'agira d'en dégager quelques uns des principaux apports et montrer leur importance ainsi que la nécessité de leur prise en compte pour envisager plus finement le rôle du corps et des techniques du corps au sein des spatialités individuelles. Afin d'illustrer empiriquement la réflexion, l'argumentation pourra s'appuyer sur les nombreux entretiens effectués, durant ma thèse de doctorat, avec des individus quant à leurs manières d'habiter touristiquement Los Angeles.

Research paper thumbnail of Limites des lieux. La dialectique extraordinaire/ordinaire des métropoles touristiques

L'un des intérêts de l'appel à communication repose sur la mise en perspective du terme « ordinai... more L'un des intérêts de l'appel à communication repose sur la mise en perspective du terme « ordinaire » : qu'est-ce qu'un « lieu touristique ordinaire » ? Si l'on peut intuitivement avoir une idée de ce que peut-être un « lieu touristique extraordinaire », correspondant par exemple à un élément iconique et unique, le marqueur dans la théorie classique de Dean MacCannell (par ex. la Tour Eiffel), l'inverse est plus délicat. En effet, un lieu touristique est, par essence, un « lieu autre » pour le touriste, un lieu qu'il ne connaît pas, chargé d'une altérité plus ou moins importante, un lieu qui sort de l'ordinaire, en quelque sorte. S'il faut prendre en compte l'hybridation certaine des pratiques touristiques, force est de reconnaître, d'un autre côté, que tous les lieux d'une métropole ne sont pas touristiques. En comprenant le titre du colloque « Avant et après le tourisme » comme une invitation à la réflexion sur la dynamique, le caractère processuel – pour reprendre la perspective de Norbert Elias – du phénomène touristique au coeur des espaces métropolitains, cette communication envisage de mettre l'accent sur ce que l'on pourrait appeler une « dialectique des lieux ». Il s'agit d'envisager la « tension » existant entre les lieux qui sont touristiques – i.e. où la présence des touristes est visible, régulière et relativement significative (Duhamel et Knafou, 2007) – et ceux qui ne le sont pas. La perspective adoptée ici pour cela est de s'intéresser à la question des limites, que je propose d'envisager comme l'une des épreuves spatiales auxquelles les individus, et de façon accrue les touristes, doivent continuellement faire face. Ces limites peuvent être matérielles (un mur, un grillage, un aménagement urbain), mais aussi institutionnelles (par exemple les " zones touristiques " à Paris), ou encore issues des pratiques des individus. Le sytème touristique participe de produire un découpage spatial très important: seuls certains lieux sont désignés comme valant la peine d'être « fait », d'être « vu » par les guides touristiques (guidebooks) notamment. Les prescriptions de ces derniers induisent une sélection intensive des lieux. On peut alors avancer l'hypothèse que l'espace touristique des métropoles fonctionne non pas selon une métrique topographique mais selon une métrique topologique, à la manière d'un réseau. Chaque nodalité est mise en relation avec les autres par les pratiques des touristes.

Research paper thumbnail of Les bus touristiques, une technologie spatiale pour habiter les métropoles (Amiens, 2016)

Cette proposition de communication porte sur les compétences mobilisées par les individus pour ha... more Cette proposition de communication porte sur les compétences mobilisées par les individus pour habiter touristiquement une métropole. Le point de départ ici consiste en effet à insister sur l'idée que « faire avec » (Stock, 2012) de l'espace de va pas de soi, n'est pas évident, mais au contraire que la pratique d'un lieu, et à plus forte raison s'il n'est pas familier et s'il possède un degré d'altérité plus ou moins important, ce qui est le cas en situation touristique, est problématique. Cet aspect est particulièrement remarquable à Los Angeles, l'étude de cas sur laquelle s'appuie la réflexion, où non seulement l'espace touristique – i.e. les lieux où l'on peut constater la présence visible et importante des touristes – s'étale sur une trentaine de kilomètres (alors qu'il correspond au centre ville pour les autres métropoles) mais encore où la métrique automobile y est très prégnante. Se déplacer au sein de la ville, établir et réaliser un parcours dans l'espace urbain, cheminer entre les différents lieux qu'un touriste veut découvrir est un défi correspondant à ce que je propose d'appeler l'une des épreuves spatiales auquel chaque individu est en permanence confronté lorsqu'il « fait avec » l'espace. De ce point de vue, le bus touristique correspond à l'une des solutions possibles pour répondre à ce défi. Plutôt que de les considérer de façon trop simpliste et selon une connotation négative comme un symbole du « tourisme de masse », il convient d'envisager les bus touristiques comme une véritable technologie spatiale (Mit, 2002) qui aide les individus à gérer cet « horizon d'altérité » (Lazzarotti, 2006) que constitue la destination. L'hypothèse qui sera discutée ici avance qu'il s'agit d'un dispositif utilisé notamment par les individus qui n'ont pas les compétences – que l'on entend ici, suivant une idée de Wittgenstein (1951), comme la maîtrise de techniques – suffisantes pour répondre facilement par eux-mêmes à cette épreuve spatiale. Une autre particularité se dégage et complique la situation à Los Angeles dans la mesure où deux types différents de services co-existent: des bus qui proposent différents arrêts au sein de l'agglomération (le service que l'on retrouve classiquement dans les autres métropoles) et des vans dont le périmètre d'action se limite à Beverly Hills et à la découverte de ses luxueuses villas (notamment des stars de cinema). A partir d'une description du système, la présentation analysera, par la mobilisation des nombreux entretiens réalisés sur place, la manière dont cette technologie spatiale est intégrée dans les arbitrages effectués par les individus concernant leurs déplacements.

Research paper thumbnail of Eléments pour une théorie géographique des compétences (Géopoint 2016)

Research paper thumbnail of Make-do-with-space: skills and spatial capital (UCL Seminar Human Geography, 2016)

Research paper thumbnail of Le discours sur la pratique.  Où les causes et les raisons des manières d’habiter touristiquement Los Angeles. (Angers, 2015)

Cette communication, que l’on peut notamment inscrire dans la réflexion sur les aspects méthodolo... more Cette communication, que l’on peut notamment inscrire dans la réflexion sur les aspects méthodologique de la recherche au sein des études en tourisme, propose d’entretenir la discussion quant à l’importance des entretiens pour comprendre les ressorts et apporter une meilleure explication des pratiques des touristes. L’un des enjeux majeurs inhérent à cette technique d’enquête réside sans doute dans la tension soulignée par Wittgenstein entre une explication par les causes et une explication par les raisons. En effet, avec l’objectif de récolter les traces de la société-en-train-de-se-faire (au sens entendu par Bruno Latour, 2006), prendre au sérieux le discours des touristes permet d’obtenir une description de ce qu’ils font, de la manière dont ils le font et de la raison de ces actes par les protagonistes eux-mêmes. En les laissant exposer leur point de vue, en leur demandant de développer une réthorique argumentative, il est alors possible de les diriger vers un processus de justification quant à leur « régime d’action » (Boltanski et Thévenot, 1991). Tout le travail du chercheur consiste ensuite, à partir de cette reconstitution/rationalisation a posteriori des pratiques par les individus (potentiellement développée avec le soucis de « sauver la face », pour reprendre l’expression de Goffman), de mettre en perspective ce discours, afin de saisir certaines des causes co-déterminant ces pratiques. Pour investir empiriquement cette réflexion, l’argumentation s’appuiera sur l’analyse des entretiens réalisés dans le cadre de ma thèse afin d’envisager l’intervention tout à la fois des connaissances et des compétences des individus dans leurs manières de faire avec l’espace à Los Angeles.

Research paper thumbnail of Un régime d'habitabilité touristique

L'Information géographique, 2023

This article proposes a theoretical discussion of the notion of habitability, used here to expres... more This article proposes a theoretical discussion of the notion of habitability, used here to express the conditions of possibility of inhabiting: coping (touristically) with space is not self-evident and it is a challenge to understand to what extent a place is habitable for tourists. The text develops the hypothesis that tourism has contributed to the establishment of a specific regime of habitability on a global scale through the material and symbolic construction of geographical places. The argument then puts forward the idea that this question of habitability also refers to the fact that individuals must be able to exploit these developments. The conclusion outlines the new issues related to this tourist habitability.

Research paper thumbnail of Tourists and the City: Knowledge as a Challenge for Inhabiting

This chapter emphasizes the fact that inhabiting a city must not be taken for granted for tourist... more This chapter emphasizes the fact that inhabiting a city must not be taken for granted for tourists: to cope with an unusual urban space is a problem, and knowledges are on the heart of this challenge. The argumentation will be drawing on Alfred Schutz' theory of the stock of knowledge and will be empirically based on interviews conducted during a survey about tourists practices in Los Angeles.

Research paper thumbnail of The Skills Behind the Spatial Practices

This paper offers a theoretical investigation about the notion of "skills" within a geographical ... more This paper offers a theoretical investigation about the notion of "skills" within a geographical approach. For spatial practices, the challenge is probably less about understanding what individuals do than their ways of doing. Building on an empirical survey about the tourists practices in Los Angeles, the paper first supports the idea that each spatial configuration is an issue for every individual, a gathering of spatial stakes that everyone must address. Then, it argues that the ways in which individuals deal with these stakes depend on their skills. Defining skills as "the mastery of techniques", the article engages a critical discussion with French pragmatic sociology (Boltanski and Thévenot) and geography (Lussault) as well as upon works in anthropology (Ingold).

Research paper thumbnail of Les techniques du corps, des compétences pour faire avec de l'espace

EspacesTemps.net, 2019

Merci de faire référence au texte publié dans la revue EspacesTemps.net, mis en ligne le 16 mai 2... more Merci de faire référence au texte publié dans la revue EspacesTemps.net, mis en ligne le 16 mai 2019, URL : https://www.espacestemps.net/articles/les-techniques-du-corps-des-competences-pour-faire-avec-de-lespace/ Résumé Cet article propose une discussion quant à la prise en compte des « techniques du corps » dans une théorie géographique de l'action. La proposition soutenue ici est de concevoir les compétences corporelles comme la maîtrise de techniques qui autorisent une capacité d'adaptation des individus dans leurs rapports à l'espace. Nous discuterons plus précisément de la pertinence de la proposition de Marcel Mauss, à l'aune de la lecture critique qui en a été établie par Tim Ingold notamment, et de l'apport supplémentaire que l'on peut effectuer grâce aux travaux de Paul Ricoeur. Si le texte se focalise essentiellement sur une discussion théorique, l'argumentation sera illustrée empiriquement par des observations réalisées pendant une enquête sur les pratiques touristiques à Los Angeles.

Research paper thumbnail of ‘I was not able to go there’: Introducing a skills perspective about how tourists navigate in Los Angeles

Tourist Studies, 2019

This paper argues that considering individuals' skills is fundamental in explaining tourists' pra... more This paper argues that considering individuals' skills is fundamental in explaining tourists' practices. Navigation here is conceptualized as one of the spatial stakes that individuals must address when they inhabit a city. From this question, this article emphasizes the fact that coping with space should not be taken for granted but requires skills that relate to individuals' own levels of experience in terms of the practices of places. To this end, this paper first engages in a theoretical discussion of Goffman, Ingold and Wittgenstein's ideas. Then, at the empirical level, importance is given to tourists' experiences, as they describe their ways of coping with space. Through an original mapping of their itineraries in Los Angeles, we examine tourists' justification process concerning their 'régimes d'action'.

Research paper thumbnail of The Ordinary – Extraordinary Dialectics in Tourist Metropolises

International Journal of Tourism Cities, 2018

Starting from the hypothesis of an ordinary/extraordinary tension that drives the link between to... more Starting from the hypothesis of an ordinary/extraordinary tension that drives the link between tourist places and non-tourist places, this paper discusses the issue of tourist spatial delimitations. Rather than take such an issue for granted, the article argues that we need to understand how the different actors within the tourism system create specific delimitations and how tourists deal with these delimitations. To pinpoint these tourist spatial delimitations, this paper considers three types of discourses: the discourse of local promoters, the discourse of guidebooks, and the discourse of tourists. The purpose of this study is to explain not only the tourist delimitations established by these actors but also the concordance between the guidebooks' prescriptions, the public actors' strategies and the tourists' practices. In this empirical investigation, we use the case of Los Angeles and focus more specifically on the two main tourist places within the agglomeration: Hollywood and Santa Monica. The argument supports the idea that political actors tend to develop what we could consider a tourist secession, as they tend to precisely delimit the designated area for the sake of efficiency. Guidebooks, which we must consider because they are true and strong prescribers of tourist practices, draw their own tourist neighbourhoods. Finally, most tourists in Los Angeles conform to these delimitations and do not venture off the beaten track.

Research paper thumbnail of Les bus touristiques, une technologie spatiale pour habiter les métropoles. Le cas de Los Angeles.

Research paper thumbnail of Les parcours des touristes à Los Angeles. Entre optimisation des déplacements et compétences spatiales

Ce texte développe une analyse des parcours des touristes au coeur d'une métropole. Il avance la ... more Ce texte développe une analyse des parcours des touristes au coeur d'une métropole. Il avance la proposition théorique de considérer le cheminement comme l'une des épreuves spatiales auxquelles sont confrontés les individus lorsqu'ils habitent un lieu. L'article propose pour cela une cartographie permettant de retracer l'itinéraire de certains touristes à Los Angeles : l'objectif est moins de représenter les lieux pratiqués par ces derniers (qui sont les mêmes) que de comprendre, à partir du discours des touristes eux-mêmes, les tactiques et les stratégies qui président à la réalisation de ces itinéraires, en questionnant notamment l'importance d'une logique d'optimisation spatiale. Après avoir relevé la grande différence d'amplitude des parcours effectués, l'argumentation défend l'idée que cette disparité n'est pas seulement une question de goût, mais aussi un problème de compétences : l'amplitude des parcours exprime fondamentalement une aisance plus ou moins grande des individus à « faire avec » l'espace.

Research paper thumbnail of Les lieux touristiques des villes ne sont pas des enclaves

Penser les humains ensemble.

Research paper thumbnail of Les enjeux touristiques  du développement durable des villes

Tourisme, IUKB, Sion Après le tourisme de montagne et le tourisme balnéaire, c'est aujourd'hui au... more Tourisme, IUKB, Sion Après le tourisme de montagne et le tourisme balnéaire, c'est aujourd'hui au tourisme urbain d'être l'objet d'interrogations quant à sa compatibilité avec les principes du développement durable. La formulation « tourisme urbain » est cependant problématique, puisqu'elle sousentend qu'il pourrait y avoir un tourisme qui ne soit pas urbain. Or, le tourisme esthistoriquement -un phénomène fondamentalement urbain, à la fois parce que reposant sur les pratiques d'individus dont le mode de vie est urbain mais aussi parce qu'impliquant des lieux qui possèdent une urbanité plus ou moins importante: tous les lieux -même la campagnesont urbains, mais à des degrés divers (Lévy, 1994). Notre propos se limitera ainsi au tourisme en ville, la « ville » pouvant être définie comme « géotype de substance sociétale fondé sur la coprésence » (Lévy, 2003a). Cette formulation, qui peut paraître abstraite au premier abord, synthétise efficacement l'idée qu'une ville peut correspondre à une organisation spatiale ayant une masse -démographique et matérielle -suffisamment importante pour faire société tout en étant agencée de manière à garantir la proximité. Notre perspective étant déjà en partie précisée, quels liens pouvons-nous tisser entre le tourisme, l'organisation spatiale qu'est la ville et la perspective du développement durable ? Une première voie serait de s'interroger sur les conditions pour une éventuelle durabilité du tourisme, comme le font si souvent les rapports d'experts, ce notamment dès 1995 et l'adoption de la « Charte du Tourisme durable » par les participants à la Conférence mondiale du tourisme durable organisée notamment par l'UNESCO et l'Organisation mondiale du tourisme (OMT). Encore récemment, l'Union européenne proposait des objectifs, un cadre d'action et différents principes en vue d'assurer la compétitivité et la durabilité du tourisme (Commission des Communautés Européennes, 2007). Mais la durabilité du tourisme (en ville) est-elle réellement l'enjeu fondamental ?

Research paper thumbnail of Los Angeles ou l’hypothèse de la métapole touristique.

version provisoire : faire référence à l'article publié dans Mondes du tourisme, septembre 2011)

Research paper thumbnail of La double révolution urbaine du tourisme

Cet article travaille l'hypothèse que le système touristique a provoqué une double « révolution u... more Cet article travaille l'hypothèse que le système touristique a provoqué une double « révolution urbaine » : la première débute au XVIIIe siècle et correspond au développement partout dans le monde de lieux urbains créés spécifiquement par et pour le tourisme : la station touristique. La seconde, plus récente (2 ème moitié du XXe siècle) est relative à l'imprégnation de plus en plus importante des villes par la sphère de la recréation. Pour cela, nous dégageons dans un premier temps un cadre théorique qui, à partir de travaux existant, propose une définition enrichie et complexifiée de l'« urbanité » et de l'« urbanisation ». Ce socle permet alors de réunifier dans une même réflexion les différentes modalités de participation du tourisme quant à la dimension urbaine des sociétés, ici plus spécifiquement envisagée à travers la qualité de ses lieux.

Research paper thumbnail of Tourist dwelling and urban spacing: the case of Los Angeles. Research on the skills of individuals to cope with the spatial stakes of a tourist Metapolis. (English Abstract)

Living is moving from one space to another while trying not to collide claimed George Pérec. This... more Living is moving from one space to another while trying not to collide claimed George Pérec. This poetically geographic statement could in a way sum up the challenge seized by this research. The challenge is indeed to consider the fact of dwelling, in the sense of “make do with space” on the part of individuals, as not an evidence but highlighting the problematic characteristics of the practice of a place by people. Accordingly, one of the proposals of this work is to consider each place as a gathering of spatial stakes against which individuals are faced. The question then arises how are individuals facing these spatial stakes. The hypothesis debated in this work is that of the mobilization of skills such as “the ability of” as expressed by Wittgenstein in the linguistic field, i.e. a “technical mastery” - and a spatial capital - that can synthetically correspond to the experience accumulated by one single individual in terms of practice of places. Argument supports the hypothesis that the ways of touristically dwelling a metropolis depend on these two interdependent elements which everyone deal with in a variable and scalable manner; their importance, without determining any specific practices, participates in an increased proficiency of space, easing to make do with the space stakes, moderating the potentially binding character of the latter. It is therefore a survey leading a reflection both on the actorial dimension of individuals, but also on the place as a living space: working on this issue is exploring the question of the urban layout of a place, i.e. to understand how an urban configuration (the space stakes coinciding with the main features of the latter) is inhabited, and in particular in the present case, is touristically dwelled. To empirically address this issue, the inquiry therefore focuses on tourists: on the one hand for their low degree of familiarity with the place (make do with this space is therefore not a routine) and secondly because their now massive presence within the metropolis has effects on the layout of these places that is necessary to consider. The laboratory used is that of Los Angeles, this urban area of 18 million residents: its considerable spread, the absence of an historically important downtown, and high salience of “automobile metric” are features that make this place a “normal exceptional” with particularly prominent space stakes. Hence, research advances the arguments underlining the layout, by the ways of tourists dwelling different from the classical model of the metropolis: to express this uniqueness, the survey supports hypothesis to describe this place as a tourist metapolis.

Research paper thumbnail of Habiter touristique et agencement de l'espace urbain: le cas de Los Angeles. Recherche sur le concours des compétences des individus quant à leurs manières de faire avec les épreuves spatiales d'une métapole touristique

Vivre, c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner décla... more Vivre, c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner déclamait George Pérec. Cet énoncé poétiquement géographique pourrait résumer d’une certaine façon le défi de connaissance saisi par cette recherche. L’enjeu consiste effectivement à envisager le fait d’habiter, entendu dans son acception du « faire avec de l’espace » de la part des individus, comme n’allant pas de soi, de mettre en exergue le caractère problématique que constitue la pratique d’un lieu pour un individu. A ce titre, l’une des propositions de ce travail est de considérer tout lieu comme un assemblage d’épreuves spatiales face auxquelles les individus sont confrontés. La question se pose alors de savoir comment les individus font avec ces épreuves spatiales. L’hypothèse défendue dans ce travail est celle de la mobilisation, par ces derniers, de compétences – ressortissant d’une « capacité à » telle qu’exprimée par Wittgenstein dans le domaine linguistique, c’est-à-dire d’une « maîtrise technique » – et d’un capital spatial – que l’on peut faire synthétiquement correspondre à l’expérience accumulée par un individu en terme de pratique de lieux. L’argumentation étaye l’hypothèse que les manières d’habiter touristiquement une métropole dépendent notamment de ces deux éléments interdépendants dont dispose tout individu de façon variable et évolutive ; leur importance, sans déterminer aucunement des pratiques spécifiques, participe d’une maîtrise accrue de l’espace, d’une facilité pour faire avec les épreuves spatiales, atténuant le caractère potentiellement contraignant de ces dernières. Il s’agit donc d’une enquête menant une réflexion tout à la fois sur la dimension actorielle des individus, mais également sur le lieu en tant qu’espace habité : travailler sur cette question revient à investir la question de l’agencement urbain d’un lieu, c’est-à-dire d’appréhender la façon dont une configuration urbaine (les épreuves spatiales coïncidant avec les principales caractéristiques de cette dernière) est habitée, et plus particulièrement en l’occurrence ici, est habitée touristiquement. Pour aborder empiriquement cette problématique, l’enquête se focalise donc sur les touristes : d’une part pour leur faible degré de familiarité avec le lieu pratiqué (faire avec cet espace ne relève donc pas d’une routine) et d’autre part parce que leur présence dorénavant massive au sein des métropoles a des effets sur l’agencement de ces lieux qu’il est nécessaire d’envisager. Le laboratoire utilisé est celui de Los Angeles, cette aire urbaine de 18 millions de résidents : son étalement considérable, l’absence d’un centre-ville historiquement important, et la forte prégnance de sa métrique automobile étant des caractéristiques qui font de ce lieu un « exceptionnel normal » aux épreuves spatiales particulièrement proéminentes. La recherche avance à ce titre des arguments permettant d’en souligner un agencement, par les manières d’habiter des touristes, différencié du modèle classique de la métropole touristique : pour exprimer cette singularité, l’enquête étaye l’hypothèse consistant à qualifier ce lieu de métapole touristique.

Research paper thumbnail of Le corps dans sa maîtrise de techniques. Ou comment être capable de faire avec de l'espace

Cette proposition de communication a pour objectif de développer une discussion sur ce que ça sig... more Cette proposition de communication a pour objectif de développer une discussion sur ce que ça signifie, pour un individu, "d'être capable" de faire avec de l'espace, c'est-à-dire de s'engager corporellement à l'espace. L'hypothèse soutenue est celle de l'importance des compétences, en se focalisant ici sur celles correspondant à la maitrise des 'techniques du corps' (Mauss, 1936), dans la réalisation des pratiques. Différentes notions peuvent être utilisées pour traduire la capacité à agir des individus. Si la notion de compétences se retrouve dans certains classiques des sciences sociales (Garfinkel, 1964; Sen, 1999; Boltanski, 2012), elle n'a pas été un concept central en géographie, excepté un apport aussi récent que majeur (Lussault, 2007). Même la notion plus large de capacité n'a pas vraiment été au coeur des recherches. Inversement, de nombreux travaux en géographie ont porté sur le concept de disability: ces recherches examinent les conséquences spatiales des handicaps, se focalisant sur les personnes qui ne peuvent pas physiquement faire, l'idée implicite étant que, sans handicap, tout le monde est capable de faire avec l'espace. L'approche proposée ici détourne cette perspective en insistant au contraire sur l'idée que cela ne va pas de soi, pour n'importe qui, même sans handicap, de faire avec l'espace. Le terme que je propose d'épreuves spatiales insiste sur le caractère problématique du rapport à l'espace: habiter, c'est faire avec des épreuves spatiales. Dans cette perspective, je soutiens la distinction suivante pour appréhender le pouvoir d'agir des individus: on peut considérer que le terme de " capacités " (abilities) décrit ce qu'un individu est physiquement (corporellement et mentalement) capable de faire. Une seconde étape doit être envisagée ensuite concernant le fait d'être capable d'agir: la compétence à utiliser ces capacités physiques. La compétence sera définie ici comme la 'maitrise d'une technique', pour reprendre l'expression avancée par Wittgenstein (1953) dans une perspective linguistique. L'intérêt de cette expression est de renvoyer l'individu tout à la fois à lui-même, son corps, mais également aux normes dans lesquelles s'inscrivent ces pratiques. Il s'agit aussi d'une maitrise de la règle. Il est alors possible de distinguer des techniques réthoriques (Garfinkel, 1964; Boltanski, 2012), à travers la notion de competences (en anglais) et des 'techniques du corps' (Mauss, 1936), dont peut se rapprocher " l'hexis corporelle " (Bourdieu, 2000), que traduit plus précisément la notion de skills (Ingold, 2000; Sennett, 2009). En repartant de cette différenciation, et pour l'enrichir, le but de cette intervention sera d'esquisser une perspective théorique à travers la discussion de certains travaux de la philosophie de l'action, et notamment ceux de Pierre Livet (2005) et Paul Ricoeur (1988). Il s'agira d'en dégager quelques uns des principaux apports et montrer leur importance ainsi que la nécessité de leur prise en compte pour envisager plus finement le rôle du corps et des techniques du corps au sein des spatialités individuelles. Afin d'illustrer empiriquement la réflexion, l'argumentation pourra s'appuyer sur les nombreux entretiens effectués, durant ma thèse de doctorat, avec des individus quant à leurs manières d'habiter touristiquement Los Angeles.

Research paper thumbnail of Limites des lieux. La dialectique extraordinaire/ordinaire des métropoles touristiques

L'un des intérêts de l'appel à communication repose sur la mise en perspective du terme « ordinai... more L'un des intérêts de l'appel à communication repose sur la mise en perspective du terme « ordinaire » : qu'est-ce qu'un « lieu touristique ordinaire » ? Si l'on peut intuitivement avoir une idée de ce que peut-être un « lieu touristique extraordinaire », correspondant par exemple à un élément iconique et unique, le marqueur dans la théorie classique de Dean MacCannell (par ex. la Tour Eiffel), l'inverse est plus délicat. En effet, un lieu touristique est, par essence, un « lieu autre » pour le touriste, un lieu qu'il ne connaît pas, chargé d'une altérité plus ou moins importante, un lieu qui sort de l'ordinaire, en quelque sorte. S'il faut prendre en compte l'hybridation certaine des pratiques touristiques, force est de reconnaître, d'un autre côté, que tous les lieux d'une métropole ne sont pas touristiques. En comprenant le titre du colloque « Avant et après le tourisme » comme une invitation à la réflexion sur la dynamique, le caractère processuel – pour reprendre la perspective de Norbert Elias – du phénomène touristique au coeur des espaces métropolitains, cette communication envisage de mettre l'accent sur ce que l'on pourrait appeler une « dialectique des lieux ». Il s'agit d'envisager la « tension » existant entre les lieux qui sont touristiques – i.e. où la présence des touristes est visible, régulière et relativement significative (Duhamel et Knafou, 2007) – et ceux qui ne le sont pas. La perspective adoptée ici pour cela est de s'intéresser à la question des limites, que je propose d'envisager comme l'une des épreuves spatiales auxquelles les individus, et de façon accrue les touristes, doivent continuellement faire face. Ces limites peuvent être matérielles (un mur, un grillage, un aménagement urbain), mais aussi institutionnelles (par exemple les " zones touristiques " à Paris), ou encore issues des pratiques des individus. Le sytème touristique participe de produire un découpage spatial très important: seuls certains lieux sont désignés comme valant la peine d'être « fait », d'être « vu » par les guides touristiques (guidebooks) notamment. Les prescriptions de ces derniers induisent une sélection intensive des lieux. On peut alors avancer l'hypothèse que l'espace touristique des métropoles fonctionne non pas selon une métrique topographique mais selon une métrique topologique, à la manière d'un réseau. Chaque nodalité est mise en relation avec les autres par les pratiques des touristes.

Research paper thumbnail of Les bus touristiques, une technologie spatiale pour habiter les métropoles (Amiens, 2016)

Cette proposition de communication porte sur les compétences mobilisées par les individus pour ha... more Cette proposition de communication porte sur les compétences mobilisées par les individus pour habiter touristiquement une métropole. Le point de départ ici consiste en effet à insister sur l'idée que « faire avec » (Stock, 2012) de l'espace de va pas de soi, n'est pas évident, mais au contraire que la pratique d'un lieu, et à plus forte raison s'il n'est pas familier et s'il possède un degré d'altérité plus ou moins important, ce qui est le cas en situation touristique, est problématique. Cet aspect est particulièrement remarquable à Los Angeles, l'étude de cas sur laquelle s'appuie la réflexion, où non seulement l'espace touristique – i.e. les lieux où l'on peut constater la présence visible et importante des touristes – s'étale sur une trentaine de kilomètres (alors qu'il correspond au centre ville pour les autres métropoles) mais encore où la métrique automobile y est très prégnante. Se déplacer au sein de la ville, établir et réaliser un parcours dans l'espace urbain, cheminer entre les différents lieux qu'un touriste veut découvrir est un défi correspondant à ce que je propose d'appeler l'une des épreuves spatiales auquel chaque individu est en permanence confronté lorsqu'il « fait avec » l'espace. De ce point de vue, le bus touristique correspond à l'une des solutions possibles pour répondre à ce défi. Plutôt que de les considérer de façon trop simpliste et selon une connotation négative comme un symbole du « tourisme de masse », il convient d'envisager les bus touristiques comme une véritable technologie spatiale (Mit, 2002) qui aide les individus à gérer cet « horizon d'altérité » (Lazzarotti, 2006) que constitue la destination. L'hypothèse qui sera discutée ici avance qu'il s'agit d'un dispositif utilisé notamment par les individus qui n'ont pas les compétences – que l'on entend ici, suivant une idée de Wittgenstein (1951), comme la maîtrise de techniques – suffisantes pour répondre facilement par eux-mêmes à cette épreuve spatiale. Une autre particularité se dégage et complique la situation à Los Angeles dans la mesure où deux types différents de services co-existent: des bus qui proposent différents arrêts au sein de l'agglomération (le service que l'on retrouve classiquement dans les autres métropoles) et des vans dont le périmètre d'action se limite à Beverly Hills et à la découverte de ses luxueuses villas (notamment des stars de cinema). A partir d'une description du système, la présentation analysera, par la mobilisation des nombreux entretiens réalisés sur place, la manière dont cette technologie spatiale est intégrée dans les arbitrages effectués par les individus concernant leurs déplacements.

Research paper thumbnail of Eléments pour une théorie géographique des compétences (Géopoint 2016)

Research paper thumbnail of Make-do-with-space: skills and spatial capital (UCL Seminar Human Geography, 2016)

Research paper thumbnail of Le discours sur la pratique.  Où les causes et les raisons des manières d’habiter touristiquement Los Angeles. (Angers, 2015)

Cette communication, que l’on peut notamment inscrire dans la réflexion sur les aspects méthodolo... more Cette communication, que l’on peut notamment inscrire dans la réflexion sur les aspects méthodologique de la recherche au sein des études en tourisme, propose d’entretenir la discussion quant à l’importance des entretiens pour comprendre les ressorts et apporter une meilleure explication des pratiques des touristes. L’un des enjeux majeurs inhérent à cette technique d’enquête réside sans doute dans la tension soulignée par Wittgenstein entre une explication par les causes et une explication par les raisons. En effet, avec l’objectif de récolter les traces de la société-en-train-de-se-faire (au sens entendu par Bruno Latour, 2006), prendre au sérieux le discours des touristes permet d’obtenir une description de ce qu’ils font, de la manière dont ils le font et de la raison de ces actes par les protagonistes eux-mêmes. En les laissant exposer leur point de vue, en leur demandant de développer une réthorique argumentative, il est alors possible de les diriger vers un processus de justification quant à leur « régime d’action » (Boltanski et Thévenot, 1991). Tout le travail du chercheur consiste ensuite, à partir de cette reconstitution/rationalisation a posteriori des pratiques par les individus (potentiellement développée avec le soucis de « sauver la face », pour reprendre l’expression de Goffman), de mettre en perspective ce discours, afin de saisir certaines des causes co-déterminant ces pratiques. Pour investir empiriquement cette réflexion, l’argumentation s’appuiera sur l’analyse des entretiens réalisés dans le cadre de ma thèse afin d’envisager l’intervention tout à la fois des connaissances et des compétences des individus dans leurs manières de faire avec l’espace à Los Angeles.

Research paper thumbnail of The tourism reassignment of Metropolis’ public space. The case of Los Angeles. (AAG_2015)

What are the effects of tourism on the public space of a metropolis ? This is the question broach... more What are the effects of tourism on the public space of a metropolis ? This is the question broached by this communication. The starting point of the discussion is the assessment that the Metropolises are currently penetrated by a « recreational turn » (Stock, 2007) : tourism causes a radical transformation of these urban spaces, it creates a new urbaness. Tourists are additional dwellers, temporary but numerous, of the public space. Then, in front of the idea of its disappearance (Don Mitchell, 1995), we can rather argue that there is a reassignment of the public space, by tourism. We will consider here two fundamental stakes of this hypothesis. On one hand, we will focus on tourist places as inhabited space : we develop the idea that everybody is not able, at a same level, to dwell in the space of a metropolis. The presentation will show how individuals need skills – such as expressed by Wittgenstein in the linguistic field – to cope with space, to deal with the otherness. On the other hand, we will analyze how the different actors of the tourism system (promoters, politics and tourists) create new values for public spaces and set up new spatial limits through their practices, urban planning, rules and other norms. In order to examine empirically this question, we will use the observations and the interviews of tourists realized in Los Angeles, this Postmetropolis (Soja, 2000), during my thesis.

Research paper thumbnail of Délimitations et agencement de l’espace urbain par les pratiques des touristes. Observations à partir du cas de Los Angeles. (AsTRES_2015)

5e colloque de l’Association Tourisme Recherche et Enseignement Supérieur, La Rochelle, 9-12 juin.

Research paper thumbnail of Dwelling touristically Los Angeles. (RGS 2014)

How tourists can dwell a metropolis ? The purpose of this proposition is to consider the fact of ... more How tourists can dwell a metropolis ? The purpose of this proposition is to consider the fact of dwelling, in the sense of “doing with space” (Stock & Lussault, 2010), as not an evidence but highlighting the problematic characteristics of the practice of a place. The proposal here is to consider each place as a gathering of spatial stakes against which individuals are faced. This proposition supports the hypothesis that the ways of touristically dwelling a metropolis depend on mobilization of skills, such as “the ability of” as expressed by Wittgenstein in the linguistic field, i.e. a “technical mastery”. It is therefore a survey leading a reflection on the metropolis as a living space : working on this issue is exploring the question of the urban layout of a place, i.e. to understand how an urban configuration (the space stakes coinciding with the main features of the latter) is touristically inhabited. Los Angeles is the laboratory used for the empirical investigation : its considerable spread, the absence of an historically important downtown, and high salience of “automobile metric” are features that make this place one with particularly prominent space stakes. The argumentation will be base on the many interviews realized during my PhD thesis focused on this subject.