Les migrations du travail en Israël. Du travailleur palestinien à l'immigré d'outre-mer (original) (raw)

L’immigration en Israël : un prisme d’observation privilégié des changements sociaux (2007)

Questions internationales, la Documentation française, n°27, pp.64-65. , 2007

The Demographic predicament (la difficile situation démographique), tel est le titre de l'a rticle publié par Sergio DellaPergola début juillet 2007 dans les colonnes du quotidien israélien The Jerusa/em Post. Spécialiste de renomm ée mondiale de la démographie israélienne et des relations entre Israël et la diaspora juive, Sergio Della Pergola recense dans sa cont ribution l'ensemble des questionnements qui lie démographie et société en Israël. Il met en lumière toute la complexité du rapport qu 'entretient encore actuellement l'État israélien avec sa population. Majorité démographique, sécurité, rapport au religieux, ethnicité et formes de l'appartenance ou bien encore individualisme et mondialisation sont autant d'éléments structurant la société israélienne actuelle. Dans ce large spectre d'analyses, la question migratoire demeure au coeur du débat.

Le légitime, le temporaire et l'infiltré ou les trois visages de l'immigration en Israël

Cet article s’attache à décrire les différentes transformations du système migratoire israélien qui est affecté à la fois par les mouvements migratoires globaux (dynamiques transnationales, transit de populations exilées en partance de l’Afrique pour l’Europe) et les recompositions du marché du travail (en particulier avec l’émergence d’un secteur du care). Sur ces dernières années, Israël a vu la pérennisation d’une migration de main-d’œuvre en provenance des pays d’Asie (Philippines, Inde, Népal) ou d’Europe de l’Est dans le secteur du care (et dans une moindre mesure dans l’agriculture et le bâtiments), et se renforcer un nouveau flux migratoire composé de demandeurs d’asile africains en provenance d’Érythrée et du Soudan principalement. Par ailleurs, la migration juive (« aliyah ») qui avait diminué au cours de cette dernière décennie, reprend aujourd’hui du souffle avec une croissance, essentiellement alimentée par la France, en raison de la recrudescence d’actes antisémites et un regain à prévoir au vu des derniers attentats de janvier 2015. Ces différentes figures du migrant – nouvel immigrant juif (oleh), travailleur étranger (oved zar) et demandeur d’asile (réfugié ou infiltrateur – palit/mistanen) – redessinent le paysage migratoire israélien et posent de nouvelles questions identitaires sur l’insertion de migrants dans un pays juif. On assiste en un même temps à l’émergence d’une culture érythréenne, soudanaise et philippine, par exemple, en Israël. Ces phénomènes redéfinissent les identités israéliennes surtout avec l’affirmation d’une seconde génération scolarisée dans le pays, maîtrisant parfaitement l’hébreu, mais parfois n’étant pas citoyens. Ils posent la question des nouvelles relations entre territoire, identité et religion.

Exil, retour, renversement de la migration: les 'returnees' palestiniens

En dépit de la grande hétérogénéité des approches développées dans ce volume, une attitude de commune critique à l'encontre du terme returnee, voire du phénomène qu'il a servi à désigner, rassemble ses auteurs. Au-delà de la difficulté à trouver un équivalent français à ce mot anglais construit sur l'idée du retour ou plus précisément du « revenir », ce sont les réalités qu'il recouvre habituellement et leur inadéquation à la situation palestinienne qui ont été soulignées dans les contributions. Employé à l'origine par les théoriciens de la migration et des flux de main-d'oeuvre internationaux, le terme a été forgé pour désigner ces individus qui reviennent dans leur société d'origine (définie selon les cas comme un village, une région, un Etat, etc.) après avoir passé une partie de leur vie ailleurs, le plus souvent pour des raisons économiques, parfois pour des motifs politiques. Implicitement, le mot fait référence à des acteurs qui agissent à titre individuel, même s'ils s'insèrent dans des mouvements de masse du point de vue statistique, et en vertu d'un libre choix en ce sens qu'ils ne sont pas poussés à revenir contre leur volonté après expulsion 1 .