Raphaël Bernard | Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne (original) (raw)
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Papers by Raphaël Bernard
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L'affaire du bulldozer de Vitry: la banlieue rouge face au phénomène migratoire, 2020
Le 21 décembre 1980, l’Association pour le Développement des Foyers (ADEF) déplace 300 travailleu... more Le 21 décembre 1980, l’Association pour le Développement des Foyers (ADEF) déplace 300 travailleurs maliens du foyer de travailleurs immigrés de la rue du Pont de Créteil, situé à Saint-Maur-des Fossés, au foyer de la rue des Fusillés de Vitry-sur-Seine, muré depuis 8 mois. Avec l’opposition aux « ghettos » comme mot d’ordre, la municipalité communiste de Vitry refuse les nouveaux arrivants, car elle estime que les foyers, et les populations immigrées de manière générale, sont toujours concentrés dans les mêmes villes, dirigées par des municipalités du Parti Communiste Français (PCF) et comportant déjà une population ouvrière, précarisée depuis le phénomène de désindustrialisation à l’œuvre en région parisienne depuis la fin des années 1960. La ville de Vitry-sur-Seine compte pour sa part déjà 3 foyers sur son territoire, et on remarque en effet une situation similaire dans de nombreuses autres municipalités communistes du Val-de-Marne : 3 foyers à Ivry-sur-Seine et Choisy-le-Roi, 4 à Champigny-sur-Marne... La mairie considère par ailleurs que Saint-Maur-des-Fossés, ville résidentielle ayant acquis la réputation de la « Neuilly de l’Est », peut et doit s’acquitter de cette charge que représentent les foyers de travailleurs immigrés et leurs habitants.
Le 24 décembre, des militants communistes font irruption dans le foyer et le dégradent en coupant l’alimentation en eau, gaz et électricité, et en détruisant le perron du foyer avec un engin de terrassement, en opposition à la venue des Maliens. Instantanément, la presse se fait quasi-unanime dans la condamnation d’un « acte raciste » : à moins de cinq mois du premier tour des élections présidentielles de 1981, c’est le début de l’affaire du « bulldozer de Vitry ». Sans que l’on puisse précisément déterminer le degré de responsabilité du maire Paul Mercieca dans l’affaire – présent au moment des faits mais innocenté par la justice, ce dernier accusera ensuite la fédération du PCF du Val-de-Marne d’en être à l’initiative -, le PCF, est alors mis dans une position difficile et écorne son image vis-à-vis de l’immigration de manière durable.
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L'affaire du bulldozer de Vitry: la banlieue rouge face au phénomène migratoire, 2020
Le 21 décembre 1980, l’Association pour le Développement des Foyers (ADEF) déplace 300 travailleu... more Le 21 décembre 1980, l’Association pour le Développement des Foyers (ADEF) déplace 300 travailleurs maliens du foyer de travailleurs immigrés de la rue du Pont de Créteil, situé à Saint-Maur-des Fossés, au foyer de la rue des Fusillés de Vitry-sur-Seine, muré depuis 8 mois. Avec l’opposition aux « ghettos » comme mot d’ordre, la municipalité communiste de Vitry refuse les nouveaux arrivants, car elle estime que les foyers, et les populations immigrées de manière générale, sont toujours concentrés dans les mêmes villes, dirigées par des municipalités du Parti Communiste Français (PCF) et comportant déjà une population ouvrière, précarisée depuis le phénomène de désindustrialisation à l’œuvre en région parisienne depuis la fin des années 1960. La ville de Vitry-sur-Seine compte pour sa part déjà 3 foyers sur son territoire, et on remarque en effet une situation similaire dans de nombreuses autres municipalités communistes du Val-de-Marne : 3 foyers à Ivry-sur-Seine et Choisy-le-Roi, 4 à Champigny-sur-Marne... La mairie considère par ailleurs que Saint-Maur-des-Fossés, ville résidentielle ayant acquis la réputation de la « Neuilly de l’Est », peut et doit s’acquitter de cette charge que représentent les foyers de travailleurs immigrés et leurs habitants.
Le 24 décembre, des militants communistes font irruption dans le foyer et le dégradent en coupant l’alimentation en eau, gaz et électricité, et en détruisant le perron du foyer avec un engin de terrassement, en opposition à la venue des Maliens. Instantanément, la presse se fait quasi-unanime dans la condamnation d’un « acte raciste » : à moins de cinq mois du premier tour des élections présidentielles de 1981, c’est le début de l’affaire du « bulldozer de Vitry ». Sans que l’on puisse précisément déterminer le degré de responsabilité du maire Paul Mercieca dans l’affaire – présent au moment des faits mais innocenté par la justice, ce dernier accusera ensuite la fédération du PCF du Val-de-Marne d’en être à l’initiative -, le PCF, est alors mis dans une position difficile et écorne son image vis-à-vis de l’immigration de manière durable.