Adeline Blaszkiewicz | Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne (original) (raw)
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« Juif errant de la politique sociale », Albert Thomas, directeur du Bureau international du trav... more « Juif errant de la politique sociale », Albert Thomas, directeur du Bureau international du travail (B.I.T) de 1919 à 1932, accorde une place centrale à la diplomatie active et aux voyages pour répandre son œuvre de législation sociale internationale. Par ses fonctions, il se rend neuf fois en Italie entre 1920 et 1932, mais aussi, fait exceptionnel, compte tenu de l’hostilité du régime soviétique à l’égard de l’Organisation internationale du travail, en Russie en 1928. À chaque fois, ses voyages dépassent le cadre de la diplomatie traditionnelle et deviennent des voyages d’observation des nouveaux régimes en construction. Ils donnent lieu à des compte rendus dans la presse, ou encore à des conférences en France. Albert Thomas y compare alors fréquemment les deux régimes : fortement antibolchevique et méfiant envers l’autoritarisme croissant du régime fasciste qu’il condamne sans ambages notamment après l’assassinat de Matteotti en 1924, il n’en reste pas moins très attentif aux projets économiques et sociaux portés par les deux régimes. Par les comparaisons qu’il effectue entre ces pays, les voyages d’Albert Thomas constituent un exemple particulièrement riche permettant de saisir le processus de construction croisée de l’antibolchevisme et d’un intérêt pour le projet socio-économique du régime fasciste, ainsi que leur diffusion dans les milieux intellectuels modérés de la réforme sociale en France avec qui l’homme politique garde de nombreux liens.
Évoquer les relations, les différences, les trajectoires croisées de Jean Jaurès et Albert Thomas... more Évoquer les relations, les différences, les trajectoires croisées de Jean Jaurès et Albert Thomas, c’est aborder deux rapports différents, voire opposés au socialisme : pour la mémoire militante l’un, Jaurès incarnerait l’idéal, paré d’une force tribunicienne hors pair, quand Thomas, homme d’action plus que théoricien, serait un technicien du socialisme – voire un technocrate, bref un réformiste sans ambition. Pourtant, le portrait croisé des deux hommes qui ont travaillé ensemble, à L’Humanité, au Parti socialiste – avant et après l’unification – , lors des congrès français et internationaux, et pour la paix en Europe, conduit à nuancer cette opposition Ouvrir ou plutôt rouvrir le dossier « Thomas-Jaurès » amène à revenir sur des problématiques, des questionnements inhérents à cette période charnière du socialisme français, des années de l’Affaire Dreyfus à celles de la marche à la guerre : la question de l’alliance, ou de l’opposition, entre réforme et révolution. C’est aussi poser à nouveaux frais, comme le font les historiens depuis quelques années, la question de l’univers intellectuel des socialistes de cette période et de leur rapport à la réforme. C’est enfin une autre manière d’interroger le « continent Jaurès », dont Thomas représente le pan « réformiste » assumé.
Lorsqu'éclate la Révolution russe de février 1917, c'est en fonction des préoccupations relatives... more Lorsqu'éclate la Révolution russe de février 1917, c'est en fonction des préoccupations relatives à la guerre que l'événement est perçu en France. Le gouvernement français décide d'envoyer un ministre socialiste, Albert Thomas, comme « ambassadeur extraordinaire », chargé de négocier directement avec les socialistes russes du nouveau gouvernement provisoire. Sa mission : les convaincre de la nécessité de poursuivre la guerre.
Albert Thomas, un des trois ministres socialistes pendant la Grande Guerre, veut faire de son min... more Albert Thomas, un des trois ministres socialistes pendant la Grande Guerre, veut faire de son ministère le laboratoire in vivo des idées réformistes théorisées avant-guerre. Une expérience reniée par la SFIO la paix revenue, marginalisant durablement la tendance réformiste au sein du socialisme français.
Book reviews by Adeline Blaszkiewicz
« Juif errant de la politique sociale », Albert Thomas, directeur du Bureau international du trav... more « Juif errant de la politique sociale », Albert Thomas, directeur du Bureau international du travail (B.I.T) de 1919 à 1932, accorde une place centrale à la diplomatie active et aux voyages pour répandre son œuvre de législation sociale internationale. Par ses fonctions, il se rend neuf fois en Italie entre 1920 et 1932, mais aussi, fait exceptionnel, compte tenu de l’hostilité du régime soviétique à l’égard de l’Organisation internationale du travail, en Russie en 1928. À chaque fois, ses voyages dépassent le cadre de la diplomatie traditionnelle et deviennent des voyages d’observation des nouveaux régimes en construction. Ils donnent lieu à des compte rendus dans la presse, ou encore à des conférences en France. Albert Thomas y compare alors fréquemment les deux régimes : fortement antibolchevique et méfiant envers l’autoritarisme croissant du régime fasciste qu’il condamne sans ambages notamment après l’assassinat de Matteotti en 1924, il n’en reste pas moins très attentif aux projets économiques et sociaux portés par les deux régimes. Par les comparaisons qu’il effectue entre ces pays, les voyages d’Albert Thomas constituent un exemple particulièrement riche permettant de saisir le processus de construction croisée de l’antibolchevisme et d’un intérêt pour le projet socio-économique du régime fasciste, ainsi que leur diffusion dans les milieux intellectuels modérés de la réforme sociale en France avec qui l’homme politique garde de nombreux liens.
Évoquer les relations, les différences, les trajectoires croisées de Jean Jaurès et Albert Thomas... more Évoquer les relations, les différences, les trajectoires croisées de Jean Jaurès et Albert Thomas, c’est aborder deux rapports différents, voire opposés au socialisme : pour la mémoire militante l’un, Jaurès incarnerait l’idéal, paré d’une force tribunicienne hors pair, quand Thomas, homme d’action plus que théoricien, serait un technicien du socialisme – voire un technocrate, bref un réformiste sans ambition. Pourtant, le portrait croisé des deux hommes qui ont travaillé ensemble, à L’Humanité, au Parti socialiste – avant et après l’unification – , lors des congrès français et internationaux, et pour la paix en Europe, conduit à nuancer cette opposition Ouvrir ou plutôt rouvrir le dossier « Thomas-Jaurès » amène à revenir sur des problématiques, des questionnements inhérents à cette période charnière du socialisme français, des années de l’Affaire Dreyfus à celles de la marche à la guerre : la question de l’alliance, ou de l’opposition, entre réforme et révolution. C’est aussi poser à nouveaux frais, comme le font les historiens depuis quelques années, la question de l’univers intellectuel des socialistes de cette période et de leur rapport à la réforme. C’est enfin une autre manière d’interroger le « continent Jaurès », dont Thomas représente le pan « réformiste » assumé.
Lorsqu'éclate la Révolution russe de février 1917, c'est en fonction des préoccupations relatives... more Lorsqu'éclate la Révolution russe de février 1917, c'est en fonction des préoccupations relatives à la guerre que l'événement est perçu en France. Le gouvernement français décide d'envoyer un ministre socialiste, Albert Thomas, comme « ambassadeur extraordinaire », chargé de négocier directement avec les socialistes russes du nouveau gouvernement provisoire. Sa mission : les convaincre de la nécessité de poursuivre la guerre.
Albert Thomas, un des trois ministres socialistes pendant la Grande Guerre, veut faire de son min... more Albert Thomas, un des trois ministres socialistes pendant la Grande Guerre, veut faire de son ministère le laboratoire in vivo des idées réformistes théorisées avant-guerre. Une expérience reniée par la SFIO la paix revenue, marginalisant durablement la tendance réformiste au sein du socialisme français.