La musique traditionnelle, porteuse d'une identité culturelle héréditaire (original) (raw)

Le goût musical, marqueur d'identité et d'altérité

La question du goût musical est ici abordée en fonction des différents contextes dans lesquels il se manifeste. En tant que marqueur d’identité, celui-ci exprime des affinités et des tendances de l’individu ; mais il manifeste aussi des appartenances, que celles-ci soient imposées par l’environnement socioculturel ou choisies plus ou moins librement. Toute culture, à chaque époque de son histoire, comporte ses propres normes esthétiques, qui constituent le cadre de référence de l’expression musicale. Un des rôles de l’ethnomusicologue est de saisir ces normes et les valeurs qu’elles reflètent dans les musiques qu’il étudie. Mais il lui appartient aussi de se constituer des critères de recherche entre les deux pôles que constituent « l’ethnomusicologie d’urgence » et « l’ethnomusicology of change », ou, plus largement, entre l’étude de langages musicaux émanant de cultures déterminées, et l’observation de pratiques musicales résultant de conditions sociales particulières.

Acception herméneutique anaphatique de la tradition en Orient musical

2016

Cet article explore l’acception hermeneutique du sens de la tradition musicale en Orient musical, a partir de l’œuvre de Jean During. Le recours a la logique ternaire des Cosinschi permet de qualifier d’anaphatique et de sophianique cette hermeneutique non-verbale, et ce, en contrepoint du cataphatisme de l’hermeneutique musicale de Kretzschmar, issue de l’expressionnisme, et de l’apophatisme musical, inherent au structuralisme. Cette hermeneutique musicale traditionnelle est surtout mise en relation avec les traites arabes de l’arborescence grammaticale modale et avec les exegeses mystiques developpees dans le cadre du christianisme, du judaisme et de l’islam.

La musicalité est-elle un héritage de notre histoire biologique ?

Enfance, 2020

La musicalité (i.e. l'ensemble des capacités associées à la perception, à l'appréciation et la production musicale) est largement répandue chez notre espèce. Selon certains chercheurs, elle aurait évolué car elle favoriserait la survie et/ou la reproduction. Ainsi, les origines biologiques de la musicalité ont été étudiées dans la littérature, chez l'espèce humaine mais aussi chez d'autres espèces. Les études suggèrent des fonctions adaptatives, dont l'attractivité en tant que partenaire de reproduction, la communication mère-bébé, ou encore la cohésion des groupes sociaux. Dans cette revue comparative, nous présenterons les données existantes sur la musicalité chez les espèces humaine et non-humaines pour chacune des fonctions évoquées ci-dessus. Nous discuterons ensuite la convergence évolutive de la musicalité chez certaines espèces ainsi que son origine biologique.

Tradition musicale, identité et nationalisme en Asie centrale

2011

La musique est un puissant marqueur identitaire, notamment dans les nouveaux Etats d’Asie centrale. Les empereurs chinois marquaient leur acces au trone par un changement de diapason, a une epoque ou les Pythagoriciens consideraient que les changements affectant les modes avaient necessairement des repercussions sur les lois de l’Etat. Cet article examine les pratiques musicales collectives instrumentalisees par le pouvoir dans le but d’exalter un sentiment d’appartenance nationale en absorbant les particularismes regionaux et en promouvant la patrimonialisation selon des strategies habiles.

CFP - La transnationalisation du religieux par la musique

La transnationalisation du religieux se traduit par une délocalisation et une relocalisation des croyances, rituels et pratiques religieuses qui se réalise au-delà du cadre national étatique, dans des espaces réels ou symboliques, et le plus souvent au moyen de nouveaux imaginaires et récits identitaires (Capone 2005). Si l'analyse de cette transnationalisation religieuse a permis de mettre en lumière divers processus par lesquels le religieux transcende les frontières, il est frappant de constater que la musique est rarement appréhendée pour le rôle qu'elle y joue. Or, ce dernier est essentiel dans la transnationalisation des religions à vocation universelle comme l'Islam ou le Christianisme. La musique contribue aussi activement à la migration des religions de terroir, des mouvements néo-traditionalistes et des cultes associés à une localité d'origine, tels que le vodou haïtien, la santeria cubaine ou le candomble brésilien. Ces phénomènes musicaux, loin d'être nouveaux, ont d'abord donné le jour à des protomondialisations religieuses (Irving 2010). Aux XVI e et XVII e siècles, les Jésuites ont par exemple utilisé la musique baroque européenne pour implanter le catholicisme romain en Chine (Picard 2002), en Éthiopie (Damon 2009) et dans la Cordillère des Andes (Carme 1989).

8. Musique : patrimoine immatériel ?

Maria José Barriga, rob casey, Dominique Cyrille, Lucia Campos, Transposition. Musique et sciences sociales, Pierre-Eugene Sitchet, PhD aka Gino Sitson, Séverine Gabry-Thienpont, Pedro Félix, Elsa Broclain, Samuel Llano

2019

La transmission familiale de la musique hindoustanie ou l’incorporation d’un savoir musical (Inde du Nord)

Cahiers d’ethnomusicologie, 31, 2018

2018. « La transmission familiale de la musique hindoustanie ou l’incorporation d’un savoir musical (Inde du Nord) », Cahiers d’ethnomusicologie, « Enfants musiciens », 31, p. 169-187. Bien qu’elle soit devenue marginale dans la plupart des villes de l’Inde du Nord, la transmission familiale de la musique hindoustanie au sein des communautés de spécialistes constitue un contexte de production musicale historiquement important. Pour ces musiciens dits «héréditaires », l’éducation musicale s’apparente à une véritable socialisation professionnelle, ancrée dans la structure familiale. Cet article, basé sur des données ethnographiques récoltées auprès de plusieurs lignées d’artistes installés à Delhi, expose les spécificités de cet enseignement musical où hérédité, légitimité et compétence sont intimement associées pour justifier du statut de musicien «traditionnel». Dépassant la relation interindividuelle caractéristique de la pédagogie de maître à disciple, c’est ici la famille étendue qui est, le plus souvent, engagée dans la maturation de l’enfant. Celui-ci devient un interprète doué d’une technique, d’un style et d’un répertoire qui sont autant de marqueurs de son héritage familial.