Julie Laplante | University of Ottawa | Université d'Ottawa (original) (raw)
Papers by Julie Laplante
Anthropologica, 2014
individus par la communauté, le chapitre sur l’éducation a le mérite d’adresser la socialité morm... more individus par la communauté, le chapitre sur l’éducation a le mérite d’adresser la socialité mormone, particulièrement en ce qui a trait à la jeunesse mormone, la petite enfance des « nés-mormons », la vie estudiantine de la communauté et la production des genres. Cette section démontre comment la vie en milieu mormon – et ce même en contexte états-uniens – est marquée par une religiosité plus forte et prégnante que celle de la société environnante. Il est également démontré que le rôle des femmes, bien que distinct de celui des hommes – tout affecté à la prêtrise – n’est pas perçu comme le produit d’une domination ou d’une violence symbolique, mais bien comme « un élargissement de la sphère féminine » (234) leur offrant la possibilité d’investir des champs de production relevant des possibilités économiques et de la reconnaissance culturelle. La production de l’individu religieux n’est pas étrangère à l’étude de la religion en modernité avancée. L’idée est également présente dans les études des églises pentecôtistes (Fer 2007) et chez les catholiques charismatiques (Boucher 2013). Bien que Trigeaud insiste sur le particularisme mormon voulant que leur socialisation mène vers une déification de l’individu, son analyse de la négociation entre religion et modernité respecte les schèmes mis de l’avant par les auteurs cités précédemment: si l’individu se voit sommé de s’approprier le religieux, cette appropriation passe d’abord et avant tout par les cadres imposés par le groupe. Les analyses sociologiques de Trigeaud permettent de relever des informations très pertinentes à la compréhension de la vie religieuse des mormons. Son recours au questionnaire en milieu universitaire mormon permet non seulement d’identifier quels livres religieux ont la préférence de ces étudiants (le Livre de Mormon prime sur l’un ou l’autre des Testaments), mais également leurs projets de vie dans l’Église. Sachant que l’auteure s’est aussi astreinte à l’approche ethnographique – plus particulièrement l’observation directe – nous aurions aimé sentir davantage « les épreuves de l’intensité et de la durée » (29) auxquelles elle s’est soumise. Si la démonstration de l’individualisation du sujet mormon est impeccable, la subjectivation de celui-ci est quelque peu négligée. Il est possible de sentir tout au long de la lecture une tension entre l’envie de mettre à profit l’expérience de la proximité du chercheur et le souci du maintien d’une certaine distance. Malheureusement, cette dernière préoccupation prend le dessus du pavé, nous privant au passage d’un regard plus pénétrant sur l’expérience de terrain de l’auteure. De façon corollaire, l’expérience de la vie mormone se fait discrète – ou plutôt uniforme. Peutêtre faudrait-il s’attarder ici aux limites posées par le recours au questionnaire. Compte tenu de la rigidité du cadre normatif dépeint par l’auteure, il est possible de s’interroger sur les capacités de l’outil à dépasser la surface du discours institutionnel. Le choix de l’échantillonnage et des foyers d’accueil de l’auteure, « des familles modèles aux yeux de la communauté » (161) pourrait aussi être interrogé. Une attention plus soutenue aux autres catégories de l’univers mormon – les nonmembres, les amis, les désaffiliés et les membres moins engagés – aurait peut-être fourni un portrait plus nuancé. Malgré ces réserves, Devenir mormon demeure une étude fouillée et fascinante. Au final, ce livre éclaire un phénomène religieux trop rapidement mis de côté par l’avènement de la modernité avancée, à savoir l’adhésion au groupe par les individus et son importance continue dans la vie religieuse de nos contemporains. Références
Berghahn Books, Dec 31, 2022
Berghahn Books, Dec 31, 2022
L'Uomo Società Tradizione Sviluppo, 2017
Teoros: revue de recherche en tourisme, 2005
American Anthropologist, May 23, 2023
University of Calgary Press eBooks, Feb 15, 2022
Drogue et santé revisitées : institution, appropriation et réinvention des usages
L’urgence sanitaire éveillée aux abords de la viralité COVID-19 a réifié une santé publique qui t... more L’urgence sanitaire éveillée aux abords de la viralité COVID-19 a réifié une santé publique qui trace les lignes dures de corps perçus comme entités discrètes à défendre les unes contre les autres. À partir de nos expériences du (dé)confinement au Québec et de nos terrains antérieurs et actuels auprès de guérisseurs et médecines végétales en Colombie et au Cameroun, on s’intéresse aux relations laissées pour compte dans une telle matrice biomédicale, voire celles transversales d’écologies affectives biosociales reliées aux coprésences intimes et contagieuses. À cet égard, une approche anthropologique deleuzoguattarienne permet de penser à la fois l’espace strié du biopouvoir et l’espace lisse des flux et mouvements affectifs de la « vague virale », soit respectivement les rythmes cadencés, mesurables et les rythmes sans mesures des manières de s’agencer à la vague, incluant à travers les constrictions immunologiques. Nous abordons plus précisément la question de respirations végétal...
Historia Ciencias Saude Manguinhos, 2003
Search After Method, 2020
Anthropologie et Sociétés, 2016
Ethnobiology, 2016
Jamu is a lively practice of mashing, pounding, and rolling fresh plants into healing beverages t... more Jamu is a lively practice of mashing, pounding, and rolling fresh plants into healing beverages that has been going on for centuries in various islands of the Indian Ocean. My anthropological study pays attention to the ways it is done in Yogyakarta and its peripheries. Java and the practice of jamu are situated in the scientific literature and a Javanese notion of rasa is introduced as a lens for the intimate ways people and plants, as open bodies of winds and flows, can interweave. Rhythmic movements, gestures, and stained yellow hands obtained through pressing turmeric and tamarind indicate deepened engagements with vegetal life found to be done through all sorts of animist, Hindu-Buddhist, Islamic, and scientific lines permeating the island. How deleuzoguattarian rhizomatic thinking further enables to understand jamu as becoming-plant is discussed as well as offered as a way to take people-environment entanglements seriously in a much broader sense.
Anthropology Southern Africa, 2009
This study highlights current global health biopolitics in conjunction with politics of indigenei... more This study highlights current global health biopolitics in conjunction with politics of indigeneity. The illustration is achieved by looking at the politics of knowledge at play in the pre-clinical trial of a traditional medicine in Cape Town, South Africa. The instance reunites healers and scientists in a common project to test the efficacy of a local wild shrub through the process of a randomised controlled trial, the current golden scientific standard to determine truth about the efficacy of medicines. How traditional forms of knowledge translate, or not, into this process is the first point I develop with relation to the trial. Inevitable reassessments of efficacy awakened in this process open a debate between representational learning of standardized scientific knowledge, and learning through embodied forms of knowledge in negotiations of how best to heal with medicines. I argue that the dynamics of these politics of knowledge within the trial lead on the one hand towards an optimal management of life at the molecular level, and on the other hand towards broader relational politics of life anchored in sounds and embodied forms of knowledge.
Transcultural Psychiatry, 2011
Anthropologica, 2014
individus par la communauté, le chapitre sur l’éducation a le mérite d’adresser la socialité morm... more individus par la communauté, le chapitre sur l’éducation a le mérite d’adresser la socialité mormone, particulièrement en ce qui a trait à la jeunesse mormone, la petite enfance des « nés-mormons », la vie estudiantine de la communauté et la production des genres. Cette section démontre comment la vie en milieu mormon – et ce même en contexte états-uniens – est marquée par une religiosité plus forte et prégnante que celle de la société environnante. Il est également démontré que le rôle des femmes, bien que distinct de celui des hommes – tout affecté à la prêtrise – n’est pas perçu comme le produit d’une domination ou d’une violence symbolique, mais bien comme « un élargissement de la sphère féminine » (234) leur offrant la possibilité d’investir des champs de production relevant des possibilités économiques et de la reconnaissance culturelle. La production de l’individu religieux n’est pas étrangère à l’étude de la religion en modernité avancée. L’idée est également présente dans les études des églises pentecôtistes (Fer 2007) et chez les catholiques charismatiques (Boucher 2013). Bien que Trigeaud insiste sur le particularisme mormon voulant que leur socialisation mène vers une déification de l’individu, son analyse de la négociation entre religion et modernité respecte les schèmes mis de l’avant par les auteurs cités précédemment: si l’individu se voit sommé de s’approprier le religieux, cette appropriation passe d’abord et avant tout par les cadres imposés par le groupe. Les analyses sociologiques de Trigeaud permettent de relever des informations très pertinentes à la compréhension de la vie religieuse des mormons. Son recours au questionnaire en milieu universitaire mormon permet non seulement d’identifier quels livres religieux ont la préférence de ces étudiants (le Livre de Mormon prime sur l’un ou l’autre des Testaments), mais également leurs projets de vie dans l’Église. Sachant que l’auteure s’est aussi astreinte à l’approche ethnographique – plus particulièrement l’observation directe – nous aurions aimé sentir davantage « les épreuves de l’intensité et de la durée » (29) auxquelles elle s’est soumise. Si la démonstration de l’individualisation du sujet mormon est impeccable, la subjectivation de celui-ci est quelque peu négligée. Il est possible de sentir tout au long de la lecture une tension entre l’envie de mettre à profit l’expérience de la proximité du chercheur et le souci du maintien d’une certaine distance. Malheureusement, cette dernière préoccupation prend le dessus du pavé, nous privant au passage d’un regard plus pénétrant sur l’expérience de terrain de l’auteure. De façon corollaire, l’expérience de la vie mormone se fait discrète – ou plutôt uniforme. Peutêtre faudrait-il s’attarder ici aux limites posées par le recours au questionnaire. Compte tenu de la rigidité du cadre normatif dépeint par l’auteure, il est possible de s’interroger sur les capacités de l’outil à dépasser la surface du discours institutionnel. Le choix de l’échantillonnage et des foyers d’accueil de l’auteure, « des familles modèles aux yeux de la communauté » (161) pourrait aussi être interrogé. Une attention plus soutenue aux autres catégories de l’univers mormon – les nonmembres, les amis, les désaffiliés et les membres moins engagés – aurait peut-être fourni un portrait plus nuancé. Malgré ces réserves, Devenir mormon demeure une étude fouillée et fascinante. Au final, ce livre éclaire un phénomène religieux trop rapidement mis de côté par l’avènement de la modernité avancée, à savoir l’adhésion au groupe par les individus et son importance continue dans la vie religieuse de nos contemporains. Références
Berghahn Books, Dec 31, 2022
Berghahn Books, Dec 31, 2022
L'Uomo Società Tradizione Sviluppo, 2017
Teoros: revue de recherche en tourisme, 2005
American Anthropologist, May 23, 2023
University of Calgary Press eBooks, Feb 15, 2022
Drogue et santé revisitées : institution, appropriation et réinvention des usages
L’urgence sanitaire éveillée aux abords de la viralité COVID-19 a réifié une santé publique qui t... more L’urgence sanitaire éveillée aux abords de la viralité COVID-19 a réifié une santé publique qui trace les lignes dures de corps perçus comme entités discrètes à défendre les unes contre les autres. À partir de nos expériences du (dé)confinement au Québec et de nos terrains antérieurs et actuels auprès de guérisseurs et médecines végétales en Colombie et au Cameroun, on s’intéresse aux relations laissées pour compte dans une telle matrice biomédicale, voire celles transversales d’écologies affectives biosociales reliées aux coprésences intimes et contagieuses. À cet égard, une approche anthropologique deleuzoguattarienne permet de penser à la fois l’espace strié du biopouvoir et l’espace lisse des flux et mouvements affectifs de la « vague virale », soit respectivement les rythmes cadencés, mesurables et les rythmes sans mesures des manières de s’agencer à la vague, incluant à travers les constrictions immunologiques. Nous abordons plus précisément la question de respirations végétal...
Historia Ciencias Saude Manguinhos, 2003
Search After Method, 2020
Anthropologie et Sociétés, 2016
Ethnobiology, 2016
Jamu is a lively practice of mashing, pounding, and rolling fresh plants into healing beverages t... more Jamu is a lively practice of mashing, pounding, and rolling fresh plants into healing beverages that has been going on for centuries in various islands of the Indian Ocean. My anthropological study pays attention to the ways it is done in Yogyakarta and its peripheries. Java and the practice of jamu are situated in the scientific literature and a Javanese notion of rasa is introduced as a lens for the intimate ways people and plants, as open bodies of winds and flows, can interweave. Rhythmic movements, gestures, and stained yellow hands obtained through pressing turmeric and tamarind indicate deepened engagements with vegetal life found to be done through all sorts of animist, Hindu-Buddhist, Islamic, and scientific lines permeating the island. How deleuzoguattarian rhizomatic thinking further enables to understand jamu as becoming-plant is discussed as well as offered as a way to take people-environment entanglements seriously in a much broader sense.
Anthropology Southern Africa, 2009
This study highlights current global health biopolitics in conjunction with politics of indigenei... more This study highlights current global health biopolitics in conjunction with politics of indigeneity. The illustration is achieved by looking at the politics of knowledge at play in the pre-clinical trial of a traditional medicine in Cape Town, South Africa. The instance reunites healers and scientists in a common project to test the efficacy of a local wild shrub through the process of a randomised controlled trial, the current golden scientific standard to determine truth about the efficacy of medicines. How traditional forms of knowledge translate, or not, into this process is the first point I develop with relation to the trial. Inevitable reassessments of efficacy awakened in this process open a debate between representational learning of standardized scientific knowledge, and learning through embodied forms of knowledge in negotiations of how best to heal with medicines. I argue that the dynamics of these politics of knowledge within the trial lead on the one hand towards an optimal management of life at the molecular level, and on the other hand towards broader relational politics of life anchored in sounds and embodied forms of knowledge.
Transcultural Psychiatry, 2011