Récits rescapés : témoigner du parcours migratoire à la lisière du silence (original) (raw)

Récits numériques de jeunes ayant vécu l’exil. Identité, école et migration

Diversité urbaine, 2018

Le milieu scolaire québécois se démarque par la diversité culturelle qu’apportent les élèves issus de l’immigration. Parmi ces élèves, certains ont vécu l’exil. Ces différentes voix semblent cependant encore peu représentées dans la recherche en éducation. Cet article porte sur un projet qui explore différents enjeux identitaires au fil des parcours scolaires et migratoires de trois jeunes ayant le statut de réfugié. Les données de cette recherche, basée sur un atelier participatif menant à la création de récits numériques, sont issues d’outils méthodologiques qualitatifs comprenant des entrevues individuelles, un groupe de discussion et diverses réalisations de jeunes, dont les récits numériques. Les résultats témoignent de l’unicité des histoires, mais aussi de particularités sur le plan scolaire qui révèlent des formes de rupture, voire d’exclusion. Les récits numériques permettent une lecture personnelle du parcours de ces jeunes et soulignent la charge émotive qu’engendre l’imm...

Le récit migratoire ou l’identité instable

Journal des anthropologues

Dans sa célèbre description des combats de coqs, Clifford Geertz assimile la culture d'un peuple à un ensemble de textes que « l'anthropologie s'efforce de lire par dessus l'épaule de ceux à qui ils appartiennent en propre » (Geertz,1983 : 215). Interprétation des phénomènes culturels comme métalangage, que Vincent Crapanzano (1986 : 51-77) qualifie de brouillage, savamment opéré par C. Geertz, entre sa propre lecture et celle des Balinais. Ces derniers y apparaissent sous un « ils » globalisant, tandis que le « je » de l'anthropologue s'efface derrière l'autorité qu'il représente. Passage du « je » et du « tu » marquant « l'énonciation, chaque fois unique » au « il », défini comme « non-personne », mais pouvant référer à des positions objectives dans le temps et l'espace (Benveniste, 1981 : 251-257). Ainsi la figure masquée du dieu de la ruse, Hermès, introduit-elle le trouble au coeur du travail anthropologique. N'a-t-il pas une double ambition paradoxale : la révélation de l'autre-l'autre culture-dans son étrangeté et l'interprétation qui passe par la mise en texte de fragments divers-événements, paroles, mythes collectifs-de cette culture ? Le traitement des différences qui serait au coeur de l'activité de l'anthropologue apparaît contradictoire avec la portée universaliste de son propos. Non qu'il faille réduire ce paradoxe à l'opposition entre le recueil de données ou faits bruts par l'ethnographie et leur interprétation qui est le rôle de l'ethnologie. L'opposition concerne le double rapport du chercheur à ses interlocuteurs, d'une part, qui lui donne à lire leur culture et à ses lecteurs, d'autre part, pour qui il doit produire un discours qui fasse autorité.

Après la catastrophe : mémoire, transmission et vérité dans les témoignages de rescapés des camps de concentration et d’extermination nazis

Civilisations, 2007

Dans cet article, nous évoquerons la question des témoignages de la Shoah et des circonstances de leur énonciation. A cet effet, nous décrirons cet objet sociodiscursif particulier qu'est le témoignage, en détaillant ses composantes définitoires (certification autobiographique, pacte de référentialité, portée collective, etc.), en réfléchissant sur les conditions de son accréditation et en le comparant aux autres modalités et stratégies discursives (discours de l'historien, récit littéraire, etc.) utilisées pour transmettre cette réalité extrême et non partagée de la déportation et de l'expérience concentrationnaire.