La théodicée perdue. Les vérités éternelles et la fragilité de la raison moderne (original) (raw)

Le débat de la pertinence existentielle de la théodicée. Positions, enjeux et éclairages sur les rapports entre théorie et pratique

Theologiques, 2007

La question du mal s'avère une question fondamentale pour tout croyant, qu'il doit éventuellement se poser un jour ou l'autre. Cette question, et la réponse qui s'ensuit, prend souvent la forme d'une théodicée qui tente d'articuler, en régime monothéiste, mais plus particulièrement chrétien, l'idée de l'existence d'un Dieu tout-puissant et infiniment bon. De manière plus schématique, cette question se formule de la manière suivante : « Si Dieu est tout-puissant et infiniment bon, pourquoi permet-il l'existence du mal dans le monde ? » À cette question, les théologies essaient d'apporter leurs propres éléments de réponse. Certaines revendiquent une préséance totale de la liberté humaine, dont le corollaire inévitable serait la possibilité de faire le mal chez l'être humain. D'autres prescrivent une pédagogie divine, où le mal et les épreuves qui en découlent pour les êtres humains constituent autant d'occasions pour ces derniers de s'améliorer et de se dépasser spirituellement. D'autres encore font appel à l'oeuvre du démon, qui serait à l'origine du mal par les tentations qu'il offre aux humains 1. Le nombre impressionnant de théodicées qui ont été élaborées en contexte chrétien témoigne de la complexité de la question du mal. Celleci peut prendre différentes formes et peut être typologisée de maintes façons. Une première façon classique d'appréhender la question consiste à distinguer le mal naturel, qui renvoie aux cataclysmes justement « naturels »-1. Pour un panorama des différentes interprétations possibles quant à la question de l'origine du mal, nous renvoyons au livre très éclairant de Barry Whitney (1989).

La banalité d'Eichmann: une moderne théodicée

2011

Il y a cinquante ans se tenait le procès d'Adolph Eichmann. Le procès de Jérusalem de 1961 est l'un des lieux où s'est forgé notre langage conceptuel et moral sur les crimes de masse, que ce soit dans la reconnaissance des victimes juives de la « solution finale » [1], dans la perception des criminels nazis, ou par la manière dont la banalité d'Eichmann s'est imposée comme un nouveau paradigme, celui du crime bureaucratique et logistique, sans volonté de mal.

La théodicée aux prises avec le cartésianisme : une réponse métaphysique et éthique au mal.

Revue de théologie et de philosophie , 2018

LA THÉODICÉE AUX PRISES AVEC LE CARTÉSIANISME Une réponse métaphysique et éthique au mal AURÉLIEN CHUKURIAN Résumé L'article envisage la manière dont Descartes et Leibniz, sur des bases philosophiques propres, proposent deux modèles de théodicée qui, en dépit de différences indéfectibles, se rejoignent dans leur façon de se situer sur des plans métaphysique et éthique tenus pour indissociables. Nous partirons de Leibniz, en assumant le caractère anachronique de ce choix, pour déterminer, à titre heuristique, une théodicée cartésienne. Le fil rouge du propos sera double : mesurer les points de rupture et de convergence entre Descartes et Leibniz à l'endroit de la théodicée et montrer comment l'ancrage cartésien permet de penser à nouveau frais la théodicée aujourd'hui en lui attribuant une pertinence.

En quel sens la philosophie hégélienne de l’histoire est-elle une théodicée ?

Revue de Métaphysique et de Morale, 2015

L’article examine en quel sens Hegel présente sa philosophie de l’histoire comme une «théodicée». Les hypothèses défendues sont les suivantes : pour Hegel, le mal n’est pas la cause positive mais ce contre quoi le bien s’établit ; s’il serait absurde de soutenir que le mal n’existe pas, en revanche il est vrai que le bien est vainqueur ; cependant le mal présent dans un moment quelconque n’est vaincu qu’«idéellement», dans la mesure où cette victoire signifie seulement que le moment ultime, dans un cycle systématique, se réconcilie en lui-même en se subordonnant le mal des moments précédents.

Éthique et fondation ultime de la raison. Considérations sur un ouvrage de Vittorio Hösle

Laval théologique et philosophique, 1994

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3. La réalité raisonnée dans le jardin d'Eden

Après la création des humains dans le deuxième chapitre de la Genèse, le chapitre suivant décrit la vie dans ce qu’on appelle le jardin d’Éden. Contrairement aux interprétations traditionnelles de cette histoire, la vie dans le jardin d'Éden n'est pas considérée comme un idéal que les humains ont perdu en contrariant la divinité, mais plutôt comme une vie très similaire à celle de tout animal vivant des ressources qui sont naturellement disponibles sans la possibilité d’utiliser l’environnement pour créer leurs propres besoins et les satisfaire. La raison pour laquelle les animaux ne peuvent pas développer les moyens de subvenir à leurs propres besoins est qu’ils ne sont pas dotés de la créativité qui est l’image de Dieu, capacité dont seuls les humains sont dotés. Bien que les humains soient créés avec la capacité de penser et de créer ce qui n'est pas naturellement disponible dans leur environnement, l'exercice de la pensée et de cette créativité doit être une activité autoinitiée et non une fonction naturelle telle que la respiration, l'alimentation, etc. Le moment où les humains ont exercé pour la première fois leur capacité de penser est décrit à travers l’histoire de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Bien que les humains soient informés par Dieu de la présence d'un tel arbre dans le jardin et des risques qu'ils prendraient s'ils décidaient d'en manger, Dieu ne les informe pas sur le but de cet arbre, et ils ne se sont jamais demandés ou posés des questions. Le premier humain qui s'est visiblement demandé quel était le but de cet arbre fut la femme qui vint l'examiner lorsqu'un serpent lui informa que le but de l'arbre était de permettre aux humains de comprendre la différence entre le bien et le mal, et donc de devenir comme Dieu de ce point de vue. Puisque tout processus de réflexion implique de choisir entre des alternatives, Ève a dû décider si risquer la mort était un prix à payer pour avoir le privilège de connaître la différence entre le bien et le mal, et elle a décidé que le prix en valait la peine, de sorte qu'elle n'a pas hésité non seulement à manger de l'arbre, mais elle a même offert des fruits à son mari. En exerçant la capacité de penser, qui est la clé de toute activité créatrice, les humains ont décidé de créer quelque chose que Dieu n'avait pas fait et dont il n'y avait aucune nécessité objective, c'est-à-dire de créer des tabliers faits de feuilles de figuier cousues pour couvrir les parties intimes de leur corps. Par conséquent, la Bible utilise la honte et le fait de couvrir les parties intimes comme premier exemple de ce que j’appelle la réalité raisonnée. Après avoir acquis la capacité de distinguer le bien du mal, Adam et Ève ont dû être expulsés du jardin d'Éden, car ces lieux sont dominés par le pouvoir et la peur de la mort, pour lesquels les serpents ont toujours été des symboles universels et où développer les connaissances et faire des découvertes ont toujours été les crimes les plus graves. C'est pour cette raison que Jésus utilise le fait de manger de l'arbre dans le jardin d'Éden comme cadre pour le repas de communion avant d'être lui-même retiré du jardin de Gethsémani pour être crucifié. La raison pour laquelle Jésus a dû être tué était que le jardin d'Éden représente des sociétés dans lesquelles la réalité raisonnée est basée sur le pouvoir et la peur de la mort qui ne peuvent tolérer ce qui est bon, tandis que Jésus préconisait une société dans laquelle la réalité raisonnée est basée sur le service qui promeut ce qui est bon pour tous. Puisque la religion et les temples ont été les moyens par lesquels la réalité raisonnée a été établie, Jésus a explicitement affirmé qu'il rejetait la réalité raisonnée traditionnelle et en préconisait une autre en demandant que le temple soit détruit afin qu'il en construise un nouveau.

La vérité : perspectives philosophiques et théologiques

This article refutes several theological and philosophical objections against the classical correspondence theory of truth, and shows that alternative theories (i.e. pragmatism, coherence theory, verificationism, relativism) cannot replace it. While defending the correspondence theory of truth, this article explains how the doctrine of creation also enables us to take into account the personal and plural dimensions of all human knowledge and thus reach a richer understanding of the classical view.

La pure perte. Le discours philosophique à l’épreuve de la mort

Transversalités, 2022

Il s’agit dans ce bref essai de s’interroger sur ce que le discours philosophique peut exprimer de la mort. Tout semble, d’un point de vue philosophique, rendre impossible la restitution fidèle de l’expérience de la mort. Et pourtant le discours philosophique ne cesse de s’emparer de cet objet. Au prix de plusieurs déplacements. L’objectif que nous poursuivons est alors – sous la forme d’un cheminement dont la méthode d’investigation consiste à suivre les déterminations majeures que l’expérience de la mort fait subir au discours philosophique – de penser une philosophie de la mort comme une philosophie de la perte et même de la pure perte. Si la philosophie est bien souvent séduite par les conceptualités (socio-historiques et esthétiques essentiellement) qui l’avoisinent, il nous reviendra d’interroger ces usages dans un premier moment, avant de montrer en quoi les philosophies et plus généralement les réflexions sur la perte (comme la psychanalyse freudienne et l’économie générale de Georges Bataille) nient ou neutralisent la perte dans une approche systématique. What a philosophical discourse can express about death? From a philosophical point of view, a faithful restitution of the death’s experience seems impossible. And yet the philosophical discourse constantly tries to seize this object. It inevitably costs several transformations of the object and of the discourse. Our method of investigation consists in following the main ways that the experience of death determines the philosophical discourse. If philosophy is very often seduced by the conceptualities (especially socio-historical and aesthetic) that surround it, we question these uses in a first moment, before showing in what way philosophies and more generally discourses on loss (like Freudian psychoanalysis and Georges Bataille’s general economy) deny or neutralize loss in a systematic approach. This essay leads to think a philosophy of death as a philosophy of the loss and even of the pure loss.