Des inscriptions sans matière : le paradoxe de la poésie à caractère épigraphique (Foulcoie de Beauvais et Baudri de Bourgueil) (original) (raw)

Poe et Baudelaire : pour une hantologie du texte

2013

Hantologie – terme compose, forme par Jacques Derrida – signifie : « ontologie (c'est-a-dire, science de l'etre) de ce qui “hante” : les spectres, les fantomes » (Charles Ramond, Le Vocabulaire de Jacques Derrida). Le neologisme derridien est une paronomase, le paronyme d’un mot – ontologie –, dont il n’est pas un synonyme. L’hantologie est une « « categorie […] irreductible, et d’abord a tout ce qu’elle rend possible, l’ontologie, la theologie, l’onto-theologie positive ou negative », ecrit Jacques Derrida (Spectres de Marx). C’est une ontologie, l’ontologie de l’etre du non-etre et du non-etre de l’etre, de quelque chose ou quelqu’un qui « n’est pas la », « comme tout fantome digne de ce nom » (Ibid.). « Il n’y a pas de Dasein du spectre mais il n’y a pas de Dasein sans l’inquietante etrangete, sans l’etrange familiarite (Unheimlichkeit) de quelque spectre » (Ibid.) Il n’y a pas d’ontologie, donc, sans hantologie. Appliquee a l’etude des textes, l’hantologie derridienne n’...

La mort et ses inscriptions : peintures, poésies, mémoriaux

En poursuivant notre réflexion collective et comparative sur les expressions sociales, politiques et religieuses de la mort, initiée lors de notre atelier du 1 er congrès du GIS Moyen Orient et mondes musulmans-Le cimetière à la croisée des politiques : espace, Etat, religion-, nous proposons pour ce deuxième congrès de tourner notre regard vers les expressions textuelles, écrites, orales et imagées du funéraire. La place que chaque société accorde au deuil et à ses expressions individuelles, collectives, spirituelles ou politiques varie sensiblement. Dans les espaces moyen-orientaux et maghrébins, confrontés depuis plusieurs décennies aux conflits et aux guerres, la mort et le deuil font partie du quotidien ; leurs manifestations sont cultivées et travaillées de façon particulière par les individus et les groupes, religieux et/ou politiques. Le funéraire peut même faire l'objet d'un véritable travail d'esthétisation et de patrimonialisation dans le champ urbain. La douleur de la perte est souvent sublimée dans des expressions dramatiques individuelles et collectives qui méritent d'être interrogées. Cet atelier réunira anthropologues et historiens autour d'une réflexion comparative sur les formes et les significations des oeuvres produites à l'occasion de la mort et du deuil. Poésies élégiaques, peintures murales, cinéma de guerre, théâtre dramatique, chants funèbres, épitaphes et monuments mémoriaux sont autant de productions sociales, religieuses, politiques et urbaines à partir desquelles seront envisagées les questions de l'esthétisation et de la politisation de la mort.

La création poétique à travers la Correspondance Jules Supervielle-Etiemble

A travers l'étude de la Correspondance Jules Supervielle-Etiemble et sa confrontation avec les manifestes du poète que sont « Eléments d'une poétique » et « En songeant à un art poétique », notre article tente de définir la spécificité de la conception supervilienne de la poésie tout en évoquant les difficultés du poète à extérioriser, dans les premières années de sa jeunesse, les images inhérentes à son univers intérieur, et en faisant l'inventaire de quelques principes qui régissent son activité poétique : le refus de toutes les esthétiques et de toutes les techniques qui régissent préalablement la création poétique, l'adoption d'une technique a posteriori ou d'une « technique mouvante qui ne se fixe qu'à chaque poème », le travail de corrections, de retouches et de ratures qui révèle la volonté de Supervielle de créer une poésie transparente, et le culte de l'oubli considéré moins comme une défaillance de la mémoire que comme le catalyseur des associations et images inattendues.

"La brièveté des inscriptions médiévales : d'une contrainte à une esthétique"

Inscriptions are known for their brevity and this characteristic participates in the definition of the epigraphic discourse. Nevertheless, the linguistic and graphic means which allow these texts to be short have not been studied. Our goal is thus to understand how and why these texts are brief, beyond the material constraint, until create a real esthetics. Select the information, condense the words thanks to rhetorical processes, give rhythm to the speech, evoke and suggest the ideas rather than to develop them, such are the verbs which guide the authors of inscriptions. The epigraphic brevity is not only a consequence of the support, the material, the space or still the cost. On the contrary, it allows inscriptions to exercise at best their function of communication and universal and long-lasting advertisement. This research for conciseness is visible both on a linguistic and graphic plan. It confers then on the epigraphic writing —in the broad sense— a specific esthetics.

Entre Vanités textuelles et ex-voto : exemples de poèmes-objets chez Théophile Gautier et Charles Baudelaire

2021

Entre Vanités textuelles et ex-voto : exemples de poèmes-objets chez Théophile Gautier et Charles Baudelaire Martine CORNET La proximité entre les peintures de Vanités et les Vanités littéraires, de la fin du XVI e siècle au XVII e siècle, est reconnue par de nombreuses recherches, même si « l'écriture des Vanités textuelles ne se laisse pas ranger aussi facilement dans un discours critique 1 ». Thierry Brunel dresse ce constat dans cet essai où il invite à considérer des textes de genres différents, poésie, roman, théâtre, comme autant d'expériences littéraires de la Vanité picturale. Selon lui, l'ancrage temporel des Vanités textuelles pourrait être dépassé pour concerner des oeuvres poétiques contemporaines comme « L'Amour et le Crâne » 2 de Charles Baudelaire. Par ailleurs, au sein du vaste genre pictural qui la constitue, la nature morte serait des « choses » peintes, (le recours au pluriel fait sens), disposées dans un lieu 3 , sur une table, dans le tiroir d&#...

"Composer son rien avec un morceau de tout." À propos des romans Les âmes grises et Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel

Études romanes de Brno, 2012

L´article se focalise sur la représentation de l´Histoire dans l´œuvre de l´écrivain français contemporain Philippe Claudel (*1962), concrètement dans ses romans «Les âmes grises» (2003) et «Le rapport de Brodeck» (2007). L´auteur se sert, d´après ses propres mots, de l´évocation des événements historiques pour créer des parallèles avec le présent. Dans «Les âmes grises», il évoque la Grande guerre alors que dans «Le rapport de Brodeck», la seconde guerre mondiale. Dans les deux cas la narration est confiée aux narrateurs insignifiants, marginaux mais affectés tout de même et malgré eux par les événements. S´ils se chargent de raconter c´est moins pour être entendus que pour se soulager du poids du passé, des souvenirs et des remords. Les analyses montrent de quelle façon les romans claudéliens soulèvent la question de la mémoire, individuelle autant que collective, de la relation de la «grande» Histoire et des destinées particulières, du rôle du témoignage et de la mémoire ainsi que celui de l´oubli.

Instrumentum et paradoxe : les instruments d'écriture inscrits

au service de l’épigraphie romaine , 2022

Longtemps l'épigraphie apposée sur les objets usuels a été peu considérée : dans un contexte où l'attention se fixait sur les textes législatifs, les carrières publiques, les diplômes militaires, en somme quand l'intérêt des historiens était centré sur les hommes importants, les rouages essentiels de la société et de l'administration, les "couches supérieures", ces petits messages, au mieux simplistes et anodins, au pire alambiqués, en "mauvais" latin, et même, pour certains, vaguement scandaleux par la teneur légère qu'on leur soupçonnait sans vouloir l'approfondir, restaient enfouis dans des rapports de fouilles, confinés dans des articles pointus, sans qu'ils soient jamais mis en relation les uns avec les autres. Le premier article qui tranche sur cette indifférence est signé d' Antoine Héron de Villefosse, en 1914 1 ; bien qu'il ne fût pas à l'origine spécialiste d'épigraphie, ce conservateur au département des Antiques au Louvre s'était si bien formé à l'étude des inscriptions qu'il en décelait l'intérêt profond et savait les inscrire dans un contexte général. C'est ainsi qu'à l'occasion de la découverte de deux pesons de fuseau inscrits dans l'Yonne et la Nièvre, il en perçut l'originalité au point de faire un bilan des découvertes de ce type d'objets connus en France. Mais la réflexion qu'il avait amorcée en resta là.