« Zone À Définir » : Les mondes de la ZAD (original) (raw)
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L'expérience de la ZAD : une redéfinition du rapport à l'espace par la « co-lutte(s) »
2018
Ce n'est que tres recemment que la geographie s'est emparee des problematiques liees aux conflits generes par l'amenagement du territoire. Aides par des auteurs tels que P. Subra ou P. Mele, nous souhaitons nous interroger sur les processus et les effets sociaux et territoriaux lies a l'opposition aux projets d'amenagement. Dans cette perspective, nous avons choisi de nous concentrer sur le cas du projet de transfert d'aeroport a Notre-Dame-Des-Landes et sur la constitution de la premiere Zone a defendre (ZAD) sur le territoire Francais. Nous considerons que l'existence de mouvements tels que les ZAD temoignent de nouveaux enjeux auxquels notre societe contemporaine se trouve confrontee. Plus specifiquement, nous presumons que la mobilisation politique par la pratique de l'occupation est revelatrice de nouveaux rapports sociaux et spatiaux que les hommes entretiennent avec leur espace et la societe. L'experience de la Zone a defendre de Notre-Dame...
Les ZAD: conflits sur l'usage marginal de l'espace
La France des marges
Depuis quelques années s'est affirmé le principe de la Zone à défendre ou ZAD. Cet acronyme reprend et détourne celui de la Zone d'aménagement différé créé par la loi du 26 juillet 1962, afin de prévenir toute spéculation foncière sur des terrains visant à accueillir des aménagements publics. Par conséquent, la société civile a opéré une redéfinition de l'acronyme selon un nouveau mot d'ordre qui va à l'encontre de celui des pouvoirs publics. Aujourd'hui, l'appellation de ZAD est associée à une mobilisation citoyenne face à un aménagement décidé par un opérateur économique d'envergure soutenu par les pouvoirs publics. Deux ZAD emblématiques se sont imposées, Sivens (Tarn) jusqu'en 2015 et Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), toujours active, tandis qu'une dizaine de petites ZAD sont habitées en permanence. Enfin, le succès médiatique du terme a amené les journalistes à intégrer d'autres sites pourtant habités de façon intermittente (Subra, 2016). Il est possible de définir une ZAD comme un espace de lutte politique, attirant de nouveaux occupants souhaitant proposer un mode alternatif au projet autorisé par les pouvoirs publics. La Zone d'aménagement différé est souvent un espace en marge pouvant accueillir un grand équipement qui va transformer profondément sa nature. Elle est définie par des acteurs extrêmement bien intégrés qui définissent les normes (pouvoirs publics nationaux ou régionaux, grandes entreprises). Or, la Zone à défendre revendique une alternative et mobilise des individus souvent qualifiés de marginaux (des agriculteurs biologiques, des autonomes anarchistes, tous héritiers des « chevelus » du Larzac...). Ces processus de confrontation territoriale ne sont ni récents et ni inédits. Ainsi, le projet d'extension du camp militaire du Larzac en 1971 amène à un vaste mouvement de désobéissance civile et de manifestations avec un premier rassemblement de plus de 80.000 personnes, les 25 et 26 août 1973, sur le plateau. Un mouvement national « Des Larzac partout » amène à la création de 150 comités Larzac et au soutien de nombreuses luttes contre des projets de centrales nucléaires comme à Braud-Saint-Louis (Gironde) en 1975. Ces mouvements participent d'une contre histoire de la croissance économique (Pessis, Topçu, Bonneuil, 2013). Les lieux de luttes sont emblématiques du conflit sur la nature du développement économique et permettent d'ancrer les mouvements contestataires alternatifs autour de réalités territoriales (Goeury, Sierra, 2016). Elles constituent alors un réseau de lieux où s'opposent des acteurs vertébrés, les pouvoirs publics et les grandes entreprises, à des acteurs réticulaires, des associations de défense et une nébuleuse d'individus aux engagements divers (Appaduraï, 2007).
2018
Les espaces ruraux sont traversés par des dynamiques de contestation qui connaissent depuis quelques décennies une phase de regain d’intensité autour de deux principes : la zone à défendre et les biens* communs. La défense des espaces ruraux face au processus d’urbanisation n’est pas chose nouvelle ; elle relève d’une dynamique historique ancienne qui trouve ses racines dans la forte croissance démographique des villes et de l’industrie au XIX e siècle. Durant les Trente Glorieuses, le processus d’urbanisation s’est accéléré du fait de l’étalement urbain rendu possible par la généralisation de l’automobile individuelle. La dynamique d’artificialisation des sols reste extrêmement rapide, progressant trois fois plus vite que la population depuis 1992. Elle révèle un modèle de développement particulièrement expansif : logements, infrastructures de transport, zones industrielles et zones de loisirs privilégiant constamment une emprise foncière large. Cette artificialisation se fait alors aux dépens principalement des terres agricoles. Les mouvements de résistance ont souvent été considérés comme réactionnaires face au progrès, voire archaïque. Aujourd’hui, ils apparaissent au contraire comme de véritables réflexions sur le modèle dominant de développement territorial. De nombreux arguments techniques viennent justifier la remise en question de l’artificialisation des sols : prévention des risques, notamment d’inondations, accrus par l’imperméabilité des sols urbains, et lutte contre le changement climatique, du fait de l’importance du végétal dans la séquestration du carbone mais aussi dans la réduction des îlots de chaleur (v. Les risques). Or, parallèlement, ces mouvements viennent proposer de véritables alternatives qui viennent remettre en question le couple urbanisation et agriculture capitalistique qui s’est imposé au XX e siècle.
Ces villes qui nous façonnent - L'exemple de la Zone du Dehors d'Alain Damasio
Science-fiction et mondes urbains, 2022
La science-fiction est une littérature de la culture matérielle. Elle ne cesse d'explorer les objets et les techniques. A cet égard, la ville est un objet technique par excellence. Cette étude applique le concept de "script des objets" de Madeleine Akrich à une ville de science-fiction emblématique : Cerclon, dans La Zone du Dehors d'Alain Damasio. Le script d'objet est ici un composite de modèle panoptique, de privatisation de l'espace public (avec les accès sélectifs) et de publicisation intrusive de l'espace privé (à la façon de 1984 de George Orwel). In fine, il s'agit de lire le script, d'en comprendre les effets, de critiquer les scripteurs cachés, et de proposer des réécritures. De plus, toute ville est un objet technique particulier puisque, installé dans le temps long et massivement collectif, son script est sans cesse réécrit partiellement, comme un palimpseste de palimpseste.
Une ZAD peut en cacher d’autres. De la fragilité du mode d’action occupationnel
Politix, 2017
Outre les emblématiques occupations de Notre-Dame-des-Landes ou du Testet qui monopolisent l’attention militante, médiatique et scientifique, se déploient en France depuis la fin des années 2000 de petites ZAD (« Zones à défendre ») hostiles à divers équipements de nature industrielle. Ces occupations invitent à questionner les conditions de possibilité et de félicité de ce type de performance protestataire. À partir d’une enquête ethnographique sur l’une de ces ZAD et d’entretiens auprès de plusieurs de ses « habitants » ainsi que d’anciens zadistes vivant à proximité, l’article explore sur le plan individuel, les logiques sociales et biographiques qui prédisposent certains individus à entrer dans une carrière occupante et, sur le plan collectif, les dynamiques permettant la mise en œuvre d’occupations protestataires. En raison tout d’abord des nombreuses expériences déviantes dans les trajectoires de certains zadistes qui sont souvent liées à un turnover et une faible idéologisation de la lutte ; des multiples coûts liés aux tâches auxquelles certaines franges des publics occupants sont assignées et des chocs moraux qui leur sont associés ensuite ; et de l’importance d’acteurs intermédiaires locaux des causes pour lesquelles les ZAD sont constituées enfin, l’occupation constitue une modalité de contestation dont les probabilités d’occurrence, de politisation et de durabilité sont réduites.
Actes du Colloque international du Lacito (40 ans de Lacito) : Du terrain à la théorie, 15-18 novembre 2016, Paris. , 2020
Auto et exodéfinitions des « zonards »
Ethnologie française, 2013
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