Paul Airiau - Le thomisme imperatif categorique de la theologie - version longue (original) (raw)

Airiau Reguler la pluralite catholique version edition

Paul Airiau La chose est bien connue : : : avec la constitution de mouvements accompagnant le cycle de vie des militants adolescents, la recherche de nouvelles modalités apostoliques, le développement de la « théologie nouvelle », une nouvelle valorisation de l'engagement socio-civique et la dévalorisation partielle de l'épiscopat, le catholicisme français sort de la Deuxième Guerre mondiale plus fragmenté qu'il n'y était entré, et avec une potentialité de pluralisation renforcée. Or, depuis les années 1930, la logique épiscopale est à l'unification des mouvements catholiques dans l'action catholique, au moins à l'articulation solide avec elle. Contrôler la pluralité pour préserver une relative unité et maintenir la primauté de l'action catholique devient un enjeu du gouvernement épiscopal. Ainsi s'explique, parmi les nombreuses prises de positions de l'épiscopat des années 1945-1970, le nombre relativement important des rappels à l'ordre, mises en garde, blâmes, sanctions, visant tant des groupes et positions jugés « de gauche » que des organismes estimés « à droite ». On peut les analyser en termes de balancement ou d'oscillation entre droite et gauche, destinés à tracer une via media, chaque inflexion se produisant selon des modalités spécifiques 1. Reste à savoir malgré tout si cettee grille d'analyse, rapatriant au sein du catholicisme la polarisation issue du champ politique, rend pleinement compte du positionnement épiscopal. DÉCLARATIONS PUBLIQUES Pour avancer dans cettee question, on peut partir d'abord des déclarations publiques de l'ACA, de sa commission permanente, de la commission permanente de la CEF et des assemblées plénières des évêques, éclairées avec les archives de l'ACA et de la CEF. On ne retiendra d'abord que les semonces, en laissant de côté tout ce qui relève du contrôle de l'action catholique, de l'enseignement catholique ou des matières temporelles 2. La moisson est maigre, avec treize textes répartis en deux périodes distinctes.

Théoriser en phénoménologie : de l'apodicticité à l'incarnation chez Maurice Merleau-ponty

Le statut de la théorisation en phénoménologie a fait l’objet de nombreuses dé nitions, de Husserl à Marc Richir, en passant par Fink, Heidegger ou Merleau-Ponty. Ré échir à ce statut implique une analyse critique du lieu depuis lequel est émise une théorisation, et de sa posture d’énonciation : qui parle, lorsque le/la phénoménologue ressaisit, dans un geste théorisateur, l’expérience de la réduction ou de la description eidétique, et quelle spéci cité distingue ce langage transcendantal du langage mondain ? Comment éviter que ce niveau, phénoménologique, ne retombe dans la «naïveté» psychologique de l’expérience mondaine ? Qu’est-ce qui, en retour, le garde contre la dogmatisation, menaçant toute perspective de théorisation trop soucieuse d’inscrire sa posture énonciative dans un surplomb de ce dont elle parle ? Le propos ici sera de rendre compte de la position discursive propre à la théorisation phénoménologique, et plus particulièrement chez Merleau- Ponty, de manière à mettre en exergue l’a ectivité indissociable de la théorisation.

Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse

Archives de sciences sociales des religions, 2008

La publication en 1912 des Formes élémentaires de la vie religieuse constituait la pièce dernière de ce que l'on pourrait appeler la tétralogie de Durkheim, après De la division de travail social (1893), Les Règles de la méthode sociologique (1895), et Le suicide (1897). S'il est peut-être moins fréquenté, et moins sollicité par les sociologues, que les ouvrages antérieurs, c'est sans doute de se confronter, au-delà des problèmes de classification sociale, de méthodologie ou de formatage social d'un comportement individuel, à une « réalité sociale » d'une extrême complexité, qui paraît échapper, par toutes ses composantes, à une saisie et une intelligibilité sociologique fondées en raison de science. Disons-le d'emblée : à partir d'une exigence méthodologique que l'on peut sur bien des points contester, les Formes opèrent un déplacement radical, et donc bouleversant, de l'« invention » sociale de la « vie religieuse ». Ce déplacement, et cette « invention », ont nourri le meilleur de nos « sciences sociales des religions », et n'ont pas fini de mettre à l'épreuve leurs schémas explicatifs. Oui, ces Formes sont de très exacte actualité, et le plaisir de leur (re)lecture, est à la mesure de leur fécondité. Le défi durkheimien n'était pourtant pas si facile à relever : pour comprendre la genèse d'une « pensée religieuse », il fallait remonter le temps, venir à la source où, pouvait-on penser, plus claire serait l'eau, et plus nettes les premières manifestations du sacré. L'anthropologie des peuples « primitifs » (William, Tylor, Spencer, Frazer, Lang, etc.) et les recherches fin de siècle sur les pratiques cultuelles des « tribus » australiennes, dessinaient en creux le site même que voulait explorer Durkheim : sociétés closes, unifiées, religiosité en ses moments initiaux, rites et cérémonies à l'état assez achevé pour qu'ils puissent être analysés comme « fait total », assez proches cependant d'un supposé « temps zéro » pour qu'on puisse les tenir pour primaires, donc « premières ».

Chimie grammaticale. Modèles théoriques de l’épistémologie Tesnieriènne

Linguistica

CHIMIE GRAMMATICALE. MODELES THEORIQUES DE L'EPISTEMOLOGIE TESNIERIENNE. [ ... ] toutes les substances que nous n'avons pas encore pu decomposer par aucun moyen sont pour nous des elemens; non pas que nous puissions assurer que ces corps que nous regardons comme simples ne soient pas eux-memes composes de deux ou d'un plus grand nombre de principes, mais puisque ces principes ne se separent jamais, ou plutot puisque nous n'avons aucun moyen de les separer, ils agissent a notre egard a la maniere des corps simples et nous ne devons les supposer composes qu' au moment ou 1' experience et l'observation nous en auront foumi la preuve. 1

La pertinence ecclésiologique de la théorie de l'institution de Maurice Hauriou

2008

La définition de l’institution par Maurice Hauriou en 1925 comme « idée d’œuvre » qui se réalise à travers un pouvoir organisé et des manifestations de communion, permet de rendre compte de la pression instituante décrite par les sociologues contemporains dans le cadre de la dialectique de l’institué et de l’instituant, mais en évitant l’interprétation négative des processus d’institutionnalisation. Sa pertinence ecclésiologique se vérifie dans six thèses qu’elle permet de dégager : l’institution ecclésiale a pour « idée d’œuvre » le Royaume de Dieu, elle s’appuie sur l’action et l’initiative des baptisés. Son mouvement d’incorporation aboutit au Christ total, à travers une vie synodale qui manifeste sa communion dans l’Esprit, force instituante qui la conduit vers le Royaume du Père.

Sens et contresens herméneutique du mot theologia chez Bonaventure

Revue Thomiste, 2002

Dans le cadre d’une question disputée d’exégèse sur le sens du mot theologia chez Bonaventure, cette contre-réponse s’attache à lever les objections avancées par E. Falques. Aucune de ces dernières ne semble en mesure d’invalider la synonymie, générale au XIIIe siècle, entre theologia et sacra scriptura. Les textes de Bonaventure résistent à une lecture contraire, qui voudrait entendre theologia au sens moderne du mot « théologie ». Mais des habitudes interprétatives vieilles de plusieurs siècles ne se réforment pas aisément.

92. Prolegomenes au Corpus Canonum de l'Eglise (In French)

1er -9e siècles) Le texte des Saints Canons ecclésiaux Thessalonique-Katérini, Éditions Épektasis, 2015 2 PROLÉGOMÈNES « C'est avec joie que nous chérissons les divins Canons, et, de manière inébranlable, retenons l'ensemble de leurs ordonnances ; ils ont été édictés par les illustres Apôtres, les saints Conciles oecuméniques, les Conciles réunis localement et par nos saints Pères. Tous, en effet, étaient éclairés par l'unique et même Esprit pour définir ce qui est utile ». (VIIe Concile oecuménique de Nicée-787).

Catégorie constitutive et catégorie réflexive chez Emil Lask. Un formalisme À l’orée de la phénoménologie

Les Études philosophiques, 2017

Catégorie constitutive et catégorie réflexive chez Emil Lask La formalisation à l'orée de la phénoménologie De tous les philosophes qui retiendront notre intérêt aujourd'hui, Emil Lask est vraisemblablement le philosophe qui présente le plus explicitement son projet philosophique comme l'analyse de la « doctrine des catégories » qui est en jeu dans la connaissance philosophique-une doctrine des catégories qui est aussi appelée « logique de la philosophie » pour cette raison, ce que j'aurais à commenter ultérieurement. C'est ce projet singulier d'analyse de la doctrine des catégories mobilisée dans la connaissance que j'aimerais ici présenter et interroger. Je vais commencer, en introduction, par préciser l'arrière-plan philosophique où se situe la démarche de Lask. Un mot très rapide sur la figure d'Emil Lask pour commencer. Car il est indéniable que Lask est un philosophe relativement méconnu, ici peut-être un peu moins qu'ailleurs, en tout cas peu lu : on sait surtout de lui qu'il est mort prématurément en 1915, à 40 ans, sur le front des Carpates et on le considère comme un néokantien de l'école de Bade, fortement marqué par ses échanges avec Heinrich Rickert. Tout chercheur « heideggérien » connaît cependant, grâce aux travaux initiés par Theodor Kisiel, puis repris en France par Françoise Dastur, Jean-François Courtine et d'autres, sa grande influence sur les premiers écrits de Heidegger. Il n'est pas dans mon intention d'en dire beaucoup plus ici sur le personnage. Je rappellerai seulement, pour la bonne intelligence de son propos, que l'oeuvre qui présente la doctrine des catégories sur laquelle je vais m'appuyer, à savoir La logique de la philosophie et la doctrine des catégories, date de 1911. À cette époque, Lask a lu les Recherches logiques de Husserl qu'il cite en note à quelques reprises. Plus généralement, il est très fortement marqué, comme Heinrich Rickert par la figure de Hermann Lotze et sa théorie de la valeur mais aussi par l'objectivisme sémantique de Bernard Bolzano : deux influences que j'aurais à préciser. De manière plus ambivalente, et c'est par ce fil que je commencerais par présenter la position de Lask, comme tout néokantien, il inscrit d'abord sa démarche dans le sillon de l'entreprise critique kantienne, pour la contester à son fondement. Il est clair que, le projet de proposer une nouvelle doctrine des catégories transcendantales, libérées des présupposés de la logique métaphysique, est un projet kantien à l'origine. Rappelons en effet que, dans la logique de la démarche transcendantale qui est la sienne, et donc de la recherche sur les