« Du moins, je l’imagine ». Les reportages littéraires de Maylis de Kerangal ou comment imaginer le réel (original) (raw)

Explorer les marges et les lieux du romanesque dans l’œuvre de Maylis de Kerangal

Fabula, 2023

Dirigé par Marie-Pascale Huglo, le présent dossier examine l’écriture de Maylis de Kerangal à l’aune du romanesque et de ses effets – stylistiques, thématiques, génériques – protéiformes. Ce postulat initial permet une véritable exploration des lieux du romanesque kerangalien, jusque dans ses marges et ses frontières. Nombreuses et variées, les diverses interventions écorcent le paradoxe inhérent à l’œuvre de cette autrice en abordant à nouveaux frais l’intrication féconde à l’origine de son écriture, soit l’oscillation sans cesse renouvelée entre le réel et le fictionnel, entre l’érudition aux confins de l’anthropologie et l’imaginaire, bref, entre l’impulsion documentaire et l’échappée vers un ailleurs qui s’exhibe dans toute son artificialité et sa force créatrice. Directed by Marie-Pascale Huglo, this publication studies the numerous, ever-changing effects – be they stylistic, thematic or generic – of fiction in Maylis de Kerangal’s work. From this starting point begins a thorough exploration of the places of fiction as they are built in the kerangalian aesthetic, going as far as their margins and borders. The many diverse research works bring light to the inherent paradox in the author’s work by studying anew the fertile intricacy through which her writing begins : the ever-renewed swaying between real and fictional, between fantasy and an erudition bordering on anthropologic study – in short, between the urge to document and the desire to escape elsewhere, towards a place exposing its own artificiality and creative power.

« Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal : une pensée du midi ? », Babel, n° 40, 2019, p. 379-391.

Le roman Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal se prête à une lecture méditerranéenne sous le patronage d’Albert Camus et de Paul Valéry. L’écrivaine déploie une philosophie du midi qui affirme l’importance du sensible et de la présence au monde, autant de motifs qui irriguent « la pensée de midi ». L’imaginaire hellénique côtoie phénoménologie et humanisme pour fonder une métaphysique propre à la Méditerranée. Corniche Kennedy se définit ainsi comme une tragédie solaire qui représente l’intensité et l’acceptation de la finitude comme les deux versants du monde méditerranéen.

La fiction de Madame de Genlis, espace d’interrogation

RELIEF - REVUE ÉLECTRONIQUE DE LITTÉRATURE FRANÇAISE, 2013

Le genre romanesque constitue un espace propice où s'interroger sur un sujet d'actualité au dix-huitième siècle : la vertu. Au lieu d'orienter la destinée de ses héroïnes vers l'expiation de leurs fautes, Mme de Genlis insiste plutôt sur l'autonomie et évite de faire des principes émis par l'ordre social les balises de la conduite de ses héroïnes. Comment les personnages féminins sont-ils amenés à réaliser leur potentiel, à agir en fonction de l'idée qu'ils se font de leurs rôles et de leur identité ? Quels recours sont à leur disposition ? À une époque où les femmes se voient assigner le rôle de gardienne des valeurs morales et des bonnes moeurs, fonction que les livres de conduite et les manuels de civilité mettent de l'avant (Linton, Bérenguier), plusieurs romanciers privilégient la dimension sacrificielle de la vertu, mettant l'accent sur le combat intérieur, l'« arrachement à soi, [le] dépassement de la nature » (Mauzi, 603) qu'elle implique, de même que sur sa dimension altruiste qui l'apparente à un « dessaisissement de soi au profit des autres » (Mauzi, 581). Marie-Jeanne Riccoboni, Françoise de Graffigny et Isabelle de Charrière qui, à travers leurs romans, dénoncent la morale réduisant la vertu féminine à la chasteté et faisant en sorte que « l'homme n'obéit pas aux mêmes lois que la femme, et qu'il a tendance à abuser des droits que lui attribue la société » (Ku

Mémoire de recherche "La description dynamique chez Maylis de Kerangal"

"La description dynamique chez Maylis de Kerangal", 2012

Mes remerciements vont à l'ensemble de mes proches qui m'ont soutenue tout au long de mon projet, à ma mère pour ses nombreuses relectures, à ma soeur pour la lecture finale, à mon mari pour son soutien quotidien. Mais c'est surtout à mon professeur, madame Cousseau que je tiens à exprimer ma plus profonde reconnaissance. Pour son soutien, sa disponibilité infaillible, ses nombreuses directives et corrections ainsi que pour la confiance qu'elle m'a accordé. Je remercie enfin Maylis de Kérangal pour le temps qu'elle m'a consacré en dépit d'un emploi du temps bien chargé, ainsi que pour les nombreux éclaircissements sur son oeuvre. « Je fais plutôt partie des auteurs qui n'étaient pas des ''bons qu'à ça'', pour le dire comme disait Beckett, ''je suis un bon qu'à ça'' et en fait moi c'est quelque chose que j'ai découvert assez tard. J'ai mis du temps à conjuguer le verbe ''être'' avec écrivain, c'est-à-dire, ''on est écrivain'', le rapport à l'essence, à l'être, être écrivain qu'est-ce que ça voulait dire. Je crois plutôt que j'ai découvert [ma vocation] lors du passage à l'acte de l'écriture du premier livre, qui a toujours à la fois l'aspect soudain et assez fragile et sur lequel on a d'ailleurs assez peu de prise » 2. Ce n'est donc pas en tant qu'écrivaine, mais dans une maison d'édition que Maylis de Kérangal commence à travailler. À 23 ans en effet, elle est recrutée par Gallimard, qui prépare une nouvelle collection de guides internationaux sous la direction de Pierre Marchand. Son travail consiste à commander des textes à des spécialistes dans des domaines culturels très variés, puis à les réécrire en les harmonisant. « Je ne savais pas que ça me servirait autant aujourd'hui. Le travail sur la documentation dans l'écriture, la notion du réseau : tu tires un fil et tu rencontres une personne qui te renvoie sur une autre, etc. » 3. Peu de temps après, elle prendra une disponibilité pour suivre son mari aux Etats-Unis, où elle vivra pendant quelques mois et écrira son premier roman intitulé Je marche sous un ciel de traîne.

Métalepse et image de soi de l’auteur dans le récit de fiction

Argumentation et analyse du discours, 2009

Ce document a été généré automatiquement le 23 septembre 2019. Argumentation & analyse du discours est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 4.0 International.

Colette Fellous : Imag-iner le texte littéraire

Continents manuscrits

Colette Fellous, née en 1950, a quitté la Tunisie en 1967, au lendemain des émeutes qui ont éclaté pendant la guerre des Six Jours. Installée à Paris, elle étudie la littérature et la philosophie, tout en étant un temps actrice au théâtre des Quartiers d'Ivry. Elle participe au séminaire dirigé par Roland Barthes, qui, en 1975, lui recommande de se lancer dans l'écriture. Elle publie à partir de 1982 des récits par lesquels elle évoque un retour vers son pays natal : D'un roman à l'autre, le lecteur est associé à l'expérimentation exaltée d'une mobilité thérapeutique, rendue par la vivacité de cette poétique de la remémoration si sensible aux variables polyphoniques, attentive à la convergence fluide des voix, aux superpositions des langues et alternances de mots français, espagnols, italiens, chargée de l'évocation de bribes d'histoire 1. Colette Fellous : Imag-iner le texte littéraire Continents manuscrits, 18 | 2022 SAMIA KASSAB-CHARFI SAMIA KASSAB-CHARFI est enseignante à l'université de Tunis, spécialiste de la littérature des Antilles et de la littérature tunisienne, elle mène pour Continents Manuscrits, un échange avec Colette Fellous sur le rapport à l'image, dans la perspective de la production du texte.