Sylvain Lefèvre | Université du Québec à Montréal (original) (raw)
Papers by Sylvain Lefèvre
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 1, 2017
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Mar 7, 2013
En France comme au Québec, la collecte de fonds des ONG humanitaires a été bouleversée par la dif... more En France comme au Québec, la collecte de fonds des ONG humanitaires a été bouleversée par la diffusion d'une technique particulière : le programme Direct Dialogue. À l'origine, c'est une agence de collecte de fonds nommée Dialog Direct qui a initié ce programme pour Greenpeace Autriche à l'été 1995. Il s'agit d'envoyer dans la rue des « recruteurs » à la rencontre des passants et de leur proposer d'adhérer à Greenpeace en versant une contribution financière. Si le programme fut d'abord mené lors de rassemblements publics, c'est dans les centres-villes qu'il a pris son essor, notamment dans les zones piétonnes. Le programme est un succès financier et Greenpeace International incite la majorité de ses bureaux nationaux à l'adopter. Le bureau français de Greenpeace commence à le développer en 1997 et il abandonne progressivement tous les autres canaux de collecte. Il compte alors sept salariés, un million d'euros de ressources et 18 000 adhérents. Fin 2004, ce même bureau fait état de 86 000 adhérents, avec un budget de 4,8 millions d'euros et 45 salariés permanents. Fin 2011, il affiche 151 000 adhérents, avec un budget de 13,6 millions d'euros et une soixantaine de salariés. Au-delà de son impact financier, ce programme est novateur sur trois aspects. Premièrement, alors que l'axe principal de la collecte des ONG depuis plusieurs décennies est le publipostage, la collecte de fonds de rue réactive en apparence la figure la plus archétypale de la sollicitation de la générosité : la main tendue dans la rue du quêteur. Cependant la transaction du « Direct Dialogue » ne se fait pas à travers les canaux traditionnels du don (envoi d'un chèque à l'association ou don direct d'argent en espèce au quêteur), mais par un prélèvement bancaire automatique dont l'adhérent fixe le montant. La relation d'adhésion par prélèvement automatique périodique (bimensuelle, mensuelle ou trimestrielle) a plusieurs avantages pour l'ONG. Tout d'abord, elle la rend moins dépendante de l'actualité et de ses événements pour assoir sa communication et sa collecte. Ensuite, elle sollicite un don « non affecté », c'est-à-dire que l'ONG décide de manière autonome les modalités d'attribution des contributions des donateurs. Troisièmement, le don par prélèvement automatique permet de planifier les rentrées d'argent de manière plus pérenne. Enfin, toutes choses égales par ailleurs, ce mode de paiement sollicite moins de défection qu'un chèque à envoyer à intervalle régulier, puisque ne rien faire… signifie rester membre! La seconde différence par rapport à un recrutement « traditionnel » : l'engagement pratique de l'adhérent est très faible (a minima, il reçoit une revue trimestrielle), mais sa participation financière est importante. En effet, si le montant de l'engagement est présenté comme libre, il existe de fait souvent un minimum de 6 euros par mois (environ 10$CAD), et la contribution moyenne se situe en France entre 6 et 10 euros par mois pour Greenpeace dans les années 2000. Par Sylvain Lefèvre, membre Occah
Since the 1960s, the community sector in Quebec has generally been regarded as operating in a dyn... more Since the 1960s, the community sector in Quebec has generally been regarded as operating in a dynamic wherein it has only one counterpart, the state. Over the past ten years, however, a third actor has joined the equation: philanthropic foundations. This new dynamic has given rise to formal partnerships between the government and the Lucie and André Chagnon Foundation. These partnership agreements have rekindled some of the tension surrounding the community sector’s claim to autonomy. Moreover, at a time of fiscal austerity, foundations are also questioning the decline of the welfare state. This article offers a case study of the trajectory of one of Canada's largest foundations, the Chagnon Foundation, in order to highlight the changing relationships and the debates around the respective roles of the state, philanthropic foundations and community organizations
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Feb 5, 2015
Canadian Journal of Nonprofit and Social Economy Research, May 6, 2022
This review article draws connections between ideas expressed in some key presentations of the 6t... more This review article draws connections between ideas expressed in some key presentations of the 6th International Conference of the Centre for Research on Social Innovations (CRISES). First, in reference to the lectures of Nancy Fraser and Loïc Blondiaux, we discuss the interconnectedness of crises (democratic, economic, ecological, and now sanitary). Then, in relation to the lecture by Janice Fine and the one by Dominique Méda and Julie Battilana, we review transformations in the world of work and the challenges it faces in terms of social and environmental justice. Finally, in reference to the lectures of Flor Avelino and of Jean-Baptiste Comby, which we set up in dialogue with each other, we examine the capacity of social innovations to reproduce or transform power relations. We conclude our overview by drawing our own conclusions on what these analyses mean for our work as researchers.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), May 9, 2013
Canadian Journal of Nonprofit and Social Economy Research, May 6, 2022
Cet article-synthèse relie les réflexions issues de certaines conférences principales du 6 e Coll... more Cet article-synthèse relie les réflexions issues de certaines conférences principales du 6 e Colloque international du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES). Nous discutons d'abord de l'articulation des crises (démocratique, économique, écologique et aujourd'hui sanitaire) par l'entremise des conférences de Nancy Fraser et de Loïc Blondiaux, puis des transformations du monde du travail et de ses défis en matière de justice sociale et de justice environnementale au travers des présentations de Janice Fine et de Dominique Méda et Julie Battilana, et enfin de la capacité des innovations sociales à transformer ou à reproduire des rapports de pouvoir à partir d'une mise en dialogue des conférences de Flor Avelino et de Jean-Baptiste Comby. Nous concluons ce tour d'horizon réflexif en tirant nos propres conclusions sur les implications de ces analyses pour notre propre travail de chercheurs et des chercheuses.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2016
Revue française de sociologie, 2021
En 2006, lors de son entree en bourse, Mastercard a cree sa fondation en lui octroyant 10 % de se... more En 2006, lors de son entree en bourse, Mastercard a cree sa fondation en lui octroyant 10 % de ses actions et en lui donnant pour mission la lutte contre la pauvrete, par l’inclusion financiere des populations exclues des circuits financiers formels en Afrique. Pour defendre cette cause sociale, la Fondation Mastercard, dotee d’un capital de 23 milliards de dollars en 2019, transfere dans le domaine philanthropique les discours et instruments du capitalisme financiarise, tout en mobilisant des ong, des organisations internationales, des entreprises privees comme des universites. Sur la base d’une enquete empirique, cet article analyse les modalites de cette strategie d’hybridation entre mondes militants et economiques et l’instrumentation croisee entre la firme et sa fondation. Il demontre comment la Fondation Mastercard vise a faire advenir la societe dont a besoin la firme Mastercard : « A World Beyond Cash ».
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jul 4, 2016
Despite the limitations inherent in a synthesis of this type, the summary report captures the ess... more Despite the limitations inherent in a synthesis of this type, the summary report captures the essence of the research report. It offers the same structure and main themes developed in the initial report, but presented in a more succinct manner and without the addition of numerous supporting excerpts from comments, tables or bibliographic references. The research report: Building on an ethnographic inquiry and combining individual interviews with direct observations, this report helps to identify how the practices of the Béati Foundation borrow or differ from so-called social change philanthropy. The report documents the points of view of both foundation’s staff and board members and community groups on their relationship to philanthropy. The first part presents the distinctive characteristics of social change philanthropy and philanthrocapitalism, two contrasting philanthropic approaches. The second part discusses the relationships of support and capacity-building assistance that foundations engage in with grantees, and raises questions concerning these relationships. The third part proposes a reading of the philanthropic sector through the tensions and contradictions that affect it and raises questions about foundations’ public stance and positioning.
En dépit des limites inhérentes à un tel exercice de réduction, la présente synthèse permet de sa... more En dépit des limites inhérentes à un tel exercice de réduction, la présente synthèse permet de saisir l’essentiel du rapport de recherche. Le lectorat y retrouvera la structure et les principaux thèmes développés dans le rapport initial et présentés de manière très sommaire, sans l’apport des nombreux extraits de commentaires, des tableaux et de l’ensemble des références bibliographiques qui appuient son contenu. Le rapport: Issue d’une enquête ethnographique combinant entretiens individuels et observations directes, cette recherche permet de cerner en quoi les pratiques de la Fondation Béati empruntent ou se distinguent de la philanthropie de changement social (Social Change Philanthropy). Le rapport donne accès aux points de vue des membres de la fondation mais aussi à celui des groupes sur leur rapport à la philanthropie. En première partie y sont présentées les caractéristiques distinctes de la philanthropie du changement social et du philanthrocapitalisme, deux approches philanthropiques. La seconde partie aborde la relation d’accompagnement et soulève des questionnements inhérents aux relations entre les donateurs et les donataires. La troisième partie propose de saisir le secteur philanthropique à travers les tensions et contradictions qui le traversent, et soulève des réflexions sur la prise de parole publique des fondations.
A travers l’etude de la Fondation Beati, nous proposons l’analyse d’un acteur qui cherche a deplo... more A travers l’etude de la Fondation Beati, nous proposons l’analyse d’un acteur qui cherche a deployer une approche philanthropique particuliere, tant dans ses valeurs et son fonctionnement que dans sa relation avec les organismes finances. Une enquete ethnographique de plus de deux ans (2014-2016) au sein de celle-ci, combinant entretiens individuels et observations participantes, nous a permis, d’une part, de caracteriser ses pratiques et de les rapprocher de la philanthropie de changement social (Social Change Philanthropy). D’autre part, en enrichissant notre analyse d’entretiens individuels et collectifs aupres de groupes finances, notre rapport explore les tensions liees a la relation donateur/ donataire ainsi qu’aux efforts de la Fondation pour desactiver ce rapport de force inherent au financement. Enfin, une troisieme section replace la Fondation Beati au sein du champ philanthropique quebecois. Les transformations de celui-ci modifient necessairement les relations entretenue...
Lien social et Politiques, 2011
Pendant des siècles, la religion a disposé d'un monopole sur les croyances en un monde meilleur q... more Pendant des siècles, la religion a disposé d'un monopole sur les croyances en un monde meilleur qui devait nécessairement se situer dans l'au-delà et pas hic et nunc. Il aura fallu attendre l'oeuvre de Thomas More pour que les hommes prennent conscience qu'ils avaient la capacité d'édifier eux-mêmes leurs propres croyances, transposables ou non dans le monde réel. D'une certaine manière, L'Utopie, publiée en 1516, préfigure l'intuition de Marx et Engels selon laquelle « les hommes font leur propre histoire », développée, plus de trois cents ans après, dans le Manifeste du Parti communiste. Comme l'avait bien vu Michel Beaud, le terme utopie est ainsi étroitement lié à la genèse historique du capitalisme (Beaud, 2010). L'oeuvre de More a, en effet, mis l'accent sur une tension majeure : « là où tous mesurent toutes choses d'après l'argent, dans ces pays-là, il est à peu près impossible que la justice et la prospérité règnent dans la chose publique ». Cette contradiction prend des formes variées selon les différentes configurations du capitalisme, mais elle perdure dès sa genèse. Elle s'exprimera notamment avec âpreté lors de la révolution industrielle sous la forme d'un antagonisme entre une activité productive fondée sur l'exploitation de la force de travail et la « passion de l'égalité » qui caractérise les aspirations démocratiques, d'après le mot de Tocqueville. En effet, il faut noter que du milieu du XIX e siècle au début du XX e siècle, les hommes se rendent à la fois plus égaux politiquement (généralisation du droit de vote, mise en place de démocraties représentatives) et plus inégaux économiquement (concentration des patrimoines liée à la révolution industrielle). Selon leur histoire, leurs croyances, leur culture, les sociétés modernes sont parvenues ensuite à élaborer des formes de compromis où « l'État providence » occupe une position plus ou moins importante (Esping-Andersen, 1. Les évaluateurs anonymes sont remerciés pour leurs commentaires constructifs sur la première version de ce texte.
Lien Social Et Politiques, 2014
Sociologie, Nov 2, 2013
Olivier Zunz est professeur d’histoire des Etats‑Unis a l’Universite de Virginie, specialiste du ... more Olivier Zunz est professeur d’histoire des Etats‑Unis a l’Universite de Virginie, specialiste du XXe siecle et notamment du developpement industriel americain. La philanthropie en Amerique est la traduction de son ouvrage Philanthropy in America : A History, paru egalement en 2012 (Princeton University Press). Disons‑le d’emblee, cet ouvrage s’impose comme un incontournable dans la (maigre) litterature universitaire francophone dediee aux questions philanthropiques mais aussi comme une contri...
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 1, 2017
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Mar 7, 2013
En France comme au Québec, la collecte de fonds des ONG humanitaires a été bouleversée par la dif... more En France comme au Québec, la collecte de fonds des ONG humanitaires a été bouleversée par la diffusion d'une technique particulière : le programme Direct Dialogue. À l'origine, c'est une agence de collecte de fonds nommée Dialog Direct qui a initié ce programme pour Greenpeace Autriche à l'été 1995. Il s'agit d'envoyer dans la rue des « recruteurs » à la rencontre des passants et de leur proposer d'adhérer à Greenpeace en versant une contribution financière. Si le programme fut d'abord mené lors de rassemblements publics, c'est dans les centres-villes qu'il a pris son essor, notamment dans les zones piétonnes. Le programme est un succès financier et Greenpeace International incite la majorité de ses bureaux nationaux à l'adopter. Le bureau français de Greenpeace commence à le développer en 1997 et il abandonne progressivement tous les autres canaux de collecte. Il compte alors sept salariés, un million d'euros de ressources et 18 000 adhérents. Fin 2004, ce même bureau fait état de 86 000 adhérents, avec un budget de 4,8 millions d'euros et 45 salariés permanents. Fin 2011, il affiche 151 000 adhérents, avec un budget de 13,6 millions d'euros et une soixantaine de salariés. Au-delà de son impact financier, ce programme est novateur sur trois aspects. Premièrement, alors que l'axe principal de la collecte des ONG depuis plusieurs décennies est le publipostage, la collecte de fonds de rue réactive en apparence la figure la plus archétypale de la sollicitation de la générosité : la main tendue dans la rue du quêteur. Cependant la transaction du « Direct Dialogue » ne se fait pas à travers les canaux traditionnels du don (envoi d'un chèque à l'association ou don direct d'argent en espèce au quêteur), mais par un prélèvement bancaire automatique dont l'adhérent fixe le montant. La relation d'adhésion par prélèvement automatique périodique (bimensuelle, mensuelle ou trimestrielle) a plusieurs avantages pour l'ONG. Tout d'abord, elle la rend moins dépendante de l'actualité et de ses événements pour assoir sa communication et sa collecte. Ensuite, elle sollicite un don « non affecté », c'est-à-dire que l'ONG décide de manière autonome les modalités d'attribution des contributions des donateurs. Troisièmement, le don par prélèvement automatique permet de planifier les rentrées d'argent de manière plus pérenne. Enfin, toutes choses égales par ailleurs, ce mode de paiement sollicite moins de défection qu'un chèque à envoyer à intervalle régulier, puisque ne rien faire… signifie rester membre! La seconde différence par rapport à un recrutement « traditionnel » : l'engagement pratique de l'adhérent est très faible (a minima, il reçoit une revue trimestrielle), mais sa participation financière est importante. En effet, si le montant de l'engagement est présenté comme libre, il existe de fait souvent un minimum de 6 euros par mois (environ 10$CAD), et la contribution moyenne se situe en France entre 6 et 10 euros par mois pour Greenpeace dans les années 2000. Par Sylvain Lefèvre, membre Occah
Since the 1960s, the community sector in Quebec has generally been regarded as operating in a dyn... more Since the 1960s, the community sector in Quebec has generally been regarded as operating in a dynamic wherein it has only one counterpart, the state. Over the past ten years, however, a third actor has joined the equation: philanthropic foundations. This new dynamic has given rise to formal partnerships between the government and the Lucie and André Chagnon Foundation. These partnership agreements have rekindled some of the tension surrounding the community sector’s claim to autonomy. Moreover, at a time of fiscal austerity, foundations are also questioning the decline of the welfare state. This article offers a case study of the trajectory of one of Canada's largest foundations, the Chagnon Foundation, in order to highlight the changing relationships and the debates around the respective roles of the state, philanthropic foundations and community organizations
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Feb 5, 2015
Canadian Journal of Nonprofit and Social Economy Research, May 6, 2022
This review article draws connections between ideas expressed in some key presentations of the 6t... more This review article draws connections between ideas expressed in some key presentations of the 6th International Conference of the Centre for Research on Social Innovations (CRISES). First, in reference to the lectures of Nancy Fraser and Loïc Blondiaux, we discuss the interconnectedness of crises (democratic, economic, ecological, and now sanitary). Then, in relation to the lecture by Janice Fine and the one by Dominique Méda and Julie Battilana, we review transformations in the world of work and the challenges it faces in terms of social and environmental justice. Finally, in reference to the lectures of Flor Avelino and of Jean-Baptiste Comby, which we set up in dialogue with each other, we examine the capacity of social innovations to reproduce or transform power relations. We conclude our overview by drawing our own conclusions on what these analyses mean for our work as researchers.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), May 9, 2013
Canadian Journal of Nonprofit and Social Economy Research, May 6, 2022
Cet article-synthèse relie les réflexions issues de certaines conférences principales du 6 e Coll... more Cet article-synthèse relie les réflexions issues de certaines conférences principales du 6 e Colloque international du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES). Nous discutons d'abord de l'articulation des crises (démocratique, économique, écologique et aujourd'hui sanitaire) par l'entremise des conférences de Nancy Fraser et de Loïc Blondiaux, puis des transformations du monde du travail et de ses défis en matière de justice sociale et de justice environnementale au travers des présentations de Janice Fine et de Dominique Méda et Julie Battilana, et enfin de la capacité des innovations sociales à transformer ou à reproduire des rapports de pouvoir à partir d'une mise en dialogue des conférences de Flor Avelino et de Jean-Baptiste Comby. Nous concluons ce tour d'horizon réflexif en tirant nos propres conclusions sur les implications de ces analyses pour notre propre travail de chercheurs et des chercheuses.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2016
Revue française de sociologie, 2021
En 2006, lors de son entree en bourse, Mastercard a cree sa fondation en lui octroyant 10 % de se... more En 2006, lors de son entree en bourse, Mastercard a cree sa fondation en lui octroyant 10 % de ses actions et en lui donnant pour mission la lutte contre la pauvrete, par l’inclusion financiere des populations exclues des circuits financiers formels en Afrique. Pour defendre cette cause sociale, la Fondation Mastercard, dotee d’un capital de 23 milliards de dollars en 2019, transfere dans le domaine philanthropique les discours et instruments du capitalisme financiarise, tout en mobilisant des ong, des organisations internationales, des entreprises privees comme des universites. Sur la base d’une enquete empirique, cet article analyse les modalites de cette strategie d’hybridation entre mondes militants et economiques et l’instrumentation croisee entre la firme et sa fondation. Il demontre comment la Fondation Mastercard vise a faire advenir la societe dont a besoin la firme Mastercard : « A World Beyond Cash ».
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jul 4, 2016
Despite the limitations inherent in a synthesis of this type, the summary report captures the ess... more Despite the limitations inherent in a synthesis of this type, the summary report captures the essence of the research report. It offers the same structure and main themes developed in the initial report, but presented in a more succinct manner and without the addition of numerous supporting excerpts from comments, tables or bibliographic references. The research report: Building on an ethnographic inquiry and combining individual interviews with direct observations, this report helps to identify how the practices of the Béati Foundation borrow or differ from so-called social change philanthropy. The report documents the points of view of both foundation’s staff and board members and community groups on their relationship to philanthropy. The first part presents the distinctive characteristics of social change philanthropy and philanthrocapitalism, two contrasting philanthropic approaches. The second part discusses the relationships of support and capacity-building assistance that foundations engage in with grantees, and raises questions concerning these relationships. The third part proposes a reading of the philanthropic sector through the tensions and contradictions that affect it and raises questions about foundations’ public stance and positioning.
En dépit des limites inhérentes à un tel exercice de réduction, la présente synthèse permet de sa... more En dépit des limites inhérentes à un tel exercice de réduction, la présente synthèse permet de saisir l’essentiel du rapport de recherche. Le lectorat y retrouvera la structure et les principaux thèmes développés dans le rapport initial et présentés de manière très sommaire, sans l’apport des nombreux extraits de commentaires, des tableaux et de l’ensemble des références bibliographiques qui appuient son contenu. Le rapport: Issue d’une enquête ethnographique combinant entretiens individuels et observations directes, cette recherche permet de cerner en quoi les pratiques de la Fondation Béati empruntent ou se distinguent de la philanthropie de changement social (Social Change Philanthropy). Le rapport donne accès aux points de vue des membres de la fondation mais aussi à celui des groupes sur leur rapport à la philanthropie. En première partie y sont présentées les caractéristiques distinctes de la philanthropie du changement social et du philanthrocapitalisme, deux approches philanthropiques. La seconde partie aborde la relation d’accompagnement et soulève des questionnements inhérents aux relations entre les donateurs et les donataires. La troisième partie propose de saisir le secteur philanthropique à travers les tensions et contradictions qui le traversent, et soulève des réflexions sur la prise de parole publique des fondations.
A travers l’etude de la Fondation Beati, nous proposons l’analyse d’un acteur qui cherche a deplo... more A travers l’etude de la Fondation Beati, nous proposons l’analyse d’un acteur qui cherche a deployer une approche philanthropique particuliere, tant dans ses valeurs et son fonctionnement que dans sa relation avec les organismes finances. Une enquete ethnographique de plus de deux ans (2014-2016) au sein de celle-ci, combinant entretiens individuels et observations participantes, nous a permis, d’une part, de caracteriser ses pratiques et de les rapprocher de la philanthropie de changement social (Social Change Philanthropy). D’autre part, en enrichissant notre analyse d’entretiens individuels et collectifs aupres de groupes finances, notre rapport explore les tensions liees a la relation donateur/ donataire ainsi qu’aux efforts de la Fondation pour desactiver ce rapport de force inherent au financement. Enfin, une troisieme section replace la Fondation Beati au sein du champ philanthropique quebecois. Les transformations de celui-ci modifient necessairement les relations entretenue...
Lien social et Politiques, 2011
Pendant des siècles, la religion a disposé d'un monopole sur les croyances en un monde meilleur q... more Pendant des siècles, la religion a disposé d'un monopole sur les croyances en un monde meilleur qui devait nécessairement se situer dans l'au-delà et pas hic et nunc. Il aura fallu attendre l'oeuvre de Thomas More pour que les hommes prennent conscience qu'ils avaient la capacité d'édifier eux-mêmes leurs propres croyances, transposables ou non dans le monde réel. D'une certaine manière, L'Utopie, publiée en 1516, préfigure l'intuition de Marx et Engels selon laquelle « les hommes font leur propre histoire », développée, plus de trois cents ans après, dans le Manifeste du Parti communiste. Comme l'avait bien vu Michel Beaud, le terme utopie est ainsi étroitement lié à la genèse historique du capitalisme (Beaud, 2010). L'oeuvre de More a, en effet, mis l'accent sur une tension majeure : « là où tous mesurent toutes choses d'après l'argent, dans ces pays-là, il est à peu près impossible que la justice et la prospérité règnent dans la chose publique ». Cette contradiction prend des formes variées selon les différentes configurations du capitalisme, mais elle perdure dès sa genèse. Elle s'exprimera notamment avec âpreté lors de la révolution industrielle sous la forme d'un antagonisme entre une activité productive fondée sur l'exploitation de la force de travail et la « passion de l'égalité » qui caractérise les aspirations démocratiques, d'après le mot de Tocqueville. En effet, il faut noter que du milieu du XIX e siècle au début du XX e siècle, les hommes se rendent à la fois plus égaux politiquement (généralisation du droit de vote, mise en place de démocraties représentatives) et plus inégaux économiquement (concentration des patrimoines liée à la révolution industrielle). Selon leur histoire, leurs croyances, leur culture, les sociétés modernes sont parvenues ensuite à élaborer des formes de compromis où « l'État providence » occupe une position plus ou moins importante (Esping-Andersen, 1. Les évaluateurs anonymes sont remerciés pour leurs commentaires constructifs sur la première version de ce texte.
Lien Social Et Politiques, 2014
Sociologie, Nov 2, 2013
Olivier Zunz est professeur d’histoire des Etats‑Unis a l’Universite de Virginie, specialiste du ... more Olivier Zunz est professeur d’histoire des Etats‑Unis a l’Universite de Virginie, specialiste du XXe siecle et notamment du developpement industriel americain. La philanthropie en Amerique est la traduction de son ouvrage Philanthropy in America : A History, paru egalement en 2012 (Princeton University Press). Disons‑le d’emblee, cet ouvrage s’impose comme un incontournable dans la (maigre) litterature universitaire francophone dediee aux questions philanthropiques mais aussi comme une contri...
Résumé : Les ONG sont-elles devenues des « multinationales de l’action collective » ? Que ce soit... more Résumé : Les ONG sont-elles devenues des « multinationales de l’action collective » ? Que ce soit dans le domaine humanitaire ou environnemental, ces organisations ont recours depuis
une trentaine d’années à des pratiques issues du monde de l’entreprise privée, comme le marketing direct. Tantôt présentée comme « une modernisation nécessaire » et tantôt comme « la corruption d’un univers vertueux par le marché », cette managerialisation des ONG n’est pas sans poser problème. Pourtant les engagés qui effectuent le « sale boulot » de la mobilisation des ressources parviennent à le vivre sur le mode de l’enchantement militant.
Notre thèse met en lumière l’articulation délicate des trois éléments qui permettent ce tour de « magie sociale » : d’une part le travail institutionnel de légitimation des pratiques, d’autre part les dispositions complexes des engagés où prévaut l’étroite imbrication entre compétences professionnelles et appétences militantes, et enfin le maniement d’instruments
qui garantissent une collecte symboliquement « propre ». Du siège des ONG aux groupes locaux de bénévoles de Greenpeace et Handicap International, en passant par les agences de fundraising, c’est à une enquête ethnographique sur l’institutionnalisation d’un répertoire de mobilisation managérialisé que nous convions le lecteur.
Mobilising people, mobilising money: NGOs according to the entrepreneurial model
Abstract : Have NGOs become “multinational companies of collective action”? Whether they work with the field of human or environmental development, these organisations have
been using the practices of private companies for about thirty years. A pre-eminent example is that of direct marketing. Some people consider it a necessary development, while others claim
it shows that non-profit organisations have been corrupted by free trade- and global markettype thinking. However, the people who do the “dirty work” of fundraising make a living
while demonstrating their political commitment.
This thesis highlights the intricate combination of three elements rooted in this “social sleight of hand”: first, the institutional work done to legitimate such methods; second, the complex profiles of active members for whom professional skills and eagerness to be political engaged are close knit; and third, the use of instruments to make fundraising clean. From NGOs headquarters to activists in local groups of Greenpeace and Handicap International, and to fundraising agencies, this thesis is an ethnographic inquiry into the institutionalization of a “managerialized” repertoire of mobilization.
La philanthropie a le vent en poupe. Serait-elle aux riches et aux puissants ce que la manifestat... more La philanthropie a le vent en poupe. Serait-elle aux riches et aux puissants ce que la manifestation est aux pauvres et aux ouvriers ? Telle est l'audacieuse thèse défendue par Alexandre Lambelet dans un ouvrage incisif. Au delà d'une analogie stimulante, la démonstration se heurte cependant à certaines limites empiriques.
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que d... more La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
À travers l’étude de la Fondation Béati, nous proposons l’analyse d’un acteur qui cherche à déplo... more À travers l’étude de la Fondation Béati, nous proposons l’analyse d’un acteur qui cherche à déployer une approche philanthropique particulière, tant dans ses valeurs et son fonctionnement que dans sa relation avec les organismes fnancés. Une enquête ethnographique de plus de deux
ans (2014-2016) au sein de celle-ci, combinant entretiens individuels et observations participantes, nous a permis, d’une part, de caractériser ses pratiques et de les rapprocher de la philanthropie de changement social (Social Change Philanthropy). D’autre part, en enrichissant notre analyse d’entretiens individuels et collectifs auprès de groupes fnancés, notre rapport explore les tensions liées à la relation donateur/ donataire ainsi qu’aux efforts de la Fondation pour désactiver ce rapport de force inhérent au fnancement. Enfn, une troisième section replace la Fondation Béati au sein du champ philanthropique québécois. Les transformations de celui-ci modifent nécessairement les relations entretenues par la Fondation Béati avec le marché, l’État et les milieux communautaires. Nous concluons donc par une interrogation sur la voix portée par la Fondation Béati vis-à-vis d’un certain nombre d’enjeux qui traversent le champ philanthropique.
We offer an analysis of the activities of a philanthropic actor seeking to deploy an alternative approach — in its values and operations as much as in its relationship with the organizations it funds — through a case study of Béati Foundation. Drawing on a two year (2014-2016) ethnographic inquiry comprised of individual interviews and participant observation, we: 1) Describe the Foundation’s practices and situate them within the framework of Social Change Philanthropy; and 2) Explore the tensions related to the donor/ donee relationship and the efforts of the Foundation to disable the power relationship inherent in funding through an analysis of individual and group interviews with funded associations. Finally, we situate the Béati Foundation within Quebec’s broader philanthropic landscape, which has undergone transformations that have altered the relations between the Béati Foundation and the private sector, the State and community organizations. We conclude with a question concerning Beati’s contributions to debates relevant to Quebec’s philanthropic landscape.
Au cours du printemps 2015, tandis que des mouvements sociaux s’activent depuis plusieurs mois co... more Au cours du printemps 2015, tandis que des mouvements sociaux s’activent depuis plusieurs mois contre les politiques d’austérité, des fondations québécoises décident de joindre leur voix au sujet des conséquences inégalitaires des mesures de rigueur budgétaire du gouvernement provincial. La diffusion d’une lettre ouverte signée par neuf fondations québécoises sonne le coup d’envoi d’une nouvelle forme de collaboration entre ces organisations traditionnellement à l’écart du débat public. Cette lettre relaie les appels à la vigilance des organisations économiques internationales par rapport aux réformes austères et invite le gouvernement libéral à mesurer l’effet de ses politiques publiques, en termes d’impacts sur l’accroissement des inégalités au sein de la société québécoise. S’en suivent une forte couverture médiatique et l’organisation d’une demijournée de réflexion sur les inégalités sociales rassemblant des membres du milieu philanthropique, universitaire et communautaire. À ce jour, cet appel collectif surprend toujours : les fondations n’ont pas l’habitude d’interpeler publiquement, et encore moins en groupe, le gouvernement. Le sujet des inégalités sociales étonne également, dans la mesure où, historiquement, la philanthropie avait plutôt porté ses préoccupations sur les questions de pauvreté.
Ce document de travail propose donc de revenir sur les conditions d’émergence de cette mobilisation improbable. Cette étude de cas s’appuie sur des observations et une série d’entretiens, menée depuis l’été 2015, auprès de fondations engagées dans cette initiative et du directeur de l’Institut du Nouveau Monde qui les a accompagnées.
Bill Gates et Warren Buffett, respectivement deuxième et troisième fortunes mondiales, ont entrep... more Bill Gates et Warren Buffett, respectivement deuxième et troisième fortunes mondiales, ont entrepris, en 2010, de convaincre le maximum de milliardaires à s’engager, comme eux, à donner la moitié de leur fortune à des fondations et des oeuvres caritatives. Ce projet, intitulé Giving Pledge, prolonge un engagement plus ancien des deux philanthropes, qui a contribué à la mise en place de la plus importante fondation privée du monde par son budget, la Bill and Melinda Gates Foundation, dont les dons annuels, consacrés notamment à l’accès à la connaissance et aux soins de santé, sont supérieurs aux dépenses de l’Organisation mondiale de la santé. En 2007, une enquête du Los Angeles Times suscitait une controverse en indiquant que la fondation investissait une part importante de ses fonds dans des placements financiers parfois contradictoires avec les objectifs caritatifs visés[1]. Par exemple, parallèlement à une campagne de vaccination dans le delta du Niger, les placements financiers de la fondation soutenaient des groupes pétroliers accusés d’être en partie responsables de la pauvreté dans cette région.
L’élan de générosité qui a suivi l’incendie de Notre-Dame de Paris ou l’engagement de la fondatio... more L’élan de générosité qui a suivi l’incendie de Notre-Dame de Paris ou l’engagement de la fondation Bill et Mélinda Gates dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 ont récemment mis sur le devant de la scène les pratiques philanthropiques des élites. Quel rôle leur philanthropie peut-elle jouer face aux multiples crises que nos sociétés affrontent ? Avec quelle légitimité ? Réflexion sur le lien entre philanthropie et démocratie, cet ouvrage met au jour le pouvoir et l’influence des grands philanthropes –leurs formes, leurs modalités et leurs conséquences. S’appuyant sur une diversité d’exemples – des élites du XIXe siècle aux fondations agissant pour le climat –, il montre que la philanthropie s’attaque à la résolution de problèmes collectifs tout en mettant à l’épreuve les principes démocratiques, que ce soit le rapport à l’État, à la décision collective ou à la conception de l’intérêt général.
Trajectoires d'innovation. Des émergences à la reconnaissance, 2019
JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, a... more JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.
Les fondations philanthropiques: De nouveaux acteurs politiques ?, Presses de l'Université du Québec, Editors: Jean-Marc Fontan, Peter R. Elson, Sylvain Lefevre, 2017
Les fondations peuvent s’engager de différentes manières dans le débat public, c’est à dire à des... more Les fondations peuvent s’engager de différentes manières dans le débat public, c’est à dire à des stades différents de la genèse et de la mise en œuvre d’une politique publique mais également selon des registres distincts : produire de la recherche, engager sa réputation, bâtir des coalitions, etc. Néanmoins, un certain nombre de contraintes, liées à la fois à des cadres légaux sur la distinction entre bienfaisance et politique, et à la fois à l’institutionnalisation d’une vision spécifique du rôle légitime des fondations, les tient le plus souvent loin de la scène politique. La position de surplomb des fondations est entretenue à la fois par leur discrétion, par la distance aux acteurs engagés dans le jeu politique institutionnel, par le recours à l’expertise scientifique plutôt que la proclamation de positions normatives (Lefèvre, 2015). Tout ceci rend la mobilisation qui s’est tenue lors du printemps 2015 particulièrement improbable. En effet, au cours du printemps 2015, des fondations québécoises décident de joindre leur voix au sujet des conséquences inégalitaires des mesures de rigueur budgétaire du gouvernement provincial. La diffusion d’une lettre ouverte signée par neuf fondations québécoises sonne le coup d’envoi d’une nouvelle forme de collaboration entre ces organisations traditionnellement à l’écart du débat public. Cette lettre relaie les appels à la vigilance des organisations économiques internationales par rapport aux réformes d’austérité budgétaire et invite le gouvernement libéral à mesurer l’effet de ses politiques publiques, en termes d’impacts sur l’accroissement des inégalités au sein de la société québécoise. S’en suivent une forte couverture médiatique et l’organisation d’une demi-journée de réflexion sur les inégalités sociales rassemblant des membres du milieu philanthropique, universitaire et communautaire. À ce jour, cet appel collectif surprend toujours : les fondations n’ont pas l’habitude d’interpeler publiquement, et encore moins en groupe, le gouvernement. Comme une répondante à notre enquête l’a souligné : « ça n’arrive pas souvent, puis ça n’arrivera pas souvent, puis d’ailleurs […] c’est à utiliser avec parcimonie, vraiment, vraiment, vraiment, là il y a eu une forme d’écoute, parce que c’est rare » 1 . Le sujet des inégalités sociales étonne également, dans la mesure où, historiquement, la philanthropie avait plutôt porté ses préoccupations sur les questions de pauvreté. Notre chapitre propose donc une étude de cas sur l’engagement de fondations dans le débat public québécois. Celle-ci s’appuie sur des observations participantes et une dizaine d’entretiens semi-dirigés, menés en 2015-2016, auprès de fondations engagées dans cette initiative et du directeur de l’Institut du Nouveau Monde qui les a accompagnées . Nous avons procédé à une analyse de contenu de ces informations et documentations publiques produites par les fondations, afin de revenir sur les conditions d’émergence de cette mobilisation improbable.
Par Sylvain Lefèvre et Annabelle Berthiaume mars 2018
Depuis quelques années, le paysage de la philanthropie, tout comme celui du secteur communautaire... more Depuis quelques années, le paysage de la philanthropie, tout comme celui du secteur communautaire, s’est modifié en profondeur. Ces transformations tiennent à des dynamiques internes à ces espaces, avec l’émergence de nouveaux acteurs, de nouvelles pratiques et de nouveaux modes d’intervention, mais aussi, plus largement, aux recompositions du rôle de l’État québécois dans la prise en charge des problèmes sociaux. La place des uns et des autres pose aujourd’hui question. Quel est le rôle attendu des fondations ? Des organismes communautaires ? De l’État ? Quelles relations entre ces différents acteurs ?
Canadian Review of Social Policy, 2021
Abstract : Since the 1960s, the community sector in Quebec has generally been regarded as operati... more Abstract : Since the 1960s, the community sector in Quebec has generally been regarded as operating in a dynamic wherein it has only one counterpart, the state. Over the past ten years, however, a third actor has joined the equation: philanthropic foundations. This new dynamic has given rise to formal partnerships between the government and the Lucie and André Chagnon Foundation. These partnership agreements have rekindled some of the tension surrounding the community sector’s claim to autonomy. Moreover, at a time of fiscal austerity, foundations are also questioning the decline of the welfare state. This article offers a case study of the trajectory of one of Canada’s largest foundations, the Chagnon Foundation, in order to highlight the changing relationships and the debates around the respective roles of the state, philanthropic foundations and community organizations.
Keywords: Quebec, community organization, foundation, public-philanthropic partnerships
Résumé : Depuis les années 1960, l’évolution du secteur communautaire au Québec est généralement analysée dans une dynamique où il n’a qu’un seul homologue, l’État.
Cependant, depuis un peu plus de dix ans, un troisième acteur a rejoint l’équation : les
fondations philanthropiques. Cette nouvelle dynamique a donné lieu, notamment, à des
partenariats formels entre le gouvernement et la Fondation Lucie et André Chagnon. Ces ententes de partenariat ont ravivé certaines tensions entourant la revendication
d’autonomie des milieux communautaires. De plus, à l’heure de l’austérité budgétaire, les fondations s’interrogent également sur le déclin de l’État-providence. Cet article propose une étude de cas de la trajectoire d’une des plus grandes fondations au Canada, la Fondation Chagnon, afin de mettre en lumière l’évolution des relations et les débats autour des rôles respectifs de l’État, des fondations philanthropiques et des organismes communautaires.
Mots clés : Québec, organisme communautaire, fondation, partenariats public philanthropique
Politix. Revue des sciences sociales du politique, 2018
The rebellious heirs. Philanthropy as class suicide This article deals with an alternative, minor... more The rebellious heirs. Philanthropy as class suicide
This article deals with an alternative, minority current within the philanthropic field in the United States : social change philanthropy. We introduce the actions of these foundations that aim to both change society by fighting against social, economic, and political inequalities, and to change philanthropy itself by creating mechanisms that do not reproduce these inequalities. We analyze this development, first as an organizational challenge, by studying the experiments carried out since 1970s, then as a personal challenge for these rebellious inheritors, who use their fortune to fight against the hegemony of their own social class.
Notre article porte sur un courant minoritaire et alternatif au sein du champ philanthropique aux États-Unis : la philanthropie de changement social. Nous présentons l’action de fondations qui visent à la fois à changer la société en luttant contre les inégalités sociales, économiques et politiques, mais aussi à changer la philanthropie, en créant des mécanismes qui ne reproduisent pas ces inégalités. Nous analysons ce projet d’abord comme une épreuve organisationnelle, en étudiant les expériences menées depuis les années 1970, puis comme une épreuve personnelle, pour les héritiers rebelles qui utilisent leur fortune afin de lutter contre l’hégémonie de leur propre classe sociale.
Revue française d'administration publique, 2017
Depuis une dizaine d’années, un acteur joue un rôle pivot dans les relations entre l’État et le m... more Depuis une dizaine d’années, un acteur joue un rôle pivot dans les relations entre l’État et le milieu associatif, au Québec: les fondations philanthropiques. Au coeur de ces nouveaux liens, se trouvent des partenariats formels, comme ceux créés dans le domaine de l’action sociale entre le gouvernement québécois et la Fondation Lucie et André Chagnon. Ces ententes ont réactivé certaines tensions liées à la revendication d’autonomie des associations. Mais à l’heure de l’austérité budgétaire, des fondations soulignent aussi le risque d’un recul de l’État social. L’article met ainsi en lumière les relations fluctuantes et les débats sur le rôle respectif de l’État, des fondations philanthropiques et des associations.
Mots-clefs : Québec, organisations communautaires, fondations, partenariats public-philanthropie
Partnerships between the State and Philanthropic Foundations in Quebec: genesis, contestation and post-mortem of a reform of public action
In Quebec, relations between State and voluntary sector have been played in pairs since the 1960s. However, in the last decade, a third player executed a pivotal role: the philanthropic foundations. At the heart of these new relations are formal partnerships between government and the Lucie and André Chagnon Foundation. These agreements have reactivated some tensions related to the associations’ request for autonomy. Although in a period of budgetary austerity, foundations have also been questioning the decline of social State. Our article aims to retrace the emergence of these public-philanthropic partnerships in order to enlighten the triangular dynamics and debates around the role of the State, foundations and community organizations.
FR : Face aux enjeux spatiaux et économiques d’accès à la saine alimentation dans l’est de l’île ... more FR : Face aux enjeux spatiaux et économiques d’accès à la saine alimentation dans l’est de l’île de Montréal, des instances de santé publique, des organisations communautaires et leurs partenaires ont mis sur pied le Réseau alimentaire de l’est de Montréal (RAEM) afin de mieux coordonner les interventions auprès des ménages à faible revenu (MFR). Ces interventions s’inscrivent notamment dans une perspective spatiale de l’accès à l’alimentation et dans des modèles qui diffèrent de ceux de l’aide alimentaire classique. Dans le cadre d’une recherche partenariale menée avec le RAEM visant à déterminer les points d’alignement et de discordance dans les représentations du problème d’accès alimentaire et les solutions privilégiées de trois types d’acteurs (les organisations membres du RAEM, les partenaires de soutien et les MFR), nous avons effectué une collecte de données par l’entremise de groupes d’entretien et d’entretiens individuels. L’analyse des données, réalisée à partir d’un modèle multidimensionnel de l’accès à la saine alimentation, permet de comparer les perspectives de chaque groupe d’acteurs. Il en ressort que la dimension spatiale n’est pas aussi centrale pour les MFR que pour les autres acteurs, et que la dimension personnelle de l’accès est perçue différemment selon les acteurs. Ces discordances ont une importance et un impact pour l’organisation du système alimentaire de l’est de l’île de Montréal, et mettent en lumière la nécessité d’une lecture critique d’un cadrage principalement spatial des problèmes d’accès à l’alimentation.
Mots clés : réseaux alimentaires, accès à l’alimentation, sécurité alimentaire, ménages à faible revenu, recherche partenariale, Montréal
EN: Facing spatial and economic challenges to nutritious food access in eastern Montreal, public health authorities, community organizations and their partners have established the Réseau alimentaire de l’est de Montréal (RAEM) to coordinate their interventions with low-income households (LIH). These interventions are in line with a spatial perspective in nutritious food access, and with alternative models to conventional food aid. In the context of a partnership research with the RAEM that aimed at identifying alignments and discords in representations of the problem of food access and solutions of three types of actors (member organizations, support partners and LIH), we have carried out a qualitative data collection through focus group and individual interviews. The data were analyzed with a multidimensional model of nutritious food access, which allowed to compare the perspectives of each group of actors. We found that the spatial dimension is not equally important to each actor, and that the personal dimension of food access is perceived differently by each of them. These discords have their importance and impact on the organization of the eastern Montreal food system and highlight the necessity of a critical reading of the mainly spatial framing of food access problems.
Keywords: food networks, nutritious food access, food security, low-income households, partnership research, Montreal