Les causes du mal : ethnographie des représentations de l’émergence de la 9e épidémie d’Ebola en RDC (province de l’Équateur, 2018) (original) (raw)

L’« exceptionnalité » d’Ebola et les « réticences » populaires en Guinée- Conakry. Réflexions à partir d’une approche d’anthropologie symétrique

Cet article discute de l’exceptionnalité de l’épidémie Ebola telle que vécue en Guinée-Conakry et analyse les rationalités à l’œuvre dans les rumeurs et les attitudes à l’égard des activités et des équipes de la « Riposte », qualifiées de « réticences » par l’OMS. Il adopte une perspective d’anthropologie symétrique, qui consiste à questionner aussi bien le contexte socioculturel et historico-politique que les aspects techniques de ce dispositif de lutte sans concéder de privilège épistémologique à l’un des deux aspects. Si la Riposte a justifié l’imposition de normes de biosécurité par le caractère exceptionnel de l’épidémie d’Ebola, les populations, elles, ne la vivent pas toujours comme un événement « hors normes ». Leurs discours et leurs comportements à son égard sont nourris par une longue histoire socioculturelle et prennent corps dans une économie politique locale et nationale faite de méfiances et de clivages ethniques. Plus spécifiquement, les attitudes face aux enterrements dignes et sécurisés expriment une critique d’un dispositif technique centré sur la biosécurité, qui retire aux familles leurs droits et nie leur capacité de gestion sécuritaire de l’espace mortuaire. Finalement, les attitudes dites réticentes témoignent d’une réaction à une violence structurelle produite par la Riposte et correspondent à des formes de mobilisation pour revendiquer une meilleure reconnaissance du rôle des communautés dans la gestion de l’épidémie. Cet article souhaite prouver qu’une lecture critique et symétrique par l’anthropologie du dispositif de lutte n’est pas purement négative. Au contraire, elle fournit les moyens et les arguments d’une approche plus collaborative et plus respectueuse des droits et des devoirs des communautés, en éclairant les enjeux sociopolitiques et contextuels de l’épidémie.

Ebola : une épidémie postcoloniale

Politique étrangère, 2014

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Clélia Gasquet-Blanchard. Ebola. Géographie d’une crise sanitaire (1994-2005)

Afrique contemporaine, 2016

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Une anamnèse mythologique : des araignées du sida aux chauves-souris d’Ebola ou de la Covid-19

Bulletin de la société de pathologie exotique, 2020

Faut-il accuser les chauves-souris de transporter tous les virus du monde ? Les peuples qui vivent au contact de ces animaux nous font entendre bien autre chose. La crise sanitaire témoigne aussi de notre incapacité à collaborer avec ces animaux hors du commun. Alors que la crise du covid-19 fait trembler presque toute la planète et que les chauvessouris sont montrées du doigt, nous voudrions contribuer à la réflexion en cadrant notre objectif sur ces animaux méconnus 1. Nous défendons l'idée que voir les chauves-souris comme « une source inépuisable de virus dangereux pour les humains » 2 est une affirmation à la fois juste et inexacte, mais qui témoigne surtout de notre incapacité à collaborer avec elles. Les peuples qui vivent au contact de ces animaux nous font voir bien autre chose, au-delà de nos perspectives encore très naturalistes 3. C'est dans plusieurs régions des Philippines où des peuples autochtones vivent depuis longtemps avec les chauves-souris que nous avons eu le privilège d'être accueillis, à des 1 Nous remercions Vinciane Despret, Jean-Guy Goulet, Marie Mauzé, Lucienne Strivay et Lionel Simon pour leurs généreux et très judicieux commentaires sur ce texte dont les points de vue n'engagent que nous. Merci également aux chercheurs du LAAP de l'UcLouvain. 2 Voir, parmi de nombreux exemples, https://theconversation.com/les-chauves-souris-source-inepuisable-de-virusdangereux-pour-les-humains-134332 3 Dans Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, (2005), Philippe Descola propose de définir quatre ontologies coprésentes dans les sociétés du monde, l'une demeurant toujours dominante. Le naturalisme renvoie à notre conception moderne selon laquelle il existerait « une nature », et à l'idée que les non-humains qui y résident partagent une intériorité distincte de celle des humains.

Pour une ethnographie des pratiques ethnographiques pendant la pandémie du COVID-19 (mars 2020-à présent): notes de journal

EtnoAntropologia 11, 2023

Ethnographic practice in the form of fieldwork, its importance as well as changes in approach and method over time within the HFRC has been the subject of several analyses, particularly during the most recent period. The successive confinements and the various limitations to sociability during the pandemic period made it difficult to practice the ethnographic encounter, which was even suspended. Since the beginning of the COVID-19 pandemic, we have noticed the formulation of digital communities which refer to public activities by publishing material (photos, videos etc.). Interesting questions arise on the construction of collective identities, collective memory, the conception of time on the basis of lived experiences but also on narratives of the more distant past of communities.