Explorer les marges et les lieux du romanesque dans l’œuvre de Maylis de Kerangal (original) (raw)

Mémoire de recherche "La description dynamique chez Maylis de Kerangal"

"La description dynamique chez Maylis de Kerangal", 2012

Mes remerciements vont à l'ensemble de mes proches qui m'ont soutenue tout au long de mon projet, à ma mère pour ses nombreuses relectures, à ma soeur pour la lecture finale, à mon mari pour son soutien quotidien. Mais c'est surtout à mon professeur, madame Cousseau que je tiens à exprimer ma plus profonde reconnaissance. Pour son soutien, sa disponibilité infaillible, ses nombreuses directives et corrections ainsi que pour la confiance qu'elle m'a accordé. Je remercie enfin Maylis de Kérangal pour le temps qu'elle m'a consacré en dépit d'un emploi du temps bien chargé, ainsi que pour les nombreux éclaircissements sur son oeuvre. « Je fais plutôt partie des auteurs qui n'étaient pas des ''bons qu'à ça'', pour le dire comme disait Beckett, ''je suis un bon qu'à ça'' et en fait moi c'est quelque chose que j'ai découvert assez tard. J'ai mis du temps à conjuguer le verbe ''être'' avec écrivain, c'est-à-dire, ''on est écrivain'', le rapport à l'essence, à l'être, être écrivain qu'est-ce que ça voulait dire. Je crois plutôt que j'ai découvert [ma vocation] lors du passage à l'acte de l'écriture du premier livre, qui a toujours à la fois l'aspect soudain et assez fragile et sur lequel on a d'ailleurs assez peu de prise » 2. Ce n'est donc pas en tant qu'écrivaine, mais dans une maison d'édition que Maylis de Kérangal commence à travailler. À 23 ans en effet, elle est recrutée par Gallimard, qui prépare une nouvelle collection de guides internationaux sous la direction de Pierre Marchand. Son travail consiste à commander des textes à des spécialistes dans des domaines culturels très variés, puis à les réécrire en les harmonisant. « Je ne savais pas que ça me servirait autant aujourd'hui. Le travail sur la documentation dans l'écriture, la notion du réseau : tu tires un fil et tu rencontres une personne qui te renvoie sur une autre, etc. » 3. Peu de temps après, elle prendra une disponibilité pour suivre son mari aux Etats-Unis, où elle vivra pendant quelques mois et écrira son premier roman intitulé Je marche sous un ciel de traîne.

« Du moins, je l’imagine ». Les reportages littéraires de Maylis de Kerangal ou comment imaginer le réel

Études françaises, 2021

Si dans l’oeuvre de Maylis de Kerangal, le réel se fait matériau privilégié de l’écriture de la fiction, inversement, dans Un chemin de tables (2016) et dans Kiruna (2019), la fiction est le matériau et la méthode privilégiés de l’écriture du réel. Dans cet article, il est question de l’articulation entre réel et fiction au sein de textes hybrides que nous considérons comme des reportages littéraires. Ces deux récits mettent en lumière des enjeux sociaux (notamment la concurrence dans le milieu du travail et les écueils du capitalisme) et nuancent la recherche documentaire et l’enquête de terrain selon une esthétique. La saisie du réel est structurée par les procédés littéraires de la fiction sans qu’en souffre la dimension documentaire de l’entreprise.

Etude de l’espace dans l’oeuvre romanesque de Mohammed DIB

2019

Je remercie ma directrice de recherche Juliette Vion-Dury. Sans son soutien, ses conseils judicieux et son accompagnement ce travail n'aurait jamais pu voir le jour. Je remercie également mon cher ami Arthur Franco qui a su me redonner confiance à un moment où le doute allait avoir raison de moi. Je remercie aussi très chaleureusement les membres de la petite famille du secrétariat scientifique du GIS « Jeu et Sociétés » : Élisabeth Belmas, Lichao Zhu et Boris Noyet.

La Marginalité dans l'oeuvre romanesque de Cyprian Ekwensi

Atelier National de Reproduction des Thèses, 1997

Dans le Nigeria decrit par Cyprian Ekwensi l'independance ne semble pas tenir ses promesses. Au grand désespoir des intellectuels et du reste des citoyens, le pays est handicapé par des difficultés de tous ordres. Economiquement, politiquement et socialement, le Nigeria donne l'impression de fonctionner à côté de ses propres principes. La marginalisation progressive du pays déclenche celle des citoyens qui adoptent volontiers des comportements marginaux pour tenter de survivre dans un pays qui semble totalement en panne. Ce sont ces comportements qui servent de base de réflexion à Cyprian Ekwensi pour accomplir sa mission d'écrivain-pedagogue. Pour négative qu'elle paraisse, cette marginalité des citoyens, est aussi le signe d'une société qui tente de trouver ses marques dans une Afrique moderne.

Les secrets du Graal et la naissance de l’espace romanesque

n Françoise Gevrey, Alexis Levrier et Bernard Teyssandier, Ethique ,Poétique et esthétique du secret de l’Ancien Régime à l’époque contemporaine, Leuven-Paris, Peeters, 2015, p.219-232., 2015

Au début du XIIIe siècle, quand le roman en vers se soumet au dérimage, le Graal apparaît comme un signe disponible, un signifiant vide en quelque sorte, autour duquel le roman, en vers d’abord et en prose ensuite, se cherche et se construit. Le sens du roman, ou ce qu’on appelle à l’époque sa ‘senefiance’, n’existe que dans la circonlocution d’un indicible. Cette idée est soutenue ici, à travers la lecture du Roman de l’Histoire du Graal de Robert de Boron, écrit en vers aux environs de 1205, dérimé peu après par son auteur même et intégré dans un petit cycle en prose, où il réapparaît sous le nouveau titre de Joseph. Dans ce cycle en prose il est suivi d’un Merlin et d’un Perceval. Ce bref roman qui, sur le plan thématique, relie l’histoire de Perceval et du Graal inaugurée vers 1180 par Chrétien de Troyes à l’histoire de la Passion du Christ, peut être lu comme un effort d’autodéfinition d’un nouveau genre en prose, dont il est en effet l’une des toutes premières illustrations. Cet effort d’autoréflexion recouvre plusieurs dimensions : morale, rhétorique, poétique et sémiotique.

Topographier pour comprendre l’espace romanesque

Pourquoi topographier l’espace romanesque ? Comment écrire les lieux ? À l’aide de cartes, comme le font les géographes ? On peut s’évertuer à confectionner des atlas de la littérature, mais on peut aussi aller plus loin qu’un simple repérage. D’ailleurs, les géographes eux-mêmes ne font pas des cartes dans le seul but de transcrire les lieux ; toute carte répond à une motivation spécifique. Si la découverte première d’un espace fictionnel donne souvent l’impression de s’immerger dans un autre univers, l’analyse conduit à revisiter tous ces lieux devenus familiers et à saisir avec plus d’acuité les lignes de force, les paysages et les subtilités de l’espace romanesque. Entre les deux pôles du texte littéraire, l’écriture et la lecture, j’ai choisi de privilégier le second, pour la bonne et simple raison que c’est le seul que je connais de près, pour l’avoir expérimenté maintes et maintes fois, avec passion. Le critique littéraire, ou le chercheur en littérature, ne fait pas que traverser les lieux du roman en compagnie des personnages : vient un moment où il les incorpore à son analyse, parfois à son insu, où il se livre à une topographie romanesque. Dans quelle mesure les conceptions spatiales propres au lecteur colorent-elles la topographie qui en résulte ? Sommes-nous condamnés à reconduire sans cesse les préconceptions ou les lieux communs dont nous sommes pétris ? Le roman peut-il nous amener à « lire » la Terre autrement ? Peut-il transformer notre rapport à l’espace réel ? Afin de mieux comprendre l’élaboration des configurations spatiales, je prendrai comme point de départ un roman géographique : La quarantaine, de J. M. G. Le Clézio. Publié en 1995, il a pour cadre l’Océan Indien, et en particulier l’île Plate, située tout près de l’île Maurice.

« Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal : une pensée du midi ? », Babel, n° 40, 2019, p. 379-391.

Le roman Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal se prête à une lecture méditerranéenne sous le patronage d’Albert Camus et de Paul Valéry. L’écrivaine déploie une philosophie du midi qui affirme l’importance du sensible et de la présence au monde, autant de motifs qui irriguent « la pensée de midi ». L’imaginaire hellénique côtoie phénoménologie et humanisme pour fonder une métaphysique propre à la Méditerranée. Corniche Kennedy se définit ainsi comme une tragédie solaire qui représente l’intensité et l’acceptation de la finitude comme les deux versants du monde méditerranéen.