Conclusions : des origines au procès d’État. Mystique nobiliaire des Lieux saints et vicariat christique, dans « D’Orient en Occident. Les templiers, des origines à la fin du XIIe siècle », éd. Arnaud Baudin, P. Josserand, Gand : Snoek, 2023, p. 372-379. Texte intégral (original) (raw)

2023, « D’Orient en Occident. Les templiers, des origines à la fin du XIIe siècle. Actes du colloque de Troyes, 3-5 nov. 2021 »

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« Les représentations des origines du Temple dans la chronique de Guillaume de Tyr », D'Orient en Occident : Les Templiers des origines à la fin du XIIe siècle, Snoeck, 2023, pp. 20-26.

La chronique de Guillaume de Tyr n'est pas la seule source qui évoque la fondation de l'ordre du Temple à Jérusalem. L'Historia Orientalis de Jacques de Vitry († 1240) décrit ce processus au même titre que la Chronique d'Ernoul. Guillaume de Tyr prétend qu'en 1118 plusieurs nobles appartenant à l'ordre équestre se lièrent au patriarche de Jérusalem en raison de leur dévotion et de leur crainte de Dieu. Ils adoptèrent les moeurs des chanoines réguliers et jurèrent de faire preuve de chasteté, d'obéissance et de pauvreté. Parmi eux se détachaient Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer, dont le nom apparaît déformé en Gondemar dans une lettre contemporaine. Ce fut manifestement le patriarche Gormond de Picquigny (1118-1128) qui patronna la création de leur confrérie. « Comme ils n'avaient nulle église ou domicile établi, commente Guillaume de Tyr, le roi leur confia temporairement le palais qui s'étend au sud du Temple du Seigneur », correspondant à l'actuelle mosquée al-Aqsâ. Les chanoines du Temple du Seigneur possédaient l'ensemble de la place située entre les deux sanctuaires : le pavement du Temple. Ils en confièrent la propriété aux Templiers sous certaines conditions afin qu'ils puissent y aménager des bâtiments secondaires (ad opus officinarum). Le roi accorda avec le patriarche, ainsi qu'avec plusieurs prélats et barons, des rentes perpétuelles ou temporaires aux frères pour qu'ils achètent des vêtements et puissent remporter des victoires sur les musulmans. Leur profession de foi fut souscrite devant le patriarche de Jérusalem en rémission de leurs péchés. Elle prévoyait qu'ils gardent virilement les voies et chemins de Terre sainte contre les attaques des assaillants et des larrons qui menaçaient grandement les déplacements des pèlerins occidentaux 4. Cette version des événements est contredite par la Chronique d'Ernoul, qui livre une version différente de la création du Temple. Les proto-Templiers auraient été asservis au prieur du Saint-Sépulcre et à l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, avant de recevoir le Temple de Salomon pour manoir. Leur croix vermeille serait un reliquat de cette époque au même titre que le relief que les Hospitaliers versaient aux Templiers au xii e siècle. Cette version paraît trop complexe pour refléter la vérité. Elle n'apparaît du reste que dans deux manuscrits de la Chronique d'Ernoul dans une tentative de filiation signalétique à partir de l'habit des chanoines du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Anthony Luttrell s'est rallié à cette lecture il y a trois décennies, en oubliant de prendre de la distance avec les légendes colportées par Ernoul dans sa chronique. Ce dernier affirme en effet que le Temple aurait hérité son gonfanon beaussant des Hospitaliers, alors que ceux-ci n'étaient pas militarisés au moment de la naissance du Temple. Il en va de même des neuf chevaliers qui auraient rejoint les rangs du Temple durant ses neuf premières années d'existence. Ce chiffre purement symbolique est donné par Guillaume de Tyr pour montrer la modestie des effectifs templiers aux origines. D'autres sources, comme le patriarche jacobite d'Antioche, Michel le Syrien (1166-1199), parlent de trente chevaliers 5 .

Chevalier, Marie-Anna, "De la prise d’Acre au procès chypriote : les conditions de la survie et déclin des templiers en Orient", dans M.-A. Chevalier (dir.), La fin de l’ordre du Temple, Paris, Éditions Geuthner, 2012, p. 181-220

Les deux dernières décennies de l'existence de l'ordre du Temple furent marquées, au Proche-Orient, par des événements qui bouleversèrent ses priorités et son organisation. La prise successive des trois États latins d'Orient du continent asiatique par les Mamelouks entre 1268 et 1291 provoqua une crise majeure au sein de cette institution dont la raison d'être était la défense de la Terre sainte et des pèlerins qui s'y rendaient. Il fallut alors que les dignitaires du Temple prennent la décision d'un repli stratégique afin que l'ordre puisse assurer sa survie tout en poursuivant la lutte contre les musulmans. La forte mobilisation des membres rescapés du Temple, et leur présence visible sur les terrains politique et militaire après la chute d'Acre, n'exemptèrent pas l'ordre des virulentes critiques qui visaient à entacher sa réputation ni la remise en cause du bienfondé de son existence. Des historiens de toutes origines et de toutes confessions apportèrent leurs témoignages, parfois contradictoires, sur le déclin de l'ordre du Temple, tantôt doutant de leur loyauté envers la cause chrétienne, tantôt valorisant leur sacrifice au combat.

"Une hérésie d'Etat. Philippe le Bel, le procès des 'perfides templiers' et la pontificalisation de la royauté française", dans "Les templiers dans l'Aube", Troyes, 2013, p. 175-214

Après avoir rappelé les grandes lignes de l’affaire du Temple, l’article en esquisse une réinterprétation d’ensemble. L’analyse des sources émises par les instigateurs du procès – le roi de France Philippe le Bel et ses conseillers – est privilégiée. Une logique étrangère à l’histoire de l’ordre mais propre, en revanche, à celle de la monarchie capétienne présida aux événements. La « découverte » et la répression d’une « hérésie des templiers » fut la dernière étape d’un processus, commencé lors du conflit avec Boniface VIII, au cours duquel la royauté française s’appropria les fondements mystiques de la théocratie pontificale. Dans l’affaire du Temple, les légistes royaux achevèrent de sceller une Nouvelle Alliance entre Dieu et le Capétien. Défenseur suprême de la foi catholique, le roi était désormais investi d’une fonction christique, supérieure à celle du pape. L’enjeu du procès des templiers fut la transfiguration du pouvoir royal. Abstract « A Heresy of State. Philip the Fair, the Trial of the ‘Perfid Templars’ and the pontificalization of French Kingship ». Having first summed up the Temple case, this article outlines a comprehensive reinterpretation with special regard to the texts written by the instigators of the trial, namely Philip the Fair and his ministers. The logic that prevailed was peculiar to the history of the capetian monarchy ; it had nothing to do with the order’s history. The « discovery » and repression of the « templars’ heresy » was the last step of a process that had begun with the franco-papal rift at the time of Boniface VIII. In this process, the french monarchy appropriated the mystic foundations of the papal theocracy. With the Temple case, the royal legists finished to set the seal on a New Alliance between God and the king. As the ultimate defender of the catholic faith, the capetian king was now fully invested with a christical function that put him above the pope. What was at stake in the templars’ trial was the transfiguration of the royal power.

« Du locus au palatium : naissance et affirmation du palais de Quierzy à l’aube des temps carolingiens », dans Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France (2015), 2018, p. 261-273, discussion p. 273-274.

2018

Cette monographie montre comment les évolutions politiques des premières décennies du VIIIe siècle se reflètent dans les différentes phases de l’émergence du palais de Quierzy (702, 722, 741). Pour les contemporains de Charles Martel, Quierzy représenta peut-être, en raison des événements qui y prirent place, l’association d’un Mérovingien régnant et d’un maire du palais gouvernant, la stabilité gouvernementale et la paix civile issues de cet arrangement politique. Pour les générations suivantes et pour les membres de la famille carolingienne, Quierzy fut sans doute le palais de la réussite pippinide et de l’effacement de la royauté mérovingienne, celui aussi où se matérialisa la continuité entre pouvoir mérovingien et pouvoir carolingien. Cette dimension singulière rend vraisemblablement compte, à côté des atouts géographiques du lieu, de la place éminente de Quierzy parmi les palais carolingiens des VIIIe-IXe siècles.

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« Aux origines de la transhumance entre Méditerranée et Pyrénées : templiers, cisterciens et essor du pastoralisme (XIIe-XIIIe siècles) », dans Arnaud Baudin, Ghislain Brunel et Nicolas Dohrmann (dirs.), L'économie templière en Occident. Patrimoines, commerce, finances, Troyes, 2013, p. 337-360.

« Aux origines de la transhumance entre Méditerranée et Pyrénées : templiers, cisterciens et essor du pastoralisme (XIIe-XIIIe siècles) », dans Arnaud Baudin, Ghislain Brunel et Nicolas Dohrmann (dirs.), L'économie templière en Occident. Patrimoines, commerce, finances, Troyes, 2013, p. 337-360.