Les pollutions urbaines dans le Nord de la France (XIIe-XVIIe siècles) : définitions, manifestations et bienfaits (original) (raw)
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Aux Sources de la Pollution Urbaine : Le Contexte des Villes Européennes au Second Moyen Âge
La question environnementale occupe une place de plus en plus importante dans les débats sociétaux, tout particulièrement en Europe. La place d’une ville durable y est désormais significative, en soulignant combien la pollution des espaces urbains dégrade la qualité de vie des citadins depuis plusieurs décennies. Tout se passe comme si la ville souillée par la pollution était une invention récente du capitalisme financier triomphant, dont les excès antiécologiques sont notamment soulignés par des activistes et des ONG. Or, la pollution urbaine a des origines très anciennes, comme l’indique l’article en se référant au second Moyen Âge en Europe. Les villes connaissent alors des conditions environnementales dramatiques, en lien avec le développement d’activités commerciales et industrielles, ainsi qu’une gestion catastrophique des déchets humains et animaux et des excréments, jetés dans des cours d’eau ou des fossés. Toutefois, les autorités politiques de l’époque prennent conscience des conséquences néfastes de la pollution de l’espace urbain et commencent à agir pour apporter des réponses au problème, en constituant ainsi les lointaines traces de l’interventionnisme public contemporain. L’article est de nature réflexive, avec pour objectif d’identifier dans un premier temps les sources de la pollution urbaine au Second Moyen Âge, puis dans un second temps, les actions conduites par les autorités politiques afin de les réduire sous la pression d’attitudes « environnementales » de la part des citadins.
La recherche présentée dans ces pages découle de travaux réalisés au cours des dernières années, qui visent à affiner et approfondir notre connaissance de l'espace urbain médiéval, de ses réalités, de son organisation et de sa signification pour ses contemporains. Nous poserons une série de questions qui viseront à éclaircir les rapports entretenus entre les citadins et leur environnement et en particulier avec leurs déchets. Nous essayerons de cerner ce qu'est le « sale » dans une ville médiévale. Est-il repoussé aux marges de la cité ou en fait-il intégralement partie ? Qui en assure la gestion ? Y a-t-il des lieux systématiquement associés à l'amoncellement des saletés ou, au contraire, des lieux qui ne peuvent souffrir cette association ? Y a-t-il des « temps » associés au sale ou à son bannissement ? En définitive, au-delà de l'anachronisme du terme, qu'est-ce que la « pollution » dans l'espace urbain médiéval de nos régions ?
Je suis très heureuse de m'intégrer à votre réflexion de ce jour sur "Marché, fiscalité et environnement". Mais pour une médiéviste, manier la notion d'environnement n'est pas sans complication. L'environnement au sens médiéval du terme englobe des réalités complexes, qui ne peuvent être définies par notre vision contemporaine, façonnée socialement et politiquement. Le terme « environnement » au Moyen Age est déconnecté de la nature comme nous l'entendons aujourd'hui, car si non, la notion serait pauvre et peu opératoire. Le principe d'environnement est à lier à ce qui nous entoure, au sens strict du terme apparu en 1265 environemenz entendu comme « contour, cercle ». Gérard Chouquer reprend d'ailleurs cette notion de cercle en préférant au terme d'environnement celui de circumcolens, circum colere (habiter en cercle), les circumcolentes étant donc les habitants qui partagent le même contour, cercle de vie. Pas d'environnement donc dans un sens de protection, très omnipotente d'ailleurs, de la nature, mais plutôt dans l'amélioration et la gestion du cadre quotidien de vie. Autre question de vocabulaire que nous pouvons d'emblée nous poser : qu'est-ce que « polluer » au Moyen Age ? Le terme, très neuf au XVe siècle puisqu'il vient d'apparaître, est emprunté du latin polluere, « salir en mouillant, souiller », lui-même dérivé de luere, « baigner, laver, mouiller ». A la lecture des ordonnances municipales, il est vrai que la notion de « pollution », jamais citée cependant, s'applique en grande partie à la peur et au danger d'une corruption de l'eau ou par l'eau. Ce n'est qu'au début du XVIe siècle que ces mêmes ordonnances se soucient d'un autre élément : l'air.
Une Ville et ses Fumées. Penser et représenter la pollution de l'air au Creusot (1836-1939)
Annales de Bourgogne , 2021
Par leurs investissements successifs, les Schneider entraînent une densification de l’espace industriel constituant dès la fin du XIXe siècle l’une des plus grandes usines européennes. Jusqu’à son déclin progressif en 1939, cette ville industrielle se caractérise par une concentration impressionnante de procédés techniques polluants. Non circonscrites aux établissements industriels, les fumées industrielles se propagent dans les quartiers d’habitations donnant à la ville une mauvaise situation hygiénique. Pourtant, les fumées de cette ville-usine ne provoquent que peu de plaintes de la part des habitants ; ce sont davantage les observateurs extérieurs à la ville qui vont les décrire, les penser et les représenter de multiples manières. Les représentations des fumées de ce grand centre industriel évoluent en fonction des contextes économiques, politiques et sociaux du Creusot et de la France, passant d’un véritable culte des fumées à la prolifération de critiques.
"Lutum magnum et turpe inficiens". Une affaire de pollution à Avignon à la fin du Moyen Âge
Emilien SEGANTINI, 2022
[Version FR] En ville, nul besoin de chercher pour trouver des résidus de l'activité et de la consommation humaines. Des canettes de bières aux chewing-gums, des mégots de cigarettes aux cartons d'emballage ou plastiques de toutes sortes, nombreuses sont les sources de pollution de l'espace urbain. Mais qu'en était-il au Moyen Âge ? Trois actes, rédigés entre la fin du XIVème et le début du XVème siècle, conservés aujourd'hui aux Archives départementales de Vaucluse, permettent d'en savoir un peu plus sur la question. Cette contribution, prenant la forme d'une étude de cas, se veut tout à la fois stimulante, pédagogique et propédeutique. Elle cherche, d'une part, à montrer comment lire, comprendre et interpréter un document médiéval et, de l'autre, à éveiller l'intérêt du lecteur pour des problématiques qui méritent d'être approfondies. [Versione IT] In città, non c'è bisogno di cercare per trovare dei residui dell'attività e del consumo umano. Dalle lattine di birra ai chewing-gum, dai mozziconi di sigaretta ai cartoni di imballaggio o plastiche di qualsiasi tipo, ci sono tante fonti di inquinamento dello spazio urbano. Ma com'era la situazione durante il Medioevo ? Tre atti notarili, realizzati tra la fine del Trecento e l'inizio del XV secolo, attualmente conservati negli Archivi dipartimentali di Vaucluse, danno qualche risposta. Questo contributo sviluppato sotto forma di un caso di studio, vuole essere stimolante, pedagogico e propedeutico a studi futuri. Si cerca, infatti, da un lato, di mostrare come leggere, capire e interpretare un documento medievale e, dall'altro, a suscitare l'interesse del lettore su problematiche che meritano di essere approfondite. Article publié sur le site de la revue transnationale étudiante Quartier Latin : https://quartierlatinrevue.com/2022/11/07/lutum-magnum-et-turpe-inficiens/
Les fumées infernales. Débats et conflits autour des pollutions industrielles (Bourgogne, 1825-1865)
2021
L’ère industrielle en Bourgogne, marquée par la diffusion et l’utilisation du combustible phare : le charbon, apporte avec elle des pollutions d’un genre nouveau et d’une ampleur inédite. Face à une législation protectrice de l’industrie, les plaintes contre les nuisances, et plus particulièrement celles des fumées produites par les machines à vapeur et par les divers fours industriels, ne cessent de proliférer. Étonnamment, ce sont dans les zones les moins industrialisées que les conflits et les débats autour de ces pollutions sont les plus forts. Si les notables, les commerçants, les artisans et même parfois les ouvriers, soucieux de protéger leur commerce, leur propriété, leur santé, dénoncent avec vigueur ces pollutions, ce sont les agriculteurs, qui avec encore plus de forces, s’opposent aux fumées charbonneuses qui détériorent leurs récoltes et affaiblissent leur bétail. Comment ces différents groupes sociaux opèrent-ils pour dénoncer ces pollutions ? Quelles soient vécues ou redoutées, comment représentent-ils ces pollutions ? Comment conçoivent-ils la marche industrielle prise par la France ? Face aux nombreuses oppositions, les ingénieurs des mines, les autorités préfectorales et municipales, les industriels et leurs soutiens font prévaloir, en se reposant sur certains postulats médicaux, scientifiques et culturels, que ces nuisances industrielles ne sont nuisibles ni pour la santé ni pour la végétation. Par quels types de discours et d’argumentaires ces acteurs, arrivent-ils à marginaliser les plaintes pour ainsi accompagner la diffusion des établissements industriels consumant du charbon ? Ce mémoire cherche à se plonger, à travers le cas de la Bourgogne, dans les débats et les conflits qui se sont joués autour de l’industrialisation et de ses pollutions entre 1825 et 1865. Alors que l’industrialisation s’affirmait progressivement, les fumées étaient largement sources d’inquiétudes et de controverses nous permettant de repenser la question environnementale et l’émergence de l’idéologie du progrès.
The study of medieval pottery in the North of France has given archaeologists the opportunity to review the acquisition of goods for urban markets from the 12th to the 16th century. Using three well documented pottery ensembles (Paris, Tours and Strasbourg…) it has been possible to undertake a quantified synthesis in order to define the place of pottery in urban society during the medieval period. The following issues are addressed: to what extent are the observed mechanisms in urban centers similar or different from each other? Can it be defined as a system of acquisition? This comparative study based on statistical analysis provides some answers.