Une anamnèse mythologique : des araignées du sida aux chauves-souris d’Ebola ou de la Covid-19 (original) (raw)

Les chauves-souris, réservoirs du virus Ebola : Le mystère se dissipe

médecine/sciences, 2006

Med Trop 2011 ; 71 : 00 RÉSUMÉ • Les virus Ebola et Marburg sont les seuls membres de la famille des Filoviridae, une famille dont les particules virales possèdent une forme filamenteuse unique dans le monde de la virologie. Ces virus sont à l'heure actuelle parmi les agents pathogènes les plus virulents pour l'espèce humaine. Ils induisent une maladie d'évolution fulgurante qui se manifeste par une fièvre aiguë suivie d'un syndrome hémorragique généralisé, associée à un taux de mortalité de 90% pour les formes les plus graves. Ces virus, découverts en 1967 (Marburg) et en 1976 (Ebola), ont été à l'origine de nombreuses épidémies qui ont meurtri les populations humaines d'Afrique centrale et dévasté des populations de grands singes au Gabon et en République du Congo. Depuis leur découverte, les filovirus ont été à l'origine de plus de 2 300 cas dont plus de 1 670 décès, bilan toutefois relativement négligeable par rapport à la mortalité due à la malnutrition et aux autres grandes maladies infectieuses qui sévissent régulièrement en Afrique telles que le paludisme, le choléra, le sida, la dengue ou encore la tuberculose. Cependant, le caractère fulgurant de la maladie, la létalité extrêmement élevée, les hémorragies multifocales et la spécificité pour le continent africain ont fait naître une sorte de fascination de la communauté scientifique internationale, mais aussi du grand public, pour ces fièvres hémorragiques dont les virus sont considérés comme des armes biologiques potentielles. Ainsi, de nombreux moyens ont été consacrés à la recherche sur ces virus, et ont abouti à des progrès majeurs dans la connaissance de l'écologie, l'épidémiologie et la physiopathologie et dans l'élaboration de candidats vaccins et de schémas thérapeutiques prometteurs. Cette revue fait le point sur les principales avancées obtenues dans ces domaines au cours de la dernière décennie.

Subir, ou lutter contre les ectoparasites dans les populations du passé : l’apport de l’anthropologie biologique

2015

Résumé Cet article traite de l’apport de l’anthropologie biologique à la connaissance de l’impact des poux, des puces et des punaises sur les populations du passé. Des ectoparasites anciens peuvent être découverts sur des momies. Ils peuvent aussi laisser des séquelles sur la peau et même sur l’os. Les ectoparasites sont par ailleurs des vecteurs de maladies épidémiques comme le typhus, la peste et la maladie de Chagas. Ces dernières peuvent être détectées soit macroscopiquement sur des restes momifiés soit grâce aux techniques de la biologie moléculaire sur des restes momifiés ou squelettisés, prouvant ainsi de manière indirecte la présence de ces parasites. Enfin, les méthodes appliquées pour lutter contre les ectoparasites (rasage, entomophagie après épouillage et application d’insecticides) peuvent être mis en évidence par l’étude des vestiges humains. Summary This paper is the contribution from biological anthropology to the impact of lice, fleas and bugs on past populations. Ancient ectoparasites are sometimes discovered on mummies. They also can leave lesions on the skin and even the bones. Moreover, ectoparasites are vectors of epidemic diseases such as typhus, plague and Chagas’ disease. These diseases can be detected macroscopically on mummified remains or by the use of molecular biology technologies on mummified or skeletonised remains, which indirectly reveals the presence of the parasites. The methods applied to fight against ectoparasites (shaving, entomophagy following de-lousing and insecticide application) are also demonstrated from the study of ancient human remains.

Morsures d’araignées : les aranéismes d’importance médicale

La Presse Médicale, 2005

Spider bites: medically severe araneism • Limited risks Although most species of spiders are venomous, only ten or so are able to induce human envenomations. • From a systematic point of view, it is possible to distinguish the araneomorph spiders-or "true" spiders-from the mygalomorph spiders. Dangerous species for humans can be found in both groups. • Regarding "true" spiders, two kinds of envenomation are frequent, ubiquitous and potentially severe: latrodectism (neurotoxic symptomatology) due to the Widow spiders of the Latrodectus species, and loxoscelism (viscero-cutaneous symptomatology). • Regarding the mygalomorph spiders, the Australian species responsible for atraxism (neurotoxic symptomatology) are considered as the most dangerous. Most of the other mygalomorph spiders, when they bite, only provoke benign loco regional problems. • A supplementary defensive weapon exists in certain South-American species: urticating hairs which may induce severe ocular damage.

Mémoires d’épidémies: faire face à la maladie dans les récits anicinapek

Recherches autochtones au Québec, 2023

Depuis les années 1800, les Anicinapek ont connu diverses épidémies qui ont laissé des traces dans leur mémoire et leurs pratiques, ravivées lors du confinement du printemps 2020. Ces traces diffèrent de celles laissées dans les chroniques des auteurs allochtones : les autorités gouvernementales et ecclésiastiques les ont pensés sans ressources, sans savoirs et sans médicaments efficaces. Dans une perspective de décolonisation des savoirs, nous remettons en question l’hégémonie du discours allochtone sur les épidémies historiques chez les Autochtones en explorant comment les Anicinapek ont conceptualisé la notion d’épidémies, ainsi que les pratiques qu’ils pouvaient déployer face à elles. Cet article se fonde en priorité sur un corpus de données formé à partir de deux types de sources : des récits oraux recueillis lors d’enquêtes longitudinales ; et des documents écrits par des Anicinapek. À partir de cet angle émique, sont exposées les assises idéologiques et cosmologiques du système de santé anicinape, de la moitié du xixe siècle jusqu’aux années 1970.

Les grands singes dans l’émergence des maladies infectieuses

Medecine et sante tropicales, 2019

Depuis la pandemie de sida et la demonstration indiscutable qu'elle trouve son origine dans la transmission accidentelle de retrovirus simiens a l'homme, plus personne ne peut ignorer que les primates non humains sont porteurs d'agents pathogenes qui peuvent franchir la barriere d'espece pour atteindre l'homme. Au cours des dernieres decennies, des virus aussi meurtriers que le virus de la rage, le virus herpes B, les virus des fievres hemorragiques Marburg et Ebola ont ete transferes des singes a l'homme. Les grands singes etant nos plus proches parents au plan genetique, les agents pathogenes qui les colonisent sont probablement les mieux adaptes pour passer chez l'homme en cas d'exposition accidentelle. Cet article tente d'evaluer les risques infectieux lorsque singes et hommes se retrouvent dans le meme ecosysteme.

Les causes du mal : ethnographie des représentations de l’émergence de la 9e épidémie d’Ebola en RDC (province de l’Équateur, 2018)

Bulletin de la Société de Pathologie Exotique, 2020

Cet article s’attache à décrire les différents modèles de causalité du malheur et leurs constructions sociales suite à l’émergence de la neuvième épidémie de la maladie à virus Ebola dans la province de l’Équateur, en République démocratique du Congo en mai 2018. Fondé sur un corpus de données qualitatives collecté lors de trois semaines de terrain, l’article détaille les modèles explicatifs ayant trait aux chaînes de contaminations et leur hybridation entre modèle biomédical et logique mystique et/ou politique. En traitant également de la réception du discours scientifique sur l’origine animale du virus, cet article contribue à une analyse du fossé existant entre les différentes compréhensions et réactions locales et biomédicales face au phénomène épidémique et à l’ampleur de la riposte.